Michel Le Milinaire

Michel Le Milinaire, né le à Kergrist-Moëlou (Côtes-du-Nord), est un footballeur puis entraîneur français. Il est l'entraîneur emblématique du Stade lavallois[1]. Instituteur puis conseiller pédagogique de l'Éducation nationale, il a été désigné comme meilleur entraîneur français des années 1980 et 1984 selon France Football, et meilleur entraîneur de D2 en 1975.

Ne doit pas être confondu avec Michel Gillibert.

Michel Le Milinaire
Biographie
Nationalité Français
Naissance
Kergrist-Moëlou (Côtes-du-Nord)
Poste entraîneur
Parcours professionnel1
AnnéesClub 0M.0(B.)
1953-1961 Stade lavallois- (-)
1961-1964 CA Mayennais- (-)
Équipes entraînées
AnnéesÉquipe Stats
1965-1968 Stade lavallois jeunes
1968-1992 Stade lavallois
1993-1996 Stade rennais
1 Compétitions officielles nationales et internationales.

Biographie

Origine

Après des études primaires à l'école communale de son village natal[2] et la participation à plusieurs courses cyclistes dans sa région, il partit pour le lycée de Saint-Brieuc, où il choisit définitivement la pratique du football. Il prend alors une licence au Stade briochin[3].

Instituteur

À la fin du lycée, en 1952, il est jeune instituteur au Maroc à l'école musulmane de Fès. Il revient en France en 1953[4] et signe une licence au Stade lavallois[5], et est élève à l'École normale d'instituteurs de Laval pendant trois mois, rue de la Maillarderie. Il effectue ensuite son service militaire au Maroc pendant 27 mois. À son retour en France, il effectue quelques remplacements en tant qu'instituteur.

Joueur amateur

C'est le début de sa carrière à Laval. Il obtient un premier poste à Bouère. Il jouera alors au Stade lavallois puis, au début des années 1960, opta pour le Club Athlétique Mayennais où il resta cinq ans comme entraîneur-joueur. Fort de cette expérience, il revient comme entraîneur des jeunes au Stade lavallois lors de la saison 1964-65.

Entraîneur

Homme malin et cultivé, instituteur public, connu pour ses positions de gauche[6], il prend l'équipe première sous ses ordres lors de la saison 1968-69, c'est l'année lors de laquelle le Stade lavallois dispute la finale du championnat de France amateur[7]. Il effectue alors sa journée de travail[8]; et le soir, s'occupe de l'entraînement comme les joueurs y compris les anciens professionnels qui travaillent en entreprises, dans les banques[9] ou bien les amateurs, encore étudiants[10]...

Lors de sa première année comme entraîneur, l'équipe remporte le titre de champion de l’Ouest[11]. C'était donc une équipe qui pouvait rivaliser avec les grands clubs amateurs sur le plan national[12].

Le Stade lavallois

Il change avec le président Henri Bisson la structure du Stade lavallois. Ils feront de ce club l'un des meilleurs de France pendant de nombreuses années, le Stade lavallois ressemblant avant en quelque sorte au modèle auxerrois. Il l'amène en Division 1 en 1976, et en Coupe UEFA en sortant vainqueur notamment de la double confrontation contre le Dynamo Kiev (1-0 à Francis-Le-Basser, 0-0 en URSS).

Du statut amateur, le club est devenu professionnel en 1976. Il est nommé meilleur entraîneur du championnat de France de 1re division de l'année en 1980 et 1984.

Il hésita entre faire le choix de son métier de conseiller pédagogique de l'Éducation nationale et entraîneur professionnel de football[13]. Il n'avait jamais caché son hostilité à une éventuelle accession de son équipe au statut professionnel, statut qui pour lui ne semblait pas compatible avec son idéologie.

