Musée de Tessé

Le musée de Tessé est le musée des beaux-arts de la ville du Mans. Il propose de nombreuses visites guidées sur divers thèmes et se situe juste en marge du cadre naturel des quinconces des Jacobins et du parc de Tessé.

Le bâtiment est un ancien palais épiscopal, lui-même bâti sur le site de l'ancien hôtel particulier du maréchal de Tessé. Outre une collection égyptienne importante il contient une reconstitution des demeures d'éternité de Néfertari, l'épouse de Ramsès II et de Sennefer, maire de Thèbes (Égypte), en son sous-sol aménagé spécialement.

Jusqu'en 2009, le musée a présenté les collections archéologiques de la ville, avant que celles-ci ne prennent place dans le nouveau musée d'archéologie et d'histoire du Maine.

Histoire

Création

L'idée de créer un musée dans la ville apparait dès la fin du règne de Louis XVI, juste avant la Révolution. Dès 1792, des saisies révolutionnaires de biens du clergé, notamment, sont effectuées selon le décret de 1789. Les collections privées sont confisquées à différents points de la ville, comme de la région du Maine. L'abbaye Saint-Vincent ou l'église de la Couture au sein même du Mans sont pillées. Le 21 juin 1799, l'ouverture gratuite du muséum est effectuée. Il est joint à une bibliothèque à l'abbaye de la Couture. On y retrouve des œuvres de différentes régions de l'Ouest : assez nombreuses sont celle d'Angers et de tout l'Anjou, en majorité celles du Maine, et quelques unes de l'est de la Bretagne. Un premier catalogue de deux cents peintures est établie par Louis Maulny.

En 1816, le conservateur Dandin, ingénieur, est nommé au cabinet d'histoire naturelle, de même qu'au musée des beaux-arts. En 1822, le musée est municipalisé par la ville du Mans. En 1846, le musée est sous pression de la Société française d'archéologie qui souhaite voir le musée du Mans posséder une branche archéologique digne de ce nom. Les frères Hucher décident de son installation dans les sous-sols du théâtre municipal, en face de la cathédrale.

En 1903, ce même musée sera transféré dans la collégiale Saint-Pierre de la Cour. Les maisons dites de la Reine Bérangère, sont rachetées par la ville à des particuliers. On y prévoit un musée de « la culture du Maine ». Ces hôtels particuliers datant du XVe siècle seront plus tard transformés en musée. En 1927, le musée des beaux-arts est transféré dans l'ancien évêché concordataire. C'est l'actuel bâtiment principal du musée. Il fut créé en 1848, puis détruit à la suite d'un incendie. Sa reconstruction dura six ans, de 1872 à 1876. Il est ensuite désaffecté par la loi de 1906. En 1949, le musée de Tessé ouvre au public. Les travaux d'aménagement dureront jusqu'en 1963. Par la suite, d'autres aménagement seront effectués, notamment à la fin des années 1980.

Galerie de Tessé

D'après Hyacinthe Rigaud, Le Maréchal de Tessé (1700), musée de Tessé.
Une des salles égyptiennes du musée reproduisant les tombes de Sennefer et Néfertari.

Tessé donne son nom au musée, non seulement parce que ce fut une des familles les plus puissantes du comté durant l'Ancien Régime, mais également parce que les hôtels de Tessé (le grand et le petit) furent rasés en 1842, la même année où fut construit l'évêché (architecte Delarue) qui sert de lieu d'accueil à l'actuel musée, sans oublier que la collection personnelle du maréchal de Tessé est la base même des premières collections picturales de la ville. La plus grande partie de celles-ci furent constituées grâce à René III de Froulay de Tessé, maréchal de France. Ils firent l'objet de deux inventaires, l'un en 1746, l'autre en 1794. La collection est d'abord séparée en trois ensembles. Une partie se trouve au château de Vernie, au nord-ouest de la ville, une autre au manoir de La Milesse, et la dernière à l'actuel musée, le manoir de Tessé. Une partie de la collection Tessé fut léguée au Metropolitan Museum of Art de New York.

Les Tessé entretinrent toujours des liens étroits avec les milieux intellectuels manceaux et parisiens, notamment avec Mme de Rambouillet, Vincent Voiture, Paul Scarron ou Madame de Sévigné. Mozart a composé une sonate pour la comtesse de Tessé. On leur doit également une passion pour l'horticulture : ils aménagèrent l'un des plus beaux jardin de France avec l'hôtel de Lavardin au Mans. Leur goût pour la peinture était tel que pas moins de quatre cents toiles étaient en leur possession au moment des saisies, et dont une grande majorité était entreposée à Vernie.

Collections

Antiquités égyptiennes

Le musée conserve 125 pièces datant depuis le IVe millénaire avant notre ère. À l'origine, la collection égyptienne des musées du Mans a été constituée en 1819 par la voyageur manceau Édouard de Montulé. Il donne en 1822 ses trouvailles aux muséums du Mans. Ce fonds particulièrement ancien est enrichi dès 1913 grâce au don Liger. En 1983, plusieurs autres achats sont effectués à un dépôt du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre à Paris. La collection couvre tous les aspects de la civilisation égyptienne, notamment la vie quotidienne ou encore intellectuelle et funéraire de l'Égypte ancienne. Les objets à caractère funéraire sont les plus nombreux.

