Louis Gain

Louis Gain, né le à Mortain et mort le à Dreux, est un naturaliste et explorateur français.

Il participe, en tant que naturaliste, puis en tant que météorologue, à de nombreuses expéditions scientifiques, notamment avec Jean-Baptiste Charcot sur le Pourquoi Pas ?. Il a été directeur adjoint de l'Office national de la météorologie de 1934 à 1940.

Biographie

L'enfance et les études[1]

Louis Albert René Gain[2] est né à Mortain (Manche), le . Son père, Désiré Gain et sa mère Léonie Briard ont quatre enfants : Alice, Gustave, Luce et Louis. Son père a commencé sa carrière en tant que dessinateur pour la Marine, avant de devenir conducteur de travaux publics, puis dessinateur pour la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest.

En 1903, Louis interrompt quelques mois ses études pour s’engager dans l’armée au 101e régiment d’infanterie. Après une licence en sciences, il prépare un doctorat à la chaire d’anatomie comparée du Muséum d'histoire naturelle de Paris.

L’Antarctique avec Charcot, les campagnes océanographiques et le voyage au Turkestan

Cliché de Louis Gain pris pendant la seconde expédition Charcot dans l'Antarctique. Hivernage à l'île Pétermann

Sa constitution physique vigoureuse lui permet d’être retenu par le commandant Charcot pour participer à la première expédition[3] du Pourquoi Pas ? en Antarctique, en tant que naturaliste. Le départ, très médiatisé, est donné le , devant une foule nombreuse[4]. À bord, outre l’équipage, on compte plusieurs scientifiques, notamment Jules Rouch, météorologue. Celui-ci épousera en 1913, Luce Gain et deviendra alors le beau-frère[1] de Louis. Pendant toute l’expédition qui dure presque deux ans, Louis tient un journal[5], prend des photos[6], observe la faune et la flore de l’Antarctique[7], bague les manchots pour observer leurs déplacements[8]. Il s’intéresse également au travail de Jules Rouch[9], aide à l’installation de la station météorologique à Port Circoncision sur l'île Petermann et inscrit dans son journal de nombreuses observations météorologiques. Son journal, une partie des photos qu'il a prises ainsi que plusieurs manchots naturalisés ont fait l'objet d'une exposition à Rouen[10] en 2011.

À son retour en France, tout en étant préparateur au muséum d’histoire naturelle, Louis participe, en tant qu'algologue, à trois campagnes océanographiques avec SAS le Prince de Monaco[11].et avec le comte Jean de Polignac sur les côtes africaines de mai à [12]. Pour le compte de la République Française, il réalise une mission[13] au Turkestan avec son frère Gustave d’avril à , dont ils rapporteront une série de photographies en couleur[14].

Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur à titre civil par décret présidentiel du .

La guerre de 14-18

Le , Louis Gain est mobilisé comme sergent au 40e régiment d'infanterie. Son profil de scientifique et son goût pour la météorologie lui valent d’être en 1918 sélectionné pour devenir officier météorologiste. Il finira sa carrière au grade de capitaine.

Il découvre pendant la guerre l’aviation, l’album de photos qu’il a constitué pendant cette période témoigne des nombreuses reconnaissances aériennes qu’il a effectuées.

La carrière de météorologiste[15]

À la démobilisation, il retrouve son poste au Muséum d’histoire naturelle, pour quelques mois seulement, puisque le , il est nommé chef du Service météorologique de la Navigation aérienne. En effet, pendant la guerre, des moyens importants ont été donnés à la météorologie, ce qui a généré à la fois des progrès mais aussi une forte attente en matière de prévision et d’assistance à l’aéronautique. Le Bureau central météorologique (BCM) créé en 1878 devient le l'Office national météorologique(ONM). On retrouve à sa tête les militaires qui se sont distingués dans ce domaine pendant la guerre. Louis Gain est ainsi nommé, dès 1921, inspecteur général de l’ONM[16] avant d’en devenir directeur adjoint en 1934. À ce titre, il sera membre de plusieurs commissions de l’Organisation météorologique internationale (OMI). Dès 1919, il publiera des articles scientifiques, dans le domaine de la météorologie. Son article sur « La prédiction des houles au Maroc » dans les Annales hydrographiques est qualifié de « première méthode satisfaisante pour le prévision des houles » dans un article de la même revue en 2010[17].

Afin de préparer l'Année polaire internationale 1932-1933, il embarque de nouveau sur le Pourquoi pas ? en 1931, afin de repérer où installer la station météorologique de Scoresby Sund en Arctique. Lors d'une conférence à la Société astronomique de France, en , Jean-Baptiste Charcot est extrêmement élogieux[18] sur son rôle dans la mission en mentionnant le rôle majeur de Louis Gain pour le succès de l’opération, à savoir trouver le meilleur emplacement possible pour l’observatoire aérologique[19].

