Patrick Chauvel

Patrick Chauvel (né le [1] à Paris) est un correspondant de guerre photographe, réalisateur de documentaire et écrivain français. Il vit et travaille à Paris.

Pour les articles homonymes, voir Chauvel.

Ne doit pas être confondu avec Patrick Chauvet.

Il a couvert 34 guerres.

Il a été blessé sept fois, par balle en caoutchouc, balle de M16 (un tir ami), obus de mortier de 82 mm, obus d'artillerie lourde (155 mm).

Il est le petit-fils de Jean Chauvel (ambassadeur), le fils de Jean-François Chauvel (journaliste), et le neveu de Pierre Schoendoerffer (cinéaste).

Il a participé et fut invité à de nombreux événements comme le Prix Bayeux 2017.

Biographie

Patrick Chauvel effectue sa scolarité à Jouy-en-Josas au collège de Valvert-Le Montcel.

Passionné par les récits de son père le journaliste Jean-François Chauvel, de son oncle le cinéaste Pierre Schoendoerffer et de leurs amis, Joseph Kessel, Lucien Bodard, Jean Lartéguy et du photographe de guerre Gilles Caron, il décide, à 17 ans, d'être grand reporter photo.

Il part travailler comme volontaire dans un kibboutz en Israël. À peine arrivé, la guerre des Six Jours éclate. Il s’arrange pour suivre l’armée israélienne et effectue son premier reportage. La plupart des photos seront ratées.

En 1969 il fait un stage au service photo de France-Soir.

Il décide de repartir en reportage et choisit, en hommage aux anciens d'Indochine, le Vietnam. Arrivé par hasard à Cholon quelques jours avant le début de l'offensive du Tet il y fera plusieurs séjours et deviendra pigiste pour Associated Press et Reuters au sein de leurs bureaux de Saïgon.

L'agence Sipa

En 1970, Patrick Chauvel travaille pour l’agence Sipa Press et effectue alors une série de reportages photos sur le conflit nord-irlandais, en 1972 sur la guerre civile au Mozambique, en Israël (pour la guerre du Kippour) et sur la guerre civile au Cambodge, où il sera blessé par quatre éclats d'obus de mortier de 82 mm lors d’un assaut contre les Khmers rouges en 1974.

L'agence Sygma

En 1975, il est engagé par Hubert Henrotte, fondateur et patron de l’agence Sygma et recommence à allier reportages photos et documentaires. En Érythrée, pour un reportage sur le Front de libération de l'Érythrée et un documentaire avec Arnaud Hamelin.

En Irlande ensuite, où il sera à nouveau blessé à la jambe par un tir à balle de caoutchouc de l’armée anglaise lors d’émeutes à Londonderry. Après une convalescence de quelques semaines, il partira couvrir la Révolution des Œillets au Portugal et la résistance de Jonas Savimbi en Angola.

Lorsque, cette même année, débute la guerre civile au Liban, commence également pour lui une longue série d’allers-retours dans ce pays. Présent lors du siège de Tel al-Zaatar, il fait de nombreuses photos des combats. Le journal Newsweek (USA) lui proposera alors de devenir l’un de ses collaborateurs.

En 1978, il est fait prisonnier lors d’une offensive syrienne à Beyrouth par la Saika (groupe militaire palestinien d’obédience syrienne). Il est remis aux militaires syriens, emprisonné et interrogé pendant plusieurs jours. Il ne doit sa libération qu’à l’intervention de l’ambassadeur de France qui rapportera la preuve de sa qualité de journaliste.

De retour en France, il prépare un nouveau reportage et part au Zaïre avec le 2e régiment étranger de parachutistes couvrir l’opération française à Kolwezi.

En 1979, en l’espace de quelques mois, il assiste aux premières grandes manifestations islamistes, au Pakistan d’abord puis en Iran.

Blessé par balle à la cheville lors de la révolution iranienne par les gardiens de la révolution de Khomeiny à Tabriz, il est contraint de quitter l’Iran après de nombreux mois passés dans ce pays.

L'Amérique centrale et l'Amérique latine

Patrick Chauvel part ensuite pour plusieurs mois en Amérique centrale et en Amérique latine afin de couvrir la révolution au Nicaragua (1979), les élections en Jamaïque (où il fera également des reportages sur Marguerite Yourcenar et Bob Marley...), l’affaire de l’exode de Mariel à Cuba et la violence qui s’ensuivit à Miami.

