Marguerite Aron

Marguerite Aron, née le à Paris 9e arrondissement et morte le à Auschwitz en Pologne, est professeure et femme de lettres française, auteure d'ouvrages de morale chrétienne. Elle est issue d'une grande famille israélite, humaniste et républicaine.

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Entre 1912 et 1940, Marguerite Aron est lauréate d'un certain nombre de Prix littéraires tout en exerçant en tant que professeure en particulier au lycée Victor Duruy.

Marguerite Aron est citée au Panthéon de Paris sous l'inscription des « Écrivains morts pour la France pendant la guerre 1939-1945 »[1],[2],[3].

Biographie

Marguerite Elisa Aron est née le à Paris 9e arrondissement Rue Richer. Sa famille est juive, laïque et républicaine. Elle est la fille d'Adolphe Aron (1836-1900) et d'Albertine Gaus (1846-1916) son épouse d'origine Allemande. Son père Adolphe ajouta à son nom celui de Hauser pour s'appeler Adolphe Aron-Hauser, il était commerçant mais avait aussi le gout de l'écriture et de l'histoire, il écrit en 1869 "la Renaissance des émules d'Hiram" [4],[5] un texte sur la légende d'Hiram ; une loge maçonnique sous le second Empire du Grand Orient de France[6].

Marguerite Aron est également la nièce d'Henry Aron (1842-1885) le plus jeune de la fratrie de son père Adolphe, Henry est publiciste c'est-à-dire journaliste mais surtout rédacteur en chef du Journal Officiel avant qu'il ne devienne publication de l'Etat. Marguerite est aussi la cousine de l'économiste, historien, géographe et Professeur d'université successivement à Clermont-Ferrand, à Dijon, et à la Sorbonne Henri Hauser (1886-1946) dont la mère Zélia Aron est la petite sœur de son père Adolphe Aron. Henry Aron et Henri Hauser sont tous deux Normaliens (anciens de Normal Sup) comme le sera leur nièce et cousine Marguerite Aron.

Parcours professionnel

Après son agrégation de lettres en 1897 et jusqu'à 1908, elle est professeure à Niort, puis à Reims, puis à Versailles, à Paris au Lycée Molière et enfin au lycée Victor Duruy où elle reste de 1917 à sa retraite en 1933.

Plaque du Lycée Victor Duruy

Femme de lettres, elle publie « Journal d’une Sévrienne » récompensé par le Prix Montyon l’Académie Française en 1912. Dans cet ouvrage, Marguerite s'interroge sur le meilleur modèle d'éducation pour les enfants. Elle voulait dans son ascétisme originelle que "l'éducation des enfants soit confiée à des hommes et des femmes vivant à part du Siècle et ignorant ses infirmités"[7].
Elle publie par la suite en 1925, « Le triptyque de Solesmes », petit ouvrage dans lequel elle met en scène trois personnages : le curieux, l’esthète et l’homme de bonne volonté[8].
Marguerite Aron écrit un certain nombre d'ouvrages suite au Journal d'une Sévrienne, dont la plupart seront récompensés par des prix littéraires tels un animateur de la jeunesse au XIIIe siècle. Bx Jourdain de Saxe ouvrage qui obtint le Prix Bordin en 1931. Puis ce fut le tour du livre L’Église et l’Enfant qui fut récompensé par le Prix Fabien en 1934, ensuite c'est l'ouvrage Prêtres et religieuses de Notre-Dame de Sion le Prix Juteau-Duvigneaux en 1937, et enfin c'est avec le titre les Ursulines qu'elle remporta en 1940, le Prix Constant-Dauguet qui est un ancien prix de philosophie[9].
Ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres (13ème promotion en 1893)[10], à partir de 1930, elle mena une carrière, dans l'enseignement public pendant plus de 35 ans, à laquelle elle se voua avec une grande ardeur, en particulier, lorsqu'elle fut professeur au Lycée Victor Duruy (Paris 7ème), en parallèle de sa carrière d'écrivain.

Marguerite Aron prit sa retraite en Juillet 1933 en tant que professeur honoraire du lycée Victor Dury. En 1936, elle quitta Paris pour s’installer à Solesmes dans la Sarthe. Elle y achète une maison proche de l'Abbaye Bénédictine Saint-Pierre de Solesmes fondée au XIe Siècle [11],[12],[13] pour y passer ce qu'elle pensait être une retraite paisible. Elle ouvre ce qu’elle appelle son « Petit-Logis Saint Paul » ouvert aux étudiantes et aux amies[14].

