Obscured by Clouds

Obscured by Clouds est le septième album studio du groupe britannique Pink Floyd, paru le . Il sert de bande originale au film français La Vallée de Barbet Schroeder, la seconde collaboration du groupe avec ce cinéaste. Il est enregistré en deux fois en France, alors que le groupe est en pleine tournée.

Cet article concerne l'album des Pink Floyd. Pour la chanson du même groupe, voir Obscured by Clouds.

Obscured by Clouds

Bande originale de Pink Floyd
Film La Vallée
Sortie
Enregistré 23 au 29 février 1972,
23 au 27 mars 1972
Château d'Hérouville, France
Durée 40:30
Genre Rock progressif
Producteur Pink Floyd
Label Harvest, EMI (UK)
Harvest/Capitol (US)

Albums de Pink Floyd

L'album est plus court que certains de leurs précédents titres et fait un usage intensif de la guitare acoustique. Les paroles des chansons sont centrées sur l'amour, un thème commun au film dont l'album s'est inspiré. Le seul single de l'album est Free Four. Obscured by Clouds est considéré comme un coup d'arrêt pour le groupe, qui a déjà commencé à travailler sur son prochain album, The Dark Side of the Moon, sorti l'année suivante. L'album atteint la sixième place des ventes au Royaume-Uni, la 46e place aux États-Unis et la première place en France. Les avis rétrospectifs des fans et des critiques sont mitigés, certains critiques notant des similitudes avec leur matériel ultérieur.

Historique

Contexte

Barbet Schroeder, ici en 2013, réalisateur de La Vallée.

Pink Floyd a déjà enregistré les bandes originales des films The Committee en 1968, More en 1969[1], ainsi qu'une partie de Zabriskie Point en 1970. En 1972, à la suite du succès de More, son réalisateur Barbet Schroeder demande au groupe d'enregistrer la bande originale de son prochain grand projet[2]. Le nouveau film, La Vallée, met en scène deux voyageurs en quête spirituelle en Nouvelle-Guinée, et Schroeder pense que la musique de Pink Floyd conviendrait au style du film[3]. Le groupe a déjà commencé les premiers enregistrements d'un nouvel album, The Dark Side of the Moon, mais les membres profitent d'une tournée au Japon pour mettre en suspens ce travail[4].

Écriture et enregistrement

L'enregistrement de Obscured by Clouds a lieu aux Strawberry Studios, dans le château d'Hérouville, un studio d'enregistrement résidentiel à une cinquantaine de kilomètres de Paris créé par Michel Magne en 1969[5]. Les membres de Pink Floyd s'y rendent deux fois, du 23 au et du 23 au , et le mixage final est réalisé du 4 au aux Morgan Sound Studios de Londres, où Pink Floyd a précédemment enregistré Meddle[6]. Le rôle d'ingénieur du son se partage certainement entre Peter Watts, le road manager du groupe, qui aurait réalisé la version stéréo pour l'album, et Andy Scott, qui travaille alors au château en tant qu'assistant et aurait mixé la version mono pour le film[7].

Comme ils l'avaient fait pour More, les membres du groupe visionnent un premier montage du film et notent le tempo de certaines scènes avec un chronomètre. À partir de là, ils créent un certain nombre de morceaux qui pourraient être fondus dans un ordre arbitraire à différents moments du montage final du film. Ils ne se soucient pas de créer des chansons complètes, estimant que n'importe quelle pièce musicale serait exploitable sans avoir besoin de solos, mais néanmoins, sous la pression de produire suffisamment de matériel, ils réussissent à créer toute une série de chansons bien structurées[1]. Selon le batteur Nick Mason, les sessions sont très expéditives, et le groupe passe la plupart de son temps à Paris en studio[8].

Au cours de la première session d'enregistrement en , la chaîne de télévision française ORTF filme un court segment du groupe enregistrant l'album ainsi que des interviews du bassiste Roger Waters et du guitariste David Gilmour[9]. Dans un extrait d'une interview aux studios Abbey Road qui est apparu dans Pink Floyd: Live at Pompeii, Waters déclare que les premiers pressages britanniques de l'album contenaient une sibilance excessive[10].

Une fois l'enregistrement terminé, le groupe se brouille avec la société de production du film, ce qui incite Pink Floyd à publier l'album sous le titre Obscured by Clouds, plutôt que La Vallée. En réponse, le film est renommé La Vallée (Obscured by Clouds) lors de sa sortie[8].

Parution et accueil

Obscured by Clouds sort au Royaume-Uni le , puis aux États-Unis le , tous deux sur le label Harvest Records. L'album atteint la première place des ventes en France[18], la sixième place au UK Albums Chart[19], et la 46e place au US albums chart (où il est certifié Or par la RIAA en 1997)[20],[21]. En 1986, l'album sort au format CD. Une version remastérisée numériquement sort en 1996. Il est à nouveau remasterisé en 2016 pour le coffret The Early Years, et sort individuellement l'année suivante[22].

