Patrick Bouchain

Patrick Bouchain, né le à Paris (Seine), est un architecte, urbaniste, maître d'œuvre et scénographe français. Il a pratiqué avec l'agence Construire, qu'il a fondée en 1986, une architecture « HQH » (« Haute Qualité Humaine »). C'est un pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels (le Lieu unique à Nantes, la Condition publique à Roubaix, le Channel à Calais...). À Boulogne-sur-Mer, Tourcoing... Il sauve des maisons de la démolition lors d'opérations de réhabilitation[1].Il a été le président de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif la Friche la Belle de Mai de sa création en 2008 jusqu’en 2013. Militant d'une méthode collaborative avec les habitants, ouvriers, architectes, permettant de définir une action collective, il reçoit en 2019 le Grand prix de l'urbanisme[2].

Pour les articles homonymes, voir Bouchain.

Patrick Bouchain
Présentation
Naissance
Paris (Seine)
Nationalité France
Activités Maîtrise d'œuvre
Enseignant
Scénographe
Formation Beaux-Arts de Paris
École Camondo
Œuvre
Réalisations Le Plus Petit Cirque du monde
Publications
  • Patrick Bouchain, Daniel Buren, Édith Hallauer, Michel Nuridsany, Histoire du Palais royal. Les Deux Plateaux / Daniel Buren, édition Actes Sud, coll. « Beaux-arts », septembre 2010, 150 p.
  • Patrick Bouchain avec Exyzt, Construire en habitant, édition Actes Sud, coll. « l'Impensé », septembre 2011, 111 p.

Biographie

Patrick Bouchain étudie à l'École des beaux-arts de Paris, en effectuant des stages pendant ses études chez le décorateur Jacques Dumond, l'architecte André Hermant, puis chez le peintre Henri Malvaux (1908-1994), directeur de l'École Camondo où il enseigne ensuite. Intéressé par le théâtre et les arts du spectacle en général, il réalise plusieurs chapiteaux et centres culturels.

Après plus de dix ans d'enseignement du dessin et de l'architecture, Patrick Bouchain a associé un souci politique à son travail, considérant « que l'architecture est politique et qu'elle doit répondre au souci de l'intérêt général »[3]. Depuis, s'il continue son œuvre, il se concentre sur des constructions publiques, et sur les besoins : « Aujourd'hui, ce qui m'intéresse, c'est de comprendre le besoin. Je crois à l'explication, à la vision collective des problèmes et à la décision individuelle. (...) C'est exactement comme un travail de metteur en scène. »[4].

Il est un pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels, à partir de 1985 et la réhabilitation du Magasin à Grenoble en centre d'art contemporain, suivi de La Ferme du Buisson, Le Lieu unique, et La Condition publique, à Roubaix[3].

Il est aussi sur la scène artistique française, avec des collaborations avec de nombreux artistes comme Daniel Buren (" Les deux plateaux " dans la cour du Palais Royal, 1986 - " Les anneaux " à Nantes pour le festival de l'estuaire 2007 l'œuvre se découvre dans un parcours jalonné de 18 anneaux tournés vers le fleuve offrant autant de découpages sur le paysage fluvial.), Sarkis, Ange Leccia, Bartabas (Célébration de la bataille de Valmy, 1989), Joseph Kosuth (Figeac, 1989), Claes Oldenbourg (" Le vélo enseveli ", Parc de la Villette, 1990) Jean-Luc Vilmouth (" Comme deux tours ", Châtellerault, 1994). Il est aussi à la tête des cérémonies du passage à l'an 2000, avec le spectacle des Grandes Roues.

Son travail se caractérise par une façon particulière d'aborder les projets et leurs contraintes. Ainsi, en 2006, il se propose d'habiter le pavillon français de la biennale d'architecture de Venise. C'est à la grande surprise des organisateurs et du public qu'il ne mime pas l'habitat mais s'installe réellement avec son équipe pendant la durée de la biennale. Pour anecdote, les organisateurs étaient prêts à financer des ordinateurs plus que des poêles à frire et des balais. De la même façon, lors de l'appel d'offre de la Mairie de Nantes pour la réhabilitation des usines LU en centre d'art contemporain, il offre un projet amplement moins cher que les autres participants. Pour cela, il propose une réhabilitation « brute de décoffrage ». Réseaux apparents, sous-œuvre non camouflé, murs en moellons apparents, etc. L'esprit du Lieu Unique ne nie pas le passé de l'ancienne biscuiterie. De plus il y détourne un geste artistique pour créer le plafond acoustique et le gril technique de la salle de spectacle, permettant ainsi, à moindre coût, d’allier art et technique.

Il accorde une grande importance pour que chacun ait sa place au sein du projet. Ainsi, une des caractéristiques communes à nombre de ses chantiers réside dans l’établissement d'une cantine commune. Souvent ouvertes au public ses cantines sont des lieux d’échanges entre les différents protagonistes du projet. Elles amorcent la future vie du projet, et bien souvent ces cantines finissent par s’établir en restaurants pérennes. De plus, lors du réaménagement du quartier du Chemin Vert à Boulogne-sur-Mer, il installe une de ses collaboratrices dans un logement au cœur du projet. Ayant ainsi un lien direct entre les habitants et le bureau pensant la réhabilitation.

