Lucien Le Boudec

Lucien Le Boudec est un officier général français, né à Paris le , et mort à l'hôpital militaire Bégin de Saint-Mandé (Val-de-Marne), le .

Lucien Le Boudec

Le Général Lucien Le Boudec en 1995

Naissance
Paris 10e
Décès
Saint-Mandé (Val-de-Marne)
Arme Troupes de marine

Blindés coloniaux

Grade Général de brigade
Années de service 1944 – 1980
Commandement 2e RPIMa (1968-1970)
Conflits Campagne de France
Guerre d'Indochine
Guerre d'Algérie
Faits d'armes Combats de Tu Lê
Opération Hirondelle
Opération Castor
Bataille de Dien Bien Phu
Distinctions Grand-croix de la Légion d'Honneur
Grand-croix de l'Ordre national du Mérite

Devenir son propre juge et s'estimer soi-même

Figure des parachutistes, Lucien Le Boudec a la singularité d’être un des rares généraux français à avoir commencé sa carrière comme soldat de 2e classe[1].

Cinq fois blessé au combat et titulaire de onze citations, dont six à l'ordre de l'armée, le général le Boudec fut élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d’Honneur et de Grand-croix de l'Ordre National du Mérite.

En son honneur, la 57ème promotion d’éléves-officiers de l’École militaire interarmes (2017-2019) a choisi le , d'être baptisée "Promotion général Le Boudec".

Biographie

Enfance, engagement et Campagne de France

Lucien Le Boudec nait le à Paris, à l’hôpital Saint-Louis [2]. Né de père inconnu et de milieu très modeste, il est rapidement contraint d'interrompre ses études, bien qu'ayant été lauréat du Concours Général. Devenu instituteur pour pouvoir préparer par correspondance le concours d’Ingénieur des Travaux Publics, il veut échapper au STO en 1944, et rejoint le maquis de Saint-Marcel (Morbihan), où il s’engage comme volontaire au 8e Bataillon FFI du Morbihan en opération sur le front de Lorient[2]. En , son bataillon FFI est dissous pour devenir le 4e escadron du 19e régiment de dragons. Il alterne alors les séjours d'instruction en garnison à Pontivy, et une présence en ligne sur le front de la Poche de Lorient.

Armistice et Ecoles militaires

Une fois l'armistice signé, son unité est rattachée au Régiment colonial de chasseurs de chars qui est envoyé à l'été 45, en occupation à Dornhan en Allemagne (district de Rottweil). Nommé successivement brigadier, brigadier-chef et maréchal-des-logis, il est détaché pour préparer le concours d’entrée à l'École militaire interarmes de Saint-Cyr Coëtquidan. Il intègre l’EMIA en (promotion Indochine), et à l’issue de sa scolarité, choisit les troupes de marine (spécialité « Arme blindée cavalerie ») puis rejoint l'école d’application de l’ABC à Saumur en .

Premier séjour en Indochine

En , nommé sous-lieutenant, il est affecté à la Ire Demi-brigade coloniale de commandos parachutistes cantonnée à Vannes-Meucon où il devient moniteur parachutiste. Affecté au 6e Bataillon colonial de commandos parachutistes, ancêtre du 6e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, il embarque pour l’Indochine en [2]. Il sert d'abord en Annam, dans la région de Hué, à la tête d'un groupe de commando, puis, nommé lieutenant, il est détaché de son unité, pour prendre le commandement du centre d'entrainement de saut de la base aéroportée de Saïgon. Au total, ce premier séjour durera deux ans. Il y recevra une blessure au combat et trois citations.

