Pasteur Ntumi

Le Révérend Pasteur Ntumi, de son nom de naissance Frédéric Bintsamou, est un pasteur, chef de milice et homme politique congolais né le à Brazzaville d'ethnie Lari[1]. « Ntumi » signifie « messager » en lari[2].

Il a dirigé de 1998 à 2005 les « Ninjas » engagés dans une guerre civile contre Denis Sassou Nguesso, présentée comme la « guerre de libération du Pool ». Entre 2007 et 2016, il a participé à la vie politique du pays, avant de devoir à nouveau prendre le maquis après l'élection présidentielle de mars 2016.

Biographie

Frédéric Bintsamou est né à Makélékélé, dans le sud de Brazzaville[1].

Dans les années 1990, le pasteur recueillait les handicapés mentaux dans les rues de Brazzaville et les soignait.

En 1997, âgé de 33 ans, la guerre civile a éclaté dans la capitale et le pasteur dit avoir eu une révélation de Dieu lui ordonnant de se réfugier dans le département du Pool et d'y préparer les « jeunes » à se défendre contre une invasion militaire. Par « les jeunes », il avait, dans un premier temps, estimé qu'il s'agissait de ses patients. Mais l'ordonnance se précisant et se clarifiant de plus en plus incluait les Ninjas réfugiés dans la région du Pool.

Il convainc des Ninjas, essentiellement des jeunes originaires des quartiers Bacongo ou Makélékélé de Brazzaville[3] auparavant au service de Bernard Kolélas et désormais traqués par le nouveau pouvoir, des habitants du Pool (d'ethnie Lari)[3] ainsi que son entourage, pour la plupart ses anciens patients et des jeunes désœuvrés, réputés être des fumeurs de drogues, de prendre leur commandement[1]. En 1999, il relance les hostilités[1].

La guerre du Pool

Entre 1999 et 2003, les Ninjas de Pasteur Ntumi, les « Ninjas Nsiloulous »[1], participent à la « Guerre du Pool », un conflit de basse intensité prolongeant la guerre civile du Congo-Brazzaville[4].

Ils sont accusés d'exactions diverses à l'encontre des populations de la région, notamment pillages, viols et meurtres[5], notamment celui du prêtre spiritain français Jean Guth[6]

Le conflit s'achève en .

Le ralliement au régime de Sassou

En , Ntumi a signé un accord avec le gouvernement, par lequel il obtenait un poste de vice-ministre en échange du désarmement de sa milice, forte de 5 000 combattants[7]. Cet accord n'a pu être appliqué immédiatement. Ntumi a enfin occupé son poste de « délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre » le [8].

Candidat du parti politique issu des Ninjas, le Conseil National des Républicains (CNR), il a été élu le conseiller départemental du Pool dans la circonscription de Mayama[9].

La reprise du conflit

Il rejette la révision de la constitution destinée à permettre au président Sassou de se présenter à un mandat supplémentaire et fait campagne pour Guy-Brice Parfait Kolélas, fils de Bernard Kolélas, l’ancien chef des Ninjas, à l'élection présidentielle de mars 2016[10]. Il dénonce le scrutin selon lui truqué qui a permis la victoire du président Denis Sassou Nguesso[11].

Le gouvernement l'accuse ensuite d'être responsable des affrontements qui ont suivi la proclamation des résultats dans les quartiers sud de Brazzaville (au moins 17 morts)[4]. Le président le démets de ses fonctions de délégué général le [10] et un mandat d'arrêt est émis contre lui[2],[12] tandis qu'il se réfugie dans son fief du Pool[1]. Ses partisans reprennent les armes dans le Pool et sont accusés de l'attaque d'un train en (14 morts)[13].

En , un accord de cessez-le-feu est conclu pour mettre fin aux hostilités dans le Pool[14]. Un des éléments de cet accord est l'abandon du mandat d'arrêt contre Pasteur Ntumi, ce qui suscite l'hostilité d'une partie de la population[15]. Plus de 8 000 armes sont collectées auprès de ses partisans et détruites[16].

En 2019, le parti de Pasteur Ntumi, le Conseil National des Républicains (CNR), est à nouveau autorisé, après trois ans d'interdiction[16].

Notes et références

  1. Trésor Kibangula, « Congo-Brazzaville : le pasteur Ntumi rattrapé par ses vieux démons ? », Jeune Afrique, (lire en ligne)
  2. (en) Political Violence Roils the Republic of Congo, Margaux Benn & Caroline Chauvet, The New York Times, 2 juin 2016.
  3. Michel Lachkar, « Congo: les forces armées traquent le pasteur Ntumi dans les forêts du Pool », France Télévisions, (lire en ligne)
  4. (en) Congo-Brazzaville: Ex-government minister, Claudine Munari, accuses authorities of 'genocide', Elsa Buchanan, International Business Time, 14 avril 2016.
  5. (en) Congo-Brazzaville: Who are the 'Ninja' militiamen fighting government forces?, Elsa Buchanan, International Business Time, ' avril 2016.
  6. (fr) La mort du Père Jean Guth, La Croix, avril 2013.
  7. (en) John James, "Ninja leader due in Congo capital", BBC News, 10 September 2007.
  8. "Retour à Brazzaville du pasteur Ntumi", Radio France Internationale, 29 décembre 2009.
  9. "Résultats des élections locales du 28 septembre 2014", ADIAC, 6 octobre 2014.
  10. Sassou démet le pasteur Ntumi de ses fonctions, VoAfrique.com, 7 avril 2016 (consulté le 15 décembre 2020).
  11. Congo : Le “pasteur” Ntumi : « Sassou a réarmé les rebelles Ninjas » (Interview), La Nouvelle Centrafrique, 6 avril 2016.
  12. Pasteur Ntumi au Congo-Brazzaville: «Nous ne sommes pas des terroristes», Congo Actuel, 6 octobre 2016.
  13. (en) Congo train attack kills 14 including children, AFP, repris par http://zeenews.india.com, 3 octobre 2016.
  14. « Congo-Brazzaville: un cessez-le-feu dans le Pool, et des questions - RFI », RFI Afrique, (lire en ligne, consulté le )
  15. « Congo-B: la liberté de mouvement en faveur du pasteur Ntumi fait réagir - RFI », RFI Afrique, (lire en ligne, consulté le )
  16. CONGO-BRAZZAVILLE : Le parti du pasteur Ntumi à nouveau autorisé, Afrique Éducation, 30 avril 2019 (consulté le 15 décembre 2020).

Liens externes

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