Marie Mesmin

Marie Mesmin (1867-1935) est une voyante bordelaise, qui, à partir de 1902, entend, puis voit les apparitions mariales. La Vierge Marie lui communique des prophéties sur les malheurs que court la France si elle chasse Dieu du pays (Loi de séparation des Églises et de l'État).

Marie Mesmin
Nom de naissance Marie Baillet
Naissance
Monguilhem (Gers)
Décès (à 67 ans)
Bordeaux
Nationalité française
Pays de résidence France
Profession
Concierge
Autres activités

À partir de 1909 Marie Mesmin fonde une secte : « Notre-Dame-des-pleurs », que l’archevêque de Bordeaux, Pierre Paulin Andrieu, condamne sévèrement.

La secte et sa fondatrice sont rendues célèbres quand des adeptes agressent, par des méthodes moyenâgeuses, deux prêtres, qu'ils accusent d'envoûter Marie Mesmin.

Biographie familiale

Marie Baillet, seconde d'une famille de cinq enfants, est née en 1867 dans la commune de Monguilhem (Gers). Marie ne fréquente pas l'école. Elle ne saura jamais ni lire ni écrire (à l'âge adulte elle apprend seulement à écrire son nom et elle signe les lettres qu'elle dicte à une secrétaire : « Marie Mesmin, esclave de Marie »).

Selon son propre récit, son enfance est associée avec deux « miracles » :

  • En 1874 elle garde les vaches dans un pré quand elle tombe dans une mare. Sur le point de périr noyée elle évoque Jésus : « Mon bon Jésus, dit-elle, sortez-moi de là, je vais mourir ». Marie prétend qu'à ce moment-là, elle se sentit emportée par des mains invisibles qui la déposaient sur la berge.
  • Quelque temps après elle eut une vision du Christ avec Son Sacré-Cœur.

Depuis cet accident et cette vision, sa dévotion au Sacré-Cœur de Jésus est née et durera toute sa vie.

Marie est placée à Bordeaux vers l'age de quinze ans. Elle épouse Jean Mesmin, infirmier à l'hôpital de Bordeaux.

En 1905 elle devient concierge d'un immeuble occupé par une compagnie d'assurance au 13 cours du XXX juillet à Bordeaux[Note 1]. Elle y réside avec son mari et leurs deux filles, Jeanne et Marie-Louise, jusqu'en janvier 1913.

Pendant cette période Marie rapporte une série de conversations et apparitions de la Vierge-Marie, qui lui donne des prédictions des malheurs qu'attend la France si elle ne renonce pas à « chasser Dieu du pays ».

Un cercle d'adeptes se forme autour de Marie Mesmin et d'une statue qu'elle garde dans sa conciergerie : « Notre-Dame des-pleurs ». Cette statue verse des larmes quand Marie fait ses dévotions. Plus tard, cette statue sera remplacée par une autre représentation de la Vierge qui pleure également.

Le nombre d'adeptes croît et les attroupements devant l'immeuble gênent son employeur, qui la congédie en janvier 1913. Immédiatement une de ses adeptes fortunés lui prête une propriété, 26 boulevard du Bouscat (aujourd'hui boulevard Pierre 1er) à Bordeaux ou elle demeure jusqu'à sa mort le .

La secte est très active dans la région bordelaise. Marie elle-même voyage beaucoup grâce à l'aide de ses donateurs.

À partir de 1917 Marie souffre de vifs maux qu’elle attribue à des envoûtements pratiqués par deux prêtres. Elle envoie des membres de la secte pour chasser le diable des corps de ces malheureux. Les deux expéditions punitives, qui sont des agressions très violentes, se terminent devant les tribunaux correctionnels. La couverture médiatique des procès rend « Notre-Dame-des-pleurs » célèbre au plan national.

L'archevêque de Bordeaux réagit et menace de refuser les sacrements à tout religieux ou laïc qui assiste à des cérémonies organisées par Marie Mesmin. La secte périclite, mais ne disparait pas.

Louis Émié dans un nécrologie publié dans La Petite Gironde[1] donne un jugement assez complaisant[non neutre] de l'action de Marie Mesmin.

