Marcella Maltais

Marie Denise Marcella Maltais est une peintre canadienne née à Chicoutimi le 9 octobre 1933[1] et morte à Québec le 19 septembre 2018[2].

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Biographie

La formation

Marcella Maltais est née à Chicoutimi en 1933. En 1937, la famille déménage à Rivière-du-Loup, Marcella y passe une enfance heureuse cependant assombrie par le décès de sa sœur cadette. En 1943, nouveau déménagement, la famille s'établit à Québec. En 1946, durant ses études secondaires, elle suit les cours pour enfants du samedi de l'École des beaux-arts de Québec[3], où elle rencontre Jean Paul Lemieux. À la fin de ses études, en 1949, elle travaille dans des bureaux professionnels le jour et s'inscrit aux cours du soir et aux cours libres de l'École des beaux-arts de Québec, où enseigne Jean Dallaire[4]. C'est lui qui la motive et l'influence durant cette période charnière qui marque le début de sa carrière.

En 1953, avec deux amies artistes, elle loue un atelier au 7 de la rue des Remparts[4] et expose quelques œuvres au Café de la Paix, lieu fréquenté par les intellectuels et les artistes de la ville. À l'été, elle plante son chevalet dans la région de Charlevoix et à l'île d'Orléans en compagnie de ses amis François Soucy, Claude Picher, Edmund Alleyn et J. Leboeuf. En mars 1955, dans le foyer du Palais Montcalm de Québec, elle participe à une première exposition de groupe avec Pierrette Fillion, Jeanne Belleau, Élyane Roy et Micheline Drouin.

Montréal et l'abstraction

En 1955, elle quitte Québec pour s'installer à Montréal, rue Sherbrooke. Sa peinture évolue alors vers l'abstraction. Elle rencontre les peintres automatistes, entre autres Molinari, Tousignant, Ferron, Letendre, et expose ses toiles, peintes au couteau, dans plusieurs galeries de Montréal. Elle expose ses œuvres avec celles du sculpteur Fraçois Soucy au Musée des Beaux Arts de Montréal et aussi avec Armand Vaillancourt à la galerie Denise Delrue. Elle est vite connue et reconnue comme une des plus talentueuses jeunes peintres du Québec. Les critiques relient sa recherche à celle de Borduas et de Riopelle[5],[6],[7] et on souligne sa force d'expression et son originalité[4].

Paris, Montréal

En 1958, Marcella Maltais réalise un rêve et s'installe à Paris[3] avec son mari musicien Jean Préfontaine. Elle y rencontre Paul-Émile Borduas, son voisin de quartier, et les artistes du tout Paris: Riopelle, Giacometti, Becket, Yves Klein, etc. À Paris, elle découvre le quartier du Canal Saint-Martin et l'Hôtel du Nord, c'est un coup de cœur. Les années d'installation à Paris sont entrecoupées de voyages et d'expositions au Canada et à Paris. En 1962, elle se retrouve en page couverture du magazine Châtelaine dans le cadre d'un reportage sur les femmes peintres du Québec. Les années à Paris seront financièrement précaires mais riches des rencontres avec de nombreux artistes, peintres et écrivains. Ne disposant pas d'un atelier, elle se consacre surtout aux œuvres de petites dimensions, dessins et collages.

Hydra et le retour à la figuration

En 1960, lors de son premier voyage en Grèce, elle découvre l'île d'Hydra, sa lumière et sa faune artistique[8]. Elle y fait la rencontre du peintre grec Tzaroukis et développe de nouvelles amitiés avec des peintres et écrivains dont Leonard Cohen, Marios Loizides, Margarita Liberaki, Mélusine Claudel, Adreas Phocas. Elle y achète une maison en ruine qu'elle restaure peu à peu afin de s'y faire un atelier. Désormais, elle y séjournera plusieurs mois par année, ses tableaux deviennent alors plus clairs, mais l'abstraction la mène à un mur, elle en a fait le tour et se retrouve dans une impasse[4],[9],[10].

Et c'est en 1968, devant sa fenêtre, qu'un paysage lumineux s'impose[4]. Machinalement, elle prend ses pinceaux et peint la lumière de ce paysage, c'est une révélation. Dans ses Notes d'atelier elle écrira[10] : "Quelle découverte primordiale et simple, et comme en vain je cherchais dans les tréfonds de mon angoisse ce qui était là, tout près, de ma fenêtre sur le monde". Elle redécouvre le goût de peindre et la voilà de retour à la peinture figurative qui priorise la lumière[11],[12],[13],[14].

