Louis Richeome

Louis Richeome (ou Richeôme ou Richôme[1], en latin:Ludovicus Richeomus), né à Digne en 1544 et mort à Bordeaux le , est un prêtre jésuite français, précurseur de Saint François de Sales, et que ses confrères appelaient le « Cicéron français ». François de Sales a d'ailleurs écrit de lui, dans la préface de son Traité de l'Amour de Dieu : « Le Père Louis Richeome, de la Compagnie de Jésus, a aussi publié un livre sous le titre de l'Art d’aimer Dieu par les créatures ; et cet auteur est tant aimable en sa personne et en ses beaux écrits, qu'on ne peut douter qu'il le soit encore plus écrivant de l'amour même[2]. »

Biographie

Né à Digne, Louis Richeome a revendiqué sa « provençalité » au début de la plupart de ses livres. Pourtant, il quitte rapidement sa région natale pour Paris et ses écoles. En 1564, il compte au nombre de la jeunesse universitaire du collège jésuite de Clermont qui se presse aux leçons de Maldonat. Un an après, il entre chez les jésuites, le même Maldonat étant à la fois son directeur spirituel et son professeur de théologie.

Une fois ses études achevées, Richeome est envoyé à l'Université de Pont-à-Mousson, un des foyers de la renaissance catholique où il a pour élève saint Pierre Fourier qu'il marquera durablement puis à Dijon où il fonda le collège qui devait plus tard compter Bossuet parmi ses élèves. Pendant les quarante dernières années de sa vie, il a occupé les plus hautes charges de son ordre, à Lyon, à Bordeaux, à Rome où il résida comme « Assistant » du Supérieur général, pour la France, de 1607 à 1616. Il meurt à Bordeaux le .

Louis Richeome, les Jésuites et la Ligue

Le , Jean Châtel tente d'assassiner Henri IV, le blessant à la lèvre. Arrêté sur le champ, il est condamné et exécuté le . Lors de l'enquête, il apparait que Jean Châtel a été élève des Jésuites, au collège de Clermont. Les ennemis de la Compagnie s'emparent de l'affaire, et l'exploitent, jusqu'à obtenir que les Jésuites soient accusés d'avoir manipulé Jean Châtel, malgré les dénégations de ce dernier. Ses anciens professeurs, les pères Hay et Guéret, sont bannis du royaume de France, le père Guignard est pendu et brûlé en place de Grève. Le collège est mis sous séquestre et les meubles vendus[3], et la Compagnie est expulsée du royaume. Un certain nombre de Jésuites prennent alors la direction du Duché de Lorraine, et, en particulier, de l'Université de Pont-à-Mousson fondée en 1572 par le duc Charles III de Lorraine. Louis Richeome aura notamment pour élève le futur saint, Pierre Fourier.

S'engage alors une lutte entre les Ligueurs et les Jésuites, les arrêts du Parlement de Paris et les Apologies des Jésuites se répondant, en une véritable guerre épistolaire. Louis Richeome y participe activement, de sa plume « belle, nette et insidieuse »[4], avec ses Trois discours pour la religion catholique, mais également La vérité défendue (Francfort, Wilhem der Sclaffer, 1595), Très humble remontrance et requête des religieux de la Compagnie de Jésus, au roi très chrétien de France et de Navarre, Henri IV (Bordeaux, Simon Millanges, 1598), Response pour les religieux de la Compagnie de Jésus au plaidoyer de Simon Marion (Villefranche, Guillaume Grenier, 1599), publié sous le pseudonyme de René de la Fon, La chasse du renard Pasquin (Villefranche, Hubert Le Pelletier, 1602) ou la Plainte apologétique (Bordeaux, Simon Millanges, 1603)[5].

Bibliographie

Une bibliographie de Louis Richeome est disponible sur le site de la Post-Reformation Digital Library[6].