En 1980, il est présent lors de l’assassinat de l’archevêque Romero au Salvador. Lors de son enterrement quelques jours plus tard, il fera une photo du massacre de San Salvador qui sera reprise dans de nombreux journaux et obtiendra le prix Missouri de la prestigieuse Université de journalisme des États-Unis.

De 1980 à 1984, il retourne en Asie et au Moyen-Orient pour couvrir l’invasion russe en Afghanistan et l’invasion israélienne au Liban, où il sera blessé par l'explosion d'un obus d'artillerie lourde israélienne en 1984.

De retour en Amérique du Sud, il couvre les conflits au Suriname (1987), les violences en Colombie (où l’une de ses photos du massacre de l’aéroport de Medellin obtiendra le prix Kodak en 1988), au Salvador à nouveau (1989) et enfin au Panama où, après avoir filmé les premières attaques contre Noriega, il sera grièvement blessé par un tir ami américain au M16 qui lui vaudra une ablation partielle des intestins (1989).

Après plusieurs mois de convalescence, il repart avec la police de New York pour un reportage sur les violences urbaines (1990).

En Haïti en 1991 il embarque avec les boat-people vers les États-Unis. Ils feront naufrage après 3 jours de mer.

En 1992, il se rend au Pérou où ont lieu les attaques du Sentier lumineux et l'« auto-coup d'État » du président Fujimori.

Lorsque la guerre éclate en Yougoslavie, il rejoint Sarajevo où il couvrira le conflit jusqu’en 1994, avec quelques interruptions, pour réaliser d’autres reportages, comme en Somalie en 1993 où il assiste à l’intervention américaine qui tourne au désastre (Black Hawk Down).

En il est en Tchétchénie. Arrivé très vite à Grozny, il couvre l’offensive russe. L’un de ses reportages obtiendra un des prix World Press Photo et le prix d'Angers en 1996.

En 2010, il est en Afghanistan ; puis à Bangkok, en Thaïlande, pour couvrir les manifestations politiques.

En 2011, il couvre l'Intervention militaire de la coalition franco-américano-européenne en Libye ; ainsi que la révolution égyptienne au Caire.

Le réalisateur de documentaires

Cette année-là, Patrick Chauvel quitte l’agence Sygma et décide d’arrêter le métier de photographe pour se consacrer au documentaire. L’absolue violence vécue en Tchétchénie le conforte dans l’idée que, plus que l’image, la parole lui est désormais nécessaire pour exprimer ce qu’il comprend des conflits.

Il réalise ainsi une série de documentaires pour la télévision française : la violence faite aux femmes en Algérie, le conflit israélo-palestinien, les traumatismes des enfants tchétchènes, le désarroi des artistes irakiens, les violences au Pakistan, en Thaïlande, à la frontière de l’Afghanistan, etc.

En 1998, il réalise avec Antoine Novat un film intitulé Rapporteurs de guerre. Sélectionné dans de nombreux festivals et très souvent diffusé à la télévision, ce documentaire interroge des reporters de guerre sur les raisons de leur engagement dans ce métier.

L'écrivain

Passé à l’écriture au début des années 2000, il raconte ce qu’est, pour lui, cet engagement, dans un récit intitulé Rapporteur de guerre. En 2005, reprenant l’une des histoires vécues lors de la guerre du Vietnam, il publie un roman, Sky. Et en 2012, il publie un nouveau récit tiré de ses reportages, Les Pompes de Ricardo Jésus.

Le conférencier engagé

Invité à présider le Festival des correspondants de guerre de Bayeux en , il présente son exposition de photographies où il mélange le monde de la guerre et celui de la paix, afin d’alerter ceux qui veulent ignorer les conflits, en les imaginant loin d’eux, intitulée Guerre-ici.

Il collabore en 2011 au projet de Danfung Dennis Condition One, qui travaille à enrichir le journalisme d’image grâce à la réalité augmentée et l’immersion visuelle. Il part pour cela dans le sud de la Thaïlande pour filmer les combats entre l’armée et les rebelles indépendantistes, en Égypte et en Libye pendant les révolutions, ainsi qu’à La Nouvelle-Orléans, pour filmer la police.