Conversion

Un moment fort de sa vie fut que Marguerite se convertit au catholicisme le 20 Juin 1914 à l’âge de 41 ans en se faisant baptiser dans la Chapelle des bénédictins à Paris dans le 7ème Arrondissement.[15],[16],[17],[18] Madeleine Berthon, sa biographe indique que Marguerite fut frappée par la démarche spirituelle de Charles Péguy [19],[20] et Paul Claudel[21],[22].
Pour Claudel, cela est confirmé dans le livre de Loukia Efthymiou professeur à l'université d'Athènes dans son étude sur 'l'impact spirituel de Paul Claudel sur le milieu enseignant féminin entre les deux guerres'[23].

de Solesmes à Auschwitz

Cependant, vers la fin de la seconde guerre mondiale, en 1944, le maire de Solesmes de l'époque, réquisitionna sa maison afin d'y loger des officiers allemands. Ceux-ci y découvrirent ses origines juives.
De ce fait, Marguerite fut alors arrêtée par la Gestapo [24],[25] le matin du au moment où elle sortait de la messe, devant la porte d'entrée de l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes avec une de ses amies française et catholique la comtesse Elisabeth Cahen d'Anvers, elle aussi, convertie au catholicisme depuis 1895 [26]. Marguerite et la comtesse, toutes deux, catholiques convaincue et soucieuses d'élégance, ne portaient pas d'étoile jaune. Le révérend Père Dom Cozien abbé de l'Abbaye de Solesmes de 1921 à 1960, se rendit au Mans, à la Kommandantur [27], s'efforça d'intervenir en plaidant pour qu'on les relâche mais rien n'y fit.
Marguerite Aron et Elisabeth Cahen d'Anvers furent toutes deux emmenées au camp d'Auvours à Champagné à 12km du Mans qui servit de "dulag" c'est-à-dire de camp de transit, puis arrivèrent au Camp de Drancy (Seine Saint Denis) le soit 4 jours après leur arrestation.
Et, toutes deux, furent d'abord détenues au camp de Drancy plaque tournante de la déportation pendant 10 jours. Puis Marguerite Aron repart, seule, de Drancy le par le convoi numéro 68 qui comprenait quinze cents personnes dont 279 jeunes de moins de 19 ans" (selon François Renault dans son livre : notre objet a) vers Auschwitz où elle arrive le 13 février 1944. Deux jours plus tard, elle succomba dans la chambre à gaz le à l'âge de 71 ans [28],[29],[30],[31].

Souvenir à Solesmes

Depuis 2001, la municipalité de Solesmes a fait apposer une plaque de commémoration sur la façade de son domicile pour lui rendre hommage régulièrement[32],[33].

Citation au Panthéon de Paris

Dans la liste des personnes citées au Panthéon de Paris, Marguerite Aron figure parmi les Écrivains morts pour la France[34],[35].

Ouvrages [36]

  • École d'assistance aux malades... Malades et gardes-malades (psychologie pratique et professionnelle), causeries des... 13 et 20 janvier 1910, par Mlle Marguerite Aron,... Texte imprimé / Paris Fischbacher 1910
  • Le journal d'une Sévrienne, Alcan, 1912 – Prix Montyon 1912 de l'Académie française
  • Bienheureux Jourdain de Saxe : lettres à la B. Diane d'Andalo (1222-1236) Desclée de Brouwer et cie, 1924
  • Le Triptyque de Solesmes, Desclée de Brouwer et cie, 1925
  • Sur les heures dominicaine, Desclée de Brouwer et cie, 1926 avant-propos d'Henri Gheon
  • Un animateur de la jeunesse au XIIIe siècle: vie, voyages du Bx Jourdain de Saxe, maître-ès-arts à Paris et général des frères prêcheurs de 1222 à 1237, Éditions Desclée de Brouwer et cie, 1930 – Prix Bordin 1931 de l’Académie française
  • Chemin de croix. XIV héliogravures d'après les originiaux en chêne sculpté de Raymond Dubois dans l'église de Pont d'Ouilly (Calvados). Aron, Marguerite, Raymond Dubois Éditions Desclée de Brouwer et cie 1932
  • L’Église et l’Enfant, Bernard Grasset, 1934 – Prix Fabien 1934 de l'Académie française
  • Prêtres et religieuses de Notre-Dame de Sion, Bernard Grasset, 1936 – Prix Juteau-Duvigneaux 1937 de l'Académie française
  • Image de la Mère Marie de Saint-Julien Aubry, ursuline de Blois et fondatrice de l'Union romaine 1850-1914 : d'après des extraits de ses lettres et des fragments de ses écrits Éditions Spes , 1939
  • Les Ursulines, Bernard Grasset, 1937 – Prix Constant-Dauguet 1940 de l'Académie française
  • Image de la Mère Marie de Saint-Julien Aubry, Ursuline de Blois et fondatrice de l'Union romaine, 1850-1914, d'après des extraits de ses lettres et des fragments de ses écrits Paris, Éd. Spes, 1939, p. 18-29[37].
  • St. Dominic's Successor: The Life of Blessed Jordan of Saxony Éditions US Lulu.com 2018 (Paperback)

Bibliographie

  • Madeleine Berthon[38] (préf. Françoise Mayeur), De Solesmes à Auschwitz : Marguerite Aron 1873-1944, Cerf, , 156 p. (ISBN 978-2204047579).

