Mygalomorphae

Les mygales (du grec μυγαλῆ (mugalễ), « musaraigne », formé de μῦς (mũs), « rat, souris », et de γαλῆ (galễ), « belette, putois ») forment le sous-ordre des Mygalomorphae, les araignées orthognathes (Orthognatha), ce qui signifie que la base des chélicères est dirigée vers l'avant.

Cet article concerne les araignées. Pour les autres significations, voir Mygale (homonymie).

Le sous-ordre compte actuellement 15 familles, 321 genres et 2 651 espèces[1].

Mygalomorphae et Araneomorphae forment le groupe des Opisthothelae.

Caractéristiques

Les mygales sont caractérisées par une articulation crochets-partie supérieure des chélicères qui se fait dans l'axe longitudinal du corps. Au repos, les crochets ne se croisent pas et sont repliés parallèlement. Le corps des mygales est beaucoup plus massif que celui des aranéomorphes et des mésothèles.

Dépourvues de trachée, elles sont dites "tétrapneumones" car elles ont deux paires de poumons feuilletés[2].

En remarquant que certaines mygales arrivaient à se stabiliser sur des substrats mouvants comme des plaques de verre glissant les unes sur les autres, des chercheurs ont cru montrer qu'elles produisent de la soie via des « microtubules » répartis à l’extrémité de leurs pattes (tarses) quand elles sont en danger ou qu'elles glissent[3]. Sur les mues de ces araignées, le microscope révèle des tubules sécréteurs de soie, répartis sur la surface de contact du tarse. Cependant, il s'agissait en réalité d'une erreur d'interprétation des résultats : une contre-publication est parue en 2013 à ce sujet[4],[5].

Physiologie

Mue

Les mygales muent régulièrement.

De nombreuses espèces de Theraphosidae tissent une toile spéciale lorsque sonne l'heure de la mue. Les araignées sont dépourvues de squelette interne (endosquelette) et ne possèdent qu'une cuticule qui joue le rôle de squelette externe (exosquelette). Les animaux à mue ont une croissance non pas linéaire, mais par "paliers". L'épiderme synthétise des protéines qui vont former une couche non cellulaire au niveau de la surface du corps, la cuticule. Cette couche est plus ou moins rigide, ce qui empêche l'organisme de croître. Ainsi, l'animal doit s'en débarrasser afin de continuer sa croissance grâce à un contrôle neuroendocrinien.

Pendant leurs premières années de vie, les mygales muent tous les deux ou trois mois, à chaque stade de la croissance. Arrivées à l'âge adulte, elles ne changent de peau qu'une fois chaque année[6]. Les mâles, quant à eux, effectuent leur dernière mue, la mue imaginale, qui leur permettra d'atteindre la maturité sexuelle. Ils ne mueront plus pour le reste de leur vie.

Nutrition

Certains genres chassent à l'affut, cachées dans des terriers munis d'une porte[7]. Malgré leur taille, les mygales ne peuvent pas ingurgiter directement leurs proies. Après que les crochets ont inoculé le venin, les glandes maxillaires des araignées sécrètent de puissantes enzymes digestives qui dissolvent rapidement les organes intérieurs de leurs victimes, les transformant en bouillie nutritive. Les mygales aspirent ensuite le produit transformé qui passe successivement par la bouche, l'œsophage, le jabot aspirateur et l'estomac avant l'assimilation dans l'intestin[8].

Venin

Le venin des mygales est puissant. En effet, celui-ci entraîne une paralysie immédiate de la proie et une mort rapide. Cependant, contrairement aux idées reçues, assez peu de morsures de mygales sont dangereuses pour l'humain[9],[10]. Chez certaines espèces le venin est néanmoins un puissant neurotoxique qui s'attaque au système nerveux périphérique, engendrant des signes locaux ou locorégionaux (douleurs, œdèmes, faiblesse musculaire, anesthésies ou paresthésies) et parfois des signes généraux parasympathiques (hyper-salivation, nausées, bradycardie). Certaines espèces (Poecilotheria sp, Cyriopagopus sp, Stromatopelma sp) peuvent provoquer des signes généraux graves, avec des cas de comas. Une seule espèce (Atrax robustus) peut provoquer la mort, des cas fatals ayant été relevés avant 1980, date de la mise au point d'un antivenin spécifique. La victime, en état de choc, connaît une chute de pression sanguine. Actuellement, l'administration de sérums antivenin permet le traitement adéquat de ces morsures.

