Nicolas Slonimsky

Nicolas Slonimsky (en russe : Никола́й Леони́дович Сло́нимский, Nikolaï Leonidovitch Slonimski), né le 15 avril 1894 ( dans le calendrier grégorien) à Saint-Pétersbourg, mort à Los Angeles le , est un musicologue, chef d’orchestre, compositeur et écrivain américain d'origine russe. Il se considérait lui-même, non sans humour, comme un « diaskeiaste » (du grec διασκευαστής), en position de « révision » ou « interpolation »[incompréhensible].

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Nicolas Slonimsky
Nom de naissance Никола́й Леони́дович Сло́нимский
Naissance
Saint-Pétersbourg
Empire russe
Décès
Los Angeles
États-Unis
Activité principale

Compositeur de musique contemporaine

Musicologue
Enseignement Conservatoire de Boston, Conservatoire Malkin

Biographie

Nicolas Slonimsky est né à Saint-Pétersbourg. Ses parents, d’origine juive, s’étaient convertis à la religion orthodoxe après la naissance de son frère ainé, Alexandre. Ils sont cinq enfants à atteindre l'âge adulte. Nicolas Slonimsky reçut ses premières leçons de piano de sa tante maternelle, Isabelle Vengerova.

Fuyant Saint-Pétersbourg pour Kiev après la révolution de 1917, Slonimsky se rendit aux États-Unis en 1923 grâce à Vladimir Rosing qui lui offrait un poste d’accompagnateur au sein du département d’Opéra récemment créé à l’Eastman School of Music de Rochester, New York. Il put ainsi poursuivre ses études de composition et de direction d’orchestre. Il accompagna ainsi Rosing dans de nombreux récitals de chant, dont une performance au Carnegie Hall en . Deux ans plus tard, Slonimsky emménagea à Boston pour devenir l’assistant de Serge Koussevitzky, alors à la tête du Boston Symphony Orchestra. En marge de ce poste, Slonimsky enseignait la théorie de la musique au conservatoire de Boston et au Conservatoire Malkin. Ses premiers articles musicologiques parurent à cette époque, pour le Boston Evening Transcript, The Christian Science Monitor et le magazine The Etude[1].

En 1927, Slonimsky créa l’orchestre de chambre de Boston, pour lequel il obtint la participation de grands compositeurs contemporains. Slonimsky devint ainsi un « champion » de la musique d’avant-garde du début du XXe siècle[1]. Il dirigea les créations d’œuvres comme Three Places in New England de Charles Ives, Ionisation et Ecuatorial d’Edgar Varèse.

En 1933, il fut invité à prendre la direction du Los Angeles Symphony Orchestra dont les concerts étaient donnés au fameux Hollywood Bowl. La nouveauté des programmes qu'il proposait, toujours en faveur de musiciens très modernes, américains ou européens, le fit renvoyer par le comité directeur au bout d'une saison seulement. Cette expérience douloureuse le conduisit à « laisser le bâton pour la plume ». Ne pouvant plus diriger d'orchestre, il devint musicologue.

En 1958, Slonimsky entreprit de superviser la réédition du Baker's Biographical Dictionary of Musicians de Theodore Baker et se passionna pour ce nouveau travail, en tant qu’éditeur en chef, jusqu’en 1992. Il écrivit également un ouvrage de « synthèse d’actualités », Music Since 1900, rendant compte de tous les événements importants dans l’histoire de la musique contemporaine, un livre d'anecdotes musicales remarquables (Slonimsky's book of musical anecdotes) et le Lexique d'invectives musicales (Lexicon of musical invectives), compilation hilarante de « critiques négatives » attaquant des œuvres et des compositeurs devenus classiques, depuis Beethoven et Berlioz jusqu’à Anton Webern et Henry Cowell.

Son ouvrage le plus connu, et le plus important musicalement, est le Thesaurus de gammes et de progressions mélodiques, présentant, selon son auteur, « toutes les gammes possibles, et quelques-unes impossibles ». Cette compilation, ordonnée avec un soin mathématique, a influencé de nombreux musiciens de jazz et des compositeurs tels que Frank Zappa, John Coltrane, John Adams, le guitariste Buckethead, Jaco Pastorius et Allan Holdsworth.

