Nénuphar blanc

Nymphaea alba

Le nénuphar blanc ou nénufar blanc[1] ou Nymphéa (Nymphaea alba) est une plante herbacée vivace de la famille des Nymphaeaceae. Par rapport au nénuphar jaune, il est bioindicateur d'une meilleure qualité d'eau[2].

Aire de répartition

C'est une espèce eurasiatique trouvée en Europe de l'ouest et du sud, et quelques localisations ont été signalées en Égypte et en Afrique du Nord (Maroc, Algérie)[3]. Quand il est présent sur des lacs créés par l'homme, il peut y avoir été introduit[4].

Description et biologie

Cette plante aquatique peut atteindre deux mètres de haut (dans la colonne d'eau). Elle se développe dans les eaux dormantes, les bras morts des rivières et sur les lacs. À partir d'un rhizome, enraciné dans le fond, poussent les longs pétioles des feuilles dont les limbes flottent à la surface. Les feuilles sont grandes, plus ou moins cordiformes, arrondies, entières, coriaces, avec des lobes bien marqués. Le calice se compose de quatre sépales, la corolle d'une vingtaine de pétales[5]. Les étamines sont également très nombreuses et pourvues d'anthères jaunes ; les filets des étamines internes sont linéaires, ceux des étamines externes très larges. Les étamines entourent entièrement le pistil dont le stigmate jaune compte plus de vingt lobes. Le nénuphar blanc serait anaphrodisiaque[6]

Nénuphars blancs

Les fleurs de nénuphar s'ouvrent à la lumière et se ferment quand il fait sombre. Après la floraison et fécondation, le pédicelle s’enroule ce qui fait plonger la fleur sous l’eau où le fruit se développera. Les graines (ellipsoides et longues de 2–3 mm) une fois mûres seront libérées et flotteront en surface grâce à un arille plein d'air. Le vent ou le courant les dispersent alors, puis elles coulent et peuvent germer sur la vase [5]. Ces graines sont dites "récalcitrantes" ; elles meurent quand elles sèchent[7],[8],[9] (mais peuvent être stockées dans de l'eau refroidie)[9].

Selon une étude récente (2007), la tortue Cistude d'Europe (Emys orbicularis) semble aussi contribuer à la dispersion des graines[10] y compris contre le courant et d'un plan d'eau à l'autre. Le transit de la graine dans son système digestif a un effet différent selon que la graine germe à la lumière ou dans le noir. les premières ont alors une germination retardée la première année et les autres années, mais en fin d'étude, la germination totale était comparables à celles des graines du groupe de contrôles[10]. Pour les graines germant dans le noir, le transit dans le système digestif retardait la germination au cours de la première année mais l’accélérait à long terme, avec in fine une amélioration de la germination totale (par rapport aux graines-contrôles)[10]. La cistude est menacée et a déjà disparu d'une grande partie de son aire naturelle de répartition.
On a observé en Floride que la Tortue de Floride a des fonctions écosytémiques de ce type (zoochorie)[11].

Le nénuphar se reproduit aussi asexuellement par fragmentation de son rhizome.

Risques de confusion : Ce nénuphar peut être confondu avec le nénuphar jaune (Nuphar lutea, dont la fleur est jaune et plus petites et les feuilles plus allongées, moins épaisses et légèrement gaufrées sur ses bordures). Il peut aussi être confondu avec le Petit nénuphar (Hydrocharis morsus-ranae) aussi dénommé Grenouillette (dont les fleurs n'ont que 3 pétales, contre une vingtaine pour Nénuphar blanc et dont les feuilles sont très rondes et au diamètre plus petit jamais plus de 8 à 10 cm, soit bien moins que les 15 à 25 cm de diamètre de celles du Nénuphar blanc).

Caractéristiques

Organes reproducteurs
Graine
  • Type de fruit : akène ;
  • Mode de dissémination : hydrochorie (lors des crues et inondations notamment), mais certaines animaux semblent aussi pouvoir contribuer à disperser les graines de nénuphars sans les endommager, y compris d'un point d'eau à un autre point d'eau proche.
Habitat et répartition
  • Habitat type : herbiers dulçaquicoles, eutrophiles ;
  • Aire de répartition : eurasiatique, Amérique du Sud

Données d'après : Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004.

Espèces et sous-espèces

On peut rencontrer à l'état naturel dans une partie de l'Europe (dont en France) une autre espèce, le nénuphar blanc boréal (Nymphaea candida), distinct en particulier par le nombre de chromosomes des cellules somatiques.