Les premières révélations

C'est en 1902 que Marie Mesmin a ses premières révélations. La Sainte Vierge lui parle pour annoncer des châtiments et l'exhorter à la prière :

: « L'Église sera persécutée, les religieux et les religieuses seront chassés. On sortira le Christ des tribunaux et des écoles. Les ennemis de l’Église voudront faire disparaître tout ce qui est Dieu. Ils voudront abolir la religion. Ils se disent : "Quand on ne croira plus, nous serons les maîtres. Cependant le jour où ils croiront être les maîtres, eh bien ! ce sera le moment où Dieu sera aimé plus que jamais".
Quand on aura chassé Dieu des écoles, ce sera le moment des malheurs. Vous verrez catastrophes sur catastrophes :
  1. Les châtiments commenceront sous le troisième président de la République après celui d'alors.
  2. La guerre en sera le prélude à titre d'avertissement.
  3. La France aura la guerre avec l'Allemagne.
  4. La France ne sera pas prête.
  5. La France sera attaquée par l'Allemagne au moment où elle s'y attendra le moins.
  6. La guerre commencera dans les Balkans, mais en France elle sera terrible.
  7. La France ne sera pas seule, mais elle sera beaucoup plus éprouvée que ses alliés.
  8. La guerre aura un caractère de sauvagerie exceptionnelle ; ce sera une guerre comme on en aura jamais vue ; il y aura des massacres de prêtres et d'enfants. On coupera les mains aux enfants.
  9. De grandes apparences d'oiseaux laisseront tomber beaucoup de feu sur les villes. On ne sera en sûreté que dans les caves (en 1902 on ne parlait pas encore d'avions bombardiers !).
  10. Le sol sera si terriblement bouleversé en beaucoup d'endroits que les gens ne reconnaîtront ni l'emplacement de leurs maisons, ni même les chemins qui y conduisaient.
  11. Après le fléau de la guerre, les hommes ne s'amenderont pas. Alors suivront les pestes, les maladies que les médecins ne connaîtront pas, puis des révolutions, des guerres civiles et la famine. On verra des tremblements de terre, des montagnes se déplaceront. »
[pertinence contestée]

Ces prophéties sonnent comme menaces des fléaux épouvantables qui vont s’abattre sur la France déchristianisée, refusant de revenir enfin à la Foi de son baptême et correspondent au point de vue de l’Église Catholique, qui combattait la loi de séparation des Églises et de l'État. Les arguments et menaces de l’Église Catholique contre cette loi sont décrites par Patrick Weil dans son livre De la laïcité en France[2].

Il y a eu une précédent très semblable à Fontet (Gironde) en 1873-1874 avec la voyante Marie Berguille qui voit des apparitions mariales avec des prédictions de malheur pour la France si elle renonce à la monarchie...

La statue qui pleure

La statue qui pleure
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Marie Mesmin a une mauvaise santé : elle est diabétique et tuberculeuse. Vers 1906-1907 elle se rend à Lourdes dans l'espoir d'une guérison miraculeuse. Elle n'est pas guérie, mais en souvenir de son pèlerinage elle achète une banale statue en plâtre de Notre-Dame de Lourdes. La statue est installée dans la cuisine de sa loge de concierge et Marie fait ses dévotions chaque jour devant elle.

Un samedi de mars 1907, Marie Mesmin voit des larmes couler des yeux de la statue ! C'est le début d’une suite de lacrimations destinés à rappeler le peuple de France à la conversion, à la prière et au repentir.

En septembre 1909 une étape supplémentaire est franchie : au lieu de pleurer la statue se transforme en apparition de la Vierge. C'est ainsi que commence une série d'apparitions (au moins une dizaine selon Marie Mesmin) qui ont eu lieu d'abord dans l'oratoire de sa cuisine, puis dans l'église Notre-Dame de Bordeaux, sur les marches de l'autel de la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire.