Il fut ainsi approché par le guitariste rock Frank Zappa, qui lui proposa de participer à l’un de ses concerts avec une de ses compositions, concert qui eut lieu à Santa Monica, Californie en 1981. Ce fut le début de leur amitié. Slonimsky appela son nouveau chat « Grody-to-the-Max », d’après une phrase inventée par la fille du musicien, Moon Zappa.

Dans les années 1970, Slonimsky se trouvait fréquemment invité comme guest star dans le programme hebdomadaire d’Ara Guzelimian sur KUSC-FM, Los Angeles, où son humour décapant, son érudition et sa mémoire impeccable l’amenaient à partager de fascinants souvenirs et anecdotes sur les grands compositeurs, les concerts de musique classique, la critique de concert et de nombreux autres sujets. L’un de ces shows fut enregistré par des caméras de télévision de New York (WNET). Slonimsky avait un talent de conteur et un sens de la répartie remarquables, entraînant le public lors de ses participations au Tonight Show de Johnny Carson, par exemple.

Son autobiographie, Perfect Pitch (ISBN 0-1931-5155-3), écrite et publiée alors qu’il avait 93 ans, est un trésor d’anecdotes concernant les grandes figures musicales qu’il a pu connaître, depuis son mentor, Serge Koussevitzky, à Charles Ives, Henry Cowell, Igor Stravinsky, Edgar Varèse, Frank Zappa et bien d’autres.

Slonimsky est mort au centre médical de U.C.L.A., à 101 ans, le jour de Noël 1995.

Œuvres

Contribution musicologique : le Grossmutterakkord

Dans son Thesaurus de gammes et de progressions mélodiques, Slonimsky établit qu’il existe plus d'un seul et unique accord comprenant à la fois les douze tons et les onze intervalles de la gamme tempérée sans répétition, comme on le croyait alors. Un tel accord avait été envisagé par Berg dans un article « What is atonality », sous le nom de Mutterakkord Accord-mère »).[citation nécessaire] Slonimsky découvre un procédé, proche de l'algorithme, permettant de réaliser d'autres accords de ce genre, ce qui le conduit à proposer enfin un accord complet :

  • comprenant à la fois les douze tons de la gamme chromatique dans le système tempéré
  • comprenant les onze intervalles de cette gamme, de manière symétriquement renversable d’où le nom proposé par Slonimsky en 1938 : « Accord-grand-mère ».
« Accord-mère » et « Accord-grand-mère »
noicon

Ce travail intéressa les compositeurs d’avant-garde, chacun selon son tempérament. Ernst Křenek se passionna pour la découverte d’un tel accord. Paul Hindemith souhaita « une longue et nombreuse postérité » à cette grand-mère de l’harmonie musicale. Serge Prokofiev répondit à Slonimsky, pince-sans-rire, « Au diable la grand-mère ! Faisons de la musique ! »

Arnold Schoenberg salua l'ensemble du Thesaurus de gammes et de progressions mélodiques comme un « remarquable exercice de gymnastique intellectuelle », mais, ajoutait-il, « je suis un compositeur, et en tant que tel je dois suivre mon inspiration » – ce que Slonimsky interprétait de manière positive.

Le musicien de jazz John Coltrane était, selon Quincy Jones, obsédé par les travaux de Slonimsky[2].

Hommages

Ionisation d'Edgar Varèse est dédié « au premier ionisateur, Nicolas Slonimsky ».

John Adams a composé une pièce intitulée Slonimsky's Earbox pour saluer, selon ses propres termes, l'esprit alerte et vif de Nicolas Slonimsky autant que son engagement pour la musique de son temps.

Bibliographie

Ouvrages de Nicolas Slonimsky

Monographies

  • (en) Vivian Perlis, Charles Ives Remembered : An Oral History, New Haven, Yale University Press, , 237 p. (ISBN 0-252-07078-X, lire en ligne)
  • Odile Vivier, Varèse, Paris, Seuil, coll. « solfèges », , 192 p. (ISBN 2-02-000254-X)

Références

  1. (en) Allan Kozinn, « Nicolas Slonimsky, Author of Widely Used Reference Works on Music, Dies at 101 », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) « In conversation: Quincy Jones », sur Vulture.com,

Liens externes

Source

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