Lois de Burgos

Les lois de Burgos, furent les premières ordonnances que la monarchie hispanique mit en œuvre aux Amériques pour organiser la conquête. Elles furent promulguées à Burgos le , avec pour but principal de protéger les Amérindiens des conquistadors[1]. Elles ne furent que vaguement appliquées aux Nouvelles-Indes, la distance empêchant tout contrôle.

En 1511, le dominicain Antonio de Montesinos avait tenu à Saint-Domingue un sermon célèbre dénonçant les exactions commises par les colons espagnols contre les Indiens dans les Grandes Antilles au cours de la première décennie du XVIe siècle. Cette dénonciation s'inscrivait dans le cadre d'une question préoccupante : la justification de la souveraineté espagnole sur les territoires du Nouveau Monde. Afin de réglementer les rapports entre les colons et les autochtones, le roi Ferdinand le Catholique réunit une junte de juristes à Burgos en 1512.

Les discussions opposèrent le juriste Juan López de Palacios Rubios, qui faisait valoir la théorie inspirée d'Aristote de la servitude légitime des Indiens pour leur propre intérêt, à Matías de Paz, représentant des indigénistes indignés par l'exploitation des Indiens.

Ces débats aboutirent à la reconnaissance des droits légitimes du roi d'Espagne sur son territoire du Nouveau Monde à condition toutefois qu'il n'exploite pas les Indiens mais leur reconnaisse des droits d'hommes libres. Toutefois, les débats aboutirent aussi à reconnaître la nécessité pour les Indiens de travailler au profit de la Couronne par l'intermédiaire des Espagnols installés sur place. Conformément à la tradition médiévale, l'évangélisation des Indiens était comprise comme un bien supérieur permettant de justifier les éventuelles injustices qui pourraient leur être infligées.

Extrait du codex Kingsborough, un indigène mexicain porte plainte contre un abus commis par le responsable d'une encomienda.


Résumé des lois de Burgos

Les 35 ordonnances connues également sous le nom « d’ordonnances données pour la bonne administration et le bon traitement des Indiens » prévoient, pour l'essentiel, les dispositions suivantes :

  1. droit de chaque indigène à un repos de quarante jours après cinq mois de travail
  2. obligation de nourrir les indigènes correctement et de leur donner à manger de la viande
  3. interdiction de faire travailler jusqu’à épuisement les indigènes; interdiction de faire travailler les femmes enceintes
  4. obligation de loger et vêtir les indigènes ; obligation de leur fournir un hamac
  5. interdiction d'emprisonner les indigènes et de les frapper avec des bâtons ou des fouets
  6. interdiction faite aux indigènes de se saigner, de se peindre le corps, de se saouler…
  7. obligation de construire des églises partout de façon que les indigènes puissent entendre la messe facilement, les dimanches et les jours fériés
  8. instruction chrétienne obligatoire pour tous les indigènes
  9. nomination d'un « moniteur » pour cinquante indigènes chargé de veiller à l’administration gratuite des sacrements, au baptême des nouveau-nés, à la tenue des registres des naissances et des décès, à la pratique du mariage régulier et non consanguin ainsi qu’à la monogamie. Le « moniteur » sera assisté de deux inspecteurs choisis parmi les voisins les plus âgés de l’encomienda la plus proche[2].


Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Article « Encomienda » dans l'Encyclopædia Britannica, version en ligne consultable au 27/08/2010.
  2. « Leyes de Burgos », Enciclopedia Microsoft® Encarta® Online 2009.
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