Nature et Progrès

Nature et Progrès est une association de consommateurs, d'agriculteurs producteurs et d'artisans transformateurs fondée en 1964.

Nature & Progrès
Cadre
Forme juridique Association loi de 1901
But Protection sanitaire et de l'environnement
Zone d’influence France
Belgique
Fondation
Fondation 14 mars 1964
Identité
Siège Alès (Occitanie)
administrateurs Valérie Davoust, Mathieu Ferrier, Hélène Massip, Bruno Piacenza, Frédéric Renier, Glenn Sauzereau, Jordy Van Den Akker
Affiliation internationale International Federation of Organic Agriculture Movements
Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique
Site web natureetprogres.org

Elle est l'acteur historique de la promotion du développement de l'agrobiologie et de la biodynamie en France et en Belgique.

Chronologie

La création de Nature et Progrès a été précédée par l’association « l’Homme et le sol » des agrobiologistes Jean Boucher et André Birre[1] en 1948 et par l’« organisation scientifique pour l’entretien de la vie » (OSV)[1] en 1954. Le Groupement d’agriculture biologique de l’Ouest (GABO)[1] est créé en 1958 par Jean Boucher, André Birre, le haut fonctionnaire André Louis et le viticulteur Mattéo Tavera, et est renommé Association française d’agriculture biologique (AFAB)[1] en 1961.

Ce groupement associatif se scinde en 1964 en raison de la trop grande influence de Raoul Lemaire et Jean Boucher exercée sur l'AFAB avec la méthode Lemaire-Boucher commercialisée[2]. Deux tendances s’y dessinent : un courant lié à des firmes commerciales qui approvisionnent les producteurs en intrants (la société Lemaire-Boucher) et, en réaction, un courant indépendant de toute attache commerciale, l'association Nature & Progrès, Association européenne d’agriculture et d’hygiène biologique est créée en 1964 par le trio fondateur André Louis, Mattéo Tavera et André Birre[3],[4],[5], association qui se veut ouverte à toutes les méthodes d’agriculture biologique. « C’est le début d’un socle politique et scientifique commun[6]. »

Entrée du salon Marjolaine au parc floral de Paris.
  • 1964 : création de l'association et de la revue[7] par André Louis, Mattéo Tavera et André Birre[8],[9]. Le secrétaire est Claude Aubert.
  • 1968 : premier congrès qui rassemble 400 participants.
  • 1971 : création du logo.
  • 1972 : premier cahier des charges, et création de la Fédération internationale des mouvements d'agriculture biologique.
  • 1973 : premières attributions de la mention Nature et Progrès.
  • 1974 : organisation d'un Congrès international qui accueille 15 000 personnes.
  • 1976 : organisation de Marjolaine, le premier salon grand public sur l'agriculture, l'alimentation biologique et l'écologie avec 30 000 visiteurs.
  • 1986 : homologation par les pouvoirs publics du premier cahier des charges bio privé dans le monde.
  • 1993 : Nature et Progrès devient une marque collective.
  • 1995 : Nature et Progrès appelle au boycott de la certification Agriculture biologique. Ce boycott est rejeté par les autres organisations de la bio, dont Biocoop.
  • 1997 : forte mobilisation de Nature et Progrès contre les OGM.
  • 1998 : création d’un cahier des charges cosmétiques, produits d’entretien et savonnerie.
  • 1999 : réactualisation des cahiers des charges sur l'élevage afin de se démarquer du règlement européen sur l'élevage bio jugé particulièrement laxiste.
  • 2000 : initie la campagne « Sauvons nos marchés » avec un collectif associatif.
  • 2001 : lancement de la campagne « La bio ou les OGM, il faut choisir ».
  • 2003 : organisation du colloque sur la semence paysanne à Toulouse en collaboration avec La Confédération paysanne, la FNAB, et le mouvement de culture biodynamique.
  • 2005 : création du cahier des charges sur les produits alimentaires transformés et Restauration.
  • 2008 : organisation du 1er colloque international sur l'agroécologie à Albi[10].