Rapidement les nouvelles de ces apparitions se répandent et l’archevêché de Bordeaux doit intervenir. En mars 1910 la statue est retirée de l'oratoire du cours du XXX juillet pour un examen par les autorités ecclésiastiques. La statue est déposée au couvent des Franciscaines de Marie Immaculée, rue de la Teste à Bordeaux : elle ne pleure plus et un échantillon des larmes qu'elle avait versées se révèlent d'être de l'eau du robinet. La conclusion de l'archevêché[3] est qu'il n'y a aucune justification autorisant à penser à une apparition mariale. La statue ne sera pas rendue à Marie Mesmin et elle a été probablement détruite.

La Santissima Bambina

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Après la confiscation de la statue de N-D. de Lourdes, Marie Mesmin la remplace avec une autre : la Vierge-Enfant, « la Santissima Bambina» (La Santissima Bambina de Milan est une statue horizontale qui représente la Vierge-enfant au berceau et réputée d'être miraculeuse[4]. Comme pour Notre-Dame de Lourdes, des copies en plâtre de la Santissima Bambina sont vendues comme souvenir).

Dès son emplacement dans l'oratoire de Marie la statue commence à pleurer comme celle de N-D. de Lourdes. Les prédictions et demandes de la Vierge continuent à être communiquées par Marie : Bordeaux sera détruite et il faut un orphelinat pour les enfants survivants ; il faut construire une grande basilique près de la place des Quinconces, dont le chœur sera exactement à l'oratoire de Marie.

Le nombre d'adeptes de son « groupe de prières » augmente considérablement. Les membres appartienne principalement à la bourgeoisie bordelaise et à des familles fortunées.

Les fidèles qui forment des attroupements devant le n°13 du cours du XXX juillet gênent le propriétaire de l'immeuble, une compagnie d'assurances, qui donne congé à leur concierge. En janvier 1913 Marie doit quitter les lieux, avec sa « statue miraculeuse »

[pertinence contestée]

.

L'oratoire du Bouscat

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Le , la comtesse et le comte de Montluisant[Note 2], des adeptes de Marie, lui proposent d'habiter une de leurs propriétés à Bordeaux situé au 26 boulevard du Bouscat (actuellement boulevard Pierre 1er).

26 Boulevard du Bouscat

Marie Mesmin s'y installe et une partie de la maison est transformée en oratoire dédié à la statue de la Santissima Bambina et une autre partie en petit orphelinat pour accueillir quelques jeunes filles. Le statue de La Bambina ne pleure plus. Mais, le elle exsude des parfums suaves[Note 3] quand Marie fait ses dévotions. Une culte nouvelle, Notre-Dame-des-Parfums, est née !

Le nombre d'adeptes augmente et une extension de la maison pour une salle de réunion/prières est construite. Marie est la seule personne qui a accès à l'oratoire ou se trouve la statue miraculeuse. La renommée de la statue se répand et le 26 boulevard du Bouscat devient un lieu de pèlerinage. On y vend des médailles et images pieuses.

Joseph Saboungi, né à Tyr (Syrie) et âgé de 45 ans est un archimandrite syrien de l'ordre de Saint-Basile, vicaire générale du diocèse de Sidon et docteur en théologie. Venu à Lourdes pour le congrès eucharistique du 22-26 juillet 1914, il entend parler de Marie Mesmin et se rend à Bordeaux. La guerre l’empêche de rentrer en Syrie et on lui demande d'étudier ces miracles en vue de constituer un dossier à présenter aux autorités de Rome. Il s'installe au 26 boulevard du Bouscat et devient également Directeur de conscience de Marie.

L'archimandrite Seboungi travaille sur le dossier des miracles de N-D. des pleurs, mais il y a des tensions entre lui, Marie et certains membres de la secte. L'archimandrite a un esprit plus critique et une connaissance plus approfondie des procédures ecclésiastiques que des adeptes de Marie et il sait que certains témoignages ne seront pas acceptés par Rome comme preuve de miracle. Aussi, on craint qu'il ait une ascendance sur Marie et qu'il veuille prendre sa place à la tête du groupe (plus tard ils l'accusent de pratiquer des messes noires et d'envoûter Marie). Il y a aussi une question économique qui est évoquée. Dans tous les cas l'archimandrite Saboungi quitte Oratoire le 10 juin 1917 pour prendre la poste de professeur de mathématiques à la collégiale de Saint-Donatien à Nantes.