Le taxon "Nénuphar blanc" comprend deux sous-espèces :

  • N. alba subsp. alba
  • N. alba subsp. occidentalis (Ostenf.) Hyl. aux fleurs généralement plus petites et plus discrètes.

Nymphea alba existe également sous la forme rose : Nymphea alba f. rosea, protégée en Finlande (sauf dans les Îles Åland) .

Enfin, parmi les nombreuses espèces du genre, il faut citer Nymphea lotus, le lotus blanc d'Égypte.

Usages

Usages alimentaires

.

Rhizome : Selon l'ethnobotaniste François Couplan, le rhizome du nénuphar blanc a été autrefois été consommé par exemple en Finlande (après ébullition dans une ou plusieurs eaux pour éliminer les principes amers), et il était encore récemment consommé en Bosnie. On en aurait aussi fait autrefois une boisson fermentée en France[12]. Il contient de l'amidon et des sucres, du mucilage, des tanins, mais aussi des alcaloïdes (nupharine notamment, comme chez les Nuphars), un glycoside (nymphaline) et un oestrogène[12]. Il est consommé en Asie, Amérique du Nord, Australie… Dans la plupart des espèces de cette famille, le rhizome contient des molécules qui le rendent âcre, que l’on peut éliminer par une longue cuisson à l’eau[12].

Fruits : parfois consommé cru (ex dans le nord-ouest de l'Espagne)[12].

Graines : consommées autrefois en Europe en bouillie ou pain, comme en Bosnie jusqu’à récemment. Elles sont encore un aliment courant dans certaines régions du centre de l’Amérique, d’Afrique, d’Asie et d’Australie[12]. Les ceylanais les conservent parfois dans le vinaigre ou les mangent avec le fruit encore vert, en curries[12].

Usages médicaux

Le rhizome est réputé anaphrodisiaque, antispasmodique et astringent[12]. La nymphaline qu’il contient est un tonifiant cardiaque[12].

Usages tinctoriaux

Les Irlandais et Écossais teignent parfois la laine de mouton avec le rhizome qui lui donne une teinte bleu-noir[12].

Voir aussi

Notes et références

  1. l'Académie française a écrit nénufar jusqu'en 1935 et le Rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques (Liste H) préconise de revenir à cette graphie
  2. Inventaire participatif ; Nénuphar blanc Conservatoire botanique national de Bailleul ; consulté le 20 aout 2018
  3. Toubal O (2009) La flore de l'Edough (NE Algérie): biodiversité, taxons rares, dynamique végétale et cartographie. Bocconea, 23, 439-450
  4. Maibach A (2009). Gestion intégrée des éléments naturels et de la biodiversité en forêt secondaire (forêts de la région de Suchy, Vaud, Suisse) III. Suivi de la colonisation par les libellules (Insecta: Odonata) d’un bassin amortisseur de. Insecta, Odonata). Bull. Soc. vaud. Sc. nat, 91, 217-233.
  5. Nénuphar blanc, NaturGate, consulté 20 aout 2018
  6. Guppy H.B (1897) On the postponement of the germination of the seeds of aquatic plants. Proceedings of the Royal Physiological Society, XXVI, Edinburgh
  7. Smits, A. J. M., R. van Ruremonde & G. van der Velde, 1989. Seed dispersal of three Nymphaeid macrophytes. Aquatic Botany, 35: 167–180.
  8. Hay F, Probert R, Marro J & Dawson M (2000). Towards the ex situ conservation of aquatic angiosperms: A review of seed storage behaviour. Pages 161–177 in Black M, BladfordK.J & Vázquez-Ramos J (eds.). Seed Biology: Advances and Applications. CAB International, London.
  9. Calviño-Cancela M, Ayres Fernández C & Cordero Rivera A (2007) European pond turtles (Emys orbicularis) as alternative dispersers of “water-dispersed” waterlily (Nymphaea alba). Ecoscience, 14(4), 529-534
  10. Liu H, Platt S.G & Borg C.K (2004) Seed dispersal by the Florida box turtle (Terrapene carolina bauri) in pine rockland forests of the lower Florida Keys, United States. Oecologia, 138: 539–546.
  11. Couplan, François (2009) Le régal végétal : plantes sauvages comestibles ; Editions Ellebore, 527 pages

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Delphaut J & Balansard J (1943) Recherches pharmacologiques sur le Nenuphar blanc (Nymphaea alba L.). Revue Phytotherapie, 7, 83-85.
  • Klink G, Buchs A & Gülacar F.O (1994) Tocopheryl esters from Nymphea alba and Nuphar luteum. Phytochemistry, 36(3), 813-814.
  • Portail des plantes utiles
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.