Octobasse

L’octobasse est le plus grand et le plus grave des instruments de la famille des instruments à cordes. Il n’en existe que cinq au monde.

Octobasse

L'octobasse de l'Orchestre symphonique de Montréal.

Classification Instrument à cordes
Famille Instrument à cordes frottées
Instruments voisins Violon, alto, violoncelle, contrebasse
Œuvres principales Te Deum d'Hector Berlioz
Facteurs bien connus Jean-Baptiste Vuillaume, Jean-Jacques Pagès

Caractéristiques

Dépassant la contrebasse, l'octobasse ne possède que trois cordes, accordées ut0, sol0 et ut1. Elle mesure environ 3,87 m de hauteur.

À l'époque de Berlioz, il existait un instrument appelé octobasse et Berlioz lui-même le précise dans son Grand Traité d'orchestration. Cet instrument ne descendait qu'une tierce plus bas que la contrebasse standard (mi1), c'est-à-dire jusqu'au ut1. Mais depuis la musique postromantique, avec les Bruckner, Mahler, Strauss, Stravinsky, on utilise des contrebasses « standards » qui possèdent soit une cinquième corde qui permet de descendre jusqu'à cet ut1, soit une extension de la corde de mi qui permet d’atteindre cet ut1. C'est pourquoi l'octobasse de l'époque de Berlioz est tombée dans l'oubli.

Aujourd'hui, quand on parle d'octobasse, on parle vraiment d'un instrument qui descend une octave et une tierce plus bas qu'une contrebasse classique ou une octave plus bas que la contrebasse utilisée par les grands compositeurs de l'époque postromantique. Le son produit par l'octobasse est plus puissant que la contrebasse en raison de la grande taille de sa caisse de résonance. Ses notes sont si basses qu'elles atteignent même la limite de ce que l'oreille humaine peut percevoir : pour un la3 (A4) à 440 Hz l'octobasse donne un ut-1 (C0) à 16,351 6 Hz. Seuls l'orgue, avec un jeu de 32 pieds, la flûte hyperbasse, qui joue quatre octaves plus bas que la flûte traversière; et le piano de marque Bösendorfer modèle 290, dit Impérial, peuvent atteindre une note aussi basse que la note la plus grave de l'octobasse.

Elle se distingue des contrebasses géantes par la présence d'un mécanisme destiné à faciliter son utilisation. Pour en jouer, l'instrumentiste doit monter sur un petit escabeau intégré à l’instrument et, du fait de la hauteur du manche, c’est grâce à des leviers et des pédales, et non avec ses mains, qu’il agit sur les cordes.

Histoire

L'octobasse conservée au Musée de la musique de Paris. La personne (1,65 m) donne l’échelle de l’instrument (hauteur : 3,87 m).

Son invention remonte au XIXe siècle. Une première mention de l'octobasse est attribuée au contrebassiste Dubois, qui en construit un exemplaire en 1834[1]. Le luthier Jean-Baptiste Vuillaume améliore en 1849 le mécanisme et en construit trois exemplaires, dont l'un se trouve encore à la Cité de la musique à Paris, un autre à Vienne et le troisième aurait disparu dans l'incendie d'un théâtre londonien[2].

Le contrebassiste Nicola Moneta a fait construire par le luthier Pierre Bohr un nouvel exemplaire en 1995 qui, à la différence de l'instrument original, et grâce à des cordes moins épaisses, peut descendre une octave et une tierce plus bas que la contrebasse, comme il l'explique sur son site[3]. Une autre octobasse a été construite en 2007 par le luthier Antonio Datti.

Le luthier Jean-Jacques Pagès a construit une octobasse copiée du modèle conservé au musée de la musique de Paris, et présentée à partir d' au musée de la lutherie de Mirecourt[4]. Depuis l'automne 2016, l'Orchestre symphonique de Montréal intègre une octobasse, fabriquée à Mirecourt par Jean-Jacques Pagès, et c'est le contrebassiste Éric Chappell qui est le musicien attitré de l'instrument [5].

Devant l’engouement que suscite le nouvel instrument, Kent Nagano convainc Roger Dubois de financer la commande de deux autres octobasses à M. Pagès. Celui-ci accepte et met deux ans et demi à concevoir des instruments plus modernes et plus facilement maniables. Les octobasses sont désormais munies d’un petit clavier, coincé dans une courbe de l’instrument, dont chaque touche actionne un clapet différent installé au-dessus des cordes. Ces clapets sont activés grâce à de tout petits moteurs permettant au musicien de bloquer les cordes aux bons endroits et d’obtenir la note désirée, et ce, beaucoup plus facilement qu’avec le premier modèle à leviers et à pédales.

Les cordes de ces instruments ont été fabriquées dans l'atelier Cuerdas Frechina à Paris. La corde la plus grave est faite en boyau filé d'argent et les deux autres en boyau nu. Une fileuse spécifique a dû être fabriquée par Michel Frechina, Matthieu Ranck et Jean-François Sandoz. Les cordes de la première octobasse de l'Orchestre Symphonique de Montréal ont été fabriquées dans le même atelier.

Usage

Son usage est exceptionnel. Hector Berlioz l'utilisa lors de la création de son Te Deum en 1855 à Paris. Le contrebassiste français Benjamin Berlioz a joué l'octobasse lors d'une reconstitution de ce concert à la fin du XXe siècle. Aujourd'hui, les seuls contrebassistes jouant régulièrement de l'octobasse sont l'italien Nicola Moneta et le canadien Eric Chappell.

Encore plus rare en musique populaire, l'octobasse y est utilisée de manière exceptionnelle, on peut notamment signaler en 2021 le groupe québecois Oktoplut dont la ligne de basse du titre Le delta de l'Okavanga[6] a été interprétée le temps d'une unique performance à l'octobasse par Eric Chappell de l'Orchestre Symphonique de Montréal.

Notes et références

  1. La musique à l'Exposition universelle de 1867, Louis-Adolphe le Doulcet Pontécoulant (1868), en accès libre sur archive.org.
  2. « Collections du Musée de la musique - Philharmonie de Paris - Pôle ressources - Octobasse Jean-Baptiste Vuillaume - E.409 », sur collectionsdumusee.philharmoniedeparis.fr (consulté le )
  3. (it) Site de Nicola Moneta, consacré à l'octobasse.
  4. Présentation de l'octobasse réalisée par J.-J. Pagès
  5. Zone Arts - ICI.Radio-Canada.ca, « L'OSM inclura une octobasse, le plus grand instrument à cordes au monde », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  6. Le Delta de l'Okavanga, interprétée par le groupe Oktoplut accompagné par Eric Chappell sur youtube.com

Voir aussi

Bibliographie

  • Roger Millant, J.-B. Vuillaume, sa vie et son œuvre, W.E. Hill & Sons London, 1972, p. 48-49.

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la musique classique
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