Une certaine presse catholique s'emballe au sujet des miracles, par exemple La Revue Mariale[5] du laisse entendre que l'archevêché de Bordeaux les approuve. L'autorité diocésaine publie une réfutation[6] qui sera reproduite dans tous les diocèses[7] : « L'autorité diocésaine déclare qu'elle n'a jamais accredité aucun prêtre auprès de l'oratoire de Mme Mesmin ; qu'elle à défendu aux membres du clergé d'assister aux exercises religieux organisés dans l'oratoire et que les fidèles doivent, jusqu'à nouvel ordre, éviter d'y prendre part ».

Cette mise en garde du Cardinal Andrieu, archevêque de Bordeaux a peu d'effet sur les membres de la secte.

Pendant la Première Guerre Mondiale Marie Mesmin voyage beaucoup au nord de la France pour porter secours aux poilus. Elle fait aussi de longs voyages en Italie et dit avoir rencontré le pape, qui a dédicacé une image de la Bambina.

La réputation de la secte de « N-D. des pleurs» est considérablement assombrie par trois affaires d'agression en 1919, 1925 et 1926 par des « mesminites » pour désenvoûter « Maman Marie ». L'archevêché ne peut pas permettre de telles actions au nom de l’Église et les membres de la secte sont menacés du refus des sacrements s'ils continuent d'assister aux activités liées à l'oratoire du Bouscat.

À partir de 1926 la secte périclite, mais ne disparait pas (voir les sections Liens externes et Livres panégyriques).

Marie Mesmin est morte le . En 1940, par la donation de sa propriétaire, la maison devient propriété de l'archevêché de Bordeaux. Puis, en 1968, le site est revendu, la maison démolie et remplacée par une station service.

Les envoûtements

Toute sa vie Marie Mesmin souffre de divers maux que la médecine classique n'arrive pas à éradiquer. Elle les attribue à des envoûtements et demande à plusieurs reprises que des prêtres pratiquent les rites d'exorcisme préconisés par l’Église Catholique. Les résultats ne sont pas plus probants que ceux de la médecine.

La situation devient dramatique en 1919 quand Marie accuse l'archimandrite Saboungi d'être possédés par le démon et de l'avoir envoûté. Puis en 1926 l'abbé Desnoyers est accusé des mêmes faits.

Pour sauver « maman Marie », des « mesminiques » organisent des expéditions punitives contre ces prêtes avec l'objectif d'extirper le démon de leurs corps. La méthode est celle utilisée par l’Église Catholique au moyen-âge : flagellation et torture, sans donner la mort.

Les flagellants sont condamnés par les tribunaux.

Après l'agression de l'archimandrite Saboungi le Cardinal Andrieux réitère son interdiction aux prêtres et aux laïques d'assister aux cérémonies organisées à l'oratoire du 26 boulevard du Bouscat[8] et en 1926, où l'abbé Desnoyers faillit mourir, il menace les membres de la secte d'un refus des sacrements[9],[10],[11]. Suite à cette menace la secte de « Notre-Dame-des-pleurs » périclite et Marie Mesmin devient célèbre par une couverture nationale de la presse.

L'agression de l'archimandrite Joseph Saboungi

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Selon Marie, l'archimandrite Saboungi continue de l'envoûter à distance et elle est exorcisée à plusieurs reprises, sans succès. Elle accuse également Joseph Saboungi d'être la cause des morts de plusieurs membres de la secte.

Le quatre disciples de Marie (MM. de Floris, agent de change ; Parentthel, courtier d'assurances ; Berton, chef d'orchestre et Cardon, inspecteur de la Sûreté générale) mènent une « croisade » à Nantes pour extirper le démon : ligoter, flageller et torturer selon la méthode traditionnelle.

Il y a plainte et l'affaire est jugée par le tribunal correctionnel de Bordeaux[12]. L'avocat de Joseph Saboungi est Maurice Garçon du barreau de Paris, expert en questions de sorcellerie. Les agresseurs sont condamnés à trois mois de prison avec sursis et au paiement de 500 francs à titre de dédommagement à Joseph Saboungi.

