Cabine téléphonique

Une cabine téléphonique est un édicule situé sur l'espace public (typiquement, le trottoir), muni d'un téléphone permettant d'émettre et, éventuellement, de recevoir des communications qui sont réglées avec une carte à puce (carte prépayée, carte bancaire) ou des pièces de monnaie. Sa fonction est de permettre à celui qui téléphone ou y reçoit un appel, de s'isoler du bruit ambiant, d'y tenir une conversation privée, tout en étant abrité des intempéries.

Cabines téléphoniques londoniennes, modèle créé par l'architecte Giles Gilbert Scott.
Cabine téléphonique traditionnelle de Stockholm, à Gamla Stan
Une cabine téléphonique à Abidjan (Côte d'Ivoire)

Une cabine téléphonique peut également recevoir des appels entrants grâce au numéro de téléphone fixe qui lui est affecté.

Certains pays possèdent des cabines téléphoniques particulières comme les cabines londoniennes rouges ou les cabines jaunes des années 1970 en Allemagne qui n'ont pas l'avantage de fonctionner automatiquement dans les deux sens. En raison de la généralisation des téléphones portables, on assiste au démantèlement des cabines téléphoniques ou à leur recyclage en mini-bibliothèque par exemple[1].

Histoire

L'invention du téléphone public à pièces est généralement attribuée à l'Américain William Gray, qui dépose un brevet le [2] à Hartford, Connecticut, États-Unis. En 1891, Gray fonde la Gray Telephone Pay Station Company pour exploiter son invention[3].

Premières cabines

La cabine téléphonique est apparue en France le 15 août 1881, lors de la première Exposition internationale d'Électricité, à Paris. Ce fut la Société générale des téléphones, alors qu'elle était la seule entreprise privée offrant un service de communication téléphonique aux particuliers, qui avait eu l'idée d'isoler ses 30 téléphones en démonstration dans des guérites en chêne capitonnées.

Déclin et suppression

Appareil téléphonique à pièces de monnaie des cabines de France-Télécom en usage avant la carte téléphonique.

La loi Macron de 2015 sort les cabines publiques du service universel[4].

La suppression des 5 450 cabines encore en service en France (en septembre 2017) est planifiée pour la fin de l'année 2017[5] épilogue d'un déclin entamé avec l'apparition du téléphone portable. Depuis l'apogée de 300 000 cabines en 1997[6], leur nombre a décliné du fait d'un moindre usage et d'une moindre rentabilité.

Malgré une baisse de leur fréquentation due à l'émergence de la téléphonie mobile, elles continuent d'être utilisées, notamment par des personnes insuffisamment équipées ou soucieuses de préserver leur anonymat, ou encore parce que les tarifs peuvent y être plus économiques vers certaines destinations.

En France, bien que l'exploitation du service de publiphonie (terme officiel) soit ouvert à la concurrence, l'ARCEP a confié la gestion des cabines publiques à l'opérateur du service universel, actuellement France Télécom (renommé ensuite Orange). L'opérateur historique a retiré progressivement les publiphones qu'il ne considère plus comme rentables, c'est-à-dire dont la durée d'utilisation est inférieure au seuil de cinq minutes par jour. 60 % des cabines ont disparu depuis 1997. Entre fin 2007 et 2008, la durée des communications a baissé de moitié.

Au nom du service universel, l'opérateur historique était tenu d'assurer un maillage minimum du territoire[7], même dans les zones géographiques de faible fréquentation où elles ne sont pas rentables : chaque commune devait ainsi être équipée d'au moins une cabine téléphonique, et des cabines supplémentaires doivent être installées au-delà de 1000 habitants[8].

Il y avait en 1997 300 000 publiphones (c'est le nom officiel), il en restait 65 250 en mars 2015 quand a été prise la décision de les supprimer complètement.