Second séjour en Indochine

En , Lucien Le Boudec est volontaire pour un second séjour en Indochine. Il est réaffecté au 6e Bataillon de Parachutistes coloniaux, devenu le 6e BPC, commandé alors par le chef de bataillon Marcel Bigeard. L’unité sera très vite connue sous le nom de « Bataillon Bigeard ». Il participe aux Combats de Tu Lê, en , au terme duquel il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel[2],[3]. En 1953, il participe à l'opération de Lang Son (Opération Hirondelle), à la prise de Diên Biên Phu (Opération Castor). Nommé commandant de compagnie, fin 53, il participe à la tête de la 6e CIP (6e compagnie indochinoise de parachutistes) aux opérations de Ban Na son Khone, Se-No et Cat-Bi, avant d'être parachuté une seconde fois sur Diên Biên Phu, le . Durant les cinquante jours de la bataille de Diên Biên Phu, il sera blessé quatre fois, nommé capitaine à titre exceptionnel, puis officier de la légion d’Honneur à titre exceptionnel (JO du pour prendre rang du ). Prisonnier des Viêt-Minhs à la chute du camp retranché[4], il subira quatre mois de captivité et une marche de plus de 700 kilomètres, au cours desquels plus des deux-tiers de ses frères d'armes prisonniers seront décimés. Il est libéré à Việt Trì le et rapatrié un mois plus tard. Au terme de ce second séjour en Indochine, il totalise six nouvelles citations.

Algérie & Chypre

En , il est affecté à la Ire Demi-brigade de parachutistes coloniaux de Bayonne, puis en , à l'escadron de jeeps armées du 3e BPC cantonné à Bône en Algérie. En , il participe à l'opération de Chypre, qui devait être préalable à l’expédition de Suez. Il reçoit deux nouvelles citations, avant de demander sa mutation en métropole.

Carrière en métropole et outre-mer

En , il prend le commandement de la compagnie d’instruction de la Ire Demi-brigade de parachutistes coloniaux, à Bayonne.

De 1960 à 1963, il est affecté comme chef d'État-major au 7e régiment de parachutistes d'infanterie de marine à Dakar (Sénégal).

De 1963 à 1965, il est affecté comme directeur de l’instruction combat à l’ETAP (École des troupes aéroportées), à Pau. Il est promu chef de bataillon et commandeur de la Légion d’Honneur.

De 1966 à 1968, il devient officier TAP et directeur de l'éducation physique et sportive aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan.

Promu lieutenant-colonel, il commande de 1968 à 1970, le 2e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, cantonné à Ivato (Madagascar)

De 1971 à 1973, il devient directeur de l’instruction à l’École Interarmées des Sports de Fontainebleau. Il est promu colonel.

De 1974 à 1976, il est affecté comme Directeur de l’assistance militaire technique à N’Djamena (Tchad).

De 1976 à 1980, il est affecté comme commandant adjoint de la 2e division blindée (2e DB), cantonnée à Saint-Germain-en-Laye, puis à Versailles. Nommé général de brigade, il intègre le , la deuxième section des officiers généraux.

Deuxième section


Placé en deuxième section, Lucien Le Boudec sera par trois fois décoré par un Président de la République. Le , il est élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur par Valéry Giscard d’Estaing (décret du ). Le , il est élevé à la dignité de Grand-Croix de l’ordre national du Mérite par Jacques Chirac (décret du ), et le , il est élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur par Nicolas Sarkozy (décret du ).

De 1984 à 1994 , Lucien Le Boudec préside l’amicale des anciens du 6e régiment de parachutistes d'infanterie de marine, héritier du 6e BPC.

En , il fait don de ses souvenirs cinématographiques d'Indochine à l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD)[2].

Atteint de deux cancers, et au terme d'un dernier long combat contre la maladie, le général Le Boudec s’est éteint le , à l’hôpital d'instruction des armées Bégin à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Ses obsèques ont été célébrées aux Invalides le . Après une messe en la cathédrale Saint-Louis, les honneurs militaires lui ont été rendus dans la Cour d'honneur des Invalides en présence des plus hautes autorités militaires et du drapeau du 2e RPIMa, régiment dont il avait été chef de corps[5]. Le général Le Boudec a été inhumé aux côtés de son épouse au cimetière des arches de Louveciennes (Yvelines).

Publications

En , Lucien Le Boudec a publié aux éditions Lavauzelle, un livre de mémoires alternant récits et correspondances, intitulé : Élevé à la dignité, Mémoires 1923-1954 (ISBN 2702515649)[6],[7].

L’Association des écrivains combattants a décerné à ce livre le Prix Jacques-Chabannes[8] 2014

Le Comité national d'entente des anciens combattants d'Indochine (CNEAI) lui a décerné le Prix de l’Histoire vécue[9] 2015.