Québec, Paris, Hydra

En 1972, lors d'un passage au Québec, elle visite son frère Michel qui habite avec des amis une vieille maison québécoise à Saint-Isidore de Beauce. Elle a un coup de cœur pour la maison et l’achète pour une bouchée de pain. Elle y installe un atelier dans une remise avant de faire construire l'atelier dit « Les trois mélèzes » en 1985. Elle découvre alors une nouvelle lumière, celle du paysage québécois. Elle plante également son chevalet dans le vieux Québec, témoin de ses premiers pas en peinture dans les années 1950. À partir de ce moment, elle partage sa vie entre trois pays et trois lumières: la France, la Grèce et le Québec[4],[13].

À Paris, elle a enfin trouvé un logement convenable dont une pièce est convertie en atelier, ce qui lui permet de réaliser enfin des œuvres de grand format, dont la série des « Chez Julien », le triptyque du « Voyage au bout de la Seine » et de nombreux autres. Elle multiplie les expositions à Québec, Montréal et en France (Paris, Bordeaux, Honfleur, Angers). En 1971, invitée par Hydro-Québec à Manic 5 elle y réalise un grand diptyque du barrage. Lors d'un voyage à Matonipi, en 1995, elle est éblouie par la vue aérienne du paysage nordique et la lumière qui s'en dégage. L'année suivante, elle termine une série de 20 toiles intitulée « Taïga ». Ce polyptyque, ainsi que plusieurs autres, où la lumière est l'objet principal, se retrouvent dans des collections privées. Mentionnons, entre autres, « La marche du soleil », polyptyque de sept tableaux peint en Grèce, de même que « Au quai de Jemmapes, triptyque de trois tableaux, sur sa vision de Paris et la Seine.

Se situant à contre-courant des tendances picturales du moment, sa peinture et ses écrits[13] ouvrent un débat sur la place de la figuration dans l’art actuel[15],[16],[17],[18]. Convaincue de la pertinence de sa démarche artistique, elle poursuit son œuvre qui ne cesse d'évoluer dans la touche et la couleur[19]. Dans cette recherche, sa nouvelle peinture est appuyée par de nombreux mécènes et collectionneurs.

Ses œuvres se retrouvent dans un grand nombre de collections corporatives et privées, ainsi que dans des musées et institutions publiques.

Expositions

  • 1956 - Galerie l'Actuelle, Montréal
  • 1957 - Musée des beaux-arts de Montréal, Montréal
  • 1858 - Galerie Denyse Delrue, Montéal
  • 1960 - Galerie Agnès Lefort, Montréal
  • 1961 - Galerie Nees Morphes, Athènes, Grèce
  • 1962 - Galerie Agnès Lefort, Montréal
  • 1963 - Cameron Gallery, Toronto
  • 1964 - Galerie Camille Hébert, Montréal
  • 1966 - Galerie Soixante, Montréal
  • 1967 - Atlantic Provinces Art circuit
  • 1969 - Galerie Pierre Domec, Paris
  • 1972 - Galerie l'Apogée, St-Sauveur
  • 1972 - Centre culturel canadien, Paris
  • 1978 - Galerie Obliques, Paris 1978 - Centre culturel canadien, Paris
  • 1979 - Centre culturel de l'ouest Aquitaine, Bordeaux
  • 1980 - Galerie Obliques, Paris 1980 - Galerie Walter Klinkhoff, Montréal
  • 1984 - Services culturels du Québec, Paris 1984 - Galerie Walter Klinkhoff, Montréal
  • 1986 - Centre culturel canadien, Paris
  • 1986-88 - Paris, Honfleur, Anjou
  • 1989 - Galerie d'art Lavalin
  • 1989 - Musée du Saguenay-Lac-Saint-Jean
  • 1989 - Moulin seigneurial de Pointe-du-Lac, Pointe-du-Lac
  • 1989 – Galerie Walter Klinkhoff, Montréal
  • 1989 – Galerie Francis-Alexandre, Ottawa 1991 - Galerie Madeleine Lacerte, Québec
  • 1991 - Galerie Francis Alexandre, Ottawa
  • 1992 - Festival de peinture, Mascouche
  • 1997 - Musée du Bas-Saint-Laurent, Rivière-du-Loup
  • 2000 - Galerie Artimus, Paris
  • 2000 - Grand Théâtre d'Angers
  • 2001 - Galerie Artimus, Paris
  • 2002 - Voyage au bout de la Seine et Taiga exposés à Paris
  • 2006 - Galerie Montcalm, Gatineau 2010 - Maison Hamel-Bruneau, Québec

Expositions de groupe

  • 1955 - Palais Montcalm, Québec
  • 1959 - « Aspects de la peinture canadienne », New York
  • 1960 - Exposition du prix Guggenheim, New York
  • 1964 - Biennale de Paris
  • 1966 - Festival des Arts plastiques sur la Côte d'Azur
  • 1970 - « Six peintres de Montréal », Paris

