Louis Napoléon Chaltin

Louis Napoléon Chaltin, né à Ixelles le et mort le à Uccle, est un officier belge[1].

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Louis Napoléon Chaltin
Naissance 27 avril 1857
Ixelles
Décès 14 mars 1933 (à 75 ans)
Uccle
Origine Belge
Allégeance Royaume de Belgique
Grade colonel
Distinctions Grand officier de l'ordre de Léopold
Hommages
Autres fonctions Explorateur

Historique

Chaltin est nommé lieutenant en 1885. Il entre au service de l'État indépendant du Congo (EIC) en 1891. En 1893, il est à la tête du camp de la Force publique à Basoko, d'où il part prendre Riba Riba (près de l'actuelle Kindu) en remontant le Lomami. Puis il lève le siège de la station des Stanley Falls (actuelle Kisangani). Il sécurise ensuite la région de Dungu dans le nord-est du territoire de l'EIC (commandant du district du Haut-Uele à partir de 1893).

À la fin de 1896, il occupe l'enclave du Lado, et atteint Redjaf le , le jour même où débute au sein de la colonne principale la révolte des Batetela. Il livre victorieusement trois jours plus tard la bataille de Redjaf.

Il décède à Uccle en 1933.

Il laisse son nom à la localité congolaise d'Aketi Port-Chaltin près de Kisangani.

Biographie

Louis Napoléon Chaltin voit le jour le à Ixelles de Jean Népomucène Napoléon Chaltin et de Rosalie Bouckaert. La consultation de certaines archives[Lesquelles ?] permet d'affirmer que son père fut militaire. En effet, Jean Népomucène Napoléon Chaltin fut capitaine de première classe au quatrième régiment de ligne. Son entrée au régiment est, par ailleurs, attestée par l'arrêté du régent du . Il servira dans diverses campagnes contre les Pays-Bas de 1831 à 1839 et prit sa pension le . Ses principaux faits d'armes lui valurent d'être décoré de la croix de fer et de la croix commémorative. Des pièces d'archives[Lesquelles ?], telles que des procurations, poussent à penser qu'il eut un frère du nom de Julien Chaltin qui exerça la profession d'horloger.

Louis Chaltin fait ses études à l'athénée d'Ixelles, puis est admis à l'école des enfants de troupe suivant une autorisation ministérielle du , et ce, pour un engagement jusqu'à sa 24e année accomplie. C'est à l'âge de 16 ans qu'il passe les examens préparatoires à la sous-lieutenance. Ce type de parcours s'explique par le fait suivant : pour accéder au grade d'officier, on avait, à cette époque, le choix entre deux possibilités : les cadres ou l'École Militaire.

C'est ainsi qu'il s'engage au 10e régiment de ligne et commence sa carrière militaire au grade de caporal-fourrier. Il accède au rang de sous-officier par le passage de caporal-fourrier à sergent-fourrier le , puis de sergent-fourrier à sergent-major le , et enfin, de sergent-major à adjudant sous-officier le . Dès le , il est nommé sous-lieutenant et par la même, il est désigné pour le 3e régiment de ligne. Il change d'affectation pour être détaché au Ministère de la guerre le , et ce, par décision ministérielle. D'après la Biographie coloniale belge, il passe du Ministère de la guerre au parquet de la Cour Militaire, auquel il occupe le poste de secrétaire de la Commission de révision du Code de procédure militaire. Durant cette période, il est aussi nommé lieutenant (le ).

Le , il est détaché à l'institut cartographique militaire par décision ministérielle. Dès ce moment, il se met à la disposition de l'EIC. C'est donc le qu'il est admis au service de celui-ci en qualité de lieutenant de la Force Publique. À son entrée à la Force publique, le lieutenant Chaltin conserva son grade acquis dans l'armée belge.

Le , pour son premier terme de service, il embarque à Ostende sur le SS Belgian Prinz à destination de Boma qu'il atteint le après quelque vingt-sept jours de voyage. Dans ses premiers jours en terre africaine, il est désigné pour le district de l'Aruwimi-Uele (le ) et pour le commandement du camp de Basoko. Le , il quitte Boma à destination de Basoko où il arrive le , et ce, en passant par Matadi, le .

Entre-temps, Van Kerckhoven, dans des instructions qu'il laissait à l'usage du camp de Basoko, le , demandait que les arabes soient tenus de livrer à l'État la moitié de leur ivoire et d'en avoir mis en caution au préalable trois tonnes au camp de Basoko. Sa progression au sein de la hiérarchie continue, il est nommé successivement commissaire de district de deuxième classe, le , et capitaine en second de première classe, le . En , c'est au cours d'une opération contre les Baoundeh, situés dans l'Aruwimi, qu'il reçoit sa première blessure, à savoir un coup de lance à la jambe. On mentionne, par ailleurs, dans une note de l'État que, durant les années 1891 et 1892, Chaltin livra aux arabes plusieurs combats victorieux et les chassa des divers points qu'ils occupaient. Il parvint à les empêcher de franchir l'Aruwimi et grâce à de nombreux postes qu'il fonda sur les rives de l'Aruwimi, il empêcha les arabes de pénétrer à nouveau dans les territoires de l'État.