En 1976, il franchit le pas, cédant aux pressions affectueuses d'Henri Bisson. Il avait alors 45 ans lorsqu'il fit connaissance avec le football de l'échelon le plus élevé. Son adaptation fut facilitée par sa forte personnalité et sa formation d'enseignant[14]. Il assure l'amalgame entre les joueurs issus du centre de formation du club, et des footballeurs parfois mis au ban par de grands clubs de se relancer (Jacky Vergnes, Raymond Kéruzoré[15], Frank Lebœuf[16], etc.). Il réussit le tour de force permanent de conserver son équipe dans l'élite, malgré un effectif chaque année saigné par les grands clubs aux moyens bien supérieurs.

À partir de 1984, l'apparition de l'argent amène une surenchère sur les salaires et les transferts dans le football, il ne quitte pas son poste[17]. Il ne cessera de tirer la sonnette d'alarme pendant les dernières années de son club en division 1[18]. Le Stade lavallois quitte l'élite du football en 1989[19].

Interrogé en 2013 sur l'évolution du football, il répond La société est ainsi faite : on connaît plus facilement le 13e homme du Paris Saint-Germain que le médecin de Villejuif qui sauve des vies. C’est dommage, je trouve. Beaucoup de gens mériteraient une considération plus grande de la part de notre société.[20].

Le départ

Mis à l'écart de la direction de l'entraînement de l'équipe professionnelle par Jean Py[21] en 1992 (il devient directeur technique), à la suite du décès d'Henri Bisson et de la descente en division 2. À l'évocation de son départ, Christophe Larcher écrit dans France-Football le  : Sa trogne sympathique, sa casquette sur ses mèches blanches, son authenticité, son palmarès : beaucoup n'ont pas admis ce sacrilège, cette entaille à la mémoire.

Le Stade rennais

Il revient en Bretagne pour entraîner par la suite le Stade rennais. Il le fera monter en Ligue 1. Jocelyn Gourvennec indique que « Le Milinaire était sans doute le plus fin psychologue que j’ai eu comme entraîneur. Il était très doué pour parler aux joueurs. »[22]. Il termine la saison 1995-96 avec Rennes, son contrat étant en cours[23], puis est remplacé par Yves Colleu[24].

Le retour

Nommé « entraineur du siècle du Stade lavallois » à Laval en 2002, il réside toujours près de Laval et fait partie depuis 2007 de la cellule de recrutement du club Tango.