Outre le venin, il faut également considérer la blessure mécanique que peuvent provoquer les grands chélicères des plus grandes espèces (Theraphosa blondi).

Puisque les mygales sont encore peu connues et que de nombreuses espèces restent encore à recenser, il est difficile de dire si certaines sont réellement mortelles pour l'humain. Toutefois, les études récentes montrent que les seuls symptômes observés sont, chez l'adulte et dans la majorité des cas, des douleurs et des vomissements.

Par ailleurs le venin des mygales est étudié pour ses applications pharmacologiques.

Distribution

Les mygales ont principalement élu domicile dans les régions tropicales et subtropicales du globe, le plus souvent dans les forêts profondes et humides.

Elles sont présentes en Amérique du Nord, en Amérique centrale, en Amérique du Sud (surtout en Amazonie), en Afrique (où elles sont plus petites), en Asie, en Europe (mygale maçonne, mygale affinis, etc.) et en Océanie[8].

Étude, élevage et adoption

En France, le GEA (Groupe d’Études des Arachnides) est la seule association regroupant les passionnés d'arachnides (mygales, scorpions, etc.), avec pour objectifs leur étude et leur élevage, afin de mieux les connaître et d'améliorer leur protection.

La mygale dans les NAC (Nouveaux animaux de compagnie)

Les mygales sont des espèces qui figurent dans la liste des NAC, parmi les serpents et autres animaux de plus en plus demandés à l'adoption[11].

Il est très difficile de s'occuper d'une mygale. Les amateurs doivent respecter des règles strictes : la température doit être maintenue entre 26 et 32 °C, selon le moment dans la journée et dans l'année, et l'hygrométrie doit rester aux environs de 70 %[12]. Il faut, de plus, être titulaire d'un certificat de capacité délivré par la direction des services vétérinaires. Le venin n'est pas le seul danger de ces animaux, il faut également considérer la présence de soies urticantes (en) et allergisantes que l'animal peut projeter s'il se sent en danger (Theraphosidae du continent américain).

Mygale en gastronomie

La mygale frite est une spécialité du village de Skun, au Cambodge.

Liste des familles

et le genre fossile n'appartenant à aucune famille :

Psalmopoeus irminia

Quelques espèces notables

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. The World Spider Catalog, Version 11.0
  2. « Encyclopédie Larousse en ligne - mygale », sur Larousse.fr (consulté le ).
  3. Brève du Journal « Pour la science », p7 n° 405, Juillet 2011. ; citant Loïc Mangin, FC Rind et al ; j Exp. Biol. Vol 214, pp 1874-1879, 2011 .
  4. Arthropod Structure & Development, 2013, vol. 42(3), pp.209–217.
  5. https://www.insecte.org/forum/viewtopic.php?f=42&t=164100
  6. Licence Biologie, cours de "Diversité et Évolution du monde vivant"
  7. Encyclopédie Larousse, article "Mygale".
  8. Livre "Le grand spectacle du monde animal, sauvages ! La mygale", Time Life Ed.
  9. (en) Lucas SM, Da Silva PI Jr, Bertani R, Costa Cardoso JL. Mygalomorph spider bites: a report on 91 cases in the state of Sao Paulo, Brazil. Toxicon 1994; 32: 1211–1215
  10. (en) Wilson DC, King LE, Jr. Spiders and spider bites. Dermatol Clin 1990; 8: 277–286
  11. Mon quotidien
  12. « Animaux de terrarium, mygales »


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