Le , il est nommé capitaine commandant de 2e classe et, par la même, son indemnité est portée à 3 000 francs. Mais la campagne arabe ayant éclaté, Chaltin part au secours de Nicolas Isidore Tobback qui est attaqué aux Stanley-Falls par les fusiliers du sultan Rachid, le . C'est ainsi qu'avec l'appui de canons, il déloge les arabes qui occupaient l'île faisant face à la station. Il rejoint Tobback et passe sur la rive gauche du fleuve pour prendre d'assaut les dernières positions ennemies. Ceci lui vaudra d'ailleurs d'être cité à l'ordre du jour le . En reprenant la route vers Basoko, il rencontre l'inspecteur Fivé, lequel, avec Daenen et Henry, vient de s'emparer du camp d'Isangi et d'obtenir une victoire contre les arabes à La Romée. Dès lors, il part à la poursuite des vaincus en remontant le Lomami jusque Bena-Kamba puis Riba-Riba. Cette poursuite est suivie d'une victoire où il peut venger la mort du lieutenant Michiels et le coup porté à l'expédition Hodister qui est décimée. Son premier terme arrivant à expiration, Chaltin reprend la route de Boma, le pour y arriver le . Il embarque à Boma sur le Coomassie le à destination de l'Europe à la suite de l'expiration de son terme de service ().

Deuxième voyage

Pour son second terme de service, il embarque à Anvers, le , à destination de l'Afrique. On mentionne d'ailleurs un traitement de 12 000 francs, traitement qui peut être mis en relation avec celui de son premier départ. On constate donc un passage de 2 400 francs à 12 000 francs. Différence assez significative qui est expliquée par son avancement dans la hiérarchie. En effet, il est nommé commissaire de district de première classe le . Chaltin atteint la tête de l'administration de district ainsi que du service territorial.

Le , il arrive à Boma après quelque dix-neuf jours de voyage. Arrivé au Congo, il reprend le commandement de l'Aruwimi, mais des ordres du gouvernement central en date du le poussent à rejoindre le plus tôt l'Uele pour y reprendre le commandement de Le Marinel sur le Haut-Uele. Ainsi, le , il quitte Boma pour Niangara, chef lieu de l'Uele. Déjà, on lui donne pour instruction de prendre part à l'expédition qui devra conduire Dhanis des Falls sur le Haut-Nil.

Arrivé à Niangara, qui est le chef-lieu de l'Uele, Chaltin commence la préparation de cette avancée vers le bassin du Nil en effectuant des tâches de reconnaissance et de formation de ses troupes. Mais avant tout, il lui faut pacifier le district de l'Uele ; tâche à laquelle il s'emploie fin 1895. C'est ainsi qu'il doit organiser une expédition contre les chefs Bili et Ndoruma.

L'expédition peut être vue comme un moyen de pacification de l'Uele, mais Bili, qui possédait des territoires le long de l'Uele, refuse d'offrir son appui à l'État en . Il faut donc parer au danger que présente l'insoumission de ces chefs azandes dans l'Uele. C'est ainsi qu'en , Chaltin entreprend l'expédition contre Bili qui possédait quelque 1 000 guerriers au nord de Niangara. Chaltin vient à bout de Bili à la suite d'un combat sanglant et se porte alors vers les territoires de Ndoruma situé dans le nord. Les deux grands chefs azandes sont donc battus successivement en date du et du . Comme l'explique Chaltin : « Pour me rendre compte des effets du feu j'ai fait réunir sur une même ligne les cadavres qui se trouvaient devant notre front. Il y en avait 103. Des morts, il y en a partout. Et combien de blessés, j'en évalue le nombre à 3 à 400; et je crois être en dessous de la vérité »[réf. nécessaire].

En date du , Chaltin reçoit à Niangara un courrier du Gouverneur général Wahis lui demandant de faire route vers le Nil sans attendre l'arrivée de Dhanis et ses troupes. En résumé, une colonne sous le commandement de Dhanis partait des Stanley-Falls en septembre 1896 tandis qu'une autre, sous le commandement de Chaltin, allait partir le de Dungu. Les deux colonnes avaient pour objectif de se rencontrer à la frontière, à Ndirfi, plus précisément. Mais la colonne Dhanis ne sera pas au rendez-vous à la suite d'une mutinerie dans son avant-garde en date du . C'est ainsi que Chaltin remonte le Kibali jusqu'à Surur puis il se dirige, avec ses troupes, vers Faradje, au nord-est, et Aba. Après quelque six semaines de marche, ils arrivent le sur les bords du Nil face à l'ancienne station égyptienne de Bedden. A 25 kilomètres de là, les Madhistes occupent Redjaf et se portent à la rencontre de Chaltin. Le , les deux belligérants se rencontrent lors de la bataille dite de Bedden. Chaltin arrive à repousser les Mahdistes dans une retraite précipitée jusque Redjaf. C'est ainsi que, le même jour, dans l'après-midi, Chaltin arrive au mont Redjaf où il livre une nouvelle bataille qu'il remporte. Entre-temps, il est nommé commissaire général, le , et son traitement est porté à 15 000 francs. Mais son deuxième terme arrivant à expiration, il repart à Boma où il arrive le pour embarquer sur le SS Bruxelles-ville le à destination de l'Europe qu'il atteint le .