Documentaire

Lucien Le Boudec a été choisi pour être un des personnages principaux d’un film documentaire sur l’histoire de la guerre d’Indochine intitulé Nos soldats perdus en Indochine (René-Jean Bouyer, 2014, 58 min) diffusé en sur France 3[10],[11]

Hommage posthume

En décembre 2013, le 2e RPIMa, régiment dont il fut le chef de corps de 1968 à 1970, a baptisé sa piste d’audace commando « Général Le Boudec ». Cette piste est située à Bourg-Murat, village de la commune de Tampon sur l’Île de la Réunion.


Parrain de promotion

Le , lors de la traditionnelle cérémonie du Triomphe des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, la 57e promotion d'élèves-officiers de l'École militaire interarmes a choisi de porter le nom de : "Promotion général Le Boudec".

L'hommage lu sur le Marchfeld, le soir du baptême de promotion, commençait en ces termes :

"Dévouement, abnégation, patriotisme, sacrifice, engagement… Ce sont là quelques-unes des valeurs militaires qui ont guidé le Général Le Boudec tout au long de sa vie au service des armes de la France. Ce sont là quelques-unes des valeurs militaires que la 57e promotion de l’Ecole militaire interarmes a fait siennes en choisissant comme parrain ce chef de guerre admiré de ses pairs et de ses hommes.

Imprégnés de cette épopée exceptionnelle, les cadets rassemblés devant vous ce soir sont fiers de marcher dans les pas de cette figure légendaire qui à force de détermination et bravoure s’est hissé du grade de soldat à celui de Général. Son exemple s’inscrit pleinement dans la mission immuable de l’École Militaire Interarmes, celle de former les officiers issus des corps de troupes."


Description héraldique de l’insigne de promotion

L'insigne se compose d'un rectangle bleu en référence à l'EMIA, flanqué du sabre d'officier modèle F1, gravé du nom Gal LE BOUDEC. En partie haute figure la plaque de Grand Croix de la Légion d'Honneur avec en dessous, les deux étoiles de général de brigade. La croix de Lorraine au centre, rappelle le passé de résistant. La carte l'Indochine aux couleurs de la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieures évoque les neuf citations obtenues par le général en Indochine. Une chimère noire fait référence à l'insigne de la promotion Indochine auquel le général Le Boudec a appartenu. Enfin, en bas à droite, figure l'insigne des parachutistes des troupes de marine, héritiers des BCCP et BPC.

Bouclier d'azur timbré en chef d'une plaque de grand-croix de la Légion d'honneur hissant de l'écu et broché à dextre d'une aile stylisée d'argent ; broché d'une carte d'Indochine aux couleurs du ruban de la croix de guerre des TOE chargée en chef d'une croix de Lorraine tréflée de gueules. Accompagnée à dextre d'une chimère de sable armée d'un poignard, en chef de deux étoiles d'argent, et brochée d un sabre à la lame chargée du grade et du nom « GAL LE BOUDEC » à la poignée brochant l'écusson aux armes des parachutistes des troupes de marine.


Chant de promotion

Exemple pour nos vies, et modèle au combat,

Nous voulons aujourd'hui rejoindre votre aura

et recueillir le nom qui nous honorera :

"Promotion général Le Boudec".


À l’été 44, sur notre Terre occupée,

Un feu ardent anime votre cœur de français,

Refusant la défaite, rejoignant le maquis,

Votre carrière commence au 8ème FFI,

Et l’ennemi vaincu, vous visez l’excellence,

À l’école Interarmes grandit votre vaillance.


Refrain:

Invincible guerrier, porté par Saint Michel,

Demeurez à jamais notre glorieux modèle.

Votre ardeur au combat fera grandir nos âmes

Donnez cet héritage ce sera notre flamme.

Général le Boudec, officier prestigieux,

Que votre exemple nous porte aussi haut que les cieux.


Promotion Indochine, le destin est scellé,

Vous quittez la Bretagne et ses landes boisées

Pour rallier les paras, la Colo' et Bigeard.

Commence alors pour vous la tourmente et la gloire.

Dans l’orage des combats, une balle vous meurtrit,

Vos commandos sont là et traquent l’ennemi.

(Refrain)

Héroïque épopée menant à Diên Biên Phu,

Parachuté des cieux, l’enfer est en dessous.

