Nouvelle guerre froide

L'expression de nouvelle guerre froide[1] (ou seconde guerre froide[2],[3], ou guerre froide 2.0[4]) a été utilisée pour décrire un regain des tensions diplomatiques entre le monde occidental (en particulier les États-Unis et l'Union européenne) et la Russie poutinienne[2], ainsi que de nouveaux acteurs s'ajoutant à cette escalade : la Chine, la Corée du Nord, l'Inde et le Pakistan, l'Iran[5].

Description

La nouvelle guerre froide se caractérise entre autres par les nouveaux outils de communication en jeu: Les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter sont instrumentalisés par les services secrets comme outil de propagande ou contre-propagande. Les accusations d'ingérences russes dans l'élection présidentielle américaine de 2016 illustrent cette montée des tensions[6].

L'une des principales tensions économiques concerne le dossier Nord Stream 2 qui prévoit la mise en place d'un gazoduc reliant directement la Russie et l'Allemagne par voie maritime[7]. L'une des principales tensions politiques concerne le conflit israélo-palestinien[8]. Dans la guerre civile syrienne, la Russie et les États-Unis s'opposent frontalement au sujet du régime de Bachar el-Assad[9]. Au niveau militaire, les tensions se raniment autour de l'île norvégienne de Vardø qui se situe à 60 kilomètres des côtes russes, et où l'armée américaine a installé une base de surveillance[10],[11].

Alors que cette expression était jusqu'alors beaucoup utilisée par des médias de masse, le Premier ministre russe Dimitri Medvedev l'emploie en février 2016, pour dénoncer la situation géopolitique internationale[12]. Selon le politologue Fiodor Loukianov, « À force de crier au loup, cette notion (nouvelle guerre froide) a fini par perdre sa force ». La géopolitique du XXIe n'étant plus constituée de deux blocs politiques, économiques et idéologiques rivaux, la nouvelle guerre froide n'affiche pas forcément toutes les caractéristiques de la Guerre froide du XXe siècle[4].

Cependant, de nouveaux acteurs ont surgi, tels que la Corée du Nord ou l'Iran. Les tensions entre l'Inde et le Pakistan, qui sont deux puissances nucléaires, sont quasi permanentes. Le danger du terrorisme et des cyberattaques a augmenté, la crise climatique - et la pandémie du coronavirus - aggravent encore la situation. Les scientifiques publiant l'Horloge de l'Apocalypse (Doomsday clock) estiment le danger d'une guerre nucléaire plus élevé que pendant les pires moments de la Guerre froide[13].

Zones de tension

Carte de la reconnaissance des territoires post-soviétiques par la Russie : Transnistrie, République de Crimée, Abkhazie, Ossétie du Sud et Haut-Karabagh.
  • Russie
  • Anciennes républiques socialistes soviétiques
  • Territoires post-soviétiques ayant déclaré leur indépendance et reconnus par la Russie
  • Territoires post-soviétiques ayant déclaré leur indépendance et reconnus uniquement par des territoires devenus indépendants, eux-mêmes reconnus par la Russie

Europe de l'Est et OTAN

Les États européens membres de l'OTAN, lors du sommet de Prague en 2002, décident de mettre en place un dispositif antimissile de qui se concrétise par un premier déploiement opérationnel en 2010 et se poursuit dans les années suivantes, notamment autour de la frontière occidentale de la Russie, en Pologne et en Roumanie ; pour Vladimir Poutine, le parapluie antimissile européen est devenu en 2016, un « sérieux sujet de friction »[14].

En réponse à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, l'OTAN prend des « mesures de réassurance » destinées à renforcer la sécurité de son flanc Est. Dans ce cadre, deux bases aériennes sont mises à disposition de la mission de police du ciel des États baltes[15].

Ukraine

Le , l'Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution dénonçant le référendum en Crimée (estimant qu'il n'avait aucune validité) et l'annexion russe de la péninsule. La résolution recueille 100 voix pour, 11 voix contre et 58 abstentions, sur les 193 États membres[16].

Géorgie

La deuxième Guerre d'Ossétie du Sud oppose en la Géorgie à sa province séparatiste d'Ossétie du Sud et à la Russie. Le conflit s'est étendu à une autre province géorgienne séparatiste, l'Abkhazie ; le , la fédération de Russie reconnaît officiellement l'indépendance de l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie[17].

Références

  1. (en) Simon Tisdall, « The new cold war: are we going back to the bad old days? », sur The Guardian, .
  2. (en) Dmitri Trenin, « Welcome to Cold War II », sur Foreign Policy, .
  3. (en) As Cold War II Looms, Washington Courts Nationalist, Rightwing, Catholic, Xenophobic Poland, Huffington Post, 15 octobre 2015.
  4. « Une nouvelle Guerre froide vient-elle de commencer ? », Russia Beyond, (lire en ligne).
  5. Initiatives pour le Désarmement Nucléaire, « Prolifération nucléaire ».
  6. Stéphane Distinguin, « La nouvelle guerre froide aura-t-elle lieu sur le Web ? », Libération, (lire en ligne)
  7. Bertille Bayart, « Nord Stream 2, la nouvelle guerre froide du gaz », Le Figaro, (lire en ligne)
  8. « Pierre Razoux : « Une nouvelle guerre froide au Levant » », Le Figaro, (lire en ligne)
  9. « États-Unis - Russie : une nouvelle guerre froide ? », France TV Éducation, (lire en ligne)
  10. Arnaud Lefebvre, « La nouvelle guerre froide s’orchestre depuis le pôle Nord », Express Business, (lire en ligne)
  11. « En Arctique, les ferments d'une nouvelle guerre froide », Les Échos, (lire en ligne)
  12. Pour Moscou, le monde a « glissé dans une nouvelle guerre froide », France24, 13 février 2016
  13. A deux minutes de la guerre nucléaire? https://blogs.mediapart.fr/peter-bu/blog/010318/deux-minutes-de-la-guerre-nucleaire
  14. « La saga du bouclier antimissile de l’OTAN », sur Le Monde.fr (consulté le ).
  15. (en) « NATO fighter jets continuous presence safeguards Baltic skies », sur NATO - Allied Air Command - Ramstein, (consulté le ).
  16. L'Assemblée générale dénonce le rattachement de la Crimée à la Russie, Centre d'actualité des Nations unies, 27 mars 2014.
  17. « Dmitri Medvedev : « Les peuples d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ont le droit de décider eux-mêmes de leur sort » », Le Monde, 26 août 2008.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

  • Portail des relations internationales
  • Portail des États-Unis
  • Portail de la Russie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.