République de Crimée

La république de Crimée est un sujet de la fédération de Russie depuis le . Ses pourtours correspondent quasiment à la péninsule de Crimée à l'exception de Sébastopol qui dispose d'un statut de ville fédérale.

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République de Crimée
(ru) Республика Крым
(crh) Qırım Cumhuriyeti
(crh) Къырым Джумхуриети
(uk) Республіка Крим

Armoiries de la Crimée

Drapeau de la Crimée
Administration
Pays Russie
Région économique Caucase du Nord
District fédéral Sud
Statut politique République
Création [Note 1]
(accord ratifié le )
Capitale Simferopol
Chef de la République Sergueï Aksionov
Premier ministre Iouri Gotsaniouk
Démographie
Population 1 907 106 hab. (2016)
Densité 73 hab./km2
Géographie
Superficie 26 081 km2
Autres informations
Langue(s) officielle(s) Russe, ukrainien, tatar de Crimée
Fuseau horaire UTC+03:00
Code OKATO 35
Code ISO 3166 82
Hymne Нивы и горы твои волшебны, Родина :
« Patrie, les champs et les montagnes sont ta magie »
Immatriculation pas encore assigné
Liens
Site web rk.gov.ru/ crimea.gov.ru

    Ce statut qui fait suite à la crise ukrainienne et au référendum de 2014 est contesté par l’Ukraine et un grand nombre de pays[1]. Selon la résolution n° 68/262 adoptée le par l’Assemblée générale des Nations unies par 100 voix pour, 11 contre et 58 abstentions, la Crimée reste un territoire ukrainien.

    Toponymie

    La république de Crimée est appelée en russe Республика Крым (alphabet cyrillique) et Respublika Krym (alphabet latin), en tatar de Crimée Qırım Cumhuriyeti (alphabet latin) et Къырым Джумхуриети (alphabet cyrillique), en ukrainien Республіка Крим (alphabet cyrillique).

    Géographie

    Découpage administratif.

    La république de Crimée, qui couvre une superficie de 26 081 km2, est une presqu'île située en Europe de l'Est, qui s’avance dans la mer Noire, au sud de l'Ukraine. Elle correspond au même territoire que celui de la république autonome de Crimée et occupe la quasi-totalité de la Crimée, le reste de la péninsule étant constitué de la ville fédérale de Sébastopol.

    La république de Crimée est frontalière de l'Ukraine située au nord, au-delà de l'isthme de Perekop. Elle ne possède pas de continuité territoriale directe avec le reste de la Russie à laquelle est reliée par le pont de Crimée mis en service en 2018 (section routière) et 2019 (section ferroviaire) par dessus le détroit de Kertch.

    Histoire

    Avant 2014

    En 1954, Nikita Khrouchtchev transfère par décret l'oblast de Crimée de la république socialiste fédérative soviétique de Russie à la république socialiste soviétique d'Ukraine.

    En 1991, lors de la dislocation de l'URSS, la Crimée se proclame « république autonome de Crimée », puis « république de Crimée » l'année suivante. Comprenant une importante population russophone, elle proclame son indépendance le , mais accepte d'être rattachée à l'Ukraine à la suite d'un accord entre les deux Parlements et en échange d'une large autonomie au sein du pays, tandis que Sébastopol est placée sous un régime spécial.

    Par la suite, les relations entre la Crimée et l'Ukraine restent tendues mais relativement stables.

    Depuis 2014

    En 2014, en marge de l'Euromaïdan et de la révolution de février se développe la crise de Crimée. Elle atteint son paroxysme le lorsque la Rada proclame l'indépendance de la république autonome de Crimée, très vite rejointe par la municipalité de Sébastopol, par sécession de l'Ukraine[2]. Ces deux entités administratives forment ainsi la république de Crimée qui couvre la totalité de la péninsule et dont la volonté exprimée par son gouvernement et par une très grande majorité de la population, essentiellement russophone, est le rattachement à la Russie. Cette déclaration d'indépendance est prononcée par la Rada de la république autonome de Crimée par 78 voix sur 81 puis adoptée par le conseil municipal de Sébastopol qui rejoint ainsi formellement la nouvelle république[3],[4],[5]. Ses dirigeants s'appuient notamment sur le précédent du Kosovo pour justifier leur décision au regard du droit international public[5],[6].

