Lysandre

Lysandre (en grec ancien Λύσανδρος / Lýsandros) est un général spartiate dont les victoires mirent fin à la guerre du Péloponnèse (mort à Haliarte, Béotie, -395)[1].

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Biographie

Lysandre est le fils d'Aristocritos ; il appartient à la lignée des Héraclides, mais non à la branche qui règne à Sparte ; sa famille est pauvre[2]. Il parvient à se hisser dans les sphères du pouvoir, et en -407, il est nommé navarque. Il est alors envoyé à Éphèse, où il s'efforce de reconstituer les forces navales. Là, il noue des liens avec Cyrus le Jeune, fils cadet de Darius II. Habilement, il se plaint du satrape Tissapherne, ennemi personnel de Cyrus, l'accusant de s'être laissé circonvenir par Alcibiade. Cyrus lui accorde alors d'amples subsides, de l'ordre de 10 000 dariques[3], soit 200 000 drachmes. Ceci permet à Lysandre d'augmenter la solde des marins, qui passe de trois à quatre oboles. De ce fait, Lysandre peut non seulement recruter aisément, mais aussi débaucher les équipages ennemis.

En -406, Antiochos, qu'Alcibiade a laissé maître de la flotte athénienne, engage le combat contre Lysandre à Notion, où Lysandre remporte la victoire et prend 15 trières ennemies. La navarchie ne durant qu'un an, Lysandre est remplacé par Callicratidas qui, piètre diplomate, déplaît à Cyrus et est privé de subsides. Il essuie des revers. Les amis de Lysandre intriguent alors pour obtenir le retour de ce dernier à la tête de la flotte. La loi spartiate interdisant à un citoyen d'être navarque plus d'une fois, on accorde à un dénommé Aracos la navarchie, mais c'est Lysandre, officiellement nommé pour seconder Aracos[4], qui exerce le véritable pouvoir sur la flotte en -405 et -404[5]. Lysandre rétablit l'entente entre Sparte et Cyrus, qui lui confiera même la garde de son trésor lors de son voyage en Médie pour les funérailles du roi son père (-404). Ne possédant pas de flotte assez importante pour engager un combat naval frontal, il se contente de coups de main contre Égine et Salamine, puis repart vers l'Asie Mineure quand les Athéniens se lancent à sa poursuite. Il se porte alors vers l'Hellespont, dans le but de couper l'approvisionnement en blé d'Athènes, et attaque Lampsaque.

La flotte athénienne, forte de 180 trières, contrôle les détroits pour assurer l'acheminement des blés de la mer Noire vers Athènes, coupée à ce stade de la guerre de toutes ses autres sources d'approvisionnement. Devant son infériorité numérique, Lysandre choisit la ruse, et réussit à attirer les Athéniens à terre, où la supériorité terrestre spartiate lui donne la victoire, sur le rivage d'Ægos Potamos. Les stratèges athéniens, méprisant les conseils d'Alcibiade, tombent dans le piège : leur flotte est anéantie, plus de 3 000 hommes sont capturés, et la dernière route du blé est coupée. Cette victoire est décisive: la guerre du Péloponnèse va prendre fin.

De concert avec le roi de Sparte, Agis II, il fait brûler la flotte athénienne, et détruire les Longs Murs au son de l'aulos. Il enlève ensuite Samos et chasse les Athéniens de Mélos et Sicyone. Il installe des oligarchies dans toutes les anciennes cités de la ligue de Délos.

Il est ensuite écarté du gouvernement de Sparte par les éphores qu'indisposent son enrichissement et sa popularité. En -396, il accompagne en Asie Agésilas II, l'un des deux rois de Sparte (que Lysandre avait aidé à accéder au pouvoir), pour faire la guerre aux Perses, mais ne s'y attarde guère. Il veut modifier la Constitution de Sparte : il souhaite remplacer la monarchie héréditaire par une monarchie élective au bénéfice des Héraclides (descendants d'Héraclès). Ses idées inquiètent : il est envoyé en Béotie. Ses adversaires espèrent gagner du temps en attendant le retour d'Agésilas II, qui seul, pensent-ils, est capable de le neutraliser. Lysandre envahit donc la Béotie, mais est tué au cours de la bataille d'Haliarte en -395, victime sans doute de l'hostilité d'Agésilas[6].

Théophraste rapporte qu’un historien lacédémonien, Étéocle, a écrit que la Grèce n'aurait pu supporter deux Lysandre. Ce qui choquait le plus en Lysandre, c'était une excessive dureté de caractère qui rendait son pouvoir tyrannique et sans pitié. Plutarque rapporte ce cruel épisode où l’un des commandants de la flotte athénienne vaincue à Aigos Potamos, Philoclès, dut comparaître devant Lysandre, qui lui demanda à quelle peine il se condamnait lui-même, à cause du décret qu'il avait fait prononcer à Athènes qui ordonnait que l'on couperait le pouce droit à tous les prisonniers de guerre, afin qu'ils ne pussent plus tenir une lance, pour ne plus manier que la rame. Philoclès, dédaigneux, marcha le premier au supplice, suivi par les autres condamnés.

Articles connexes

Sources

Bibliographie

  • (grc + fr) Xénophon (trad. François Ollier), Le Banquet. Apologie de Socrate, Les Belles Lettres, (1re éd. 1961), 119 p. (ISBN 978-2-251-00334-4). .
  • Pierre Chambry (dir.) (trad. Pierre Chambry), Xénophon. Œuvres complètes : Les Helléniques. L'Apologie de Socrate. Les Mémorables, t. III, Garnier-Flammarion, (1re éd. 1967).
  • Jean-François Bommelaer, Lysandre de Sparte. Histoire et traditions, Bibliothèques de l’École française d'Athènes et de Rome, série Athènes, volume 240, Athènes, 1981.
  • Pierre Carlier, Le IVe siècle grec jusqu’à la mort d’Alexandre, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », (ISBN 2-02-013129-3).
  • Edmond Lévy, La Grèce au Ve siècle de Clisthène à Socrate, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l'Antiquité », (ISBN 2-02-013128-5).
  • I. Malkin, Myth and Territory in the Spartan Mediterranean, Cambridge University Press, 1994 (ISBN 0521411831).

Notes et références

  1. Xénophon 1967, p. 94, 104.
  2. Plutarque, Vie de Lysandre (II, 1).
  3. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Lysandre, IV, 6.
  4. Il est nommé « Second ».
  5. Xénophon 2014, p. 106.
  6. Xénophon 1967, p. 94.
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