Marque de certification

L'association Nature et Progrès gère l'utilisation collective d'une marque de certification privée homonyme [11] (appelée couramment « mention » Nature et Progrès) permettant l'identification commerciale de produits et transformations obtenus en considérant la protection de l'environnement. L'utilisation de cette mention est accordée à des producteurs et des transformateurs qui en font la demande et adhèrent à l'association. Pour obtenir la mise à disposition de la mention, ils se doivent de respecter une charte[12] et des cahiers des charges techniques[13] spécifiques.

Système de garantie participatif

Les premiers cahiers des charges Nature et Progrès ont été créés conjointement par des paysans et des consommateurs. Cette coopération des producteurs et des consommateurs est maintenant présente dans les Commissions mixtes d'agrément et de contrôle et dans les Comités de certification et d'attribution de la mention. Le contrôle est l'occasion d'échanger des savoir-faire et de permettre au producteur fermier et au transformateur de faire évoluer leurs pratiques en toute transparence.

Nature et Progrès a engagé un travail sur la reconnaissance de son système de garantie participatif pour un contrôle citoyen de la bio en toute transparence[14][source insuffisante][15].

Cahiers des charges

Les cahiers des charges[13] de Nature et Progrès se distinguent par la mise en avant de plusieurs exigences et critères de qualité. Au total, 16 cahiers des charges spécifiques ont été créés sur les thématiques suivantes :

  • apiculture ;
  • aviculture ;
  • boulangerie ;
  • bovins-équidés ;
  • brasserie ;
  • cosmétique ;
  • intrants-fertilisation ;
  • ovins-caprins ;
  • plantes à parfums, aromatiques et médicinales, encens ;
  • porcins ;
  • production végétale ;
  • sel ;
  • transformations alimentaires ;
  • vinification ;
  • ostréiculture ;
  • produits d'entretien et argiles.

Agriculteurs producteurs

  • Les fermes de petite taille sont encouragées.
  • Les agriculteurs produisant en système polyculture-élevage sont encouragés.

Lieu de production

  • La ferme doit être éloignée des zones à risque de contamination et des grandes voies de circulation routière. Le cas échéant, des contrôles annuels supplémentaires peuvent être effectués.
  • Pour l'intégration paysagère de la ferme, les matériaux locaux sont encouragés, le béton et les structures métalliques sont déconseillés.
  • Les énergies renouvelables sont privilégiées.

Production animale

  • La taille du cheptel est limitée à 1 UGB/ha de surface agricole utile (SAU), ou 1,4 pour les petites fermes.
  • L'écornage est interdit sauf dérogation. Il n'y a pas de dérogation sur la coupe des queues ou la taille de crocs.
  • L'ensilage est interdit.
  • Un seul traitement vétérinaire conventionnel, de synthèse, est autorisé chaque année.
  • Le délai d'attente entre utilisation d'un médicament et transformation d'une bête pour l'alimentation est doublé par rapport au délai d'attente légal et au minimum de huit jours (48 h en bio).
  • Le temps de transport du bétail est limité à six heures.
  • La surface minimale des aires d'exercice est sensiblement plus importantes (pour le porc, m2 en AB, contre cinq en Nature et Progrès).
  • « Les produits utilisés pour le traitement des eaux et les caractéristiques de l’eau obtenue doivent répondre aux dispositions applicables à l'eau destinée à l’alimentation humaine. »
  • L'âge d'abattage du bétail est plus élevé.

Production végétale

  • Hormis les réactions chimiques simples, les substances chimiques de synthèse sont totalement interdites.
  • Des valeurs plafond définissent la pollution maximale des amendements et des engrais en métaux lourds.
  • Les moyens de lutte biologique ayant un large spectre d'action et une extension non contrôlable sont interdits.
  • Les fruits et légumes frais doivent être cueillis à maturité.
  • La mention « culture sous serre » ou « culture sous serre chauffée » est obligatoire sur les produits ainsi cultivés.
  • Le compostage des fumiers est obligatoire avant emploi.
  • La totalité des apports azotés est limitée à 140 unités d'azote par hectare et par an.

Transformation fermière

Lors de la transformation de leurs productions, les agriculteurs producteurs fermiers doivent respecter la stérilisation du lait et les procédés UHT sont interdits.