Depuis une dizaine d’années, il donne également des cours de photojournalisme dans diverses institutions (université Charles de Prague) et anime des ateliers sur la photographie, le journalisme, la mémoire et la guerre à travers le monde.

Patrick Chauvel participe à de nombreuses conférences et tables rondes sur les valeurs et l’éthique du métier de photoreporter.

Il est l’un des co-fondateurs, avec le correspondant de guerre Rémy Ourdan de la Fondation WARM qui travaille sur la mémoire des conflits contemporains dans le monde et s’implique avec des chercheurs d’horizons divers dans une réflexion sur la guerre et la résolution des conflits.

La Fondation

En 2014, il crée l’Association de préfiguration de la Fondation Patrick-Chauvel destinée à rassembler l’ensemble de son travail, à créer une plateforme de réflexion sur le métier de reporter de guerre et à servir de relais entre les générations en mettant en avant le travail de photographes peu connus.

En , il fait don de ses archives – 380 000 photos et 1 000 heures de documentaires –[2] au mémorial de Caen où une salle sera dédiée à son travail[3].

Théâtres de guerre et conflits armés correspondants

La liste des guerres auxquelles Patrick Chauvel a participé est difficile à établir car il n'est pas facile de distinguer les guerres conventionnelles des guerres civiles, les campagnes des guerres, les combats urbains des opérations de police armées, etc. et de prendre en compte le fait qu'il a parfois effectué plusieurs séjours sur un même théâtre d'opérations dans le cadre de guerres différentes

Blessures

Patrick Chauvel a été blessé sept fois. En Irlande par balle en caoutchouc, fracture du fémur ; au Panama, une balle de M 16 (un tir ami) au ventre (ablation de 4 mètres d'intestin), une côte cassée et un trou dans le dos ; en Iran par les Gardiens de la révolution, une balle dans la cheville ; au Cambodge par les Khmers rouges, 4 éclats d'un obus de mortier de 82 mm ; au Liban, un obus d'artillerie lourde (155 mm)...

Les photomontages : Peurs sur la ville

En 2009, Patrick Chauvel a fait un nouvel usage de la photographie en réalisant avec le retoucheur Paul Biota des séries de photomontages qui replacent les images de guerre au centre de Paris, en découpant des éléments extraits de ses photographies de guerre, au Liban, en Tchétchénie ou en Irak, pour les incruster près des images iconiques de la capitale (Panthéon, Arc de Triomphe, etc.). Il entendait par là rappeler la fragilité de la paix, dans un but pédagogique.

Condition One

Il collabore en 2011 au projet de Danfung Dennis Condition One qui travaille à enrichir le journalisme d'image grâce à la réalité augmentée et l'immersion visuelle. Il est pour cela en Libye aux côtés des combattants anti-Kadhafi en .

Filmographie

Réalisateur

Acteur

Exposition

  • En 2009, Peurs sur la ville, à la Monnaie de Paris.
  • En , à l’occasion de la sortie de son livre Les Pompes de Ricardo Jésus, le Musée du Montparnasse, Paris, expose une rétrospective de ses photos de guerre de 1968 à 2012.

Publications

  • Patrick Chauvel, Rapporteur de guerre, Éditions J’ai lu, 2003.
  • Patrick Chauvel, Sky. L’histoire d’une amitié, de l’enfer du Vietnam aux terres Chiricahuas, Éditions J’ai lu, 2005.
  • Hubert Henrotte, « Seul photographe au milieu des balles », dans : Le Monde dans les yeux. Gamma-Sigma, l’âge d’or du photojournalisme, Hachette Littératures, 2005, p. 235-240.
  • Patrick Chauvel, Les Pompes de Ricardo Jesus, éditions Kero, 2012.
  • Michel Setboun, Sylvie Dauvillier, « Patrick Chauvel. . Rapporteur de guerre », dans : 40 ans de photojournalisme. Génération Sipa, éditions de La Martinière, 2012, p. 29-30.
  • Michel Setboun, Marie Cousin, « Patrick Chauvel. 1980 - Massacre à San Salvador », dans : 40 ans de photojournalisme. Génération Sygma, éditions de La Martinière, 2013, p. 72-73.
  • Patrick Chauvel, Ceux du nord. 140 photos inédites des photoreporters du Nord-Viêtnam entre 1996 et 1975, Les Arènes • Fondation Patrick Chauvel, 2014.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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