Métchif

Le métchif, ou mitchif, est une langue mixte à base de cri et de français. Cette langue est parlée par certains membres de la nation métisse au Canada et dans le nord des États-Unis. En 2016, Statistique Canada recense 725 personnes ayant le métchif comme langue maternelle[1].

Métchif
Michif
Pays Canada, États-Unis
Nombre de locuteurs 725[1]
Typologie ordre libre
Écriture Alphabet latin
Classification par famille
Langue mixte
Codes de langue
ISO 639-3 crg
IETF crg
WALS mcf
Glottolog mich1243

Origine du nom

Le mot métchif ou mitchif provient du vieux mot français métif signifiant « métis »[2]. En français du Québec, le /t/ devant /i/, /y/, /j/, /ɥ/ est régulièrement affriqué en [ts], rarement en [tʃ] (métsif ou métchif).

Présentation

Le métchif est principalement composé de noms français, de verbes cris, ainsi que d'emprunts aux lexiques d'autres langues amérindiennes, notamment l'ojibwé et le chipewyan. La forme polysynthétique des verbes cris est présente dans toute sa complexité dans la grammaire du métchif. Des exemples d'emprunts au français sont les mots lawm pour « homme », salay pour « soleil » et lo pour « eau »[3]. Tandis que des exemples d'emprunts au cri sont les verbes meechishouw de michisiw pour manger et wawpouw de wâwpiw pour voir[3].

Cette langue aurait émergé non pas comme pidgin franco-cri mais comme marque d'identité et occasionnellement comme langue secrète parmi les Métis élevés dans les deux langues. Après un déclin notable de la langue, le métchif connaît un regain d'intérêt grâce à des programmes mis en place par le Ralliement national des Métis en collaboration avec le ministère du Patrimoine canadien et d'autres parties intéressées.

En 1991, 800 Métis déclaraient parler le métchif[3].

Syntaxe

Syntagme nominale

Les noms (dérivés du français, donc) sont pratiquement toujours des formes enclitiques issues d'un déterminant (possessif, article défini) et du nom[4].

Français Michif
un fusil /œ̃ fyzi/ aeñ fiizii
une maison /yn mɛzɔ̃/ aen meezoñ
le garçon /lə ɡarsɔ̃/ li garsoñ
la roche /la rɔʃ/ la rosh
les couteaux /le kuto/ lii kutu
son manger /sɔ̃ mɑ̃ʒe/ su mañzhii
sa main /sa mɛ̃/ sa maeñ
mes chiens /me ʃjɛ̃/ mii shyaeñ

Des démonstratifs issus du cris peuvent venir déterminer le nom. Ce dernier porte alors la marque du genre (animé or inanimé) du nom cri correspondant[5].

Français Michif Cri des plaines
ce garçon-là awa li garsoñ awa nâpêsis (animé)
cet œuf-là ôma li zaef ôma wâwi (inanimé)
cette roche-là awa la rosh awa asinîy (animé)
ces hommes-là neekik lii zom neekik nâpêwak (animé)

Les adjectifs sont d'origine française (le cri n'a pas d'adjectif), et comme en français, ils peuvent être placés avant ou après le nom. Les adjectifs antéposés s'accordent avec le nom. Les adjectifs postposés sont en revanche invariables.

Ordre des mots

L'ordre des mots est, comme en cri, très libre. Cependant, plus une phrase contient de mots d'origine française, plus l'ordre des mots tend à ressembler à celui du français.

Le Notre Père en méchif et français
Méchif Français
Toñ Periinaan Notre Père
Toñ Periinaan, dañ li syel kayaayeen kiichitwaawan toñ noo. Kiiya kaaniikaanishtaman peetoteiie kaandaweetaman taatochiikateew ota dañ la ter taapishkoch dañ li syel. Miinaan anoch moñ paeñiinaan poneeiiminaan kamachitotamaak, niishtanaan nkaponeemaanaanik anikee kaakiimaiitotaakoyaakuk kayakochii'inaan, maaka pashpii'inaan aayik ochi maachiishiiweepishiwin. Answichil. Notre Père, qui es aux cieux, Que ton nom soit sanctifié, Que ton règne vienne, Que ta volonté soit faite Sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour Pardonne-nous nos offenses, Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, Et ne nous soumets pas à la tentation, Mais délivre-nous du mal. Amen.

Notes et références

  1. « Langue – Faits saillants en tableaux, Recensement de 2016 », sur statcan.gc.ca, Statistique Canada (consulté le ).
  2. Jennifer S.H. Brown, « Mitchif » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. Publié le 7 février 2006. (consulté le ).
  3. Hubert Mansion, 101 mots à sauver du français d'Amérique, Les éditions Michel Brûlé, Montréal, 2008, p. 92
  4. Taken from Rhodes (1977)
  5. Rhodes (1977), Bloomfield (1984)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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