Louis Adrien Le Paige

Louis Adrien Le Paige, né en 1712 et mort en 1802, est un avocat français et l'un des principaux animateurs du mouvement janséniste au XVIIIe siècle.

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Biographie

Issu d'une famille liée au parlement et à la Sorbonne, neveu du syndic Le Hideux[3], Louis Adrien Le Paige commença dès l'âge de 20 ans, en 1732, à polémiquer contre la bulle Unigenitus Dei Filius. Ce texte du pape Clément XI, publié en 1713 et rédigé à la demande de Louis XIV, condamnait l'ouvrage de l'oratorien Pasquier Quesnel, Le Nouveau Testament en français avec des Réflexions morales, notamment sur sa conception de la théorie du salut et devait donner le coup de grâce à un mouvement janséniste fort affaibli par la disparition de ses grandes figures de proue. Maladroitement formulée, heurtant les susceptibilités de l'Église de France et fulminée peu de temps avant la mort du roi, la bulle fut mal reçue dans le royaume. Renforcé par l'appui d'une grande partie de la sensibilité gallicane, le mouvement janséniste connut une nouvelle jeunesse grâce à elle.

Conscient de la portée symbolique de l'acceptation ou du refus de la bulle tant en termes ecclésiologiques que politiques, Le Paige n'eut de cesse de la combattre toute sa vie durant. Grâce à ses réseaux dans le milieu robin, il fut l'un de ceux qui contribuèrent au glissement du débat depuis le terrain théologique jusqu'au domaine judiciaire et politique. Grâce à la protection du prince de Conti et à sa position de bailli du Temple, Le Paige bénéficia d'une relative immunité qui lui permit de multiplier libelles et pamphlets[4] et de jouer un rôle de cheville ouvrière dans l'opposition croissante des parlements à la monarchie[5]. Le Paige fut également l'un des grands animateurs du mouvement convulsionnaire et l'un de ceux qui furent à l'origine de l'expulsion des jésuites du royaume de France[6].

Le Paige est notamment l'auteur de Mémoires au sujet d'un nouvel écrit (de l'abbé Capmartin de Chaupy) contre le Parlement, intitulé : Observations sur le refus que fait le Châtelet de reconnaître la Chambre royale, 1754.

Le fonds Le Paige

Très âgé, aveugle et ruiné par la Révolution, Le Paige dut vendre sa bibliothèque à deux frères, Roch et Amable Pâris. Ceux-ci firent transférer les livres chez eux à sa mort, en 1802. Au moment du décès du dernier survivant, Jean-Amable Pâris, en 1845, le fonds Le Paige fut légué à l'ancêtre de la Société de Port-Royal. Ce fonds d'une importance considérable tant pour les questions théologiques que politiques, est conservé à Paris, à la Bibliothèque de la Société de Port-Royal[7].

Références

  1. Relevé généalogique sur Geneanet
  2. Relevé généalogique sur Geneanet
  3. Sur la famille de Le Paige, voir les deux gros volumes non cotés de pièces généalogiques qui se trouvent à la Bibliothèque de la Société de Port-Royal.
  4. La liste exhaustive des écrits imprimés de Le Paige a été publiée par Catherine Maire. De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Le jansénisme au XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1998.
  5. Instigateur ou exécutant ? La nature exacte du rôle de Le Paige n'est pas tranchée. Voir notamment Monique Cottret, Jansénismes et Lumières. Pour un autre XVIIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1998, Catherine Maire, op. cit. et Francesco Di Donato, L'Ideologia dei robins nella Francia dei Lumi. Costituzionalismo e assolutismo nell'esperienza politico-istituzionale della magistratura di antico regime, Naples, Edizioni Scientifiche Italiane, 2003.
  6. Dale Van Kley a mis en lumière le rôle de Le Paige dans cette affaire. The Jansenists and the expulsion of the Jesuits from France, New Haven, Londres, Yale University Press, 1975.
  7. Voir Cécile Gazier, Histoire de la Société et de la Bibliothèque de Port-Royal, Paris, 1966, p. 24-27.

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