    Le , le ministère russe des Affaires étrangères déclare reconnaître la déclaration d'indépendance de la république de Crimée[7]. Le nouvel État majoritairement non reconnu organise dans la foulée un référendum le 16 mars au cours duquel 96,77 % des votants s'expriment en faveur de l'option pro-russe[8]. Les électeurs devaient choisir entre un rattachement à la Russie selon des modalités encore à définir, notamment concernant le statut administratif de la Crimée au sein de la fédération, et un retour au sein de l'Ukraine dans une situation de statu quo ante bellum, avec la restauration de la constitution et du statut de l'ancienne république de Crimée[9], avec une autonomie accrue [10].

    Le lendemain, prenant acte des résultats du référendum, les députés de la Rada renouvellent la déclaration d'indépendance, font une demande officielle à la Russie pour son rattachement à la fédération et prennent les premières mesures en conséquence comme la nationalisation des biens ukrainiens se trouvant en Crimée, le changement de monnaie officielle avec le rouble à la place de la hryvnia, le changement d'heure avec l'adoption du fuseau horaire de Moscou le et l'intégration des militaires ukrainiens qui prêtent allégeance au nouvel État ou leur retour en Ukraine pour les autres[11]. Le jour-même, le gouvernement russe publie un décret reconnaissant la république de Crimée comme un « État souverain »[12].

    Le lendemain, la Russie et la Crimée signent un traité confirmant le rattachement officiel de la république à la fédération de Russie[13],[14] ; Sébastopol est détachée de la nouvelle république et forme une ville fédérale[15]. Le lendemain, la cour constitutionnelle russe reconnait à l'unanimité la conformité de ce traité à la constitution russe[16]. Les deux chambres de l'Assemblée fédérale de la fédération de Russie, la Douma et le Conseil de la Fédération, ratifient le traité, respectivement les 20 et , entérinant l'entrée de la république de Crimée dans la fédération de Russie selon le droit russe[17],[18].

    Entretemps, la Rada est devenue le Conseil d'État selon le droit russe[19].

    Le , une nouvelle constitution confirmant l'appartenance à la Russie est adoptée[20]. Le , Sergueï Aksionov est nommé chef de la république de Crimée par intérim par Vladimir Poutine[21].

    Le , des élections législatives sont organisées[22]. Elles sont remportées par Russie unie[23], dont fait désormais partie Aksionov. Celui-ci est alors confirmé dans ses fonctions par le Conseil d'État le [24].

    Statut

    La république de Crimée est, en vertu de l'accord signé le , un sujet de la fédération de Russie, au statut de république[15]. Parmi les 193 États membres de l'ONU, ce statut est reconnu par 11 d'entre eux, la Russie, la Biélorussie[25], l'Afghanistan, le Venezuela, la Syrie[26], le Soudan, la Corée du Nord[27], le Zimbabwe, Cuba[28], la Bolivie, le Nicaragua[29] et le Kirghizistan[30]. Des États non-membres de l'ONU comme l'Abkhazie[31], l'Artsakh[32], la Transnistrie[33] et l'Ossétie du Sud[34] ont eux aussi formulé des déclarations reconnaissant la République de Crimée et la ville d'importance fédérale de Sébastopol en tant que sujets fédéraux de la Russie. Néanmoins, de nombreux pays ne reconnaissent pas son annexion par la Russie et considèrent que seule la république autonome de Crimée  représentée en Ukraine par un gouvernement en exil  est légitime[35],[36].

    À la suite du véto opposé le par la Russie contre une proposition de résolution rédigée par les États-Unis au Conseil de sécurité des Nations unies[37], l'Assemblée générale des Nations unies adopte le une résolution non-contraignante relative à l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues et déclare le référendum du non valide[38].

