Magasins du Monde

Les Magasins du Monde sont des associations locales qui représentent 35 points de vente de commerce équitable en Suisse romande, regroupées sous la faîtière Association romande des Magasins du Monde (ASRO). La mission des Magasins du Monde est l'information et la sensibilisation sur les injustices qui frappent les échanges commerciaux. Les Magasins du Monde marquent leur engagement d'une dimension politique, qui est inscrite dans leurs statuts. Le mouvement des Magasins du Monde est lié à celui d'Artisans du monde en France et d'Oxfam-Magasins du monde en Belgique, organisations nées à la même période et avec lesquelles des campagnes et des évènements sont organisés en commun, autour du thème du commerce équitable.

Historique

Le mouvement du commerce équitable apparaît en Suisse en 1968, sous l'égide du slogan "Trade, not aid"[1] (du commerce, pas de l'aide), lancé pendant la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Les producteurs du Sud demandent de vrais échanges commerciaux, plutôt que de l'aide humanitaire. La même année, est constituée la Déclaration de Berne, actuel Public Eye, dont sont directement issus les Magasins du Monde.

Les premiers "groupes boutiques tiers-monde" apparaissent en 1971, après la conférence interconfessionnelle Suisse / Tiers-Monde à Berne de novembre 1970 et à la suite de week-ends de réflexion organisés par l'Action commune Tiers-Monde à Lausanne. Dès janvier 1973, ces groupes coordonnent leur action au niveau romand. Quelques mois plus tard, ils adoptent la dénomination commune "Magasins du Monde".

En 1973, les Magasins du Monde importent, en partenariat avec d'autres organisations suisses[2], du café soluble UJAMAA de Tanzanie, totalement transformé dans une usine tanzanienne[3].

En 1974, les 6 premiers Magasins du Monde ouvrent leurs portes à Genève, Lausanne, Neuchâtel, Nyon, Bex et Le Locle. En juillet de la même année, les Magasins du Monde se constituent en association. Le fondateur est Théo Buss[4].

Fonctionnement

Au départ, l'Association romande des Magasins du Monde pratique elle-même l'importation, fixe les critères de sélection de producteurs et établit des partenariats de longue durée avec eux. Elle adopte le slogan "pour un commerce plus juste". Le 22 juin 1977, des œuvres d'entraide suisses créent la société d'importation OS3 (aujourd'hui claro fair trade AG), un centre d'importation et d'information pour les marchandises des pays en voie de développement. OS3 (actuel claro fair trade) prend le relais des importations pour les Magasins du Monde et en est toujours le principal fournisseur. L'association a également agréé, depuis, plusieurs autres structures importatrices auxquelles les magasins peuvent commander des articles.

L'Association romande des Magasins du Monde publie, depuis 2003, une revue intitulée ex aequo[5]. Cette publication (4 numéros par an) regroupe à la fois des informations sur le mouvement, les campagnes, les produits et les producteurs, ainsi que des articles de fond sur le commerce équitable.

L'Association romande des Magasins du Monde est membre de Swiss Fair Trade et de la World Fair Trade Organization (en) (WFTO).

Campagnes

Dans le cadre de sa mission de sensibilisation, l'Association romande des Magasins du Monde développe des campagnes d'information qui sont soutenues par les structures de coopération au développement de plusieurs cantons (la Fédération vaudoise de coopération pour le canton de Vaud, la Fédération genevoise de coopération pour le canton de Genève et la Fédération interjurassienne de développement et de coopération pour le canton du Jura). Les campagnes traitent de thématiques générales liées au commerce équitable ou sont plus spécifiques à des produits (cacao, thé, café). Ces campagnes sont souvent mises sur pied en partenariat avec d'autres ONGs. Quelques exemples de campagnes :