Collections publiques

Écrits de l'artiste

  • Les aventures de Bec d'Aigle, le cerf-volant du Brésil, Editions Dorikos, Athènes, 1985
  • Notes d'atelier Éditions du Beffroi, 1991
  • L'Hôtel crève-coeur Éditions du Lac, Tirage limité à 1000 ex. dont 10 ex. (num. 1 à 10) sont signés par l'artiste[22]
  • Rivière-du-Loup couleur sépia Éditions du Lac, 1997[23]

Prix

  • 1955 - Prix du Québec
  • 1959 - Montréal : Prix de la jeune peinture
  • 1960 - Montréal : prix du Club des Arts
  • 1960 - Vichy : Prix de l'Exposition internationale féminine
  • 1960 et 1963- Bourses du Conseil des Arts du Canada

Entrevues à la télévision

  • 1991 - Radio-Canada, La bande des six, Jean Claude Leblond
  • 1992 - Janvier - Jean-Noël Tremblay, Radio-Canada???
  • 1992, janvier - Robert Bernier, Radio-Canada ???
  • 1992, 29 sept -Télé Québec, Télé Service,
  • 1993, 26 oct. - TV 5
  • 1994, 4 déc. - Radio-Canada, En toute liberté
  • 1995, nov. - Sous la couverture, Radio-Canada???

Entrevues à la radio

  • 1988 - Invité à France-Culture pour une série de cinq entretiens de trente minutes. Ces entretiens seront diffusés à Radio-Canada en 1989

Notes et références

  1. « Acte de baptême de Marie Denise Marcella Maltais de l'année 1933 » [archive], sur Ancestry, 9 octobre du registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse Saint-François-Xavier de Chicoutimi 1933. Marcella Maltais a été baptisée le 9 octobre 1933 et est née ce même jour. », sur ancestry.ca (consulté le )
  2. Catherine Lalonde, « Décès de la peintre Marcella Maltais », Le Devoir, (lire en ligne)
  3. Robert, Guy, 1933-, La peinture au Québec : depuis ses origines, Iconia, (ISBN 2-89001-001-5 et 978-2-89001-001-7, OCLC 5444511, lire en ligne)
  4. Bernard Lamarre (préface), Marcella Maltais, Mon itinéraire, Galerie d'Art Lavalin,
  5. Rodolphe de Repentigny, « À L'Actuelle », La Presse,
  6. Rodolphe de Repentigny, « Exposition au MBAM », La Presse,
  7. Rodolphe de Repentigny, « À la galerie Delrue, Les tableaux de Marcella Maltais », La Presse,
  8. Nathalie Petrowski, « Marcella Maltais, De St-Isidore à l'île d'Hydra », Le Devoir,
  9. Michel Camus, « Entretiens avec Marcella Maltais », Obliques, no 16-17,
  10. Marcella Maltais, Notes d'atelier, Beauport, Éditions du Beffroi, , 127 p.
  11. Jean-Pierre Duquette, « Marcella Maltais et la transfiguration », Vie des arts, vol. 29, no 117, , p. 54–55 (ISSN 0042-5435 et 1923-3183, lire en ligne, consulté le )
  12. Madeleine Dubuc, « La lumière et le détachement », La Presse,
  13. Jean Royer, « Marcella Maltais, Les états de la lumière », Le Devoir,
  14. Jérôme Peignot, « Le secret de la nature morte », Obliques, no 16-1,
  15. Jacques Dufresne, « Les arts coincés entre Duplessis et Borduas », La Presse,
  16. Jacques Dufresne, « Un « rack à viande » subventionné », La Presse,
  17. Jean-Claude Leblond, « Arts visuels : De la grande noirceur à l'opaque grisaille de nos jours », La Presse,
  18. Marcella Maltais, « Lettre ouverte aux imposteurs de la modernité, », La Presse, 16 décembre 1991.
  19. Jacques de Roussan, « Avec Marcella Maltais : la sublimation de la lumière », Vie des arts, vol. 33, no 134, , p. 41–43 (ISSN 0042-5435 et 1923-3183, lire en ligne, consulté le )
  20. « Maltais, Marcella | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur Collections | MNBAQ (consulté le )
  21. « Marcelle Maltais | Collection Musée beaux-arts du Canada », sur www.beaux-arts.ca (consulté le )
  22. Maltais, Marcelle, 1933-, L'hôtel crève-coeur, Éditions du Lac, (ISBN 2-9804544-0-0 et 978-2-9804544-0-0, OCLC 32393433, lire en ligne)
  23. Maltais, Marcelle, 1933-, Rivière-du-Loup couleur sépia, Éditions du Lac, (ISBN 2-9804544-1-9 et 978-2-9804544-1-7, OCLC 36992400, lire en ligne)

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