Artisans transformateurs

Dans leurs achats et fabrications, les transformateurs doivent respecter :

  • un ordre de préférence des produits agricoles labellisés : Nature et Progrès, Demeter ou Simples, AB ;
  • l'interdiction des rayons ionisants est étendue aux ultraviolets.

Activité de lobbying

La Fédération Nature et Progrès est inscrite depuis 2017 au registre de transparence de la Commission européenne, et déclare en 2017 pour cette activité de représentant d'intérêts des dépenses d'un montant compris entre 400 000 et 500 000 euros[16].

Récupérations et dérives

Le salon Marjolaine qu'organise chaque année depuis 1976 Nature et Progrès est « le plus grand marché bio de France ». Cependant, il accueille aussi de plus en plus d'exposants n'ayant rien à voir avec l'agriculture et présentant sous étiquette « bien-être » toutes sortes de remèdes miracles qui relèvent de pseudo-sciences fantaisistes au mieux inefficaces et au pire dangereuses[17]. La revue scientifique Sciences & Avenir met ainsi en garde contre cette instrumentalisation de l'appel au « naturel » par les escrocs des « fake medecines »[17].

Publications

  • La revue Nature et Progrès (cinq numéros par an)
  • Guy Kastler, Vache folle, fièvre aphteuse : à quand la prochaine crise ?, Nature et Progrès
  • Guy Kastler et Isabelle Montagnon, Réflexions sur la dégénérescence du vivant, Nature et Progrès
  • Association pour la régénération de la vigne, OGM : Opinion Grossièrement Manipulée ?, Nature et Progrès
  • Karine Roure, Les Systèmes de Garantie Participatifs pour l'agriculture biologique associative et solidaire, Nature et Progrès

Notes et références

  1. « Les fondateurs de Nature & Progrès, des défricheurs cultivés ! », sur natureetprogres.org.
  2. Les pionniers du bio dans : Gil Rivière-Wekstein (préf. Jean de Kervasdoué), Bio, fausses promesses et vrai marketing, Paris, le Publieur, , 244 p. (ISBN 978-2-35061-019-1, notice BnF no FRBNF42501121, lire en ligne).
  3. André Birre, Un grand problème humain, l'humus, Paris, Organisation scientifique pour l'entretien de la vie, , 113 p. (OCLC 493475094, notice BnF no FRBNF32925365).
  4. André Birre, Aspects méconnus des rapports entre l'homme et le sol, Paris, Société des amis du Museum d'Histoire naturelle et du Jardin des Plantes, .
  5. André Birre, L'humus, richesse et santé de la terre : Une nouvelle sagesse de la terre, Paris, La Maison rustique, coll. « Savoir et pouvoir », , 159 p. (ISBN 2-7066-0077-2, OCLC 6035126, notice BnF no FRBNF34675108).
  6. « Histoire de l'agriculture biologique et création de la FNAB », sur fnab.org (consulté le ).
  7. André Birre (dir.), Cahiers de la biopolitique, Paris, Organisation du service de la vie, 1968-1969 (notice BnF no FRBNF34482007).
  8. André Birre (préf. d'André Louis), Une politique de la terre: une espérance de nature biologique et humaine, Marcq, Lille, Editions Vie et Action, .
  9. André Birre, Une autre révolution : pour se réconcilier avec la terre, Paris, J.P. Delarge, coll. « Encyclopédie universitaire », , 392 p. (notice BnF no FRBNF34558036).
  10. Voir communiqué sur natureetprogres.org.
  11. Voir sur natureetprogres.org.
  12. Voir charte sur natureetprogres.org.
  13. Voir cahier des charges sur natureetprogres.org.
  14. Voir communiqué sur natureetprogres.org.
  15. Article de Jean-Marc B – Mediapart – du 18 août 2017 « Quand le bio dénature le bio ».
  16. (en) Commission européenne, « Transparency Register », sur ec.europa.eu (consulté le ).
  17. Olivier Hertel, « Salon Marjolaine : le rendez-vous des fakemed », sur Sciences & Avenir, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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