    Depuis son adhésion à la Russie et jusqu'au , la Crimée entame une période de transition au cours de laquelle devront être réglées les questions liées à l'intégration de la république de Crimée et de Sébastopol dans les systèmes économiques, financiers et juridiques russes[39]. Selon le quotidien Vedomosti, la Crimée pourrait en outre se voir accorder un statut de zone économique spéciale pour stimuler son développement social et économique[40]. Du point de vue de la nationalité, tous les habitants de la république de Crimée auront la possibilité d'obtenir la citoyenneté russe, sauf s'ils la refusent et déclarent vouloir en conserver une autre[41].

    Le , la nouvelle constitution de la république de Crimée entre en vigueur à la suite d'un vote du Parlement criméen. Celle-ci prévoit notamment que la république de Crimée constitue désormais une partie intégrante de la fédération de Russie et donne le statut de langues officielles au russe, à l'ukrainien et au tatar de Crimée[42],[43].

    Population et société

    Démographie

    Évolution démographique
    1989 2000 2010 2011 2012
    2 065 8292 057 5001 956 6001 954 8001 955 338
    2013 2014 2015 2016 -
    1 957 4631 958 5041 895 9151 907 106-

    Composition ethnique

    Selon les résultats du recensement du district fédéral de Crimée de 2014 (en russe, Перепись населения в Крымском федеральном округе (2014)), la composition ethnique de la Crimée selon les déclarations de la population est la suivante :

    Selon ce recensement, 84 % des habitants a déclaré le russe comme leur langue natale, le tatar de Crimée 7,9 %, le tatar 3,7 %, l'ukrainien 3,3 %. L'enseignement en école primaire est effectué en russe à plus de 96 %.

    Le gouvernement russe est accusé de modifications ethniques en Crimée. Entre 2014 et 2019, 40 000 Tatars auraient été expulsés de Crimée. Selon les statistiques de Rosstat parues en 2019, la population diminue en partie à cause de l'émigration, mais un nombre important d'immigrants russes vient compense ces départs. Si les données ethniques ne sont pas publiées, on peut supposer que les départs sont principalement ukrainiens et tatars, et les arrivées russes[44]. En 2018, on estime que 247 000 Russes, principalement originaires se Sibérie, se sont installés en Russie, et que 140 000 personnes, majoritairement des Tatars ou des Ukrainiens, ont quitté la péninsule depuis l'annexion. Ces informations sont cependant difficiles à obtenir et sujettes à caution, car selon les conventions de Genève de 1949, le déplacement de population continue un crime de guerre[45].

    Divisions administratives

    La république de Crimée continue d'utiliser les divisions administratives utilisées par la république autonome de Crimée. Elle est divisée en 25 régions : 14 districts (raions) et 11 municipalités ayant le statut de ville.

    Raions
    1. Bakhtchyssaraï (chef-lieu : Bakhtchissaraï)
    2. Bilohirsk (chef-lieu : Belogorsk)
    3. Djankoï (chef-lieu : Djankoï)
    4. Kirovske (chef-lieu : Kirovske)
    5. Krasnohvardiïske (chef-lieu : Krasnohvardiïske)
    6. Krasnoperekopsk (chef-lieu : Krasnoperekopsk)
    7. Lenine (chef-lieu : Lenine)
    8. Nyjnohirskyï (chef-lieu : Nyjnohirskyï)
    9. Pervomaïské (chef-lieu : Pervomaïské)
    10. Rozdolné (chef-lieu : Rozdolné)
    11. Saki (chef-lieu : Saki)
    12. Simferopol (chef-lieu : Simferopol)
    13. Sovietsky (chef-lieu : Sovietsky)
    14. Tchornomorské (chef-lieu : Tchornomorské)
    Villes
    15. Alouchta
    16. Armiansk
    17. Djankoï
    18. Eupatoria
    19. Kertch
    20. Krasnoperekopsk
    21. Saki
    22. Simferopol
    23. Soudak
    24. Théodosie
    25. Yalta

    Notes et références

    Notes

    1. en tant qu'État indépendant (sécession de l'Ukraine).