L'agression de Rose Moreau

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Le Rose Moreau, une membre de la secte « N-D. des pleurs », est retrouvée, visage ensanglanté et vêtements couverts de boue devant la maison de Marie Mesmin. Quatre jours plus tard Marie Mesmin porte plainte contre Mlle Moreau en l'accusant de faire scandale dans l'oratoire et qu'il a fallu la sortir par la force.

Dans la plainte il y a un certificat médical et une lettre administrative ordonnant la mise en observation de Rose Moreau au Château Picon. Elle est internée. Rose Moreau, qui se dit possédée par un démon, ne porte pas plainte pour agression.

On sait que Rose Moreau a joué un rôle importante dans la mise en relation de l'abbé Paul Desnoyer et Marie Mesmin et qui, plus tard, le demande d'exorciser « Maman Marie ». L'abbé Desnoyer sera agressé à son tour quelques jours plus tard.

L'agression de l'abbé Paul Desnoyer

L'abbé Paul Desnoyer
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En 1921, par l'intermédiaire des relations pieuses après un pèlerinage à Notre-Dame de La Salette, Marie Mesmin entre en contact avec l'abbé Paul Desnoyer, curé depuis 22 ans à Bombon (Seine et Marne).[13],[14],[15]( Paul Desnoyer décède en décembre 1955 à lâge de 90 ans[16]). Il y a une longue série d'échanges épistolaires. Puis, en 1923, Marie, par l'intermédiaire de Rose Moreau, le réclame à Bordeaux pour l'exorciser, car elle est encore envoûté. L'abbé vient à Bordeaux pendant une semaine, trouve Marie en pleine forme, mais il pratique les rites d'exorcisme et repart pour Bombon. Paul Desnoyer n'a jamais fait partie de la secte de « N-D. des pleurs » et dans sa déclaration au juge d'instruction il dit qu'il pensait avoir affaire avec une malade et des illuminés.

En 1924 Marie Mesmin est encore envoutée et cette fois le responsable désigné par elle est l'abbé Desnoyer.

Des membres de la secte lui envoient des lettres de menaces s'il ne cesse pas l'envoûtement. L'envoûtement ne cesse pas[style à revoir] et en décembre 1925, l'époux de Marie Mesmin, avec quelques hommes de la secte, rendent visite au curé à Bombon. Ils ont vu une preuve incontestable de sa culpabilité : des vols d'oiseaux au-dessus de l'oratoire du Bouscat écrivent son nom dans le ciel... Ils lui donnent une dernière chance d'arrêter l'envoûtement.

L'envoûtement ne s'arrête pas et le , dix femmes et deux hommes (Albert Froger et Maurice Lourdin) de la secte font une expédition punitive à Bombon. Ils assistent à la messe célébrée par l'abbé, puis l'enferment dans sa sacristie où il est ligoté, bâillonné au point de s'étouffer, flagellé, reçoit du poivre dans ses yeux, on menace de lui bruler la plantes des pieds au fer rouge etc. La bonne de l'abbé Desnoyer, Jeanne Hellois, est également agressée.

Les villageois, intrigués par les « touristes » autour de l'église, alertent la police, qui se rend sur place et trouve le curé dans la sacristie en traîn d'être flagellé. Les malfaiteurs sont arrêtés et revendiquent leurs actes.

L'abbé Denoyer, qui porte plainte, est défendu, comme Joseph Saboungi, par le célèbre avocat Maurice Garçon[17].

Les hommes sont condamnés à huit mois de prison ferme et les femmes à trois mois de prison avec sursis. Marie, qui n'est pas inculpée, est signalé par les psychiatres comme un danger social : elle joue le rôle de délirant actif et est contagieuse pour les esprits faibles de son entourage.