Même parmi les fans, Obscured by Clouds n'est pas l'un des albums les plus populaires de Pink Floyd, bien que Mason ait déclaré que c'était l'un de ses albums préférés des Floyd[23]. L'accueil critique rétrospectif est mitigé ; The Daily Telegraph a déclaré que « ses instrumentales élégantes indiquent le chemin vers Dark Side [of the Moon] »[13], tandis que Rolling Stone l'a décrit comme une « bande originale terne »[16].

Caractéristiques artistiques

Musique

Les chansons d’Obscured by Clouds sont toutes courtes, contrairement aux longs instrumentales d'autres albums de Pink Floyd. Une forte influence de la musique country est présente sur plusieurs morceaux, avec une utilisation importante de la guitare acoustique[24]. L'album comprend également le synthétiseur VCS 3, que Richard Wright a acheté au BBC Radiophonic Workshop (en)[3].

Le titre éponyme fait un usage intensif du VCS 3, et Nick Mason y joue de la batterie électronique[8]. Le titre suivant, When You're In, est de style similaire ; son titre provient d'une phrase souvent prononcée par le roadie Chris Adamson[3]. Les deux premiers morceaux sont joués l'un après l'autre en concert à la fin de 1972 et lors des tournées de 1973[23]. Ils font également partie des partitions utilisées pour la collaboration du groupe avec Roland Petit et le Ballet national de Marseille au Palais des Sports de Paris, en 1973[25]. Burning Bridges est l'une des deux collaborations d'écriture sur l'album entre le claviériste Richard Wright (qui a écrit la musique) et Roger Waters (qui a écrit les paroles)[23]. Wot's... Uh the Deal est un morceau acoustique simple. Il n'a jamais été interprété en concert par Pink Floyd, mais Gilmour l'a repris pour sa tournée solo en 2006[26]. L'une de ces interprétations figure sur le DVD Remember That Night de Gilmour en 2007[27] et également sur la version vinyle de son album live de 2008, Live in Gdańsk[28].

Childhood's End est la dernière chanson publiée par Pink Floyd dont les paroles sont écrites par Gilmour jusqu'à la sortie de A Momentary Lapse of Reason en 1987. Le titre peut avoir été dérivé du roman d'Arthur C. Clarke Les Enfants d'Icare. Il est joué en direct lors de quelques concerts à la fin de 1972 et au début de l'année suivante ; le motif de batterie qui ouvre le morceau est recyclé pour Time sur The Dark Side of the Moon[29]. Free Four est la première chanson de Pink Floyd depuis See Emily Play à être diffusée de manière significative aux États-Unis[30], et la deuxième (après Corporal Clegg de A Saucerful of Secrets)[31] à traiter de la mort du père de Waters pendant la Seconde Guerre mondiale[30]. Son titre est dérivé du comptage « One, two, 'free, four ! », prononcé avec un accent Cockney[32]. Le titre est sorti en single aux États-Unis, le groupe estimant qu'il était adapté à la radio[33]. Stay est écrit et chanté par Wright, avec des paroles de Waters. C'est une chanson d'amour, mais le protagoniste ne se souvient pas du nom de la fille, ce qui suggère qu'elle aurait pu être une groupie[32]. Absolutely Curtains, l'instrumental de clôture de l'album, se termine par un enregistrement des chants de la tribu Mapuga, comme dans le film[4].

Pochette

La pochette de l'album est, comme pour une majorité des albums de Pink Floyd, conçue par Storm Thorgerson et Aubrey Powell de Hipgnosis. Il s'agit d'une photographie d'un homme assis dans un arbre, dont la mise au point a été réduite au point d'être complètement déformée. L'idée est venue d'une diapositive qui s'est bloquée alors que Hipgnosis visionnait des clichés du film sur un projecteur 35 mm. Schroeder a déclaré par la suite que le groupe ne voulait pas que la pochette soit particulièrement belle car The Dark Side of the Moon devait lui faire concurrence, mais Thorgerson a insisté sur le fait qu’Obscured by Clouds n'avait pas été considéré différemment que les autres albums de Pink Floyd[34],[33].

Fiche technique

Titres

Face 1
No TitreAuteurChant Durée
1. Obscured by CloudsGilmour, WatersInstrumental 3:03
2. When You're InGilmour, Mason, Waters, WrightInstrumental 2:30
3. Burning BridgesWaters, WrightGilmour, Wright 3:29
4. The Gold It's in the...Gilmour, WatersGilmour 3:07
5. Wot's... Uh the DealGilmour, WatersGilmour 5:08
6. MudmenGilmour, WrightInstrumental 4:20
Face 2
No TitreAuteurChant Durée
7. Childhood's EndGilmourGilmour 4:31
8. Free FourWatersWaters 4:15
9. StayWaters, WrightWright 4:05
10. Absolutely CurtainsGilmour, Mason, Waters, WrightInstrumental1 5:52

1 À la fin du morceau se trouve un chant de la tribu Mapuga de Nouvelle-Guinée, extrait du film.

