Famille de Beaufort

La famille de Beaufort est une famille noble originaire du Beaufortain, attestée au début du XIIIe siècle. Famille vassale des Faucigny, puis des archevêques-comte de Tarentaise et enfin de la maison de Savoie, ses membres ont porté les titres de vicomtes de Tarentaise (1346), barons de Montailleur, de Salagine et du Bois.

Pour les articles homonymes, voir Beaufort.

Beaufort (de)

Armes.

Blasonnement De gueules au lion d'argent
Branches Beaufort de Villard-Chabot
Période vers le XIIIe siècle
Pays ou province d’origine Beaufortain
Allégeance Maison de Faucigny XIIIe siècle, Archevêques de Tarentaise XIIIe siècle, Maison de Savoie
Fiefs tenus Beaufortain, Héry, La Val d'Isère, Salagine, Villard-Chabod
Demeures Beaufort, Salagine
Charges Chancelier de Savoie, Bailli, châtelain
Fonctions ecclésiastiques abbesse

Histoire

Origine légendaire ou sans preuves

Selon Amédée de Foras « malgré l'illustration de cette famille et le nombre de ses branches (...) aucun [généalogiste] à débrouiller le cahos de sa filiation »[1]. Les Bollandistes reprennent une légende selon laquelle les Beaufort seraient issus de la même souche que les Menthon, faisant reposer cette affirmation sur une Vie se Saint Bernard de Menthon, rédigée par un Richard de la Valdisère[1],[2]. De Foras rappelle que sans preuve « il vaut mieux suivre les probabilités » et penser que ce personnage, Bernard de Menthon, ne soit qu'un « parrain et parent paternel »[3].

Au Xe siècle, on voit apparaître les premiers seigneurs de Beaufort avec la mention d'un Bernard de Beaufort (vers 923), qui auraient érigé leur château afin de combattre les Sarrasins et les aurait chassé[4], vers 942, notamment par l'intercession de la Vierge[5]. Un de ses descendant dresse, au sommet de la colline, une enceinte de bois et de pierre avec une tour carrée, qui donnera place à des remparts flanqués de sept tours à l'origine du château de Beaufort.

Premières mentions

En ce début du XIIIe siècle, le seigneur Guillaume Ier de Beaufort est vassal d'Aimon de Faucigny[6]. Un conflit oppose les Beaufort aux Cornillon[7]. Une paix est signée sous les auspices du sire de Faucigny et de l'archevêque Bernard de Chignin, le [7]. Il est témoin pour le sire de Faucigny en 1225[3] et 1236[8].

Des tensions existent par ailleurs entre Guillaume de Beaufort et l'archevêque de Tarentaise, Herluin de Chignin[6],[9]. Le , une transaction est faite entre le seigneur de Beaufort et l'archevêque, le premier devant reconnaître que « l'archevêque possédait en domaine direct le territoire compris, comme on l'a dit plus haut, entre le Doron, l'Argentine et le bois des Avesnières », mais obtient la suzeraineté sur certaines familles d'Hauteluce[10]. L'abbé Joseph Garin indique qu'à cette occasion Guillaume de Beaufort se reconnaît également vassal de l'archevêque[6]. Il semble aussi être témoin, dans certains actes, du comte Thomas Ier de Savoie et être un proche de son fils, le futur comte Amédée V[6]. La mise en place d'un marché à Saint-Maxime, bourg principal de Beaufort, créé des tensions entre le seigneur et l'archevêque[6], en 1244[9]. À la mort de Guillaume de Beaufort, en 1244, ses biens sont partagés entre la branche aînée et la branche cadette, dites des Outards (de Altaribus)[11].

Seigneurs de Beaufort puis de Tarentaise

En mars 1271, Guillaume III de Beaufort, ne pouvant rembourser une dette contractée auprès du comte Pierre II de Savoie, vend une partie du château ainsi qu'une partie du fief attaché à la Grande Dauphine, Béatrice de Faucigny, pour la somme de 1 525 livres viennoises[12],[13]. En effet, les sires de Beaufort ne pouvant subvenir aux dépenses de leur rang, contractent un emprunt en 1261 auprès du seigneur de Faucigny, Pierre Savoie, estimé à 1 500 livres, mettant ainsi en hypothèque leur château[14],[15],[16]. La seconde partie reste à son frère, Pierre, qui garde ses prérogatives de seigneurs[13]. Deux ans plus tard, le 3 février, nouveau partage entre la Grande Dauphine et le seconde sire de Beaufort à propos de la « poypia[Note 1] du château, de ses courtines et de ses autres édifices »[18]. Béatrice de Faucigny obtient la tour et Pierre de Beaufort garde le « plain-château »[18]. La Dame de Faucigny achète par ailleurs la seigneurie des Outards à la branche cadette[15]. Elle acquiert ensuite la juridiction sur d'Hauteluce en 1274[15].

