Myōe

Myōe (明恵, 1173–1232) est un moine bouddhiste japonais de l'époque de Kamakura, également connu sous le nom Kōben (高弁), contemporain du moine Jōkei et de Honen.

Le moine Myōe (絹本著色明恵上人像, kenpon choshoku Myōe Shōninzō) du temple Kōzan-ji, Kyoto, XIIIe siècle époque de Kamakura. Rouleau suspendu, 145.0 cm x 59.0 cm. Couleur sur soie.

Biographie

Né au sein de la famille Yuasa (湯浅), prétendue descendante d'une branche du clan Fujiwara, il est ordonné à la fois par l'école du bouddhisme Shingon et l'école Kegon. Dans le Japon médiéval il n'est pas rare pour les moines d'être ordonnés dans de multiples lignées confessionnelles, et Myōe signe alternativement ses traités et sa correspondance en tant que moine d'une ou l'autre école, pendant l'essentiel de sa vie. Pendant la seconde partie de sa vie, ils sert d'abbé à Kōzan-ji (高山寺),temple de la secte Kegon situé près de Kyoto. Myōe est sans doute surtout connu pour ses contributions à la pratique et la vulgarisation du mantra de la lumière[1], mantra associé au bouddhisme Shingon mais largement utilisé dans d'autres sectes bouddhistes. Myōe est également bien connu pour avoir tenu un journal de ses rêves pendant plus de quarante ans, journal étudiés par les chercheurs bouddhistes ultérieurs[2], et pour ses efforts avec Jōkei visant à relancer la discipline monastique.

Toute sa vie, il reste un critique acerbe de son contemporain Hōnen, et du nouveau mouvement bouddhiste de la Terre pure. En réponse à la popularité croissante de la pratique exclusive du nianfo, Myōe écrit deux traités, le Zaijarin (摧邪輪, « libelle pour la destruction des vues hérétiques ») et sa suite, Zaijarin Shōgonki (摧邪輪荘厳記, « Élaboration du Zaijarin ») qui vise à réfuter l'enseignement de Hōnen tel qu'exposé dans le « Senchakushū (en) ». Myōe s'associe à la critique de l'establishment à laquelle se livre Hōnen mais estime que la pratique exclusive du nianfo est trop restrictive et méconnaît d'importants thèmes du bouddhisme Mahayana tels que le bodhicitta et le concept de upāya. Néanmoins, Myōe déplore également la nécessité d'écrire de tels traités, ainsi écrit-il :

« Par nature, je suis peiné par ce qui est nuisible. Je pense de cette façon au sujet de la rédaction du « Zaijarin » »

Dans les dernières années de sa vie, Myōe écrit beaucoup sur la signification et l'application du mantra de la lumière[1]. Son interprétation de ce mantra est cependant assez peu orthodoxe, en ce qu'il défend le mantra comme un moyen de renaissance dans la terre pure d'Amitabha Buddha, plutôt qu'une pratique visant à atteindre l'éveil dans sa vie comme l'enseigne Kūkai et d'autres. Myōe est un ferme partisan de la notion de fin du dharma et cherche à promouvoir le mantra de la lumière.

Myōe est tout aussi critique du laxisme de la discipline et de la corruption de l'établissement bouddhique et se retire de la capitale Kyoto autant que possible. Un jour, pour démontrer sa détermination à suivre la voie bouddhiste, Myoe s'agenouille devant une image du Bouddhaat à Kōzan-ji et se coupe une oreille. La tache de sang est supposément encore visible dans le temple aujourd'hui. Les registres de l'époque montrent que le régime quotidien des pratiques des moines de Kozan-ji lors de l'administration de Myōe comprend une méditation zazen, une récitation des sutras et le mantra de lumière. Ces mêmes archives montrent que même des détails tels que le nettoyage de la salle de bain est systématiquement appliqué régulièrement. Une tablette de bois intitulée Arubekiyōwa (阿留辺畿夜宇和, « approprié ») est encore en place dans le coin nord-est de la salle Sekisui'in au temple Kōzan-ji, détaillant diverses réglementations.

Dans le même temps, Myōe est aussi pragmatique et adopte souvent des pratiques d'autres sectes bouddhiques, notamment zen, si elle s'avèrent utiles. Myōe croit fermement en l'importance de l' upāya et cherche à fournir un ensemble diversifié de pratiques pour les moines et les laïcs. Il développe par ailleurs de nouvelles formes de mandalas qui n'utilisent que la calligraphie japonaise et l'écriture sanskrite, siddham. Des styles similaires sont utilisés par Shinran et Nichiren. Le style particulier du mandala qu'il conçoit et les rituels de dévotion qui l'entourent, sont enregistrés dans son traité, le Sanji Raishaku Culte trois fois par jour ») écrit en 1215[3].

Myōe cherche par deux fois à se rendre en Inde, en 1203 et 1205, pour étudier ce qu'il considère comme le véritable bouddhisme au milieu de la baisse ressentie du dharma, mais dans les deux occasions, le kami du sanctuaire Kasuga-taisha le presse de rester au Japon par le biais d'oracle.

