Maki-e

Maki-e (蒔絵, littéralement: « peinture parsemée », ou « image saupoudrée ») est une forme de l'art du laque , un art pratiqué au Japon. La surface laquée est parsemée de poudre d'or ou d'argent, à l'aide d'un makizutsu ou d'un pinceau kebo. La technique a été développée principalement à l'époque de Heian (794–1185) et s'est épanouie à l'époque d'Edo (1603–1868). Les objets maki-e ont été initialement conçus comme articles d'intérieur pour les nobles de la cour. Ils gagnèrent rapidement en popularité et furent adoptés par les familles royales et les chefs militaires comme un symbole du pouvoir.

Support de miroir, laque maki-e à décor d'éventail. Époque d'Edo (1603-1868), 17e s. Musée national de Tokyo

Art du maki-e

La laque est étalée sur une âme de bois en plusieurs couches, avec des épaisseurs, des temps de séchages variables, et avec le ponçages au charbon de bois. La technique du décor maki-e, consiste à semer de la poudre métallique ou de laque séchée et pulvérisée[1] sur un décor préalablement dessiné en laque rouge encore humide sur fond de laque noire, sèche. Le tout est recouvert, après séchage, d’autres couches de laque qui seront poncées. Pour finir on recouvre le tout de laque claire[2].

Soit le résultat final est totalement plat, et c'est le décor en togidashi maki-e, soit le décor joue sur des reliefs plus ou moins saillants, et c'est le décor en shishiai togidashi maki-e[3].

Pour créer différentes couleurs et textures, les artistes maki-e utilisent une variété de poudres métalliques, notamment d'or, d'argent, de cuivre, de laiton, de plomb, d'aluminium, de platine et d'étain, ainsi que leurs alliages. Des tubes de bambou et des brosses douces de différentes tailles sont utilisés pour dessiner des lignes fines (poils de souris ou de lapin), ou plus larges (en poils de chat) pour remplir le dessin. Un pinceau large et circulaire (kebô), de l'ouate (mawata) ou un tube (funzutsu) sert à déposer des poudres[3]. L'usage de l'or en poudre permet des dégradés et des nuances. On peut ainsi « peindre », et obtenir des résultats comparables à ceux de la couleur sur la soie ou le papier[4].

Comme il faut un savoir-faire artisanal pour produire une peinture maki-e, les jeunes artistes suivent généralement de nombreuses années de formation pour développer leurs compétences et devenir finalement des maîtres en maki-e. Kōami Dōchō (1410–1478) fut le premier maître de laque associé à des œuvres spécifiques. Ses travaux de maki-e ont utilisé des dessins de divers peintres japonais contemporains. Kōami et un autre maître maki-e, Igarashi Shinsai, ont été les créateurs des deux principales écoles de laque de l'histoire du Japon.

Histoire des techniques

Écritoire à décor de pont flottant et calligraphie. Attribué à Hon'ami Kōetsu (1558-1637). Décor en maki-e, feuille de plomb. L. 29,9 ; P. 24,2 ; H. 11,8 cm. Musée national de Tokyo
Shibata Zeshin (1807–1891), Ère Meiji. Copie d'après Hon'ami Kōetsu (1558–1637). Inrō, H 4.8 cm. Maki-e: or, incrustations de nacre, laque noire, bois. MET[6]

Le togidashi maki-e (研出蒔絵), à l'aspect parfaitement plat, est attesté dès l'époque de Nara, et généralement employé à l'époque de Heian[1]. À l'époque de Heian (794-1185), l'art du laque produit de nombreuses innovations, dont les laques d'or maki-e enrichis d'incrustations de nacre (maki-e raden)[7].

À l'époque de Kamakura (1185–1333), la technique du maki-e s'enrichit d'application de motifs d'or sur la nacre (radenji maki-e) qui permet de souligner certains détails[8]. Toujours à l'époque de Kamakura, le kamakurabori consiste en plusieurs couches épaisses de laque rouge, noire ou une association de plusieurs couleurs (noir, rouge, vert, jaune) sur des motifs en bois sculpté[8]. Un autre type spécial de maki-e est le togidashi maki-e, où une couche de laque noire sans huile est appliquée sur la décoration en métal[9], technique qui existe déjà à l'époque de Heian[10]. Une forme de maki-e caractéristique de cette période est l' ikakeji raden dans laquelle la poudre d'or est densément saupoudrée sur une surface laquée et délicatement incrustée de coquille de nacre découpée[11].

