Morgane Merteuil

Morgane Merteuil, née en 1986, est le pseudonyme[1] d'une travailleuse du sexe française, également militante féministe et notamment connue pour son engagement en faveur des droits des travailleuses du sexe.

Biographie

Morgane Merteuil est diplômée d'un master 2 en lettres modernes à l'université de Grenoble[1]. Parallèlement à ses études, Morgane Merteuil exerce plusieurs boulots  garde d’enfant, ménage, distribution de journaux. Elle pose même pour des photos érotiques[2].

En 2009, en pratiquant une activité d’hôtesse de bar américain, Morgane Merteuil se rend compte que pour financer ses études, elle pourrait devenir travailleuse du sexe[3]. Elle décide alors de devenir escort à domicile[1]. Revendiquant son choix « contraint », elle déclare, dans un article du Monde datant du , préférer « être escort plutôt que travailler en usine quarante heures par semaine », en expliquant que « les personnes qui ont des journées extrêmement difficiles sur des chantiers ou dans la restauration diraient sans doute, elles aussi, qu'elles ont fait un choix contraint[4]. »

Morgane Merteuil rejoint le syndicat du travail sexuel (STRASS). À partir de , elle en devient secrétaire générale puis porte-parole[5]. Elle lutte activement contre ce qu'elle appelle la « putophobie » et milite contre la proposition de loi visant à pénaliser les clients de la prostitution[6], en dénonçant « le contexte que [cette loi] va produire […] et qui va favoriser notre précarité et nos viols[7]. » Considérant que « celles qui peuvent se le permettre partent travailler dans des pays frontaliers, les autres cherchent des intermédiaires qui vont jouer le rôle de proxénètes », elle affirme que la disposition légale va favoriser le proxénétisme[8],[9].

En 2012, Morgane Merteuil publie un essai intitulé Libérez le féminisme ! (L'édition, 2012), dans lequel elle reproche aux associations féministes les plus médiatiques telles que Ni putes ni soumises, Osez le féminisme ! et Les Chiennes de garde de s'être, selon ses termes « embourgeoisées », et où elle fustige le discours bien pensant de ces « ambassadrices de la liberté » qui imposent leur « propre conception de la dignité »[10]. Le , elle est invitée au Grand Journal sur Canal + pour débattre avec Thalia Breton, d'Osez le féminisme ![11].

En , Morgane Merteuil, cofondatrice du «  pour toutes »[12], co-organise une manifestation pour défendre les droits des prostituées et des femmes portant le voile[13].

En , lors du procès de l'affaire du Carlton de Lille, elle regrette que le débat ne se soit pas centré « sur la violence au vu de la gravité de certains actes[14]. »

En , face à l'avocate Lorraine Questiaux affirmant que la majorité des prostituées sont victimes de la traite, elle soutient que pas plus de 15 % des prostituées sont étrangères[15]. En juin de la même année, elle cesse ses fonctions de porte-parole du STRASS.

Ouvrages

  • Libérez le féminisme !, L'éditeur, coll. « Idées et Controverses », , 144 p. (ISBN 978-2-36201-069-9, présentation en ligne)
  • 6 avril 2016 – Najat Vallaud-Balkacem sauve les putes, dans l'ouvrage Le Livre des trahisons[16],[17],Laurent de Sutter, Paris, 2016, pp. 349-355.
  • Le travail du sexe contre le sexe : pour une analyse matérialiste du désir, dans Pour un féminisme de la totalité, revue Période, Paris, éditions Amsterdam, 2017, pp. 387-403.

Articles

  • « On est des putes, et vous êtes quoi? » (tribune), Cybersolidaires, septembre 2012
  • « Homophobie, putophobie, même combat ? » (tribune), L'Obs du [18]
  • «  Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes », avec Damien Simonin, Contretemps, février 2013[19]
  • « Le travail du sexe contre le travail », Période, [20]
  • « Les luttes pour le salaire ménager : théorie et pratique », Contretemps, février 2015 [21]
  • « Coupables d’être victimes : la lutte contre la traite des femmes », Contretemps, décembre 2016[22]

Notes et références

  1. Quentin Girard, «  Elle travaille aux corps » sur Libération, 9 décembre 2011.
  2. Chloé Stevenson, « Morgane Merteuil, escort-girl, décortique les clichés de la télé sur la prostitution », sur streetpress.com,
  3. Quentin Girard, « Le féminisme "prosexe, proporno, proputes" de Morgane Merteuil », sur liberation.fr, .
  4. Anne Chemin, « Morgane Merteuil : "Je préfère être "escort" plutôt que travailler en usine" », sur lemonde.fr, .
  5. Nicolas L, « Interview de Morgane Merteuil, secrétaire générale du Stass », sur radio-londres.fr, .
  6. Gaëlle Le Roux, « Prostitution : "Toutes les lois visant à protéger les femmes ont été néfastes" », sur france24.com, .
  7. Dounia Hadni, « Prostitution : la pénalisation des clients votée », sur liberation.fr,
  8. « La pénalisation des clients des prostituées est définitivement adoptée », sur francebleu.fr,
  9. SudOuest.fr avec AFP, « Prostitution : après deux ans de débats, les clients seront bientôt pénalisés », sur sudouest.fr,
  10. Identités de genre et intervention sociale de Mikaël Quilliou-Rioual, page 226.
  11. Jean-Christophe Pain, « Débat : Morgane Merteuil la grenobloise sur C+ », sur francetvinfo.fr, .
  12. Sexpowerment de Camille Emmanuelle (2017).
  13. Laurène Daycard, « "Le 8 Mars pour toutes" prêt à battre le trottoir », sur liberation.fr, .
  14. Caroline Politi, « Procès du Carlton: "La prostitution, c'est toujours une forme de violence" », sur lexpress.fr, .
  15. Le service METRONEWS, « "Vous mentez !" : vif échange entre une avocate des travailleuses du sexe et l'une d'entre elles » [vidéo], sur lci.fr, .
  16. Le Livre des trahisons sur books.google.fr.
  17. Le Livre des trahisons sur puf.com.
  18. Tribune sur L'Obs, 14 janvier 2013.
  19. Morgane Merteuil et Damien Simonin, « Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes – CONTRETEMPS » (consulté le )
  20. Article sur revueperiode.net.
  21. Morgane Merteuil, « Les luttes pour le salaire ménager : théorie et pratique – CONTRETEMPS » (consulté le )
  22. Morgane Merteuil, « Coupables d’être victimes : la lutte contre la traite des femmes – CONTRETEMPS » (consulté le )

Voir aussi

Documentaire

  • Putain, c’est pas simple ! d’Emmanuelle Nobécourt, 2014, 80 min

Liens externes

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