Réglementations monastiques promulguées par Myōe

Sur la tablette en bois du temple Kōzan-ji déjà mentionnée, Myōe énumère les règlements suivants destinés à tous les moines et divisés en trois sections :

  • Comme approprié :
    • 18:00 - 20:00, liturgie : Yuishin kangyō shiki (manuel sur la pratique de la seule contemplation de l'esprit)
    • 20:00 - 22:00, pratiquez une fois; chantez le Sambōrai (vénération des Trois Trésors).
    • 10:00 - 12:00, zazen (méditation assise). Comptez vos respirations.
    • 00:00 - 06:00, repos pendant trois périodes de deux heures.
    • 06:00 - 08:00, une méditation en marchant. (L'inclusion ou l'exclusion doit être appropriée à la circonstance). Liturgie : Rishukyō raisan (repentir rituel basé sur le Sutra du Sens Ultime du Principe) et d'autres analogues.
    • 08:00 - 10:00, Sambōrai. Chantez les Écritures pour le petit-déjeuner et entonnez le Kōmyō Shingon (mantra de la lumière) quarante-neuf fois.
    • 22:00 - 00:00, zazen. Comptez vos respirations.
    • 10:00 - 14:00, déjeuner. Chantez le Goji Shingon (mantra des Cinq Syllabes) cinq cents fois.
    • 14:00 - 16:00, étude ou copie des Écritures.
    • 16:00 - 18:00, rencontre avec le maître (Myōe) et résolution de questions essentielles.
  • Étiquette dans la salle d'étude du temple :
    • Ne laissez pas des chapelets ou des gants au-dessus des Écritures.
    • Ne laissez pas les textes sōshi [reliés] sur le dessus des coussins de méditation ronds ou sur les coussins de la taille d'un demi tatami [placés sous les coussins ronds].
    • Pendant l'été, ne pas utiliser l'eau d'un jour pour mélanger l'encre.
    • Ne placez pas d'Écritures sous le bureau.
    • Ne léchez pas le bout des pinceaux.
    • Ne vous penchez pas pour atteindre quelque chose en étendant la main au-dessus des Écritures.
    • N'entrez pas [dans la salle] portant seulement des sous-vêtement blancs de robe.
    • Ne vous allongez pas.
    • Ne comptez pas [les pages] en vous humectant les doigts de salive. Placez une feuille de papier supplémentaire sous chaque feuille de vos textes sōshi.
  • Étiquette dans la salle de l'autel du Bouddha :
    • Gardez les vêtements pour essuyer l'autel distincts de ceux pour essuyer le Bouddha [statue].
    • Durant l'été (dès le premier jour du quatrième mois au dernier jour du septième mois), s'approvisionner en eau douce [du puits] le matin et le soir pour les offrandes d'eau.
    • Gardez les offrandes d'eau et les brûleurs d'encens pour bouddhas et les bodhisattvas distincts de ceux des patriarches.
    • Lorsque vous êtes assis sur les coussins demi-taille, ne vous inclinez pas avec votre menton vers le haut.
    • Ne placez pas les mouchoirs et des éléments analogues sous les coussins de la taille d'un demi tatami.
    • Ne laissez pas vos manches toucher le seau des offrandes d'eau.
    • Ne mettez pas les anneaux [autel] sur le plancher en bois, ils doivent être placés haut.
    • Placez un tapis de paille à votre place habituelle.
    • Le sūtra ordinaire pour la récitation est un fascicule du sūtra de l'ornementation fleurie (ou un demi fascicule). Les trois sūtra doivent être lus en alternance tous les jours.
    • Lorsque vous voyagez, vous devriez les lire après le retour.
    • Le Gyōganbon (chapitre sur la pratique et le vœu), le Yuigyōkyō (sūtra de la dernière leçon du Bouddha) et le Rokkankyō (sūtra en Six Fascicules) doivent tous être lus en alternance, un fascicule par jour.

Notes et références

  1. Mark Unno, Shingon Refractions: Myōe and the Mantra of Light, Wisdom Publications
  2. Frederic Girard Myôe (1173-1232) et le Journal de ses rêves, Paris, 1990
  3. Gohonzon Shu: Dr. Jacquie Stone on the Object of Worship « Copie archivée » (version du 29 avril 2007 sur l'Internet Archive)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Mark Unno, Shingon Refractions: Myōe and the Mantra of Light, Wisdom Publications, Somerville MA, États-Unis 2004 (ISBN 0-86171-390-7)
  • Frédéric Girard, Un moine de la secte Kegon à Kamakura (1185-1333), Myôe (1173-1232) et le Journal de ses rêves, Paris: École française d'Extrême-Orient 1990. (ISBN 285539760X)
  • Morell, Robert E. (1982). Kamakura Accounts of Myōe Shonin as * Popular Religious Hero, Japanese Journal of Religious Studies 9 (2-3), 171-191

Source de la traduction

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