Oblast de Kaliningrad

L’oblast de Kaliningrad (en russe : Калинингра́дская о́бласть, Kaliningradskaïa oblast), également appelé la « Russie baltique », ou le « pays de l'ambre » (Янтарный Край, Iantarny Kraï), est une exclave russe au bord de la mer Baltique, entourée au nord et à l'est par la Lituanie et au sud par la Pologne. L'oblast de Kaliningrad, la voïvodie de Varmie-Mazurie en Pologne et le Memelland (région de Memel/Klaipeda en Lituanie actuelle) ont remplacé en 1945 la Prusse-Orientale, aujourd'hui disparue, qui appartenait à l'Allemagne. À partir de cette date, la région fut intégrée à la République socialiste fédérative soviétique de Russie (l'une des quinze républiques soviétiques de l'ex-Union soviétique).
L'oblast, d'une superficie de 15 125 km2, a une population de 976 439 habitants (2016). Sa capitale est Kaliningrad (anciennement Königsberg).

Oblast de Kaliningrad
(ru) Калининградская область

Armoiries de la zone Oblast de Kaliningrad

Drapeau de la zone Oblast de Kaliningrad
Administration
Pays Russie
Région économique Kaliningrad
District fédéral Nord-Ouest
Statut politique Oblast
Création 7 avril 1946
Capitale Kaliningrad
Gouverneur Anton Alikhanov
Démographie
Population 976 439 hab. (2016)
Densité 65 hab./km2
Géographie
Superficie 15 125 km2
Autres informations
Langue(s) officielle(s) Russe
Fuseau horaire UTC+2
Code OKATO 27
Code ISO 3166 RU-KGD
Immatriculation 39, 91
Liens
Site web http://www.gov39.ru

    L’oblast de Kaliningrad est la région la plus occidentale et la plus petite de la Fédération de Russie. Elle est séparée du reste de la Russie par trois frontières internationales, et la ville la plus proche, Pskov, se trouve à 600 km de là.

    Oblast de Kaliningrad

    Géographie

    La rivière Angrapa, dans l'oblast de Kaliningrad.

    Le plus grand cours d'eau est la Pregolia (russe : Прего́ля, allemand : Pregel, lituanien : Prieglius).

    Les villes les plus importantes de l'oblast de Kaliningrad sont :

    Russe Allemand † Lituanien † Polonais †
    BaltiïskБалтийскPillauPiliavaPiława
    TcherniakhovskЧерняховскInsterburgĮsrutisWystruć
    GoussevГусевGumbinnenGumbinėGąbin
    KaliningradКалининградKönigsbergKaraliaučiusKrólewiec
    SovietskСоветскTilsitTilžėTylża

    Histoire

    La Prusse-Orientale en 1939, dont est issue l'Oblast de Kaliningrad.

    Jusqu'en 1945, la population de la région est principalement allemande, avec une minorité d'origine lituanienne et une minorité masurienne qui parle un dialecte polonais.

    Pendant la Guerre de Sept Ans, les Russes défont les Prussiens et la région est annexée à la Russie (1758-62)[1]. Mais les alliances se renversent et la région est rendue à la Prusse.

    En 1807, la Prusse écrasée par Napoléon appelle à l'aide la Russie, qui y mène les batailles d'Eylau et Friedland, puis signe dans l'actuelle Sovietsk le traité de Tilsit avec Napoléon[1].

    En septembre 1914, dans le contexte de la Première Guerre mondiale et de la menace allemande sur Paris, la Russie remporte la bataille de Gumbinnen, envahit la majeure partie de la région et assure ainsi l'issue favorable de la décisive Bataille de la Marne. La Russie semble alors envisager avec circonspection une première annexion partielle de la région[1]. Mais la bataille de Tannenberg refoule l'armée russe, sauf de la région de Gumboinnen/Gusev où ils restent jusqu'à l'aube de 1915[1].

    À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la province allemande de Prusse-Orientale est conquise par l'Armée rouge, à partir de , puis divisée entre l'Union soviétique et la Pologne, selon les souhaits de Staline, comme convenu après les conférences de Yalta et de Potsdam. La partie soviétique est rattachée directement à la République socialiste fédérative soviétique de Russie et constitue l'oblast de Kaliningrad. Les habitants qui n'avaient pu s'enfuir sont finalement déportés en Sibérie et remplacés par des Russes[réf. nécessaire].

