Pêche au cormoran sur la Nagara-gawa

La pêche au cormoran sur la Nagara-gawa (ぎふ長良川の鵜飼, Gifu Nagaragawa no Ukai) a joué un rôle primordial dans l'histoire de la ville de Gifu, préfecture de Gifu au Japon. Tout au long de sa longue histoire, elle a évolué d'un moyen de subsistance à une industrie rentable puis est devenue une attraction touristique majeure. Elle a lieu du au de chaque année (sauf lorsque le niveau de la rivière est élevé et au cours de la pleine Lune)[1].

Histoire

Statue en bronze d'un maître de pêche tenant son cormoran, située près du « Bureau du bateau d'observation de la pêche au cormoran »

La pêche au cormoran sur la Nagara-gawa est une tradition vieille de 1 300 ans[1] au cours de laquelle les maîtres pêcheurs (鵜匠 ushō) utilisent des cormorans japonais[2] pour attraper des poissons, essentiellement des ayu. En raison des grandes compétences des maîtres de pêche, ils ont reçu le titre officiel de « pêcheurs de cormorans de l'Agence de la maison impériale », titre héréditaire qui se transmet de père en fils.

L'utilisation de cormorans pour la pêche sur la rivière Nagara a commencé il y a plus de 1300 ans, à l'origine comme moyen pour les gens de nourrir leurs familles. Lorsque la pêche au cormoran est passée sous l'égide de l'Agence impériale, les premiers poissons pêchés chaque année étaient envoyés à la capitale. Parce que la pêche au cormoran fait partie de la maison impériale, la rivière Nagara est devenue une rivière protégée, ce qui a contribué à la garder propre et saine, permettant à ce type de pêche de se poursuivre au cours des siècles. Les oiseaux sont devenus une telle partie du folklore japonais qu'ils ont donné lieu à l'expression unomi (鵜呑み), ce qui signifie « tout avaler comme un cormoran » ou « accepter sans poser de questions », parce qu'ils peuvent avaler les poissons entiers sans s'étouffer sur les écailles.

Tandis que les techniques s'amélioraient et qu'assez de poissons étaient capturés, la pêche s'est transformée en une industrie. Les poissons étaient traités dans des usines à proximité, permettant aux poissons d'être vendus à de grandes distances. Finalement, le nombre de poissons capturés par les cormorans a commencé à diminuer. L'avènement d'autres méthodes modernes de pêche et de transport a diminué la nécessité de la pêche au cormoran à grande échelle.

En dépit du déclin de l'industrie, la pêche au cormoran se poursuit toujours dans la ville de Gifu et sert comme une partie importante du secteur du tourisme de la ville, attirant des visiteurs de partout dans le Japon et dans le monde. Les premiers ayu de la saison sont toujours envoyés à la capitale aujourd'hui et des spectacles royaux pour les membres de la famille impériale sont organisés huit fois par an, tout en étant ouvert aussi au grand public en ces occasions.

Au fil des ans, de nombreuses personnes célèbres sont venues assister à la pêche au cormoran sur la rivière Nagara, y compris des personnes de renommée mondiale comme Charlie Chaplin et Matsuo Bashō. Chaplin en particulier est venu à deux reprises[3] et a fait remarquer qu'il avait été très ému par l'événement et que les compétences des capitaines de pêche étaient « merveilleuses ». Bashô était si épris de l'activité qu'il a écrit deux haïkus à ce sujet[4] :

  • « Passionnant à voir / mais peu de temps après, vient la tristesse/ les bateaux de cormorans ». (おもしろうてやがて悲しき鵜舟哉。)
  • « Une fois de plus pour décrire / de la rivière Nagara les propres / ayu namasu ». (又たぐひながらの川の鮎なます。) (le namasu est une délicatesse marinée faite de ayu.)

Processus de pêche

Pêche au cormoran sur la Nagara-gawa

Parce que la pêche au cormoran est une activité quotidienne pendant près de cinq mois de l'année, les maîtres de pêche commencent chaque jour en sélectionnant dix à douze cormorans en bonne santé pour les activités de la soirée. Quand les oiseaux sont sélectionnés et les bateaux préparés, les six maîtres de pêche tirent des cordes pour déterminer l'ordre dans lequel ils vont pêcher.

Lorsque les cormorans ont capturé les poissons, ils sont ramenés au bateau à l'aide des cordes attachées à leur corps. Quand ils sont de retour dans le bateau, les pêcheurs retirent le poisson de la gorge des oiseaux. Chaque oiseau peut contenir jusqu'à six poissons dans sa gorge mais est empêché de les avaler à cause d'un anneau qu'il port attaché autour du cou. Les cormorans, cependant, sont encore capables d'avaler les petits poissons. Bien que les cordes sont solides, les maîtres de pêche sont capables de les casser rapidement si la corde d'un oiseau est prise sous des roches pour s'assurer que l'oiseau ne se noie pas.

Chaque nuit, la pêche au cormoran commence officiellement lorsque trois feux d'artifice sont déclenchés dans le ciel du soir. Dans un premier temps, les bateaux descendent la rivière, un par un, et capturent du poisson. Ils utilisent un feu fixé à l'avant du bateau pour attirer le poisson et frappent les côtés du bateau pour garder les oiseaux actifs. Comme la nuit tire à sa fin, les six bateaux s'alignent côte à côte et descendent la rivière dans un processus appelé sougarami[1]. Ceux qui viennent pour observer la pêche au cormoran sont souvent en mesure de voir les prises de la nuit.

Sur le bateau

À bord du bateau, en plus du maître pêcheur, se trouvent également son assistant (中乗り nakanori, le pilote (共乗り tomonori, et, à l'occasion, un second assistant[3]. Ces trois personnes travaillent à l'unisson pour contrôler les bateaux et les oiseaux, créant une plaisante harmonie sur la rivière. Souvent, parce que la position de maître de pêche est une position héréditaire[3], l'aide est le fils du patron.

Les instruments du métier

Comme la pêche au cormoran sur la Nagara est restée depuis longtemps inchangée, les instruments utilisés sont généralement restés eux-mêmes inchangés. L'outil le plus important est le bateau à cormoran (鵜舟 ubune) lui-même. Ce bateau de 13 m de long contient les trois occupants, les cormorans et les prises de la nuit. Suspendu à l'avant du bateau se trouve un panier de fer (篝 kagari), soutenu par le poteau du feu (篝棒 kagaribō) qui maintient le feu à l'avant du bateau. Ce feu (篝火 kagaribi) est utilisé à la fois pour éclairer le parcours du maître de pêche et pour rendre plus facile pour les cormorans de trouver du poisson. Les capitaines de pêche utilisent du pin fendu (松割木 matsuwariki) car il brûle facilement et brillamment. En outre, les cormorans sont contrôlés par les maîtres pêcheurs à l'aide de cordes (手縄 tenawa)[5].

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Cormorant Fishing on the Nagara River. Gifu City Cormorant Fishing Viewing Boat Office, 2007.
  2. Cormorant Fishing Explanation. Gifu Rotary Club. Consulté le 31 janvier 2008.
  3. Cormorant Fishing on the Nagara River « Copie archivée » (version du 28 avril 2007 sur l'Internet Archive), Gifu City Hall. Consulté le 8 juin 2007.
  4. Gifu City Walking Map. Gifu Lively City Public Corporation, 2007.
  5. History of Ukai « Copie archivée » (version du 30 avril 2008 sur l'Internet Archive). (ja) Gifu City Hall. Consulté le 18 mai 2007.

Source de la traduction

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