Louis Gain est élevé au grade d’officier de la Légion d'honneur par décret présidentiel du . Tout au long de sa carrière professionnelle, il publie des articles liés à son expérience des glaces, notamment dans la revue La Météorologie éditée par la Société météorologique de France ou à des missions plus ponctuelles, au Maroc notamment. Il photographie et filme aussi[20], notamment des nuages pour l’élaboration d’une nouvelle édition de l’Atlas international des nuages[21]. Il est également l’auteur de livres sur l’organisation et l’exploitation de postes météorologiques.

À la mort de Jean-Baptiste Charcot, il fait partie des hommes qui prennent la parole[22] pour témoigner de leur respect pour celui qui fut plus qu’un compagnon de route.

La retraite

Louis Gain est officiellement admis à la retraite le et se retire alors à Dreux (Eure-et-Loir)[23]. En pratique, compte tenu du contexte, il choisit de ne pas la prendre et de participer à l’organisation du transfert, en , de l’exploitation centrale de l’ONM [24](station principale, transmissions,.. ) de Paris à Barbezieux en Charente. Il en assure, ensuite, la direction opérationnelle jusqu’au , date à laquelle il prend effectivement sa retraite. Il s’agit cependant d’une retraite active[1] puisqu’il participe à la création du Musée d’Art et d’Histoire de Dreux. Il préside la Société des Amis du Musée, de la bibliothèque et des archives de 1960 à 1963 et fait don au musée de trois albums de photos et de carnets rédigés lors de son expédition en Antarctique avec Jean-Baptiste Charcot.

Il décède le à Dreux où une rue porte son nom.

Sa veuve, Marie Alberte Ledoux, qu'il a épousée à Paris 7e arrondissement le , est décédée à Dreux le . Ils sont tous deux inhumés au cimetière de Saint-André-de-l'Eure[25].

Les expositions

Le Musée d'art et d'histoire de Dreux lui a consacré une exposition[26] en .

Toujours, en 2010, les Archives de la Seine-Maritime ont présenté un diorama avec des manchots ramenés par Louis Gain ainsi que plusieurs de ses photographies,dans le cadre de l'exposition Visions d'Antarctique, les compagnons du Pourquoi Pas ?[10].

En 2016, à l'occasion des 80 ans du décès de Jean-Baptiste Charcot, une exposition "Quand Charcot gagnait le sud" , à la Maison d'Amérique latine, présente plusieurs des photos qu'il a prises en antarctique[27].

En 2017, la mairie de Neuilly-sur-Seine commémore les 150 ans de la naissance de Jean-Baptiste Charcot avec une rétrospective « Jean-Baptiste Charcot, l'explorateur légendaire » et plusieurs photographies de Louis Gain sont exposées[28].

En 2017, c'est au tour des archives de la Manche de rendre hommage à Jean-Baptiste Charcot avec l'exposition « Les Horizons polaires du Pourquoi Pas ? Les manchots aux pôles ! » qui exploite les fonds Gain (Gustave et Louis), Marin Marie et Lucien Rudaux[29].

Œuvres

  • Raoul Anthony et Louis Gain, 2e expédition antarctique française(1908-1910)- Embryologie des spheniscidae, Masson et Cie, (lire en ligne)
  • Louis Gain, « La vie et les mœurs du pingouin Adélie », Actes du IXe congrès international de zoologie, Monaco, 1913, pp. 501-521.
  • Louis Gain, « Campagne du Sylvana (février-juin 1913), mission Comte Jean de Polignac-Liste des stations », Bulletin de l'Institut océanographique, no 278,
  • Louis Gain, « La prédiction des houles au Maroc », Annales hydrographiques,
  • Louis Gain, « La prédiction des houles sur la côte atlantique du Maroc », Matériaux pour l'étude des calamités, Société de Géographie de Genève,
  • Louis Gain, « Les glaces flottantes », La Météorologie,
  • Albert Baldit et Louis Gain, Cours de météorologie à l’usage des observateurs de l’Office National Météorologique, Gautier-Villars, (lire en ligne)
  • Louis Gain, « Charcot et les animaux des régions glacées australes », Bulletin Officiel du Yacht Club de France,
  • Louis Gain, « La carrière du Pourquoi pas », Ciel et Terre, (lire en ligne)
  • Louis Gain, « Charcot et son œuvre scientifique », La Météorologie,
  • Louis Gain, Carnet de reconnaissance de la terre de Graham du au , conservé au musée de Dreux [lire en ligne]
  • Louis Gain, Albums de photos de la première expédition du Pourquoi Pas ? en Antarctique [voir en ligne]