Il voit le rôle de l'architecte comme celui d'un assistant. Assistant de la population vers une architecture à son service, assistant du maître d'ouvrage pour un respect de budgets mesurés, assistant d'artistes de galeries et de spectacle vivant.

Ainsi, Patrick Bouchain développe et enseigne depuis des années une architecture H.Q.H. (Haute qualité humaine) qui vise à redonner de l'humilité et de l’intelligence à l'architecture contemporaine.

Son intérêt pour la transition entre la conception d’une idée et sa mise en œuvre, l’a orienté du côté de la maîtrise d’ouvrage et non seulement d’architecte, ce qui lui a permis d’occuper ce point de passage complexe entre une idée et sa réalisation[5].

Lorsque Jack Lang est nommé ministre de la culture en 1981, Bouchain et Lang se rencontrent. Patrick Bouchain devient le conseiller de Jack Lang durant la période de 1986 à 1995[6]. Ensemble, ils ont lancé de nombreuses actions, notamment la création des ateliers de créations industrielles en 1982 et la réhabilitation du Jardin des Tuileries qui a débuté en 1989[5].

Patrick Bouchain a également longtemps critiqué le fonctionnement des concours anonymes. Il y voit une approche trop bureaucratique séparant complètement le commanditaire de ceux qui vont réaliser la commande et condamnant la construction à demeurer presque uniquement un acte d’exécution.

Il préfère ainsi le marché de définition, il y voit une procédure fructueuse où un projet est discuté avec l’ensemble des personnes impliquées avant de passer à sa réalisation concrète[7],[8].

Il influence ainsi le programme et la procédure du concours de l’ENSA Nantes lancé en 2003 et gagné par Lacaton & Vassal[9].

Ces dernières années il a travaillé à faire inscrire dans la loi la possibilité d’un assouplissement des normes et l’ouverture à l’expérimentation en matière architecturale. La loi LCAP (liberté de création, architecture et patrimoine), promulguée le , comporte en son article, un “permis de faire”, illustrant les germes d’une volonté d’un dépassement d’une normativité rigide[5],[10].

Parcours chronologique

Prix

Décoration

Principales réalisations

  • 1982 : les Ateliers. École nationale supérieure de création industrielle de la rue Saint Sabin, Paris.
  • 1984 : théâtre Zingaro (Aubervilliers)
  • 1985 : aménagement du Magasin, Centre national d'art contemporain, site Bouchayer Viallet (Grenoble)
  • 1986 : maître d'œuvre pour Les Deux Plateaux, œuvre de Daniel Buren, dans la cour d'honneur du Palais-Royal à Paris, en France
  • 1987 : la manu. Schéma directeur de réaménagement de la friche industrielle, réalisation de l’antenne universitaire, du musée de l’automobile et de l’école du cirque, Châtellerault.
  • 1988 : cirque Zingaro avec J. Harari, Fort d'Aubervilliers, Aubervilliers.
  • 1989 : Valmy. Célébration avec Buren, Sarkis, Leccia, Vilmouth, Bartabas, les Trois 8.
  • 1991 : volière Dromesko (Lausanne)
  • 1991 : le Caravansérail de la Ferme du Buisson (Noisiel)
  • 1993 : jardin des Tuileries. Direction du projet de rénovation avec IM.PEI, Wirtz, Cribier, Bénech, Stinco.
  • 1994 : La Grange au Lac (Évian-les-Bains)[14]
  • 1994 : la maison « Starck » : il réalise cette maison en bois imaginée et par Philippe Starck et vendue sur le catalogue des « 3 Suisses »
  • 1995 : centre administratif et technique de Valeo (La Verrière)
  • 1996 : la Chocolaterie. Schéma d’aménagement et cahier des charges architectural du site Poulain à Blois.
  • 1997 : siège social de Thomson Multimédia (Boulogne-Billancourt)
  • 1998 : le campement. Baraque, tente, réfectoire, atelier itinérant pour E. de Véricourt, F. Tanguy, Rennes. - La forêt des délaissés - Caisse des dépôts et consignations : reconquête naturelle des délaissés urbains par des techniques forestières.
  • 1999 : transformation des anciennes usines LU et création du Lieu unique (Nantes)
  • 2000 : Musée international des arts modestes (Sète) - Les roues de l’an 2000 : manifestation sur les Champs-Élysées.
  • 2001 : chapiteau du Théâtre du Centaure (Marseille)
  • 2002 : Académie Fratellini (Saint-Denis) - Académie du spectacle équestre avec L. Julienne (Grande Écurie du Roy 1708 J. Hardouin-Mansart), Château de Versailles.
  • 2004 : La Condition publique (Roubaix) - Chapiteau École nationale des arts du cirque avec Loïc Julienne, plateau d'Avron, Rosny sous Bois.
  • 2005 : Réhabilitation de la piscine municipale (Bègles, métropole de Bordeaux) ;
    • Expositions sur le travail de Patrick Bouchain : « fait main, la matière et la manière » à Arc en rêve (Bordeaux) et « Oui, avec plaisir », à la villa Noailles (Hyères) ;
    • Construction du Centre chorégraphique national (CCN) de Maguy Marin avec Loïc Julienne et Sébastien Eymard (Rillieux-la-Pape, métropole de Lyon).