Troisième voyage

Chaltin repart pour un troisième terme en qualité d'inspecteur d'état avec un traitement de 25 000 francs, le . C'est ainsi qu'il rembarque à Anvers sur le Albertville pour arriver à Boma le et y être désigné pour prendre la haute direction dans le district de l'Uele (). L'entièreté de son troisième terme de service est voué à l'organisation administrative et militaire du district de l'Uele et de l'enclave de Lado. Il met fin à sa carrière au service de l'EIC, en 1902, et rentre à l'Armée en Belgique. C'est là qu'il est promu au grade de major le et, par la même, désigné pour le 4e régiment de ligne, un régiment d'infanterie. C'est ici qu'il cesse d'être détaché à l'institut cartographique militaire par décision ministérielle du .

En 1905, un accident de cheval l'oblige à prendre sa retraite qui deviendra effective le . Sa carrière militaire prenant fin, une pièce d'archive[Laquelle ?] montre que le secrétaire d'état du ministère des colonies envoie une lettre de recommandation au président de la compagnie du Kasai.

Première Guerre mondiale

Au moment de la déclaration de guerre de 1914, Chaltin est en congé en Europe. Il reprend du service en qualité de colonel de réserve pour la durée de la guerre, le . Il est d'ailleurs désigné pour prendre la tête des volontaires congolais, ce corps de quelque 330 volontaires coloniaux divisés en deux compagnies sous les ordres de De Cock et de Laplume, lequel est l'un des adjoints de Chaltin dans l'affaire de Redjaf. Ceux-ci sont désignés pour la défense de Namur. Ils quittent le dépôt du corps à Saint-Nicolas le en direction de Namur. Une fois sur place, ils doivent assurer la défense de Namur, mais la place est cernée par les Allemands des trois côtés.

Les volontaires coloniaux doivent donc se retirer sur Maizeret, dans le bois de Lives, pour couvrir la retraite des troupes belges vers l'Entre-Sambre-et-Meuse. Le , devant l'avance rapide des Allemands, toutes les troupes de Namur ayant passé la Meuse, le corps de Chaltin se trouve isolé. C'est ainsi qu'ils furent prisonniers bien que leur mission était accomplie. Le , il est dirigé sur l'Allemagne et interné le à la citadelle de Magdeburg. De là, on le déplace plusieurs fois jusqu'au à Heidelbourg où il fait un séjour de deux mois à l'hôpital. Puis, on le déplace une fois de plus vers la Suisse pour cause de maladie contractée durant la captivité, le . Pour la même raison, il est transféré en France le et mis à la disposition du ministre de la guerre.

La guerre prenant fin, il est rapatrié le en Belgique. Par la suite, on le commissionne au grade de colonel de réserve pour la durée de la guerre à la date du . Quittant cet emploi, la commission prend fin le mais il est autorisé à garder le grade de colonel à titre honorifique. Néanmoins, il reste encore quelque peu à l'armée où il occupe des fonctions dans des commissions de recrutement à Liège et Namur en avril et . Enfin, c'est le qu'il est démobilisé suivant l'avis du ministre de la défense nationale. Par conséquent, il prend sa retraite, ce qui met un fin à sa carrière militaire et ce de façon définitive.

Dernières années

Les dernières années de sa vie sont consacrées à la continuation de ses activités coloniales dans le secteur privé, secteur dans lequel il fait bénéficier de son expérience, et ce, au service de différentes sociétés telles que Belcoma Cafegas, dont il est nommé président, mais aussi de la Société coloniale belge du Congo oriental, dont il est aussi nommé président, la C.A.C., la C.K., la Société Minière de l'Aruwimi, l'Unatra dont il est commissaire.

Après une carrière bien chargée, il meurt à Uccle le en laissant de nombreux travaux.

Récompenses et distinctions

  • Étoile de service ()
  • Chevalier de l'Ordre royal du lion ()
  • Médaille de la campagne arabe ()
  • Chevalier de l'Ordre de Léopold ()
  • Croix militaire de deuxième classe ()
  • Chevalier de l'Ordre de l'étoile africaine ()
  • Officier de l'Ordre royal du lion ()
  • Croix militaire de première classe ()
  • Officier de l'Ordre de Léopold ()
  • Médaille commémorative du règne de Léopold II ()
  • Commandeur de l'Ordre de Léopold ()
  • Croix de guerre ()
  • Commandeur de l'Étoile africaine ()
  • Médaille commémorative de la campagne d'Afrique ()
  • Grand officier de l'Ordre de Léopold ()

Bibliographie

  • L. Lotar, M. Coosemans, Biographie coloniale belge, t. 1, Bruxelles, Institut Royal Colonial Belge, 1948, col. 229-232.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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