Mohamed Siad Barre

Mohamed Siad Barre (somali : محمد سياد بري, Maxamed Siyaad Barre), né le à Ganane (Somalie italienne) et mort le à Lagos (Nigeria), est un officier et homme politique somalien.

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Mohamed Siad Barre
محمد سياد بري

Le général Maxamed Siyaad Barre.
Fonctions
Président de la République démocratique somalie[N 1]

(21 ans, 1 mois et 6 jours)
Prédécesseur Sheikh Mukhtar Mohamed Hussein (intérim)
Abdirashid Ali Shermarke
Successeur Ali Mahdi Mohamed
Biographie
Nom de naissance Maxamed Siyaad Barre
Date de naissance
Lieu de naissance Shilavo (Somalie italienne)
Date de décès
Lieu de décès Lagos (Nigeria)
Nationalité somalienne
Parti politique PSRS
Religion Islam

Présidents de la République démocratique somalie

Il est commandant de l'armée du gouvernement démocratique de Somalie lors de son accession à l'indépendance en 1960. Après l'assassinat du président en 1969, il participe à un coup d'État et devient président de la République démocratique somalie jusqu'à sa destitution en 1991.

Débuts militaires

Siyaad Barre est issu d'un clan de pasteurs Darod de la tribu Marehan[1], qui vivent près de la frontière de l'Ogaden. C'est un berger orphelin et sans parcours scolaire lorsqu'il devient auxiliaire des forces de la police coloniale italienne dans les années 1930. Devenu sous-officier, il étudie à l'Académie militaire italienne. Sa participation aux combats durant la Seconde Guerre mondiale, aux côtés des forces italiennes, est probable. En 1941, il rejoint le corps de gendarmerie mis en place par les Britanniques, qui ont pris le territoire. Il est le premier Somalien nommé à la tête d'une brigade de gendarmerie, et devient de ce fait un notable important[2],[3]. En 1950, Siyad Barre est inspecteur-chef dans la police. En 1949, l'Organisation des Nations unies confie à l’Italie un mandat de dix ans sur le pays pour préparer l'indépendance. Siyaad Barre fait partie des premiers Somaliens envoyés en formation en 1954-55 à l'Académie des carabiniers à Florence[3]. À l'indépendance, en 1960, il est nommé vice-commandant de l'armée.

La conquête du pouvoir

En 1969, l'assassinat du président Abdirashid Ali Shermarke, déstabilise la Somalie qui se retrouve au bord de la guerre civile. Mais le coup d'État mené par Siad Barre en compagnie de jeunes officiers évite au pays de plonger dans le chaos. Sous sa direction, la junte militaire promulgue le « socialisme scientifique » comme objectif à la Somalie[4]. Il instaure la Deuxième République, décrète l'égalité des citoyens devant la loi en imposant notamment à une société traditionnelle l'égalité des sexes. Il instaure la gratuité des soins et de l'éducation, ce qui encourage plusieurs centaines de milliers de nomades à s'installer dans les villes et notamment à Mogadiscio. Nationaliste, il développe un culte de la personnalité et appuie les minorités nationales de l'extérieur (Kenya, Ogaden, Djibouti)[4],[5],[6].

Le jeu des alliances

Durant la guerre froide, l'URSS et les États-Unis s'intéressent à la Somalie pour son positionnement géographique stratégique, à l'entrée de la mer Rouge. Le gouvernement de Siad Barre reçoit tout d'abord le soutien de l'URSS qu'il perd en 1977, suite aux tentatives somaliennes d'annexion de l'Ogaden, une région de l'Éthiopie qui est également soutenue par les Soviétiques. Siad Barre renvoie alors les conseillers soviétiques, rompt le traité d'amitié avec l'URSS, et se tourne vers l'Ouest. Les États-Unis entrent alors en scène et deviennent, jusqu'en 1989, un soutien de poids au régime, en versant environ 100 millions de USD par an en aide économique et militaire.

En 1977, Siyaad Barre joue un rôle important lorsque, les 17 et , un commando palestinien du nom de Martyr Halimeh, proche du Front populaire de libération de la Palestine et de la Fraction armée rouge, détourne le Vol 181 de la Lufthansa vers Mogadiscio. Le chancelier allemand Helmut Schmidt et Siyaad Barre négocient pour laisser l'unité de lutte antiterroriste GSG 9 intervenir sur l'aéroport de Mogadiscio afin de libérer les otages.

La chute du régime

À la fin des années 1980, dans le Nord du pays, le Somali National Movement (SNM) du clan Issak (en), armé et entraîné par l'Éthiopie, s'oppose à Siad Barre et gagne rapidement du terrain. Une répression est menée par l'armée régulière sur les civils, faisant cinquante à soixante mille tués entre 1988 et 1990[7], ce qui en fait un des conflits les plus meurtriers sur le continent. Siad Barre est finalement destitué le . Ali Mahdi Muhammad lui succède jusqu'en , sans jamais réussir à s'imposer politiquement et militairement sur l'ensemble du territoire.

Après avoir quitté Mogadiscio en janvier 1991, Siad Barre reste dans le sud-ouest du pays, région contrôlée par son gendre Mohamed Said Hersi (en). Il essaie par deux fois de reprendre le pouvoir à Mogadiscio, mais, en , il est mis en déroute par l'armée du général Mohamed Farrah Aidid et est contraint à l'exil. Il part pour Nairobi, mais, au bout de deux semaines, devant la levée de boucliers de groupes d'opposition ayant le soutien du gouvernement kényan, il s'installe finalement au Nigeria. L'Italie refusera de lui porter asile. Il meurt le à Lagos d'un infarctus du myocarde. Ses restes sont inhumés dans sa ville natale en Somalie.

Notes et références

Notes

  1. Président du Conseil révolutionnaire suprême du au .

Références

  1. Bernard Lugan, Les guerres d'Afrique : Des origines à nos jours, Monaco/Paris, Editions du Rocher, , 300 p. (ISBN 978-2-268-07531-0), p. 269-275
  2. Bernard Nantet, Dictionnaire d'histoire et civilisations africaines, Larousse, 1999.
  3. « Siyad Barre Mohamed (1919-1995) », sur le site de l'encyclopédie Universalis.
  4. Jean-Claude Willame, Gouvernance et pouvoir : Essai sur trois trajectoires africaines : Madagascar, Somalie et Zaïre, Paris/Bruxelles, Éditions L'Harmattan, , 206 p. (ISBN 2-7384-2354-X, lire en ligne), p. 100-103.
  5. Nadine Puechguirbal, Le genre entre guerre et paix : conflits armés, processus de paix et bouleversement des rapports sociaux de sexe : étude comparative de trois situations en Érythrée, en Somalie et au Rwanda, Éditions Dalloz, .
  6. Marc Fontrier, L'État démantelé : annales de Somalie, 1991-1995 : de la chute de Siyaad Barre au retrait de l'ONUSOM, Éditions L'Harmattan, (présentation en ligne, lire en ligne), p. 15-16.
  7. (en) BOU-09.htm Rapport d'African Watch de 1990.

Annexes

Articles connexes

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