Liens externes

Notes et références

  1. Fiche de l'entraîneur sur le site tangofoot
  2. Son père est artisan, et sa mère tenait un café-tabac-épicerie.
  3. Blessé au genou, il interrompt le football pendant 6 mois, et continue ses études.
  4. À la suite des évènements de Casablanca : attentat du Marché Central de Casablanca le jour de Noël 1953, causant 18 morts européens.
  5. Sur les conseils d'un copain de lycée.
  6. Battre Kiev, c’était aussi l’aboutissement de certaines valeurs fondamentales, plutôt de gauche, qui étaient les vôtres. Oui, à savoir que ce sont les valeurs collectives qui conduisent au résultat. Ou tout du moins qui sont le bon chemin pour y parvenir. Dans cette aventure européenne, le « vivre ensemble » a pris tout son sens. Il peut permettre d’aller au-delà de ce que l’on soupçonne. Je les aimais, mes joueurs. J’avais un attachement naturel à eux, une vraie sympathie. . Ouest-France, 2 octobre 2013, Laval - Kiev, le 30e anniversaire.
  7. Il est alors conseiller pédagogique en éducation physique, et prend le relais de Jean Barré, peu disponible pour s'occuper de l'équipe, avec son travail aux PTT.
  8. Votre entraîneur, Michel Le Milinaire, était lui aussi instituteur de formation. Oui instituteur détaché au sport à l'époque. Et, de fait, je le connaissais déjà avant. Il passait dans les écoles. À Yvinec, on courait beaucoup avec lui. Qu'est-ce qu'on a pu faire comme tours de terrain ! Mimi connaissait très bien ses joueurs, au-delà du football. Il savait les mener, il trouvait les trucs. Témoignage de Jacques Lhuissier.
  9. On achetait nos chaussures. On n'échangeait jamais nos maillots, ça coûtait cher. J'étais étudiant à l'École Normale. Ça aussi, ça posait des problèmes parfois. On jouait le dimanche, souvent très loin. J'avais cours jusqu'au samedi midi. Les autres partaient en car. Moi, c'était le président Henri Bisson qui venait me chercher dans sa gosse DS, à 11 h 30, et m'emmenait. On rentrait tard le dimanche soir. Le lundi matin, à 8 h à l'école, je dormais au fond de la classe. Le professeur posait une question et disait « Bon, Lhuissier, je ne vous interroge pas, je sais... » Témoignage de Jacques Lhuissier.
  10. Avec le plus grand nombre de buts marqués à égalité avec l'US Quevilly.
  11. C’est un métier qui pèse. Il y avait les nuits quasi blanches le jeudi, les explications quant à mes choix, dans mon bureau, face aux joueurs non retenus, les lendemains de match qui tournent dans la tête. Un entraîneur est quelqu’un qui ne dort pas beaucoup. . Ouest-France, 2 octobre 2013, Laval - Kiev, le 30e anniversaire.
  12. Quand j’entraînais, j’essayais souvent d’être plus prêt du 18e ou du 19e joueur du groupe que du meilleur joueur qui ne m’attendait pas pour avancer. Remplaçant, c’est innommable comme position, vous attendez. J’étais donc vigilant. Quand je vois qu’aujourd’hui on porte des jugements sur le quart d’heure de jeu que l’on accorde une fois de temps en temps à un joueur, je trouve ça nul. Il ne peut pas montrer ce qu’il sait faire en 15 minutes. C’est aussi vrai pour les jeunes qui attendent. La source du progrès, c’est une confiance qui naît, c’est dire à un jeune « Je te ferai jouer 30 minutes lors de ce match-là », puis renouveler cela durablement. Mais certains entraîneurs veulent une équipe commando de 13 ou 14 gars toute la saison. C’est un choix… Ça n’a jamais été le mien. . Ouest-France, 2 octobre 2013, Laval - Kiev, le 30e anniversaire.
  13. ’C'était un entraîneur pour qui j’avais beaucoup de respect. C’était un adepte du jeu offensif. Michel Le Milinaire savait y faire. Il arrivait à tirer le maximum de ses joueurs et savait parfaitement exploiter les qualités de chacun. Mais surtout, c’était un fin psychologue et un sacré battant. « Mimi » était un entraîneur dur mais juste. Quelqu’un de très honnête et humble.
  14. Il indiquera plus tard que Le Millinaire lui a fait gagner du temps, apporté force et confiance.
  15. Malgré les sollicitations de Michel Hidalgo l'appelant comme Directeur Technique National à la Fédération français de football ou celles de Jean Bousquet en 1987 et 1989 pour rejoindre Nîmes.
  16. Il en appellera aux collectivités locales pour soutenir le club.
  17. . Ouest-France, 2 octobre 2013, Laval - Kiev, le 30e anniversaire.
  18. Un industriel revendiquant sa capacité à décider en matière de football.
  19. Les six premiers mois de retraite, j’ai dit « ouf ». Mais le temps m’a paru long ensuite. Il me manquait quelque chose les vendredis et samedis, l’ambiance, le groupe, la pression. Je n’ai vécu que là-dedans, loin des affaires familiales. . Ouest-France, 2 octobre 2013, Laval - Kiev, le 30e anniversaire.
  20. Guy Roux, alors président de l'UNECATEF, avait empêché Michel Le Milinaire de continuer à entraîner Rennes car il avait dépassé la limite d'âge de 65 ans. Dépêche AFP du 3 juillet 2007.
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