Notes et références

  1. Marie-Isabelle Merle des Isles, Destins d’explorateurs, Paris, La Martinière, , 183 p. (ISBN 2-7324-3259-8), 1 : Portrait de famille, pages 8 à 18
  2. Registre d'état civil de la commune de Mortain 1883-1889, cote 5 Mi 273, consultable en ligne (image 42/392)
  3. Jean-Baptiste Charcot, Le Pourquoi Pas dans l’antarctique, Paris, Arthaud, , 287 p. (ISBN 2-7003-1088-8)
  4. Serge Kahn, « Jean-Baptiste Charcot en Antarctique », La philatélie française, no 643, (lire en ligne)
  5. Marie-Isabelle Merle des Isles, Les compagnons du Pourquoi Pas ?, Dijon- France, Paulsen, , 294 p. (ISBN 978-2-916552-22-4), page 53
  6. Patricia Margaret, Millar.Filtering ways of seeing through their lenses : représentations of Antarctic exploration by lesser known Heroic Era photographers. Thèse Master of Science-Social Sciences -University of Tasmania 2013. Lire en ligne http://eprints.utas.edu.au/17288/2/whole-thesis-millar.pdf, pages=122-141
  7. Marc Jampolsky, « Une aventure polaire », documentaire diffusé sur Arte le 8 octobre 29016 à 20h50
  8. Marguerite, Netchaïeff. Le marquage visuel des animaux sauvages applicable au manchot royal. Thèse d'exercice, Médecine Lire en ligne http://oatao.univ-toulouse.fr/12270/1/Netchaieff_12270.pdf, page 99
  9. Jules Rouch, Le Pôle Sud : histoire des voyages antarctiques, Flammarion,
  10. « Exposition « Visions d’Antarctique, les compagnons du Pourquoi pas » | Archives départementales de Seine-Maritime », sur www.archivesdepartementales76.net (consulté le )
  11. « http://www.centrescientifique.mc/fr/PrinceAlbert1er/BilanCampagnes.aspx », sur www.centrescientifique.mc (consulté le )
  12. Jules Rouch, Sur les côtes du Sénégal et de la Guinée : Voyage du Chevigné., Société d'éditions géographiques, maritimes ét coloniales, , 185 p.
  13. Marie-Isabelle Merle des Isles, Aventuriers du monde : les archives des explorateurs français : 1827-1914 : Deux frères en quête d’uranium, Paris, L’iconoclaste, (ISBN 978-2-913366-60-2)
  14. « A premières vues », sur Libération.fr, (consulté le )
  15. Archives de Météo-France : Etat de services de Louis Gain
  16. Courrier du Directeur de l'ONM eu Sous-Secrétaire d'état de l'Aéronautique et des transports aériens, le 20 février 1922, dans lequel il liste les personnels de l'ONM, leur statut et leur salaires - Bibliothèque de Météo-France
  17. Fabrice Ardhuin, Rudy Magne et Jean-François Filipot, « Observation et modélisation numérique des états de mer ou vers une description réaliste de la surface marine incluant les déferlements », Annales hydrographiques, no 775, , p. 3 (lire en ligne)
  18. Jean-Baptiste Charcot, L’année polaire 1932-1933 (Conférence donnée à la Société Astronomique de France), (lire en ligne)
  19. Francis Péroz, L'exploration polaire française : Une épopée humaine, Pontarlier, Editions du Belvédère, , 175 p. (ISBN 978-2-88419-398-6), page 29
  20. Maurice Mezin, « La cinématographie des nuages », La Météorologie, , p. 325
  21. Philippe Scheschewsky et Philippe Wehrlé, « A propos d'une édition nouvelle de l'Atlas », La météorologie, , p. 485 (lire en ligne)
  22. Charles Maurain, « Cérémonie commémorative en l'honneur de Jean-Baptiste Charcot », Revue de l'Académie des Sciences, , p. 85 (lire en ligne)
  23. L'Écho Républicain de la Beauce et du Perche, 1er février 1963 "M. Louis Gain est mort hier à Dreux" : "M. Gain devait se retirer à Dreux peu avant la deuxième guerre mondiale"
  24. Sophie Roy, 125 ans à l'ombre de la tour Eiffel : du bureau central meteorologique a Meteo-France, Saint-Mandé, France, Météo-France, , 166 p. (ISBN 978-2-11-129157-7, lire en ligne), Pages 53-54
  25. L'Écho Républicain de la Beauce et du Perche, 2 février 1963
  26. « Exposition Louis Gain - Dreux 2010 », (consulté le )
  27. Arnaud Devillard, « Expéditions : comme à la maison, avec le commandant Charcot en Antarctique », Sciences et Avenir, (lire en ligne, consulté le )
  28. « PressReader.com - Connecting People Through News », sur www.pressreader.com (consulté le )
  29. « EXPOSITION "HORIZONS POLAIRES. DES MANCHOTS SUR LE POURQUOI PAS ?" - Archives de la Manche », sur www.archives-manche.fr (consulté le )

Liens externes

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