Ninon Vallin

Joséphine-Eugénie Vallin[1] dite Ninon Vallin est une cantatrice (soprano lyrique) française, née à Montalieu-Vercieu (Isère) le [2] et morte à Millery (Rhône) le .

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Ninon Vallin
Nom de naissance Joséphine-Eugénie Vallin
Naissance
Montalieu-Vercieu (France)
Décès (à 75 ans)
Millery (France)
Activité principale Artiste lyrique
Soprano
Style
Années d'activité 1911-1953
Conjoint Eugenio Pardo

Biographie

Enfance et formation

Née de Marie Champier et de Félix Philippe Vallin, clerc de notaire de Montalieu, Ninon passe son enfance dans divers villages de l'Isère. En pension à Saint-Laurent-en-Brionnais, elle fait preuve de dispositions pour la musique et chante pour la première fois en public à 10 ans. Elle prépare son entrée au conservatoire de musique de Lyon où elle est admise en 1903. Un de ses professeurs de chant, Mme Mauvernay, la présente au chef d'orchestre Witkowski. Ninon Vallin remporte le premier prix du conservatoire de Lyon, à l'unanimité, en . Elle donne ses premiers concerts dans la région et chante à Annonay devant Vincent d'Indy. Ce dernier la prend sous sa protection et l'envoie à Paris au début de l'année 1907.

Elle y suit des cours de déclamation lyrique. Ses débuts sont difficiles mais Gabriel Pierné l'engage en 1909 dans l'orchestre des concerts Colonne. Claude Debussy la remarque et lui fait chanter une de ses compositions, La Damoiselle élue, avant de la faire engager comme doublure de Rose Féart qui doit créer Le Martyre de saint Sébastien. L'œuvre est condamnée par l'archevêque de Paris et Rose Féart se retire de la production quelques heures avant la première, le . Ninon Vallin la remplace et y triomphe anonymement, les critiques n'étant pas au courant de la défection de Féart, qui reprend le rôle pour les représentations suivantes. Debussy, qui a apprécié Vallin, va néanmoins lui apporter un soutien fidèle.

Carrière

Ninon Vallin est engagée par Albert Carré à l'Opéra-Comique, le . Elle y fait ses débuts dès octobre en chantant Micaëla dans Carmen. Sa prestation est appréciée de madame Bizet-Straus, la veuve du compositeur, qui était dans le public et qui lui conseille de chanter désormais le rôle de la gitane[3]. Gustave Charpentier lui confie le rôle-titre de Louise, créé onze ans plus tôt. Pour Ninon Vallin, une carrière exceptionnelle commence, où sa voix de soprano lyrique à la tessiture large, du mi2 au contre-ut dièse (do5), sa sensibilité et sa culture musicales, sa prononciation impeccable du français, de l'italien et de l'espagnol vont lui permettre d'aller de succès en succès. À l'été 1913, Ninon Vallin épouse un impresario italien qu'elle va accompagner dans ses déplacements à l'étranger. À la déclaration de guerre, l'Opéra-Comique étant fermé, elle suit son mari en Espagne puis, en 1916, en Amérique du Sud. Sur la scène du théâtre Colón de Buenos Aires, c'est le triomphe et elle est adoptée par le public sud-américain. Elle revient l’année suivante à Paris puis est engagée à la Scala de Milan. Après la guerre, elle chante sur toutes les grandes scènes en Europe. Manuel de Falla lui confie les créations de La vida breve et El amor brujo. La tournée de 1921 en URSS, à Moscou, Kiev et Pétrograd (actuelle Saint-Pétersbourg), est un nouveau triomphe.

À partir de 1925, après le second départ d'Albert Carré de l'Opéra-Comique, la carrière de Ninon Vallin va se poursuivre à l'étranger, pendant dix saisons, particulièrement à Buenos Aires. Columbia l'engage pour de nombreux enregistrements jusqu'à ce qu'une dispute avec Georges Thill la fasse rompre son contrat. C'est en 1931, qu'elle fait appel à un jeune et talentueux pianiste Pierre Darck, qui l'accompagnera dans ses tournées d'Amérique du Sud et lui arrangera des musiques pour ses récitals (Chopin, Gounot etc...)