    Depuis l'indépendance des Pays baltes, l'oblast de Kaliningrad forme une exclave russe entre Pologne et Lituanie : sa capitale est séparée de Pskov, la ville russe la plus proche, par trois frontières et 600 kilomètres[2]. Cette situation peut être rapprochée de celle, symétrique, qu'avait connu la Prusse-Orientale vis-à-vis de l'Allemagne dans l'entre-deux-guerres, de par la création du corridor de Dantzig[3].

    L'oblast de Kaliningrad et l'Union européenne

    Oblast de Kaliningrad en Europe
    Carte de la Russie baltique.
    Vue d'une plage de l'oblast de Kaliningrad.

    Depuis l'adhésion de la Pologne et de la Lituanie à l'Union européenne (UE), l'exclave de Kaliningrad est au cœur de négociations diplomatiques entre la Russie et l'Union. En effet, en vertu des accords de Schengen, les frontières de l'exclave deviennent en juillet 2003 des frontières extérieures de l'Union européenne, rendant donc difficiles les liaisons terrestres avec le reste de la Russie[4].

    Les deux parties en présence ont intérêt à trouver un accord :

    • les autorités russes ont refusé de voir une partie de leur territoire isolé de la Russie, d'autant que Kaliningrad est victime de difficultés économiques à cause de son isolement depuis la dislocation de l'Union soviétique ;
    • la Pologne et la Lituanie ne souhaitent pas voir une exclave russe se développer sur la frontière qu'elles doivent surveiller.

    Un accord est conclu en avril 2004 entre la Russie et l'Union européenne, exemptant de taxes douanières les transits traversant le territoire lituanien[5].

    Le , le président russe Dmitri Medvedev annonce la possible installation de missiles Iskander près de Kaliningrad au cas où les États-Unis installeraient un bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque[6].

    Le , la Commission européenne a proposé d'étendre à l'ensemble des habitants de l'oblast la possibilité de se rendre en Pologne et en Lituanie sans visa Schengen. La zone concernée serait de 30 kilomètres à partir de la frontière, voire 50 kilomètres dans des cas exceptionnels. Selon la Commission, il s'agit de faciliter la vie des habitants : « Assez souvent, ils doivent traverser la frontière pour des raisons familiales, culturelles ou économiques ; quelquefois pour quelques heures, quelquefois pour plusieurs jours ». Ils auraient cependant encore besoin d'un visa pour aller plus loin, que ce soit Varsovie, Vilnius ou un autre État membre de l'UE[7],[8]. Cet accord sur les petits mouvements frontaliers a été signé en 2012, les frontaliers russes n'ont plus besoin de visa, mais d'un permis dont la validité est de deux ans[9].

    L'oblast permet à la Fédération de Russie d'avoir un accès à la Baltique lorsque les ports du nord sont pris dans les glaces.

    En 2017, une controverse naît à la suite de la proposition d'un élu lituanien de « rapatrier » la région en Europe[10].

    Population et société

    Démographie

    Évolution démographique
    1989 2002 2010 2016 -
    871 283955 281941 873976 439-
    Indice de fécondité et taux de natalité
    AnnéeFéconditéFécondité urbaineFécondité rurale
    19901,811,682,39
    19911,701,582,26
    19921,521,372,14
    19931,301,181,81
    19941,341,231,79
    19951,231,141,60
    19961,141,051,48
    19971,080,971,51
    19981,151,041,54
    19991,040,971,31
    20001,111,031,38
    20011,101,031,37
    20021,211,121,52
    20031,241,181,45
    20041,201,121,48
    20051,161,091,41
    20061,201,101,54
    20071,401,281,81
    20081,451,321,86
    20091,481,361,86
    20101,461,351,82
    20111,521,421,86
    20121,631,512,01
    20131,641,532,03
    20141,701,592,08
    20151,751,672,00
    20161,731,661,95
    20171,571,511,77
    20181,511,481,61
    20191,391,401,34

    Subdivisions administratives

    L'oblast est divisé en :

    RaïonDimensionPopulationDensité
    russeTranslittérationfrançaiskm²en 2010nombre d'habitants par km²
    Багратионовский районBagrationovski raïonraïon de Bagrationovsk1.02032.33032
    Балтийский районBaltiïski raïonraïon de Baltiïsk[11] 10136.038356
    Гвардейский районGvardeïski raïonraïon de Gvardeïsk78429.92638
    Гурьевский районGourievski raïonraïon de Gourievsk1.28353.00141
    Гусевский районGoussevski raïonraïon de Goussev64337.14358
    Зеленоградский районZelenogradski raïonraïon de Zelenogradsk2.01332.25716
    Краснознаменский районKrasnoznamenski raïonraïon de Krasnoznamensk1.28012.90410
    Неманский районNemanski raïonraïon de Neman69720.12729
    Нестеровский районNesterovski raïonraïon de Nesterov1.06116.21915
    Озёрский районOziorski raïonraïon d'Oziorsk87715.32217
    Полесский районPolesski raïonraïon de Polessk83419.19723
    Правдинский районPravdinski raïonraïon de Pravdinsk1.28419.07015
    Светлогорский районSvetlogorski raïonraïon de Svetlogorsk3314.873456
    Славский районSlavski raïonraïon de Slavsk1.34921.01716
    Черняховский районTcherniakhovski raïonraïon de Tcherniakhovsk1.28651.94740

