Macrobies

Les Macrobies ou Macrobioi (en grec ancien Μακροβίοι, « les Longue-Vie ») sont un peuple légendaire évoqué par les auteurs antiques grecs et romains et caractérisé par sa grande longévité. Ce peuple est situé à plusieurs endroits du monde selon les auteurs, mais toujours aux limites du monde connu.

Les Éthiopiens Longue-Vie

Plusieurs auteurs situent les Macrobies en Afrique. Hérodote, dans son Enquête, au livre III, évoque un peuple d'Éthiopiens Longue-Vie vivant sur la côte sud de la Libye, à l'extrémité sud du monde connu[1]. Ils doivent leur longévité à une source dont l'eau a une densité si faible que rien n'y flotte et qui exhale une odeur de violette ; elle rend la peau onctueuse comme une onction d'huile et est présentée comme étant peut-être à l'origine de la longévité de ce peuple[2]. C'est l'une des premières évocations de ce qui devient ensuite la légende de la fontaine de jouvence. Par ailleurs, au pays des Éthiopiens Longue-Vie, le cuivre est un métal plus rare et plus précieux que l'or, de sorte que les chaînes des prisonniers sont faites d'or. C'est dans leur pays que se trouve l'endroit appelé la Table du Soleil, un sanctuaire où des serviteurs déposent chaque jour des viandes que tout le monde peut venir consommer[3]. Les Éthiopiens ont en outre une technique d'embaumement qui consiste à momifier le corps puis à l'enrober d'une couche de plâtre qu'on peint entièrement à l'image du défunt, avant de glisser le tout en position debout dans un étui fait d'une pierre transparente locale facilement modelable ; les sarcophages transparents ainsi obtenus, qui ont la propriété de préserver les corps et de ne pas émettre de mauvaise odeur, sont conservés un an par leurs proches à la maison, où ils lui offrent des sacrifices, puis les sarcophages sont dressés aux environs de la ville.

Pomponius Mela[4] et Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle[5] considèrent également les Macrobies comme des Éthiopiens.

Les Macrobies en Inde

D'autres auteurs antiques avancent que les Macrobies vivent en Inde. C'est le cas de Pline[6] mentionnant Ctésias de Cnide, ainsi que du Pseudo-Callisthène (en 3, 7).

Les Macrobies en Hyperborée

Dans les Argonautiques orphiques, épopée anonyme composée vers la fin de l'Antiquité (au Ve siècle apr. J.-C. selon Francis Vian[7]), les Argonautes passent par le pays des Macrobies pendant leur périple de retour après avoir conquis la Toison d'or en Colchide, lorsqu'ils hâlent leur navire sur la Mer Morte, située dans le poème à l'extrémité nord du monde[8]. Leur principale caractéristique est leur longévité, qui paraît atteindre douze mille mois lunaires (l'établissement du texte pose problème[9]), soit environ mille ans, pendant lesquels ils conservent la jeunesse et au terme desquels ils sombrent dans le sommeil au moment de mourir ; en outre, ils sont décrits comme vivant dans le bonheur et la sagesse, se nourrissant d'herbes douces comme le miel et de rosée. Le poète des Argonautiques orphiques place la ville des Macrobies à l'ouest de la partie de la côte de la Mer Morte habitée par les Hyperboréens, tandis que plus à l'ouest se trouve le pays des Cimmériens plongé dans une obscurité permanente et voisinant avec l'entrée du monde des morts. La sagesse et la félicité des Macrobies dans ce poème sont des caractéristiques fréquemment prêtées aux Hyperboréens[9].

Notes et références

  1. Hérodote, Enquête, III, 17-25
  2. Hérodote, Enquête, III, 23.
  3. Les précisions sur la Table du Soleil sont données par Hérodote en III, 18.
  4. Pomponius Mela, 3, 85
  5. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VI, 190 et VII, 27
  6. Pline l'Ancien, Histoire naturelle VII, 28
  7. Les Argonautiques orphiques, Notice, p. 46.
  8. Argonautiques orphiques, v.1105-1118 (passage par la ville des Macrobies).
  9. Voir la note de Francis Vian au vers 1109.

Bibliographie

  • Hérodote, Enquête, traduction d'Andrée Barguet, Paris, Gallimard, 1964, rééd. Folio classique. Voir le livre III, 17-25.
  • Les Argonautiques orphiques, texte établi et traduit par Francis Vian, Paris, Belles Lettres, CUF, 1987. Voir la Notice p. 38-40 et la note de fin au vers 1109.

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