Le pour l'inauguration du théâtre antique de Vienne elle interprète La Damnation de Faust de Berlioz en présence du Président de la République Albert Lebrun.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ninon Vallin vit dans sa propriété de La Sauvagère à Millery, près de Lyon, où elle a fait aménager un théâtre de verdure.

À partir de 1943, elle cache et conserve la bibliothèque musicale de François Lang, tué en déportation à Auschwitz[4]. En 1945, elle reprend sa carrière à Paris puis à l'étranger. Après ses adieux à l'Opéra de Paris, elle fait deux grandes tournées en Australie (1947) et en Nouvelle-Zélande (1949).

En concert, elle est l’« ambassadrice » de Fauré, Chausson, Debussy, Marguerite Canal et Reynaldo Hahn, s’intéresse également à la musique espagnole et sud-américaine et multiplie les tournées de récital sur toutes les grandes scènes d'Europe et d'Amérique.

En 1953, elle crée le Conservatoire de musique de Montevideo où elle enseigne le chant. Après des récitals à La Sauvagère, à Cannes et à Deauville, elle se retire de la scène en 1957, à 71 ans. Elle enseigne ensuite le chant au Conservatoire de Lyon jusqu'à son décès en 1961, à 75 ans. Elle est enterrée à Millery.

Cette musicienne cultivée et d’une grande sensibilité, considérée comme l'une des grandes cantatrices françaises du XXe siècle, a interprété au cours de plus de quarante ans de carrière près d'une cinquantaine de rôles, aussi bien de soprano lyrique, léger ou dramatique que de mezzo-soprano, et a eu entre autres pour partenaires Enrico Caruso, Georges Thill, Beniamino Gigli, Tito Schipa.

Ninon Vallin formera au chant Anne Germain.

Rôles principaux

Buste de Ninon Vallin, Théâtre de Buenos Aires

Filmographie

Enregistrements

Ninon Vallin a participé à partir de 1913 à plus de quatre cent cinquante enregistrements, dont :

  • 1919 (cire) : La Damnation de Faust, Berlioz
  • 1943 (cire) : L'automne, op.18 n°3, Fauré
  • 1955 (microsillon) : idem, Jean Allain, directeur, Orchestre Pasdeloup

Distinctions

Hommages et Posterité

  • Claude Debussy : « Je suis amoureux de cette voix pailletée d’argent »
  • Reynaldo Hahn : « Quand elle chante, c’est un bouquet de musique que l’on respire »
  • Espace Ninon Vallin, sa ville natale Montalieu-Vercieu lui rend hommage[7].

Notes et références

  1. Patrick Barruel-Brussin : Ninon Vallin, la voix d'un destin, Éditions LivresEMCC, 2014, (p. 13 ; illustration : photocopie de son acte de naissance) ; (ISBN 978-2-35740-356-7)
  2. acte de naissance n°32/1886
  3. Patrick Barruel-Brussin : Ninon Vallin, la voix d'un destin (p. 36-37 & 87)
  4. « Deux histoires musicales » dans Le Figaro magazine
  5. « Carmen -Séguedille "Sur les remparts de Séville" (Bizet) Ninon Vallin G. Cloëz, dir. », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  6. Site sur René Landi.
  7. « Espace Ninon Vallin », sur http://www.valleebleue.org (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Agnès Grangeon, Ninon Vallin, cantatrice
  • Patrick Barruel-Brussin, Divas, les interprètes de Berlioz, in catalogue de l'exposition du Musée Hector Berlioz, 2008, La Côte-Saint-André
  • Robert de Fragny, Ninon Vallin, Eise, 1963
  • Maurice Jacob, La Musique à Lyon, d'Édouard Commette à Ninon Vallin, éditions Helah, 2002
  • Philippe Perrin, « Ninon Vallin (1886-1961) », L'Araire, no 128, , p. 64-67.

Liens externes

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