Parmi les pièces les plus exposées, on trouve surtout deux sarcophages originaux. Le premier est celui d'une chanteuse d'Amon en bois stuqué peint. Ce sarcophage de la XXe dynastie est une preuve unique ramenée par don Édouard de Montulé. Autrefois, la momie fut nommée Ta Merer Mâât.

Le musée conserve une deuxième pièce majeure : le sarcophage momiforme du prêtre Nakhmontou en bois stuqué, peint et doré. Fabriqué aux alentours de la XVIIe dynastie, il est plus ancien que celui de Ta Merer Mâât. La date de momification a pu être assimilée à 1550 avant notre ère environ. Il s'agit de l'une des pièces acquises grâce au musée du Louvre en 1983. On remarque sur la poitrine du mort un dessin représentant la déesse Mout, agenouillée et déployant ses bras en forme d'ailes. On peut trouver une assez longue inscription, marquée en vertical indiquant l'identité de Nakhmoutou, scribe royal et prêtre ouab du temple de Montou, déesse égyptienne du ciel.

Les collections possèdent un vase canope à tête humaine, réalisé en terre cuite et datant de la XVIIIe dynastie, soit aux alentours de 1450 avant notre ère. Le musée conserve quatre vases de la sorte qui contenaient les viscères des morts. Ils furent retrouvés dans les tombes de personnes où ils furent déposés au moment de l'enterrement. Devant, au centre du vase, on trouve une invocation à la déesse Isis, afin qu'elle protège le défunt dans l'autre monde.

Peintures

Philippe de Champaigne, Vanité (1644).

La collection de peintures du musée comprend des œuvres datant du XIVe au XXe siècle et représentant les évolutions de la peinture européenne dans ses grandes tendances et innovations au cours du temps. On y trouve notamment une belle collection de primitifs italiens et quelques tableaux de la Renaissance, avec des tableaux de Francesco di Stefano Pesellino, Bartolomeo Bulgarini, Antoniazzo Romano ou encore Pontormo. L'ensemble de la collection Italienne, du XIVe au XVIIIe siècle sont présentés dans un catalogue des collections de 2016 par Corentin Dury[1].

Les diverses écoles du XVIIe siècle sont bien représentées, avec des œuvres de Pierre de Cortone, Bartolomeo Manfredi (Le Couronnement d’épines, vers 1615[2]), Jacopo Vignali, une Allégorie de la peinture de l'entourage proche d'Artemisia Gentileschi, Jacob Adriaensz Backer, Albert Cuyp, Theodore Rombouts (Le Repas), Willem Kalf (Grande nature morte aux Armures et Nature morte au nautile), David Teniers le Jeune (Un Alchimiste dans son atelier), Juan de Valdes Leal, Simon Vouet (Sainte Véronique présentant le voile, 1628-1629), Jacques Stella, Philippe de Champaigne (Vanité, Le Sommeil d’Élie et L'Adoration des Mages), Nicolas Tournier (Réunion de Buveurs), la meilleure copie d'un original perdu de Georges de La Tour (L’Extase de saint François, vers 1640-1645), Charles Le Brun (Dieu dans sa Gloire, vers 1675), Laurent de La Hyre, Eustache Le Sueur (Poliphile assiste au triomphe de Bacchus), Jean Jouvenet, Bon Boullogne. La peinture française du XVIIe siècle est intégralement présentée par Elisabeth Walter-Foucart dans un catalogue publié par la RMN en 1982[3].

Le XVIIIe siècle est surtout représenté par des œuvres françaises avec Jean-Baptiste Santerre, Pierre Parrocel, Nicolas de Largillierre, François de Troy, François Boucher (La Mort de Socrate), Jean-Baptiste Oudry, Carle Van Loo, Gabriel-François Doyen, Anne Vallayer-Coster, Jean-Baptiste Huet et Lazare Bruandet (Paysage).

Pour la peinture du XIXe siècle, outre le célèbre Portrait d'un homme et de ses enfants[4] attribué à l'entourage de Jacques Louis David, on retrouve des tableaux signés John Constable (Malvern Hall), Jean-Auguste-Dominique Ingres, Théodore Géricault (Portrait présumé d’Olivier Bro, vers 1818), Jean-Baptiste Isabey, Anne-Louis Girodet, François Marius Granet, Camille Corot, Théodore Chassériau, Georges Moreau de Tours (Blanche de Castille ou L'Amour des pauvres) et Francis Tattegrain.

Le XXe siècle est moins bien représenté, mais le musée présente tout de même de nombreuses œuvres de Roger de La Fresnaye, peintre originaire du Mans.

Galerie

Notes et références

  1. Dury 2016.
  2. Œuvre qui était considérée comme une copie mais que sa restauration en 2011-2012 et son étude par des spécialistes a fait apparaitre comme autographe (La Tribune de l'Art, « Restauration et redécouverte d’un Bartolomeo Manfredi au Mans », consulté le 18 février 2014).
  3. Elisabeth Foucart-Walter, Le Mans, Musée de Tessé : peintures françaises du XVIIe siècle, Ministère de la culture, Éditions de la réunion des musées nationaux, (ISBN 2-7118-0199-3 et 978-2-7118-0199-2, OCLC 9682577, lire en ligne)
  4. Anciennement intitulé : Portrait de famille d’un conventionnel, ou Le Conventionnel Michel Gérard et sa famille.

Annexes

Histoire du musée

Catalogues des collections

Catalogues d'exposition

Liens externes

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