Les cabines françaises possédaient un système automatique d'alerte en cas de panne.[réf. nécessaire] La maintenance et le nettoyage de la cabine sont externalisés, la réparation des téléphones est assurée par un des 22 techniciens spécialisés.[réf. nécessaire] France Télécom semble s'acheminer vers une externalisation de cette maintenance des téléphones. Les syndicats accusent l'opérateur de délaisser ses cabines, ce qui repousserait les clients potentiels et accentuerait le phénomène de la vitre cassée.[réf. nécessaire] Néanmoins, la croissance de la téléphonie mobile reste le facteur majeur de la baisse d'utilisation des publiphones. France Télécom affirme travailler sur une nouvelle version des cabines[9],[10]. Un prototype de cabine téléphonique de nouvelle génération a vu le jour en 2010 à titre expérimental sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, celui-ci permettait notamment d'accéder à un navigateur Web et employait la technologie Voix sur IP[11],[12],[13].

Début 2014, l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes, questionne dans un avis paru au journal officiel l'utilité publique des cabines téléphoniques[14].

Citée par un article des Échos, Orange déclare qu'« entre 2000 et 2013, on a constaté 95 % de décroissance des usages. Et cela s’est accéléré depuis deux ans, on est actuellement à –47 % » ; à brève échéance, les cabines pourraient disparaître[15].

En avril 2015, Orange donne les chiffres suivants : il reste « près de 40 000 cabines au titre du service universel ». Ces cabines n'engendrent « qu’environ 12 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel » contre « 516 millions d’euros » en 2000. C'est alors que les autorités acceptent le démantèlement de ces cabines résiduelles[16]. De plus, certaines cabines téléphoniques sont désinstallées suite à l’arrêt des télécartes.

Dans certaines communes, les cabines sont conservées et parfois reconverties en mini-bibliothèques[17]. En septembre 2017, Le Figaro a dénombré 1527 télécabines « sauvées » de cette manière[18].

Depuis le 1er janvier 2018, il n'y a officiellement plus de cabines téléphoniques en France. D'après le journal Le Monde, il resterait en tout 300 cabines téléphoniques dans des villages de campagne non couverts encore par le réseau mobile[19]. Ces villages sont dits en zone blanche.

Pour d'autres sources, il en restait 1000 au premier janvier 2018[20].

En 2020, Stéphane Richard PDG de Orange déclare que seules vingt-six cabines subsistent en France[21]. Deux cabines restent en Haute-Garonne[4].

Couverture du territoire français

La loi française (reprécisée par l'arrêté du 14 février 2012) prévoit l'existence d'une cabine téléphonique par commune et d'une seconde cabine pour les communes de plus de 1000 habitants[22]. France Télécom a été désignée en 2012 pour 2 ans, pour fournir la composante du « service universel » ď'accès à des cabines téléphoniques publiques installées sur le domaine public ou à d'autres points d'accès au service téléphonique au public[23]. Il existait en 2012 140 000 cabines (ou « publiphones ») réparties dans environ 36 000 communes.

La loi dite Macron a été amendée par le Sénat le 14 avril 2015. Cet amendement accepté supprime l'obligation de service universel concernant la publiphonie à la condition que les communes concernées par le retrait soient couvertes par les réseaux mobiles 2G à fin 2016 et 3G fin 2017[24].

En Suisse

Le premier téléphone public de Suisse a été installé en à la poste du Fraumünster à Zurich.

La Suisse comptait environ 40 000 cabines téléphonique en 1985, un maximum de plus de 58 000 en 1995 (pour près de 3 000 communes), puis leur nombre diminue régulièrement jusqu’en 2019.

Jusqu’à fin 2017, la Confédération Suisse confie le mandat de « service universel » à la société Swisscom, qui exige d'avoir un minimum d’une cabine publique par commune.

La dernière cabine de Suisse est démontée à Baden en Argovie le . La dernière cabine de Suisse romande est démontée le , ce qui fait l’objet d’émissions télévisuelles. Certaines cabines sont recyclées pour y créer notamment des boîtes d'échange (« Boîte à livres »), des points d'information, des cabinets d'art, ou encore des bornes de recharge pour smartphones[25],[26].

