Déchristianisation (société)

La déchristianisation est un mouvement de détachement de la foi et de la pratique religieuse chrétienne. Ce terme, qui concerne l’ensemble des confessions chrétiennes, est utilisé pour la première fois par monseigneur Dupanloup, dans les années 1840. Appliqué à partir du XIXe siècle dans le cadre d’un catholicisme dominant, on peut en rechercher les origines au siècle des Lumières[1].

Pour les articles homonymes, voir Déchristianisation.

Description du phénomène

Sous un phénomène étiqueté « déchristianisation », on peut distinguer cinq types de récessions[2] :

  • la récession de la pratique religieuse du christianisme qui se traduit notamment par une visite à l'église conjoncturelle (enterrements, mariages) chez une fraction notable de paroissiens[3] ;
  • la récession de l’emprise du clergé sur la vie et la pratique chrétiennes ;
  • la récession du contrôle confessionnel sur la vie sociale des chrétiens ;
  • la récession du sacré comme cadre de la vie profane ;
  • la récession des valeurs normatives au profit de la liberté de pensée et d’action.

Cette récession de la pratique est observée à Paris et en banlieue au milieu du XIXe siècle par le vicaire Meignan, envoyé en mission d'observation dans les paroisses par l'archevêque de Paris Georges Darboy[4].

Déchristianisation planifiée

La déchristianisation est parfois spontanée mais peut être le résultat d'un mouvement politique  ou d'un gouvernement qui lutte contre les religions en général ou les religions chrétiennes en particulier (France, Russie communiste, Chine, Japon, Mexique).

Les politiques ou mouvements de déchristianisation ont souvent été l'occasion de violence contre le clergé ou les chrétiens et de destruction de nombreuses œuvres d'art, le premier exemple s'étant déroulé pendant la Révolution française.

Actuellement plusieurs gouvernements dans le monde mènent une politique active de lutte contre le christianisme en confisquant des terrains aux Chrétiens ou en interdisant d'entretenir des églises ou de former des prêtres.

Certaines religions ou idéologies encouragent activement à mener des politiques de déchristianisation. L'idéologie marxiste soutenant que la religion est un outil d'oppression de la classe prolétaire par la bourgeoisie est la principale idéologie connue pour mener activement des politiques de déchristianisation. Les courants libertaires de la fin du XXe siècle qui soutiennent que la religion est un carcan s'opposant à la libéralisation des mœurs et soutiennent la déchristianisation. Enfin un courant féministe voit la religion chrétienne comme un outil du patriarcat utilisé pour maintenir la domination des hommes sur les femmes et donc que la libération des femmes passe par une politique active de déchristianisation.

Sur un autre registre le statut de dhimmi de la religion musulmane est vu comme un outil de déchristianisation sur le long terme des populations.

Notes et références

  1. Michel Vovelle, « Déchristianisation », dans Albert Soboul, Jean-René Suratteau et François Gendron (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, , XLVII-1132 p. (ISBN 2-13-042522-4), p. 327.
  2. Henri Desroche, article déchristianisation dans Encyclopedia universalis, 2000
  3. Sylvette Denèfle, Identités et économies régionales, L'Harmattan, , p. 58.
  4. Jacques-Olivier Boudon, « L'État religieux du diocèse de Paris au milieu du XIXe siècle. Réflexions du vicaire général Meignan », sur Histoire, économie & société, (consulté le )

Dans sa forme du 28 octobre 2008, cet article est une adaptation de l'article déchristianisation, de l'ancien site wikikto.eu sous GFDL.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Sabino Acquaviva, L’Éclipse du sacré dans la civilisation industrielle, Mame, Tours, 1967
  • Sabino Acquaviva, Christianisation et Déchristianisation, 9e rencontre d’histoire religieuse, Fontevraud, oct. 1985, Presses de l’univ. d’Angers, 1986
  • Paul Airiau, Cent ans de laïcité française, 1905-2005, Presses de la renaissance, 2004.
  • Yves Chiron, L'Église dans la tourmente de 1968, Paris, Artège, 2018.
  • Roberto Cipriani, Sécularisation ou retour du sacré ? , dans Archives de sciences sociales des religions, éd. du C.N.R.S., no 52, Paris, oct.-déc. 1981
  • Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d'être chrétien : Anatomie d'un effondrement, Le Seuil, 2018 (ISBN 978-2-02-102129-5)
  • Henri Desroche, Sociologies religieuses, P.U.F., Paris, 1968
  • Henri Desroche, L’homme et ses religions, Cerf, Paris, 1972
  • Gustavo Guizzardi, La Religione della crisi, Comunità, Milan, 1979
  • Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d'un monde, Bayard, 2003
  • Gabriel Le Bras, Études de sociologie religieuse, P.U.F., t. I, 1955 ; t. II, 1956
  • Jacques Maritain, Humanisme intégral, éd. Montaigne, Paris, 1936
  • Joachim Wach, Sociology of Religion, Londres, 1944
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