Extrait sur Marguerite Aron dans

  • François Regnault, Notre objet a, , 48 p. (ISBN 978-2-86432-398-3).

Article sur Marguerite Aron

  • Dr Edouard Belaga Dr Ekaterina Belaga, Professor Marguerite Aron - Jewish Catholic Martyr of Nazism (1873-1944), [39].

Notes et références

  1. https://www.lesecrivainscombattants.fr/images/lieux/pantheon.pdf
  2. https://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/resultcommune.php?pays=France&idsource=50356&insee=75105&dpt=75&table=bp
  3. « Liste Des Personnes Citées Au Panthéon De Paris », sur Dictionnaires et Encyclopédies sur 'Academic' (consulté le )
  4. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10000007s/f106.image
  5. https://www.lepoint.fr/politique/hiram-un-heros-franc-macon-venere-04-02-2011-130552_20.php
  6. https://data.bnf.fr/fr/see_all_activities/11359819/page1
  7. http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/recherche-et-formation/RR052-06.pdf
  8. https://data.bnf.fr/fr/12059473/marguerite_aron/
  9. http://www.academie-francaise.fr/marguerite-aron
  10. https://www.archicubes.ens.fr/lannuaire#annuaire_chercher?identite=Aron.
  11. https://www.abbayedesolesmes.fr
  12. https://francearchives.fr/fr/commemo/recueil-2010/39381
  13. https://www.solesmes72.fr/mod_turbolead/upload/file/mille%20ans%20hist%2020%2021%202009%202010.pdf
  14. https://www.researchgate.net/figure/Homemaide-icon-of-Saint-Paul-at-the-front-of-Marguerite-Arons-PetitLogis-Saint-Paul_fig2_334277554
  15. https://editions-verdier.fr/livre/notre-objet-a/
  16. François Renault philosophe conte la conversion de Marguerite Aron dans son livre "notre objet a"
  17. https://www.cairn.info/journal-archives-juives1-2002-1-page-102.htm
  18. https://societe.paul-claudel.net/homme/foi/
  19. http://charlespeguy.fr/La-dent-du-dieu-qui-mord
  20. https://www.radiopresence.com/emissions/foi/temoignages/des-cles-pour-vivre/article/des-cles-pour-vivre-39741
  21. https://fr.aleteia.org/2017/05/30/les-grands-convertis-de-la-litterature-paul-claudel/
  22. https://www.evangelium-vitae.org/documents/faq/18/comment-s-est-passe-la-conversion-de-paul-claudel-.htm
  23. https://www.jstor.org/stable/45087393?seq=1
  24. https://www.researchgate.net/publication/334277287_Professor_Marguerite_Aron_-_Jewish_Catholic_Martyr_of_Nazism_1873-1944_2019-07-26_copy
  25. https://www.solesmes72.fr/mod_turbolead/upload/file/guerre%2015%202004.pdf
  26. https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/solesmes-72300/la-memoire-de-marguerite-aron-honoree-1979211
  27. http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Abbaye%20Saint-Pierre%20de%20Solesmes/fr-fr/
  28. Ma petite France: Chronique de la vie ordinaire sous l'occupation. Pierre Péan
  29. Pierre Péan, Ma petite France : Chronique d'une ville ordinaire sous l'Occupation, , 320 p. (ISBN 978-2-226-42397-9, lire en ligne), p. 125.
  30. Karine Macarez, Shoah en Sarthe, , 148 p. (ISBN 978-2-84478-486-5, lire en ligne), p. 96.
  31. Shoah en Sarthe de Karine Machinez page 96
  32. https://lavoiedelecir.fr/metamorphic-rock-ziyodw/exposé-sur-le-panthéon-de-paris-fd9a24
  33. http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/03/14/Ce-jour-au-Panthon
  34. https://www.idref.fr/028843150
  35. https://www.erudit.org/en/journals/ltp/1997-v53-n2-ltp2158/401074ar.pdf
  36. https://data.bnf.fr/fr/12359487/madeleine_berthon/
  37. https://catholicstand.com/marguarite-aron-jewish-martyr-and-catholic-saint/

Liens externes

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