Galerie de cabines téléphoniques

Dans la culture

Cinéma

Dans L'Excellente Aventure de Bill et Ted (1989), les héros voyagent le temps via une cabine téléphonique. Phone Game, film de Joel Schumacher, avec Colin Farrell, Kiefer Sutherland et Katie Holmes, sorti en 2002, se situe presque intégralement dans une cabine téléphonique à New York.

Art

Cabines protégées comme monument historique

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. https://www.batiactu.com/edito/disparition-programmee-cabines-telephoniques-50276.php
  2. Communications: sending the message Par Thomas Streissguth
  3. Biographie de William Gray, en anglais.
  4. https://www.ladepeche.fr/2020/10/25/les-cabines-telephoniques-cest-bientot-fini-9161991.php
  5. « Les cabines téléphoniques seront toutes démontées d'ici à la fin de l'année », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  6. « Les cabines téléphoniques vont disparaître en 2017, et après? », La Tribune, 19 octobre 2015. (lire en ligne, consulté le )
  7. code des postes et des communications électroniques, art. L. 35-1 (3°)
  8. Arrêté du 18 novembre 2009 portant désignation de l'opérateur chargé de fournir la composante du service universel prévue au 3° de l'article L. 35-1 du code des postes et des communications électroniques (publiphonie)
  9. Cécile Ducourtieux, « Le Publiphone, espace menacé », Le Monde, (lire en ligne).
  10. « Orange réinvente la cabine téléphonique »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) sur orange.com (9 avril 2010)
  11. « Une cabine téléphonique avec internet testée à Paris », L'Obs, 9 avril 2010. (lire en ligne, consulté le )
  12. « Orange (France Télécom) a inauguré vendredi sur les Champs-Elysées à Paris sa nouvelle génération de cabine téléphonique », Franceinfo, (lire en ligne, consulté le )
  13. « Les nouvelles cabines téléphoniques Orange sont interactives ! », sur Dream Café (consulté le )
  14. Théa Ollivier, « Les cabines téléphoniques vont bientôt disparaître du paysage », Le Figaro, (lire en ligne).
  15. « La cabine téléphonique, un monument en péril », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
  16. Xavier Berne, « Le démantèlement des cabines téléphoniques avalisé par le Sénat », sur nextinpact.com, (consulté le ).
  17. Emeline Bertel, « Dans ce village normand, la cabine téléphonique inutilisée est devenue une bibliothèque (et fait des émules) », sur Le Huffington Post, (consulté le ).
  18. Le Figaro, « La fin des cabines téléphoniques est pour 2018 », Le Figaro, (lire en ligne).
  19. « « Si elle pouvait parler, que de choses entendues aurait à nous répéter une aphone cabine » », Le Monde.fr, 6 janvier 2018. (lire en ligne, consulté le )
  20. « Les télécoms tournent une page -STOP- avec la fin des télégrammes en France -STOP- - Télécoms », sur usinenouvelle.com/ (consulté le ).
  21. 01net, « Il ne resterait plus que 26 cabines téléphoniques en France », sur 01net (consulté le )
  22. « Qui utilise encore les cabines téléphoniques ? », sur La Dépêche, (consulté le )
  23. 3° de l'article L. 35-1 du code des postes et des communications électroniques lien Legifrance
  24. Le JDD, « En 2017, il n'y aura plus aucune cabine téléphonique », lejdd.fr, (lire en ligne, consulté le )
  25. « La dernière cabine téléphonique romande a été retirée à Genève », sur www.rts.ch, RTS Info, (consulté le ).
  26. « Les cabines téléphoniques en Suisse romande, c'est fini. La dernière vient d'être démantelée », sur www.rts.ch, RTS Un, (consulté le ).
  27. Standard, dispositif pour téléphone public
  28. Leurs voix, installation pour téléphone public.
  29. Articles de presse sur le site de la compagnie
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