  • En 1981, l'action de vente de sacs de jute du Bangladesh (appelée en Suisse allemande "Jute statt plastik")[6], les Magasins du Monde et leurs partenaires souhaitent encourager les produits "bons pour ceux qui les produisent, bons pour l'environnement et bons pour nous-mêmes".
  • En 1992, les Magasins du Monde prennent une part active au lancement du café Max Havelaar, avec la distribution et la dégustation de café torréfié en grains. Depuis, le mouvement s'est peu à peu distancé du label, les Magasins du Monde et plusieurs de leurs partenaires estimant que les critères d'attribution du label n'étaient plus assez poussés[7]. La même année, les Magasins du Monde, Genève Tiers-Monde et la Déclaration de Berne s'unissent pour organiser la tournée de l'exposition "La planète n'est pas à vendre", mise sur pied par Oxfam Belgique[8]. Ouverte aux classe de l'enseignement obligatoire, l'exposition est visitée par de très nombreux élèves.
  • En 1997, pour le lancement du chocolat Mascao de Bolivie, une voiture équipée par les Magasins du Monde intègre la caravane publicitaire du Tour cycliste du Jura[9].
  • Pour les 40 ans de l'Association romande en 2014, les 40 Magasins du Monde ont organisé des brunchs équitables dans toute la Suisse romande, ainsi que la tournée d'un spectacle intitulé "Un repas au coin du monde".
  • En 2016, la campagne "100% de chances aux femmes" visait à montrer comment et pourquoi le travail décent constitue un levier pour l’autonomisation des femmes, premières victimes des injustices économiques dans les Pays du Sud. À cette occasion, l'économiste indienne Roopa Mehta a visité la Suisse pour témoigner de son expérience au sein de l'association Sasha association for craft producers qu'elle a créée en Inde [10].
  • En 2018-2019, la campagne biennale "En grains, sinon rien !" / "Qui cultive ton café ?" avait pour but d'alerter sur la précarisation des coopératives de caféiculteurs, ainsi que sur les problèmes sanitaires et environnementaux liés à la prolifération des machines à café à capsules[11].
  • En 2021-2022, la campagne "Un climat de solidarité" fait le lien entre justice économique et justice climatique, en expliquant les connexions qui existent entre commerce et climat.

Bibliographie

  • Dissidents du quotidien : la scène alternative genevoise, 1968-1987[12].
  • L'aventure du commerce équitable[13].
  • Pour un commerce équitable[14].
  • Quel commerce équitable pour demain ?[15]

Notes et références

  1. ARPP, « Commerce équitable et autres formes de commerce alternatif »,
  2. Public Eye, « 50 ans d'histoire », sur https://www.publiceye.ch
  3. https://ficd.ch/component/content/article/111-objectifs-globaux/travail/725-qui-cultive-ton-cafe.html?Itemid=82
  4. Julie Jeannet, « Un engagement infatigable », Le Courrier, , p. 2
  5. « ex aequo »
  6. https://www.gepa.de/home/meldungen/jute-statt-plasitk-bei-rewe.html
  7. Ian Hamel, « Le commerce équitable de Max Havelaar mis en cause », swissinfo.ch, (lire en ligne)
  8. OXFAM Belgique, « Brochure 20 ans »,
  9. Bernadette Oriet, « Oser fair », ex aequo, (lire en ligne)
  10. Patrick Chuard, « Le commerce équitable peut changer la vie », Journal 24 Heures, (lire en ligne)
  11. Valais Solidaire, « 18-137 - Campagne de sensibilisation : "En grains, sinon rien" », sur www.valaissolidaire.ch
  12. Dominique Gros, Dissidents au quotidien : la scène alternative genevoise, 1967-1987, Genève, Éditions d'En Bas, , 189 p. (ISBN 2-8290-0091-9, lire en ligne), p. 109
  13. Nico Roozen, Frans van der Hoff, L'aventure du commerce équitable, Éditions JC Lattès, (ISBN 2-7096-2180-0, lire en ligne)
  14. Odile Albert, RITIMO, Pour un commerce équitable, Éditions Charles Léopold Meyer, , 167 p. (ISBN 2-84377-001-7, lire en ligne), p. 7, 9, 10, 19, 20, 21, 22, 28, 29, 32, 33, 36, 43, 52, 63, 64, 83, 86, 89, 90, 102.
  15. Corinne Gendron, Arturo Palma Torres, Véronique Bisaillon, Quel commerce équitable pour demain ?, Montréal, Paris, Éditions Charles Léopold Meyer, , 270 p. (ISBN 978-2-923165-54-7, lire en ligne), p. 9, 13, 14, 17, 157, 176,

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