    Références

    1. « Référendum en Crimée : victoire écrasante pour la Russie », sur canada.ca, Radio-Canada, (consulté le ).
    2. « La Crimée déclare son indépendance de l'Ukraine », Le Point, (lire en ligne)
    3. (en) « Crimean parliament OKs 'declaration of independence’ from Ukraine », Al Jazeera America, (lire en ligne)
    4. (en) « Crimea MPs vote in favour of independence from Ukraine if voters agree », Euronews, (lire en ligne)
    5. « La Crimée déclare son indépendance de l'Ukraine », Le Point, (lire en ligne)
    6. (en) « Crimea MPs vote in favour of independence from Ukraine if voters agree », Euronews, (lire en ligne)
    7. « Vladimir Poutine a signé le décret reconnaissant l'indépendance de la Crimée », RTL, (lire en ligne, consulté le )
    8. « En Crimée, 95 % des votants en faveur d'un rattachement à la Russie », Libération, (lire en ligne, consulté le )
    9. (en) « Crimean parliament votes to join Russia, hold referendum in 10 days on ratifying », RT, (lire en ligne, consulté le )
    10. « Crimée : que choisit-on lors du référendum de dimanche? », sur euronews, (consulté le ).
    11. « La Crimée demande son rattachement à la Russie, mobilisation partielle en Ukraine », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le )
    12. « La Russie a reconnu la république de Crimée en tant qu'État souverain », La Voix de la Russie, (lire en ligne, consulté le )
    13. « La Crimée signe un accord d'entrée dans la fédération de Russie (Poutine) », RIA Novosti, (lire en ligne, consulté le )
    14. « Les six dates-clés qui ont fait basculer la Crimée vers la Russie », Yahoo! News, (lire en ligne, consulté le )
    15. « La Crimée et Sébastopol font partie de la Russie (Kremlin) », RIA Novosti, (lire en ligne, consulté le )
    16. « Crimée: la Cour constitutionnelle russe reconnaît l'accord d'adhésion », RIA Novosti, (lire en ligne, consulté le )
    17. « La Douma vote le rattachement de la Crimée à la Russie », Euronews, (lire en ligne, consulté le )
    18. « La chambre haute du Parlement russe ratifie le traité rattachant la Crimée à la Russie », 20 minutes, (lire en ligne, consulté le )
    19. (en) David M. Herszenhorn et Alan Cowell, « Lawmakers in Crimea Move Swiftly to Split From Ukraine », The New York Times, (lire en ligne , consulté le ).
    20. « Une nouvelle Constitution pour la Crimée », sur euronews, (consulté le ).
    21. « Poutine nomme Sergueï Axionov gouverneur de Crimée », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
    22. « Russian State Duma appoints parliamentary elections in Crimea on September 14, 2014 », sur TASS (consulté le ).
    23. (en) David M. Herszenhorn, « Election Victories Strengthen Putin’s Grip Around Russia and Crimea », The New York Times, (lire en ligne , consulté le ).
    24. http://en.krymedia.ru/politics/3357579-Sergey-Aksenov-has-become-the-first-head-of-the-Crimean-Republic
    25. (en) « Crimea is part of Russia - President Lukashenko », The Voice of Russia, (lire en ligne, consulté le )
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    28. (en) Anastasiya Byrka, « Visiting Russia, Fidel Castro's Son Scoffs at U.S. Sanctions Over Crimea », sur www.themoscowtimes.com, (consulté le )
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    32. (en) « Karabakh Foreign Ministry Issues Statement on Crimea », sur asbarez.com, (consulté le )
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    34. Leonid Tibilov: South Ossetia fully supports the decision of the Russian leadership on the Crimea and Sevastopol. cominf.org. 20 March 2014.
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    44. (en) Paul Goble, « Moscow’s Slow-Motion Ethnic Engineering in Occupied Crimea Accelerating », sur jamestown.org, (consulté le ).
    45. (en) Rostyslav Khotin, Rustem Khalilov et Robert Coalson, « Shifting Loyalty: Moscow Accused Of Reshaping Annexed Crimea's Demographics », sur rfel.org, .

    Annexes

    Article connexe

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