Développée au cours de la période Muromachi (1336-1573), le takamakie (ou « maki-e surélevé ») est l'une des trois techniques principales de la fabrication du maki-e. Cette technique consiste à créer des motifs au-dessus de la surface préalablement laquée, au moyen d’un mélange de poudre de métal, de laque, de charbon de bois ou de poussière d’argile[8].

Par ailleurs, le maki-e pouvait être utilisé conjointement avec d'autres techniques. Ainsi dans un trousseau de mariée japonaise du musée Guimet, porte un décor d’éclairs (inazuma) réalisés sur fond noir en laque aventurine (nashiji) et en laque maki-e d’or, sous forme de rinceaux. Le travail de la laque d’or maki-e ou de la laque nashiji de qualité indique qu’il a été fabriqué par un des ateliers de la capitale impériale, Kyoto, dont c’était alors l’apanage[12].

Galerie

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Voir aussi

Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Maki-e » (voir la liste des auteurs). Article complété, et enrichi de références françaises.
  1. Christine Schimizu, 1988, p. 37.
  2. Miyeko Murase, 1996, p. 117. Dans le cas du mélange de laque transparente (suki urushi) et d'huile [...] le polissage n'est pas nécessaire : Christine Schimizu, 1988, p. 35.
  3. Christine Schimizu, 1988, p. 36.
  4. Christine Shimizu, 1988, p. 82
  5. Christine Shimizu, 1988, p. 204
  6. Les petits bateaux qui sillonnent les eaux brumeuses de la rivière Uji apparaissent souvent dans la littérature classique japonaise comme des images de la rusticité et de la vulnérabilité humaine. Ils constituent un motif puissant et récurrent dans les derniers chapitres du Dit du Genji. Cette miniature est une copie d'un modèle de l'artiste Rinpa, Kōetsu, qui s'est inspiré de références littéraires évidentes et les a distillées en des formes frappantes. : notice du musée.
  7. Christine Schimizu, 1998, p. 176
  8. Christine Schimizu, 1998, p. 245
  9. Christine Schimizu, 1998, p. 300
  10. Rose Hempel, 1983, p. 160 qui présente un petit coffre du temple du Kongōbu-ji, en bois laqué noir togidashi et nacre, à décor d'iris en fleurs, de plantes aquatiques et de pluviers en vol.
  11. Boîte à produits cosmétiques en ikakeji raden, époque de Kamakura : . Musée national de Tokyo. H-4445
  12. « Un trousseau de mariée japonais entre au musée », sur MNAAG, musée Guimet (consulté le ).
  13. Boîte rectangulaire à deux niveaux avec coins et couvercle arrondis; le niveau supérieur contient la pierre à encre et le réservoir d'eau; le niveau inférieur est pour le papier; huit ponts conçus d'après le chapitre 9 des Contes d’Ise Iris et ponts de planches.

Bibliographie

  • Rose Hempel (trad. de l'allemand par Madeleine Mattys-Solvel), L'âge d'or du Japon : l'époque Heian, 794-1192, Paris, Presses universitaires de France, (1re éd. 1983), 253 p., 29 cm (ISBN 2-13-037961-3)
  • Miyeko Murase (trad. de l'anglais), L'Art du Japon, Paris, Éditions LGF - Livre de Poche, coll. « La Pochothèque », , 414 p. (ISBN 2-253-13054-0)
  • Christine Schimizu, L'Art japonais, Paris, Flammarion, coll. « Vieux Fonds Art », , 495 p., 28 x 24 x 3 cm env. (ISBN 2-08-012251-7), et le même (à quelques nuances près, la pagination n'est pas la même) en livre de poche : Schimizu, Christine, L'Art japonais, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'art, Histoire », , 448 p., 21 x 18 x 2 cm env. (ISBN 2-08-013701-8)
  • Christine Shimizu, Urushi : Les laques du Japon, Fribourg, Flammarion, , 297 p., 34 cm. (ISBN 2-08-012088-3)

Articles connexes

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