    Politique

    Le gouverneur de l'oblast de Kaliningrad est Anton Alikhanov, depuis le , en remplacement de Evgueni Zinitchev, d'abord par intérim, avant d'être élu le .

    Économie

    - Usine automobile de Avtotor (Автотор) (GM, BMW, Kia, Yuejin) en 2016, elle emploie 3 500 personnes[12].

    - OKB Fakel : système de propulsion électrique basé à Neman.

    - L'oblast de Kaliningrad dispose de 90 % des réserves mondiales d'ambre[13].

    Transport

    Routes et autoroutes

    Pour la plupart, la largeur des routes ne correspond pas à la largeur standard russe.

    Les routes les plus importantes sont :

    • A229 : vers Vilnius et Minsk ;
    • A216 : Kaliningrad - Gvardeïsk - Talpaki (Taplacken) (branche A-229) - Bolchakovo (Groß Skaisgirren) - Sovietsk - frontière lituanienne ;
    • Kaliningrad - Zelenogradsk - frontière lituanienne ;
    • Kaliningrad - Ladouchkine - Mamonovo - frontière polonaise ;
    • Kaliningrad - Bagrationovsk - frontière polonaise.

    En est construite l'autoroute « anneau du Littoral », qui reliera Kaliningrad à l'aéroport Khrabrovo.

    Transport aérien

    À 24 km de Kaliningrad, près du village de Khrabrovo, se situe l'aéroport Khrabrovo.

    Références

    1. Olivier Roqueplo: La Russie et son Miroir d'Extrême-Occident: l'identité géopolitique de la Russie sous le prisme de l'Oblast' de kaliningrad, HAL, 2018
    2. Tétart 2007, I. : « Kaliningrad/Prusse-Orientale comme construction territoriale d’une symétrie de l’enclavement ».
    3. Tétart 2007, I.A. : « Une exclave russe ».
    4. Kaliningrad «encerclé» par l'Union par Sylvaine Pasquier, L'Express, 6 juin 2002
    5. (fr) La documentation française - L’enclave de Kaliningrad, "laboratoire" des futures relations Russie - Union européenne
    6. Missiles russes : "malheureux" (Prague), Le Figaro
    7. Gobert 2011
    8. Dépêche de presse de la Commission européenne, 29/07/2011
    9. Jérôme Fenoglio, Le Monde du 16 mai 2014, p. 8
    10. « La Lituanie veut «récupérer» Kaliningrad : Moscou ironise », sur sputniknews.com (consulté le ).
    11. Einschließlich der Wasserfläche der Buchta Primorskaja (Fischhausener Wiek): 174 km².
    12. (en-US) « Partners in production in Russia - Automotive Manufacturing Solutions », (consulté le )
    13. Lonely Planet, Pays Baltes 2 : Excursion à Kaliningrad, Place Des Editeurs, , 39 p. (ISBN 978-2-8161-3113-0, lire en ligne)

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    • Olivier Roqueplo: La Russie et son Miroir d'Extrême-Occident: l'identité géopolitique de la Russie sous le prisme de l'Oblast' de kaliningrad, HAL, 2018
    • Viviane du Castel, De Königsberg à Kaliningrad : l'Europe face à un nouveau "département d'outre-terre" russe sur la Baltique, Paris, L'Harmattan, 1996 ; 2e éd. augmentée, 2007, 501 p. (ISBN 978-2-296-04391-6).
    • Sébastien Gobert, « Russie : La porte de Kaliningrad pourrait s'ouvrir sur l'UE », Regard sur l'Est, (lire en ligne).
    • Frank Tétart, « Symétrie spatiale et temporelle d’une enclave : la Prusse-Orientale (1919-1939) et Kaliningrad (1992-2004) », Revue géographique de l'Est, vol. 47, no 2, (ISSN 0035-3213, lire en ligne, consulté le ).
    • Frank Tétart, « Kaliningrad, « petite Russie » d’Europe », sur Les blogs du Diplo, .
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