Lynn Townsend White, jr

Lynn Townsend White, jr (1907-1987) est un historien médiéviste américain, professeur d’histoire à l’université de Californie à Los Angeles, auteur de nombreuses études sur l'histoire des techniques, et surtout de la célèbre thèse sur « Les racines historiques de notre crise écologique ». C'est une conférence prononcée le à Washington, devant l’assemblée annuelle de l’American Association for the Advancement of Science, et originellement publiée dans la prestigieuse revue Science de l’AAAS, en .

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Thèse soutenue dans Les racines historiques de notre crise écologique

Dans son livre sur Les racines historiques de notre crise écologique, Lynn White Jr fut le tout premier à soutenir que le changement de perspective introduit par le judéo-christianisme avait ouvert la porte au « désenchantement du monde », au matérialisme et à un nouveau dualisme matière-esprit aux effets écologiques délétères ; sa condamnation repose alors sur des passages des Écritures incriminants à ses yeux. Le plus cité demeure ce célèbre extrait du Livre de la Genèse où il est dit que l’Humain détient un statut particulier et privilégié par rapport au reste de la Création[1] :

« Créons l’homme à notre image, à notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme et la femme à son image, les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la terre, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre » »

Cette prise de position de Lynn White Jr a fait référence pour toute une génération d'écologistes[2].

Réactions de quelques chrétiens

Les chrétiens ont tardé à réagir :

En 2005, Jean Bastaire publie un article dans la revue Études dans lequel il montre que l'Église est restée fidèle au véritable esprit chrétien, jusqu'à ce que, à l'orée de l'époque moderne, se produise une déchristianisation du cosmos, prélude à la déchristianisation de l'homme. On a vu reparaître le vieux dualisme gnostique qui oppose le corps à l’âme, la chair à l’esprit. On a ravivé insidieusement l’antique manichéisme qui condamne la matière et, par conséquent, la création comme l’œuvre d’une puissance mauvaise[3].

En 2005, Jacques Arnould a répondu également dans une lettre ouverte à Lynn White et à ceux qui s'en réclament[4].

En 2006, Jean-Paul Maréchal répond par une analyse de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, et par quelques perspectives théologiques concernant le développement durable[5].

En 2018, Fabien Revol indique que le pape François, dans l'encyclique Laudato si' « sur la sauvegarde de la maison commune », a parfaitement intégré la critique de Lynn White Jr. Il propose une relecture des textes fondateurs pour corriger les représentations chrétiennes de la nature déformées par le paradigme technocratique et moderne. Ce travail suppose une conversion du regard sur la nature, profondément inspirée par l'intuition franciscaine de communion et de fraternité avec l'ensemble du vivant[6].

En 1970, Francis Schaeffer, l'un des principaux penseurs chrétiens évangéliques américains à cette époque publie La pollution et la mort de l'homme, notamment en réponse à la position de Lynn White Jr[7].

Publications

  • Technology and inventions in the Middle Ages, Speculum, 1940, 15, p. 141-159.
  • Christian myth and Christian history, Journal of the History of Ideas, 1942, 3, p. 145-158.
  • Natural science and naturalistic art in the Middle Ages, American Historical Review, 52, 1947, p. 421-435.
  • Medieval technology and social change, 1962, Oxford.
  • The Historical Roots of Our Ecologic Crisis, chap. 5 in Machina ex Deo : Essays in the Dynamism of Western Culture, Cambridge, Mass., and London, England, The MIT Press, 1968, p. 75-94; article original : © Science, , vol. 155, no. 3767, p. 1203-1207 ; published by the American Association for the Advancement of Science.
  • Les Racines historiques de notre crise écologique. Traduction, notes et dossier bibliographiques par Jacques Grinevald. Genève, I.U.E.D., 1984. Réédition revue dans Crise écologique, crise des valeurs? Défis pour l'anthropologie et la spiritualité, Labor et Fides, 2010, p.

Notes et références

  1. François Blais et Marcel Filion, « De l'éthique environnementale à l'écologie politique Apories et limites de l'éthique environnementale », Philosophiques, 28(2), 255–280. https://doi.org/10.7202/005664ar, lire en ligne
  2. Mélinée Le Priol, « Église et écologie, histoire d’une prise de conscience », La Croix, 16 février 2017, lire en ligne
  3. Jean Bastaire, « L'exigence écologique chrétienne », Études, 2005/9 (tome 403), pages 203 à 211, lire en ligne
  4. Jacques Arnould, « Les racines historiques de notre crise écologique, lettre ouverte à Lynn White et à ceux qui s'en réclament », Pardès, 2005/2 (N° 39), pages 211 à 219, lire en ligne
  5. Jean-Paul Marchal, « L'éthique écologique de la Bible », Écologie et politique 2006/2 (N° 33) pages 185 à 200, lir en ligne
  6. (dir.) Fabien Revol, Penser l'écologie dans la tradition catholique, Labor et Fides, p. 35
  7. Schaeffer, Francis A. (Francis August), La pollution et la mort de l'homme : un point de vue chrétien sur l'écologie, , 98 p. (ISBN 978-2-924110-98-0 et 2-924110-98-X, OCLC 991186913, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Grinevald (Jacques), « La thèse de Lynn White jr. sur les racines historiques, culturelles et religieuses de la crise écologique de la civilisation industrielle moderne », dans Philippe Roch et Dominique Bourg, sous le dir., Crise écologique, crise des valeurs ?: Défis pour l'anthropologie et la spiritualité , Labor et Fides, 2010, p. 56-67–68.
  • Nau (Pascale-Dominique), « Les chrétiens sont-ils responsables de la crise écologique ? Une réflexion sur la thèse de Lynn White », Lyon, 2017.

Liens externes

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