Réactions populaires à l'agression de Paul Desnoyer

Marie, ses acolytes et le curé de Bombon deviennent des sujets de raillerie populaire :

  • « Complainte du Curé de Bombon », paroles d'Alibert sur l'air de Trompette en bois[18] :
  • « Le martyr de la flagellation (le curé de Bombon) », paroles[19] de F. Montagnon[20], sur l'air de Trompette en bois
  • « Ils ont fouetté Monsieur le curé » , paroles[21] de Léon Bonnenfant[22] sur l'air Elle s'était fait couper les cheveux[23]
  • Au Casino de Quinconces[Note 5] à Bordeaux une revue burlesque : Et l’on sen ... voûte  ![24] mettant en scène l'agression du curé de Bombon.
  • Un spectacle de marionnettes (Guignol) : Marie Mesmin girls[25]
  • À Lormont, les femmes du lavoir de la république mettent en scène une parodie grivoise de l'agression du curé de Bombon[26].
  • Dans le parler populaire bordelais (le bordeluche) une « Marie Mesmin, Notre-Dame des sept douleurs » désigne une pleurnicheuse[27].

La Presse et Marie Mesmin

Les trois agressions perpétrées par les adeptes de la secte de Notre-Dame-des-Pleurs pour « chasser le démon » et le décès de Marie Mesmin ont reçu une couverture nationale dans la presse. Marie Mesmin elle-même a laissé des traces dans la mémoire collective bordelaise. Jusqu'à aujourd'hui son nom est évoqué périodiquement dans la presse locale, mais souvent avec des imprécisions historiques sur les faits.

1919-1920

1925

1926-1927

1935

1955-2021

Livres panégyriques

  • Henry Gaultier (préf. H. de Pierre-Prat), La Merveilleuse Histoire de N-D. des Pleurs de Bordeaux : Histoire et documentation, Villedieu (Vaucluse), La Revue « Lourdes », 63 p. (présentation en ligne).
  • Marie Vérenne, Prophéties de Notre-Dame de Bordeaux, Rassemblement à Son Image, , 266 p. (ISBN 978-2-36463-553-1, présentation en ligne).
  • Gille Lameire, La Vierge en pleurs de Bordeaux, Saint-Germain-en-Laye, Association "Tout restaurer dans le Christ", , 337 p. avec une note critique de R. Darricau in « Notes bibliographiques », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 62, no 169, , p. 416 (lire en ligne, consulté le )
  • Gilles Lameire, La Vierge en pleurs de Bordeaux, Resiac éditions, , 338 p. (ISBN 9782852680609, présentation en ligne).

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jules Mauris, « Le procès de la Vierge qui pleure », Mercure de France, , p. 673-714 (lire en ligne). .
  • Jules Mauris, « Second procès de la Vierge qui pleure », Mercure de France, , p. 277-318 (lire en ligne sur Gallica). .
  • « Survivances », La Revue archéologique, t. 1, , p. 358-359 (lire en ligne sur Gallica).
  • Louis Palauqui et Henri Bouffard (préf. André Violis), La merveilleuse histoire de N.-D. des pleurs, Bordeaux, Éditions de la Gorgone, , 48 p. (présentation en ligne). .
  • Professeur-Docteur Orloff., Une Séance de Magnétisme ou comment devenir sûrement magnétiseur suivi page 61 par La Flagellation du Curé de Bombon et la Vérité sur l'Envoûtement., Paris, Saint-Gilles, , 125 p. (présentation en ligne).
  • Jean-Jacques Michaud, « Les larmes miraculeuses de Notre-Dame des Pleurs à Bordeaux au début du XXe siècle », Revue Archéologique de Bordeaux, vol. XCVII, , p. 275-279 (lire en ligne). .
  • Roger Galy, Journaliste ! : Mémoires d'un rubiquard de province, éditions de l'orée, , 180 p. (ISBN 9782402144049, présentation en ligne).