Projets en cours

  • Le Grand Ensemble[17]. Conception et construction de logements sociaux dénormés.
  • Le Centre Pompidou mobile[18]. Son but étant à la fois de faire profiter la province[non neutre] de quelques œuvres du centre et à la fois de rassurer les assureurs des œuvres par des protections spéciales[19].

Ouvrages

  • Avec Laurence Castany, La Condition publique : Roubaix, architecte, Patrick Bouchain…, édition Sujet-objet, coll. « Histoire de construire », , 98 p. (ISBN 2-914981-06-6)
  • Construire autrement : comment faire ?, avec la collaboration de Michel Onfray, Lucien Kroll, Daniel Buren, et al., édition Actes Sud, coll. « L'Impensé », , 190 p.
  • Construire ensemble, le Grand ensemble : habiter autrement, édition Actes Sud, coll. « L'Impensé », , 72 p.
  • Avec Daniel Buren, Édith Hallauer, Michel Nuridsany, Histoire du Palais Royal. Les Deux Plateaux / Daniel Buren, édition Actes Sud, coll. « Beaux-arts », , 150 p.
  • Avec Exyzt, Construire en habitant : Venise, édition Actes Sud, coll. « L'Impensé », , 111 p. Publié dans le cadre de la 10e Biennale internationale d'architecture à Venise en 2006.
  • Avec Jack Lang, Pouvoir & faire, Actes Sud, 2016, 168 p.

Références

  1. Marie-Christine Vatov, « Patrick Bouchain », traits urbains, no 100, décembre 2018 / janvier 2019, p. 26.
  2. Margaux Darrieus, « Grand Prix de l'urbanisme 2019 : Patrick Bouchain, ou l'éloge de l'action », AMC, (lire en ligne, consulté le )
    Le prix lui est remis par Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, lors d’une cérémonie à l’hiver 2019.
  3. Michèle Leloup, « Patrick Bouchain « Pour faire avancer l'architecture, il faut de l'audace » », L'Express du 13 juin 2005
  4. Site du ministère de la culture
  5. Bouchain, Patrick, et Lang, Jack,, Le pouvoir de faire, Arles, Actes Sud, 101 p. (ISBN 978-2-330-06882-0 et 2330068824, OCLC 965136392, lire en ligne)
  6. « Patrick Bouchain. Nicole Concordet Sébastien Eymard Chloé Bodart Denis Favret - PDF », sur docplayer.fr (consulté le )
  7. « «Pour faire avancer l'architecture, il faut de l'audace» », LExpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
  8. Patrick Bouchain et Loïc Julienne, « L'architecture enjouée », Les cahiers du channel, , p. 1-4
  9. Paul, Caroline,, Les coulisses d'une architecture : l'École d'architecture de Nantes avec Lacaton & Vassal, Paris, Archibooks + Sautereau, dl 2013, cop. 2013, 111 p. (ISBN 978-2-35733-267-6 et 2357332670, OCLC 863118563, lire en ligne)
  10. Sonnette, Stéphanie et Bouchain, Patrick, « Le permis de faire », TRACÉS, Espazium, 19e série,
  11. Marie-Hélène Contal et Jana Revedin, Sustainable design II, Vers une nouvelle éthique pour l'architecture et la ville, Arles, Actes Sud, , 185 p. (ISBN 978-2-330-00052-3)
  12. « Global Award for Sustainable Architecture », sur Cité de l'architecture & du patrimoine (consulté le )
  13. Arrêté du 23 mars 2017 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  14. « Rostropovitch à Évian », L'Express, (Article en ligne, consultez en ligne le 11 septembre 2012).
  15. « La Metavilla à Venise - CONSTRUIRE » (consulté le )
  16. le site web "Bagneux92"
  17. Le site web « Le grand ensemble »
  18. Seban : « Il y aura un Centre Pompidou nomade en 2012 », Le Figaro, 16 décembre 2010.
  19. Le Centre Pompidou Mobile a vécu, Le Figaro, 17 mai 2013.

Voir aussi

Bibliographie

  • Ma voisine, cette architecte, par Édith Hallauer

Presse

  • Lorette Coen, « Patrick Bouchain, architecte forain », Le Temps, (lire en ligne, consulté le )
  • Entretien avec Patrick Bouchain « Pour faire avancer l'architecture, il faut de l'audace », propos recueillis par Michèle Leloup, L'Express.fr, publié le

Radio

  • « Food inteligence », entretien avec Patrick Bouchain sur France Culture
  • Lafriche.org, entretien avec Patrick Bouchain ()
[réf. nécessaire]

Filmographie

Liens externes

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