Le , Jacquemet de Beaufort, en échange de la moitié de son mandement et du château des Outards, siège de la seigneurie, obtient celle de La Val d'Isère[19],[20]. La principale branche s'installe alors dans le château de Séez, centre de la seigneurie[21],[16],[22]. Les sires de Beaufort rachètent le titre de « vicomte de Tarentaise » au comte Amédée V de Savoie, pour 2 000 florins, en 1346[21]. Le titre passe à la famille de Mareschal en 1540, lors de la disparition du dernier héritier des Beaufort[22].

En 1421, Jean de Beaufort est investi, en raison de l'héritage de sa femme Béatrice Dunoyer, des biens et droits sur les seigneuries de Bloye et de Salagine[23]. Il succède ainsi à la famille de Candie, qui était implantée dans cette partie de l'Albanais depuis le début du XIVe siècle[23], donnant naissance à la branche de Salagine[24]. Jean, coseigneurs d'Héry, Cornillon et Marthod, épouse sa cousine Étiennette de Beaufort de Salagine, dont naissent deux filles, Jeanne-Aimée et Philiberte[24].

Le , Marie , fille d'Antoine de Beaufort, apporte en dot à son époux, Guillaume du Coudrey de Blancheville, président au Sénat de Savoie, la seigneurie d'Héry ainsi que les coseigneuries de Cornillon et de Marthod[25]. La même année, François de Longecombe, seigneur de Thuey et de Pezieu (Peysieu en Bugey), épouse Jeanne-Aimée de Beaufort, fille et héritière de Jean de Beaufort[23],[24].

Héraldique

Les armes de la famille de Beaufort se blasonnent ainsi : "De gueules au lion d'argent"[26],[27],[28].

Amédée de Foras mentionne que selon Joseph-Antoine Besson[29] le lion est armé et lampassé d'azur[26].

Branches

Amédée de Foras distingue plusieurs branches :

  • Vicomtes de Tarentaise, seigneurs de La Val d'Isère
  • Seigneurs d'Héry[25], Cornillon, Marthod et barons de Montailleur
  • branche de Villarchabod
  • branche de Salagine et du Bois

Titres et possessions

Titres

Liste non exhaustive des titres que portent, suivant les périodes, la famille de Beaufort[26] :

  • seigneurs de Beaufort, de Césarches[30], de la Valdisère, de Villarchabod, d'Héry (dès le XIVe siècle)[25] ;
  • Vicomtes de Tarentaise (1346) ;
  • Barons de Montailleur, de Salagine (1421) et du Bois ;
  • Coseigneurs de Cornillon, de Marthod et de la Vallée de Bozel ;

Droits et biens

Liste par ordre alphabétique et non exhaustive des possessions tenues en fief ou en nom propre de la famille de Beaufort :

Charges

Pierre de Beaufort a été bailli du Pays de Vaud pour la période de 1514 à 1526, suivi par Antoine de Beaufort[33].

Des membres de la famille ont été châtelains de[34],[35] :

Voir aussi

Bibliographie

  • Comte Amédée de Foras, continué par le comte F.-C. de Mareschal, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 1, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910 (lire en ligne), p. 144-156, « Beaufort (de) »
  • Chanoine Joseph Garin, Le Beaufortain : une belle vallée de Savoie : guide historique et touristique illustre, Montmélian, La Fontaine de Siloé, (réimpr. 1996) (1re éd. 1939), 287 p. (ISBN 978-2-84206-020-6 et 2-84206-020-2, lire en ligne).
  • Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN 978-2-7171-0263-5).
  • Abbé Joseph-Marie Lavanchy, Origine et nature de certains droits seigneuriaux possédés par la noble famille de Beaufort dans la vallée de Luce, Chambéry, Imprimerie Chatelain, (lire en ligne)
  • Hélène Viallet, Les alpages et la vie d´une communauté montagnarde : Beaufort du Moyen Âge au XVIIIe siècle, t. XCIX, Annecy, Académie salésienne, coll. « Mémoires et Documents, Document d'ethnologie régionale n°15 », , 302 p. (lire en ligne)

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Poypia « poype » désigne en Savoie une colline ou un motte castrale[17].