Notes

  1. Marie Mesmin affirme que cette adresse évoque la « Révolution de Juillet» de 1830 événement emblématique de l’abandon des valeurs de la Foi et de la montée de la laïcité et qui explique pourquoi le Seigneur choisit d’y envoyer Sa Mère.
  2. Charles de Montluisant, La Famille de Montluisant, Mouriers-Tarentaise, F. Ducloz, (lire en ligne sur Gallica)
    « Général Charles MJ de Montluisant », sur Genéanet
  3. « Définition de suave », sur Dictionnaire de l'Académie française
  4. Parmi les photographies des ecclésiastiques présent au Congrès Eucharistique (voir : c:25th International Congress Eucharistic in Lourdes) ce personnage est le seul de rite orthodoxe
  5. Le Casino de Quinconces était situé sur les Allées d’Orléans au niveau de la rue Condé. Il est édifié en 1920 d’après les plans de l’architecte Cyprien Alfred-Duprat. Sa scène occupait 200 m2. Le Casino fonctionnait que durant la belle saison. Il sera définitivement démoli en 1936.
    Les promoteurs voulaient créer de grandes à l’image de celles produites aux Folies-Bergère ou au Casino de Paris. Ils font venir des vedettes comme Loïe Fuller et Mayol). Pour la réalisation des costumes des tableaux de chaque revue, ils s’adressent à des costumiers de grand renom tels que Max Weldy, fournisseur attitré des Folies-Bergère à Paris.

Références

  1. Louis Émié, « Sur la mort de Marie Mesmin », La Petite Gironde->, , p. 4 (lire en ligne).
  2. Patrick Weil, De la laïcité en France, Paris, Grasset, , 155 p. (ISBN 9782246827757, présentation en ligne).
  3. Archives diocésaines de Bordeaux, Dossier Notre-Dame des Pleurs
  4. Père Ange Brazzoli, Marie enfant dite Santissima Maria Bambina, Saint-Gabriel éditions, , 254 p. (ISBN 9791091133043, présentation en ligne).
  5. (notice BnF no FRBNF32860478)
  6. « A propos de la Vierge des pleurs », L'Aquitaine : revue religieuse, archéologique, littéraire [, , p. 47 (lire en ligne sur Gallica).
  7. « A propos de la Vierges des pleurs », La semaine religieuse de Clérmond-Ferrand, , p. 143 (lire en ligne).
  8. « La Vierge qui pleure : Histoire d'un envoûtement », L'Aquitaine : revue religieuse, archéologique, littéraire, , p. 337-339 (lire en ligne sur Gallica).
  9. « Déclaration de S.E. le Cardinal-Archevêque de Bordeaux à propos de la Vierge des Pleurs », L'Aquitaine : revue religieuse, archéologique, littéraire, , p. 96-97 (lire en ligne sur Gallica).
  10. « L’Archevêque de Bordeaux condamne, une fois de plus, la secte de N-D. des Pleurs », Le Figaro, , p. 2 (lire en ligne sur Gallica).
  11. « L’Archevêque de Bordeaux condamne la culte de N-D. des Pleurs », Le Matin, , p. 3 (lire en ligne sur Gallica).
  12. Archives de Bordeaux Métropole, Le procès de Notre-Dame des Pleurs, 1920, IX-h 773
  13. « Comment l'abbé Desnoyer entra en relation avec Marie Mesmin », Mémorial de la Loire et de la Haute-Loir, , p. 6 (lire en ligne).
  14. « Le curé de Bombon explique au juge d'instruction ses relations avec Marie Mesmin », L’œuvre, , p. 3 (lire en ligne sur Gallica).
  15. « Le curé de Bombon expose au juge la genèse de ses relations avec les flagellants », Le Journal, , p. 1 (lire en ligne sur Gallica).
    • « Le curé de Bombon vient de mourir à 90 ans », Sud-Ouest, , p. 2.
  16. Bernard Oudin, Défendre ! : le temps du barreau, place des éditeurs, , 523 p. (ISBN 9782262042844, présentation en ligne).
  17. [vidéo] Trompette en bois sur YouTube
  18. « Texte de : Le martyr de la flagellation »
  19. F. Montagnon' sur data.bnf.fr
  20. « Ils ont fouetté Monsieur le curé », sur Patrimoine orale
  21. Léon Bonnenfant sur data.bnf.fr
  22. [vidéo] Elle s'était fait couper les cheveux sur YouTube
  23. P. Cheminau, « Et l’on sen ... voûte  ! », La Vie Bordelaise, no 1770, (lire en ligne).
  24. Seillon, « Les Marie-Mesmin Girls, farce grivoise », sur Portail des Arts de la Marionnette
  25. « Lavoir de la république - Lormont », sur Lormont.fr
  26. Guy Suire, « Mots d'ici », Sud-Ouest,

Annexes

Articles connexes

Liens externes



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