  • L'adieu de l'ame devote laissant le corps (etc.), Tournon, Guilhaume Linocier, , 564 p. (lire en ligne).
  • L'adieu de l'âme dévote laissant le corps : avec les moyens de combattre la mort par la mort,&l'appareil pour heureusement se partir de ceste vie mortelle, Arras, Gilles Bauduyn, , 503 p. (lire en ligne).
  • La verité defendue pour la religion catholique. En la cause des Iesuites, contre le plaidoyé d'Antoine Arnaud, par François des Montaignes, Toulouse, Vve Jacques Colomiez, , 287 p. (lire en ligne).
  • Trois discours pour la religion catholique, les miracles, les saincts, les images, Bordeaux, Simon Millanges, , 587 p. (lire en ligne).
  • Responce de Rene de La Fon pour les religieux de la Compagnie de Iesus av playdoyé de Simon Marion en l'arrest donné contre iceux le 16 d'octobre 1597 : auec quelques notes sur la playdoyé & autres subiects des recherches d Estienne Pasquier ..., Valenciennes, Guillaume Grenier, , 238 p. (lire en ligne).
  • Tres-humble remonstrance, et requeste des religieux de la Compagnie de Iesus : au tres-chrestien Roy de France et de Nauarre, Henry IIII, Bordeaux, Simon Millanges, , 109 p. (lire en ligne).
  • La Sainte Messe declaree et defendue Contre les erreurs sacramentaires de nostre temps ramassez au livre de l'Institution de l'Eucharistie de du Plessis, t. I, Bordeaux, Simon Millanges, , 567 p. (lire en ligne).
  • La Sainte Messe declaree et defendue Contre les erreurs sacramentaires de nostre temps ramassez au livre de l'Institution de l'Eucharistie de du Plessis, t. II, Bordeaux, Simon Millanges, , 628 p. (lire en ligne).
  • TABLEAVX SACREZ des figures mystiques du tres-auguste sacrifice et sacrement de l’Eucharistie. DE DIEZ: : A la tres chrestienne Royne de France et de Nauarre MARIE de Medicis, Paris, Laurens Sonnius, , 518 p. (lire en ligne).
  • Plainte apologetique au Roy tres chrestien de France & de Nauarre pour la Compagnie de Iesus, contre le libelle de l'aucteur sans nom intitulé Le franc & veritable discours &c : auec quelques notes sur vn autre libelle dict Le cathechisme des Jesuites, Bordeaux, Simon Millanges, , 463 p. (lire en ligne).
  • La sacrée Vierge Marie au pied de la croix, Guillaume de la Rivière, , 163 p. (lire en ligne).
  • (la) Expostulatio apologetica ad Henricum IV Francorum [et] Nav. rege[m]. xpaniss. pro societate Iesu : in famosum libellum qui "Ingenua et vera ora[ti]o" [et] in alterum qui "Catechismus Iesustarum" inscribitur, Lyon, Horatium Cardon, , 628 p. (lire en ligne).
  • Victoire de la verité catholique : contre la fausse verification du sieur du Plessis, sur les lieux impugnez de faux au livre de la S. Messe, par Loys Richeome, provençal,..., Lyon, Jean Pillehotte, , 480 p. (lire en ligne).
  • Le pelerin de Lorete ..., Lyon, Pierre Rigaud, , 688 p. (lire en ligne).
  • L'idolatrie huguenote, figurée au patron de la vieille payenne divisée en huit livres, Lyon, Pierre Rigaud, , 736 p. (lire en ligne).
  • Le panthéon Huguenot découvert et ruiné contre l'aucteur de l'idolatrie-papistique .., Valenciennes, Jean Veruliet, , 328 p. (lire en ligne).
  • Consolation envoyee a la Royne mere du Roy, et regente en France. Sur la mort déplorable du feu Roy tres-chrestien de France & de Navarre Henry IIII, son tres-honoré Seigneur & Mary. Par Louys Richeome Provençal, de la Compagnie de Jesus, Jean Osmont, , 172 p. (lire en ligne).
  • Examen categorique du libelle Anticoton... Par Louys Richeome,..., Pont à Mousson, Melchior Bernard, , 580 p. (lire en ligne).
  • PLAINCTE IVSTIFICATIVE /DE LOVIS DE BEAVMANOIR pour les peres Iesuites. CONTRE LA REMONSTRANCE & plaincte de Mre. Louys Seruin Aduocat du Roy. Addressee à la Cour de Parlement de Paris, Frédéeic Morel, (lire en ligne).
  • Advis et notes donnees svr qvelqves plaidoyez, de Maistre Louys Seruin aduocat du Roy, cy deuant publiez en France, au preiudice de la religion Catholique, de l'honneur du Roy tres-chrestien, & de la paix de son royaume ..., Claude Michel, , 336 p. (lire en ligne).
  • Remerciement avec une enseigne de treize pierres precieuses presentée au Tres-Chrestien Roy de France&de Navarre, Louis Treziesme. Pour avoir r'estably le College de Clermont de la Compagnie de Jésus à Paris, Bordeaux, Simon Millanges, , 231 p. (lire en ligne).
  • Les Oeuvres du P. Louis Richeome, S.J.... divisées en 2 tomes, le premier contenant les défenses de la foy; le second, les traitez de dévotion, t. I, Paris, Sébastien Cramoisy, , 1100 p. (lire en ligne).
  • Les Oeuvres du P. Louis Richeome, S.J.... divisées en 2 tomes, le premier contenant les défenses de la foy; le second, les traitez de dévotion, t. II, Paris, Sébastien Cramoisy, , 1075 p. (lire en ligne).

Sources

  • Henri Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, depuis la fin des guerres de religion jusqu'à nos jours, Tome 1 - L'humanisme dévot (1580 - 1660), Chapitre 2 : Louis Richeome (1544-1625), Librairie Bloud et Gay, Paris, 1924, 552 p. [Consultable en ligne lire en ligne]].

Notes

  1. Eugène Martin, « L'Université de Pont-à-Mousson », dans L'Université de Nancy (1572-1934), Éditions du Pays lorrain, Nancy, 1934, p. 5.
  2. Saint François de Sales, Traité de l'amour de Dieu, nouvelle édition revue et annotée par l'abbé Jules Bonhomme, tome I, Paris, 1924. [lire en ligne].
  3. Copie de l'Édit signé le 7 janvier 1595 par Henri IV à Poitiers, in Charles Sauvestre, Instructions secrètes des Jésuites, p. 164-166, Éditions Dentu, 1878.
  4. Amédée Droin, « L'expulsion des Jésuites sous Henri IV et leur rappel », Revue d'histoire moderne et contemporaine (1899-1914), vol. 3, n° 1 (1901/1902), p. 15. [lire en ligne].
  5. Claude Sutto, "Henri IV et les Jésuites", Renaissance and Reformation, vol. 29, n° 4 (1993), p. 22. [lire en ligne].
  6. « Louis Richeome », sur Post-Reformation Digital Library

Lien externe

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