Maria von Maltzan

Maria Helene Françoise Izabel comtesse de Maltzan, baronne de Wartenberg et Penzlin (née le près de Milicz, morte le à Berlin) est une biologiste, vétérinaire et résistante allemande au nazisme.

Biographie

Maria von Maltzan est la plus jeune des sept enfants nés au château de Militsch. Son père est Andreas von Maltzan et sa mère, Elisabeth von der Schulenburg.

Maltzan grandit près de la nature des douze domaines de son père. Elle a une relation cordiale avec son père alors qu'elle ne s'entend pas avec sa mère et son seul frère. Très tôt, elle se distingue par sa nature rebelle et non conventionnelle. Surtout l'injustice et la violence contre les plus faibles et les animaux l'émeuvent enfant, de la même manière que son père qui est considéré très social.

La jeune Komtess va d'abord dans un pensionnat à Warmbrunn puis poursuit sa scolarité au Kirstein-Lyzeum de Berlin. Contre la volonté de sa mère - le père meurt en 1921 - au lieu d'une école pour les filles bourgeoises, elle s'inscrit au lycée scientifique Elisabeth à Berlin-Kreuzberg et obtient en 1927 l'abitur. Elle a étudie d'abord à Breslau, à partir de 1928 à Munich la zoologie, la botanique et l'anthropologie. En 1933, elle reçoit son doctorat en ichtyologie auprès de Reinhard Demoll avec une thèse sur la biologie et la physiologie de la carpe commune. Cependant à cause d'activités dans la résistance contre le national-socialisme, elle ne trouve aucun emploi dans un institut scientifique.

Par le biais du jésuite Friedrich Muckermann, elle entre en contact avec la résistance catholique. Elle apporte des informations illégales sur Adolf Hitler entre Starnberg et Innsbruck. En 1934, elle voyage en voiture avec un ami via la France et l'Espagne en Afrique : pendant un an à travers le Maroc, l'Algérie, le Sahara, la Libye, l'Egypte et le retour.

De retour à Munich, elle s'installe - fumant la pipe et le cigare - dans les milieux bohèmes, a de nombreuses affaires et travaille en tant que traductrice, journaliste indépendante et éditrice. Elle travaille comme palefrenière et est embauchée comme doublure pour des scènes d'équitation au Bavaria Film. En 1935, elle épouse l'acteur et humoriste Walter Hillbring et s'installe à Berlin et travaille dans l'édition. Ils se séparent l'année suivante : Hillbring revient à Munich, Maltzan reste dans la capitale.

Après la nuit de Cristal du 9 au , elle suit une formation de secouriste à la Croix-Rouge. Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939, Maltzan est d'abord envoyée à la Poste, puis au service de recherche de la Croix-Rouge allemande. En 1940, elle commencé à étudier la médecine vétérinaire à Berlin, qu'elle achève en 1943 avec l'examen d'État. Elle travaille en cabinet et dans une association de protection des animaux.

À Berlin, Maria von Maltzan est en lien avec la Résistance. En 1937, elle accueille d'abord un homme libéré d'un camp de concentration. À partir de 1942, elle cache son ami éditeur Hans Hirschel, d'origine juive, dont elle était enceinte, et deux autres Juifs dans son appartement de Berlin-Wilmersdorf. L'enfant, né un mois plus tôt, décède lorsqu'une panne d'électricité cause l'arrêt de l'incubateur où il est couché.

En coopération avec l'Église de Suède (Victoriakirche à Wilmersdorf), Maltzan aide les persécutés nazis à s'échapper, a de faux passeports et les conduit à travers les égouts de Berlin. En outre, elle prend part à l'« Aktion Schwedenmöbel », au cours de laquelle des juifs et des personnes politiquement persécutées se cachent dans des boîtes de meubles lors de déménagment de citoyens suédois. On peut supposer qu'elle a aidé de diverses manières à sauver environ 60 personnes persécutées politiquement ou racialement.[1] Les alliances de Maltzan pour résister au national-socialisme ne sont pas liées à une idéologie politique spécifique. Les contacts vont des communistes au cercle de Kreisau. D'un autre côté, son frère est nazi.

Pendant les derniers mois de la guerre, Maltzan aide les réfugiés et les déserteurs et organise une soupe populaire pour les travailleurs forcés dans l'arrière-cour de sa maison au 11 Detmolder Straße qui est détruite.

Après la guerre, elle travaille en tant que vétérinaire dans son cabinet d'abord dans la zone soviétique qui devient britannique. Elle ne peut revenir à Militsch : son frère est mort, la propriété est en grande partie perdue et la famille divisée. En 1945, Milicz est placé sous administration polonaise.

En 1947, Maria von Maltzan épouse Hans Hirschel, ils divorcent en 1949 puis se marient à nouveau en 1972. La vétérinaire doit abandonner son métier : à cause d'une pharmacodépendance, elle est mise de force dans un hôpital psychiatrique plusieurs fois et perd la licence. Après avoir retrouvé son permis de vétérinaire, elle voyage avec un cirque à travers la campagne et travaille au jardin zoologique de Berlin. À l'âge de 50 ans, elle est vacataire en Allemagne et en Suisse. Après la mort de son mari en 1975, elle ouvre son propre cabinet vétérinaire près du Kurfürstendamm, fréquenté par des célébrités (également issues du quartier de prostitution). Elle s'installe à Berlin-Kreuzberg à partir de 1981 dans un petit cabinet vétérinaire. Elle soigne gracieusement les animaux des punks. À l'extérieur d'une nature plutôt bourrue et tempérée, elle fait campagne pour les personnes socialement exclues et les personnes issues de l'immigration dans son quartier et entre souvent en conflit avec les autorités.

Maria von Maltzan publie ses mémoires en 1986. En 1987, elle est honorée du titre de Juste parmi les nations.

Postérité

Le film Caché du réalisateur Michael Haneke sorti en 2005 s'inspire de l'histoire d'amour de Maria von Maltzan, Jacqueline Bisset incarne la comtesse. Dans Rosenstrasse de Margarethe von Trotta en 2003, elle est représentée par le personnage de Lena Fischer.

En 1999, une plaque est posée au 11 Detmolder Straße à Berlin. En 2008, la caserne de l'École pour chiens de service de la Bundeswehr prend son nom.

Annexes

Articles connexes

Notes et références

Références

  1. (en) Maria von Maltzan sur le site Yad Vashem
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