Modes rythmiques

En musique médiévale, les modes rythmiques sont des modèles de longues et/ou courtes durées (ou rythmes). La valeur de chaque note n'est pas déterminée par la forme de la note écrite (comme c'est le cas pour la notation musicale européenne plus récente), mais plutôt par sa position au sein d'un groupe de notes , et par sa position par rapport aux autres ligatures.

Histoire

La notation modale a été développée par les compositeurs de l'école de Notre-Dame de Paris de 1170 à 1250, remplaçant le rythme pair et non mesuré de la polyphonie et du plain-chant par des motifs basés sur les pieds métriques de la poésie classique, et fut le premier pas vers le développement de la notation moderne[1]. Les modes rythmiques de l'école de Notre-Dame furent le premier système cohérent de notation rythmique développé dans la musique occidentale depuis l'antiquité.

Utilisation

Bien que l'utilisation des modes rythmiques soit un élément caractéristique de la musique de l'école de Notre-Dame, en particulier des compositions de Pérotin, ils sont également présents dans une grande partie du reste du corpus de la musique de l'Ars antiqua.

En effet, les types de composition imprégnés par les rythme modaux comprennent les organum de l'école de Notre-Dame (les plus célèbres étant les organum triplum et organum quadruplum de Pérotin), les conduits, les clausules d'organum, mais aussi, plus tard dans le siècle, les motets de Pierre de la Croix et d'autres compositeurs anonymes, avec des rythmes souvent plus complexes qu'au début du siècle : il arrivait par exemple que chaque voix chante dans un mode différent, ainsi que dans une langue différente.

Classification

Dans la plupart des sources, il y a six modes rythmiques, comme l'explique le traité anonyme De mensurabili musica, datant d'environ 1260 (anciennement attribué à Jean de Garlande, dont on pense maintenant qu'il ne l'a édité qu'à la fin du XIIIe siècle, pour Jérôme de Moravie, qui l'a intégré dans sa propre compilation)[2]. Chaque mode consiste en un court motif de valeurs de notes longues et courtes (« longa » et « brevis ») correspondant à un pied métrique, comme suit[3] :

Séquence rythmique Mode
Long-court trochée (premier mode)
Court-long iambe (deuxième mode)
Long-court-court dactyle (troisième mode)
Court-court-long anapeste (quatrième mode)
Long-long spondée (cinquième mode)
Court-court-court tribraque (sixième mode)

Les deux premiers et le dernier mode sont qualifiés de justes, recti en latin, parce que les longues y valent deux brèves de sorte que le motif de base compte trois temps, Trinité oblige. Les autres sont dits outre mesure, ultra mensuram, parce que les longues y valent trois brèves et réciproquement deux brèves en valent trois, de manière que le motif de base ne compte pas quatre mais deux fois trois temps.

Bibliographie

  • (en) Richard H Hoppin, Medieval Music, New York, W. W. Norton, , 566 p. (ISBN 0-393-09090-6)
  • (en) Rebecca A Baltzer, « Johannes de Garlandia [Johannes Gallicus] », dans Stanley Sadie et John Tyrrell, The New Grove Dictionary of Music and Musicians, Londres, Macmillan Publishers, , 2e éd.

Références

  1. (en) David Hiley, « Richard H. Hoppin: Medieval Music, xxiii + 566 pp. The Norton Introduction to Music History, W.W.Norton, New York, 1978. £8.25.Anthology of Medieval Music edited by Richard H. Hoppin. xiii + 177 pp. The Norton Introduction to Music History, W.W.Norton, New York, 1978. £7.50. », Journal of the Plainsong and Mediaeval Music Society, vol. 3, , p. 61 (ISSN 0143-4918, DOI 10.1017/s0143491800000283, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Rebecca A. Baltzer, Johannes de Garlandia, Oxford University Press, coll. « Oxford Music Online », (lire en ligne).
  3. (en) James Husst Hall et Gustave Reese, « Music in the Middle Ages », Music Educators Journal, vol. 27, no 3, , p. 38 (ISSN 0027-4321, DOI 10.2307/3388520, lire en ligne, consulté le ).
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