Méliponiculture

La méliponiculture est l'élevage des abeilles méliponides (tribu Meliponini), particulièrement les mélipones (Melipona) et les trigones (Trigona). Le mot est formé de la même façon que le mot désignant l'élevage des abeilles du genre Apis, l'apiculture.

Méliponiculture au jardin zoobotanique de Franca, Brésil

Les lieux d'élevage d'abeilles/ ruchers de mélipones sont appelés méliponaires[1] et les apiculteurs spécialisés dans la méliponiculture sont dits méliponiculteurs.

Histoire

Les Mayas vouaient un culte aux abeilles et à leur dieu Ah-Muzen-Cab. Ils récoltaient le miel des mélipones, abeilles sans dard, dans des ruches encapsulées dans un tronc creux ou dans des pots de terre adossés aux murs des maisons, méthode ancestrale toujours pratiquée malgré l'arrivée des Conquistadors au XVe siècle[2].

Bas-relief en stuc du temple du dieu descendant de Tulum, Mexique

Les Mayas nommaient Melipona beecheii « Xunán kab », qui signifie littéralement la « vraie dame »[3].

Les méliponaires avaient des centaines de « jobones » (nids d'abeilles dans des morceaux d'arbres creux) qui fournissaient du miel et que les Mayas utilisaient comme édulcorant et comme médicament pour ses propriétés, en tant qu'antibiotique modéré et en tant agent anti-inflammatoire[4].

Après la conquête de l'Amérique

Après l'arrivée des Conquistadors au XVe siècle, les colons espagnols et portugais importent l'abeille européenne Apis mellifera, plus productive, afin de fournir suffisamment de cire pour fabriquer les cierges en cire d'abeille pure pour les églises[2].

Pendant plusieurs siècles néanmoins, la méliponiculture, notamment l'élevage de colonies de l'espèce Melipona beecheii ont fourni du miel et de la cire pour l'exportation vers l'Europe.

Répartition géographique

La pratique est très développée dans les pays tropicaux, particulièrement en Amérique centrale et au Brésil où les aborigènes élèvent historiquement les abeilles (Mayas et Nahuas). La municipalité de Cuetzalan (en), au Mexique, est un sanctuaire de la pisilnekmej (« petite abeille », nom local de la Scaptrotigona mexicana) depuis 2011 et sa coopérative produit 3 000 litres par an en 2017[5].

Dans la plaine du río Mayabeque (es), l’élevage des abeilles est une pratique très ancienne qui s’est perpétuée à travers les générations, mais reste très loin du niveau de technicité encore mobilisé par la méliponiculture traditionnelle du Yucatán[1].

À Cuba, près de La Havane dans la plaine du río Mayabeque, à l’est, et la forêt de la Sierra del Rosario, à l’ouest, l’attachement que certains méliponiculteurs vouent à leurs abeilles qui, de toute évidence, est lié à certains éléments contextuels qui leur confère un statut à mi-chemin entre l’animal domestique et l’animal de compagnie[1]. À Cuba, les maraîchers des alentours de San José de las Lajas développent les mêmes arguments en les intégrant, eux, dans le champ de l’écologie fonctionnelle tandis que pour d’autres professionnels, l’absence de réglementation sur la vente du miel constitue un effet d’aubaine.

Méliponaire (ruche d'abeille mélipone)

Description

Pot utilisé en Inde pour la méliponiculture.

Contrairement à l'apiculture, la méliponiculture n'exploite pas seulement une ou deux espèces d'abeilles. La méliponiculture utilise la production de plusieurs centaines d'espèces différentes. La méliponiculture adapte ses pratiques aux espèces d'abeilles présentes dans la région tout en conservant des méthodes communes à toutes les régions où elle est pratiquée. Contrairement aux abeilles africanisées ou étrangères (Apis mellifera), les abeilles sans dard peuvent être placées près des maisons, car la plupart d'entre elles ne sont pas dangereuses.

Les méliponaires regroupent en moyenne 7,5 colonies, et 15 à 26 colonies dans un quart des cas[1].

L'extraction du miel diffère de celle de l'apiculture qui utilise des peignes. En méliponiculture les abeilles stockent le miel dans des pots qui doivent être brisés ou écrasés pour en extraire le miel[5].

La méliponiculture est également intéressante car elle fournit de nombreux pollinisateurs naturels[5].

Notes et références

  1. Samuel Perichon Le Rouzic, Walberto Lóriga Peña et Jorge Demedio Lorenzo, « L’élevage des abeilles mélipones sur l’île de Cuba : une enquête ethnozoologique réalisée dans la plaine du río Mayabeque et la forêt de la Sierra del Rosario », Études caribéennes, nos 27-28, (ISSN 1779-0980, DOI 10.4000/etudescaribeennes.6967, lire en ligne, consulté le )
  2. Bernadette Darchen, L'apiculture de la Préhistoire à l'histoire, PLB éd., , 40 p. (ISBN 978-2869521322).
  3. Agnès Fayet, « Les abeilles mélipones Melipona beecheii Méliponiculture », CARI, (lire en ligne)
  4. « Red mesoamericana de apicultura » [archive du 30 de enero de 2010] (consulté le )
  5. « Le miracle des abeilles de Cuetzalan », Courrier International, no 1401, , p. 32, traduit d'un article publié dans El País (Madrid) le .

Voir aussi

Liens externes

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