Musiciens

Charts et certifications

Charts album
PaysDurée du
classement
Meilleur
classement
Allemagne[35] 4 semaines 19e
Canada[36] 10 semaines 32e
États-Unis[20] - 46e
France[37] 43 semaines 1er
Italie[35] 2 semaines 25e
Pays-Bas[35] 7 semaines 3e
Royaume-Uni [19] 14 semaines 6e
Certifications
PaysCertificationVentesDate
États-Unis[21]  Or 500 000 + 11/03/1994
France[38]  Or 100 000 + 1972
Royaume-Uni[39]  Argent 60 000 + 01/01/1974

Références

  1. Manning 2006, p. 164.
  2. Guesdon et Margotin 2017, p. 262.
  3. Blake 2011, p. 182.
  4. Povey 2006, p. 155.
  5. Guesdon et Margotin 2017, p. 265.
  6. Guesdon et Margotin 2017, p. 266.
  7. Guesdon et Margotin 2017, p. 267.
  8. Mason 2004, p. 164.
  9. Povey 2006, p. 166.
  10. (en) « Obscured by Clouds by Pink Floyd », Classic Rock Review, (consulté le ).
  11. Stephen Thomas Erlewine, « Obscured by Clouds – Pink Floyd » [archive du ], AllMusic (consulté le ).
  12. (en) Robert Christgau, Christgau's Record Guide: Rock Albums of the Seventies, Ticknor & Fields, (ISBN 0-89919-025-1, lire en ligne), « Pink Floyd: Obscured by Clouds ».
  13. (en) Neil McCormick, « Pink Floyd's 14 studio albums rated » [archive du ], London, (consulté le ).
  14. (en) Colin Larkin, The Encyclopedia of Popular Music, Omnibus Press, (ISBN 9780857125958, lire en ligne[archive du ]).
  15. (en) Stephen Deusner, « Pink Floyd: Obscured by Clouds ('Why Pink Floyd?' Reissue) », Paste, (lire en ligne[archive du ], consulté le ).
  16. (en) Rob Sheffield, « Pink Floyd: Album Guide » [archive du ], Rolling Stone, Wenner Media, Fireside Books, (consulté le ).
  17. (en) Tom Hull, « Grade List: Pink Floyd », sur Tom Hull - on the Web (consulté le ).
  18. (en) « Infodisc – Pink Floyd – Obscured By Clouds », www.infodisc.fr (consulté le ).
  19. officialcharts.com/archives/pink floyd/albums
  20. billboard.com/pink floyd/chart history/billboard 200
  21. riaa.com/gold-platinum/search/pink floyd consulté le 10 octobre 2018
  22. (en) « Pink Floyd, The Early Years », Sounds Magazine, (consulté le ).
  23. Mabbett 2010, p. 114.
  24. Blake 2011, p. 183.
  25. Povey 2006, p. 173.
  26. Mabbett 2010, p. 115.
  27. Mabbett 2010, p. 303.
  28. (en) « David Gilmour : Live in Gdańsk (LP) », sur AllMusic (consulté le ).
  29. Mabbett 2010, p. 117-118.
  30. Manning 2006, p. 165.
  31. (en) Andy Mabbett, The Complete Guide to the Music of Pink Floyd, London, Omnibus, (ISBN 0-7119-4301-X).
  32. Mabbett 2010, p. 118.
  33. Blake 2011, p. 184.
  34. Mabbett 2010, p. 113.
  35. (nl)dutchcharts.nl/pink floyd/soundtrack:obscured by clouds
  36. bac-lac.gc.ca/Rpm/search database
  37. infodisc.fr/détail par artiste/pink floyd
  38. infodisc.fr/certifications/recherche consulté le 10 octobre 2018
  39. BPI.co.uk/certified-awards/search consulté le 10 octobre 2018

Annexes

Bibliographie

  • (en) Mark Blake, Pigs Might Fly: The Inside Story of Pink Floyd, Arum Press, (ISBN 978-1-845-13748-9). 
  • (en) Andy Mabbett, Pink Floyd: The Music and the Mystery, Omnibus Press, (ISBN 978-0-857-12418-0). 
  • (en) Toby Manning, The Rough Guide to Pink Floyd, London, 1st, (ISBN 1-84353-575-0), « The Albums ». 
  • (en) Nick Mason, Inside Out: A Personal History of Pink Floyd, New, (ISBN 0-297-84387-7), « There Is No Dark Side ». 
  • (en) Glenn Povey, Echoes : The Complete History of Pink Floyd, New, (ISBN 978-0-9554624-0-5), « Playing Different Tunes 1972–1973 ». 

Liens externes

  • Portail de Pink Floyd
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.