Rafales, obus, grenades, le vietminh s'y acharne

Méprisant vos blessures, vous luttez avec hargne,

Et par votre héroïsme et tous vos sacrifices

Vous revenez vivant des camps de leurs supplices.


Invincible guerrier, porté par Saint-Michel

Vous serez toujours notre glorieux modèle.

Officier superbe, votre vie nous guidera

Au coeur de nos vies, comme dans tous nos combats.

Général Le Boudec, vous notre grand ancien

La promotion aspire à suivre votre chemin

Le , la promotion parvenue au terme de sa scolarité, a inauguré avant de se séparer, un buste de leur parrain dans le camp de Saint-Cyr-Coëtquidan. Réalisée par Agnès Le Boudec, fille du général, l'oeuvre est placée dans la perspective directe de la stèle érigée en hommage aux combattants de Dien Bien Phu.

Décorations

Le général Le Boudec portait par ailleurs à titre individuel la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre des TOE, ayant participé à plusieurs des opérations où son unité fut citée à l'ordre de l'Armée.

Références

  1. Le Boudec (Lucien), Élevé à la dignité, Mémoires 1923-1954, Edition Lavauzelle 2013, pages 74 et 518.
  2. « Décès du général Lucien Le Boudec, grand donateur à l’ECPAD », sur ecpad.fr,
  3. JO du 28 fevrier 1953, pour prendre rang du 28 octobre 1952
  4. « Récits de la guerre d'Indochine », sur indochine1954.wordpress.com
  5. Bulletin de liaisons des parachutistes SAS de la France libre, n° 45, décembre 2013.
  6. Jean-François Brun, « Une biographie atypique », sur guerres-et-conflits.over-blog.com,
  7. « Élevé à la dignité... », sur cheminsdememoire.gouv.fr
  8. « Prix littéraires », sur lesecrivainscombattants.org
  9. « Remise du prix littéraire du CNEAI » [PDF], sur gnci-toe-mme.fr,
  10. « Nos soldats perdus en Indochine », sur france3.fr,
  11. Joël Morio, « Nos soldats perdus en Indochine », sur lemonde.fr,
  12. « JORF n° 0110 du 13 mai 2009 », sur france-phaleristique.com

Voir aussi

Bibliographie

  • Le Boudec (Lucien), Élevé à la dignité, Mémoires 1923-1954, Edition Lavauzelle 2013
  • Leonetti (Guy), Lettres de Diên Biên Phu, Édition Fayard 2004
  • Leonetti (Guy), Avec Bigeard, de Tu Lé à Diên Bien Phu, Edition Bernard Giovanangeli , 2019
  • Bigeard (Marcel), Pour une parcelle de gloire, Édition Plon, 1975, (ISBN 2-259-00571-3)
  • De Galard (Geneviève), Une femme à Diên Biên Phu, Éditions des Arènes, 2003
  • Bruge (Roger), Les hommes de Diên Biên Phu , Édition Perrin 2004
  • Gandy (Alain), Le bataillon Bigeard à Tu Lé 1952, Éditions Presses de la cité , 2007
  • Bergot (Erwan) Bataillon Bigeard, Indochine 1952-1954, Algérie 1955-1957, Presses de la cité, 1976
  • Bergot (Erwan) Les 170 jours de Diên Biên Phu, éditions Presses de la cité, 1979
  • Pouget (Jean) Nous étions à Diên Biên Phu, éditions Presses de la Cité, 1964
  • Morgan (Ted) Valley of death, the tragedy at Dien Bien Phu that led America into the Vietnam war, 2010
  • Fall (Bernard B ) Diên Biên Phu, un coin d'enfer. Robert Laffont, 1968

Liens externes

Vidéos externes

Site de la promotion Général Le Boudec

La promotion Général Le Boudec saute en tenue de Parade - YouTube ► 2:07

Cérémonie nocturne du Triomphe 2018 - Vidéo dailymotion ► 44:45

Chant de la promotion Général Le Boudec - YouTube ► 4:37

Chant "La prière" EMIA 57/58 Triomphe 2019 - YouTube

Chant" Ô douce France" par la Promotion Général Le Boudec 14.7.2019

Triomphe 2019, cérémonie nocturne 2019

  • Portail de l’histoire militaire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.