Références

  1. Foras, p. 145 (Présentation en ligne).
  2. [PDF] André Donnet, Saint Bernard et les origines de l'Hospice du Mont-Joux, Saint-Maurice, Œuvre Saint-Augustin, , 164 p. (lire en ligne), p. 145-160
  3. Foras, p. 156 (Présentation en ligne).
  4. Garin 1939, p. 30.
  5. Viallet 1993, p. 26.
  6. Garin 1939, p. 159.
  7. Garin 1939, p. 54.
  8. Régeste genevois (1866), acte du (REG 0/0/1/613) et acte du (REG 0/0/1/700), en ligne sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (Suisse).
  9. Histoire des communes savoyardes, 1982, p. 144.
  10. Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, 1961, p. 144.
  11. Marcel Charvin, Arêches Beaufortain, Jean Pacifique Viallet, missionnaire au Tonkin, 1871-1907, , 307 p., p. 68.
  12. Michèle Brocard (ill. Edmond Brocard), Les châteaux de Savoie, Yens-sur-Morges, Éditions Cabédita, coll. « Sites et Villages », , 328 p. (ISBN 978-2-88295-142-7), p. 53-55.
  13. Marcel Charvin, Arêches Beaufortain, Jean Pacifique Viallet, missionnaire au Tonkin, 1871-1907, , 307 p., p. 69.
  14. Viallet 1993, p. 27.
  15. Marcel Charvin, Histoires... de Val d'Isère, Lyon, Éditions du C.N.R.S., , 323 p., p. 67.
  16. Garin 1939, p. 31.
  17. Thérèse Leguay, Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Paris, Éditions Jean-paul Gisserot, , 128 p. (ISBN 978-2-87747-804-5), p. 23.
  18. Matthieu de La Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : étude des principautés et de l'habitat fortifié, XIIe-XIVe siècle, vol. 107, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 303.
  19. Histoire des communes savoyardes, 1982, p. 435.
  20. Viallet 1993, p. 28.
  21. Marcel Charvin, Histoires... de Val d'Isère, Éditions du C.N.R.S., , 323 p., p. 69.
  22. Brigitte Alzieu, Éveline Alzieu-Martin, Val d'Isère Jadis et Naguère, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « la Chronique de l'Autrefois », , 49 p. (ISBN 978-2-84206-204-0, lire en ligne).
  23. Henri Voiron, À Bloye, autrefois : monographie d'une paroisse et commune de l'Avant-pays savoyard, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 255 p. (ISBN 978-2-84206-333-7, lire en ligne), p. 28-31.
  24. Roger Devos et Pierre Broise, Histoire d'Ugine, vol. 48, Académie salésienne, , 532 p., p. 145.
  25. Histoire des communes savoyardes, 1982, p. 427.
  26. Foras, p. 144 (lire en ligne).
  27. Histoire des communes savoyardes, 1982, p. 173.
  28. Garin 1939, p. 117.
  29. Joseph-Antoine Besson, Mémoires pour l'histoire ecclésiastiques des diocèses de Genève, Tarantaise, Aoste et Maurienne, et du décanat de Savoye, Nancy, S. Henault, , 506 p. (lire en ligne)
  30. Garin 1939, p. 48 (lire en ligne).
  31. Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 2-7171-0200-0), p. 193, « Château de Villard-Chabod ».
  32. Yvette Juge et Hortense Massein, Saint-Jorioz : deux siècles d'un village savoyard, Annecy, Editions Tissot, , 105 p. (ISBN 978-2-7084-0770-1), p. 13.
  33. Paolo Gallone, « Organisation judiciaire et procédure devant les cours laïques du Pays de Vaud à l'époque savoyarde (XIIP-XVP siecle) », paru dans Bibliothèque historique vaudoise, n° 45, Lausanne, 1972, 303 pages, p. 40.
  34. « SA - Comptes des châtellenies, des subsides, des revenus et des judicatures », sur le site des Archives départementales de la Savoie - enligne.savoie-archives.fr (consulté en ), p. 3
  35. [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263, , p. 671-682, Annexe 11 (lire en ligne) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Etienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
  • Portail de l'histoire de la Savoie
  • Portail de l’histoire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.