Ligue de Prizren

En 1877, les grandes puissances reconnaissent l'autonomie aux nationalités de l'Empire ottoman à l'exception des Albanais (protocole de Londres). Ceux-ci, à la différence de leurs voisins, n'ont pas de langue littéraire bien définie, parlent des dialectes différents et utilisent plusieurs écritures (arabo-turque, grecque et latine). En outre, la plupart d'entre eux sont musulmans et les chrétiens sont partagés entre catholiques et orthodoxes : ils n'ont donc pas le statut de millet nation ») reconnu dans l'Empire ottoman aux communautés dotées d'une Église nationale.

Ouverture de la Ligue de Prizren présidée par le général ottoman Ali Pacha de Gusinje (assis à gauche).
Carte du vilayet d'Albanie réclamé par la Ligue de Prizren.
Abdyl Frashëri.
Pashko Vasa.

En 1878, à l'issue de la guerre russo-turque, le traité de San Stefano () cède aux nouveaux États balkaniques (Grèce, Monténégro, Serbie, Bulgarie), une grande partie des terres à majorité ou forte minorité albanaise.

Le sultan Abdülhamid II autorise alors la tenue d'un congrès à Prizren, dans le vilayet du Kosovo, que les autorités ottomanes envisagent comme une réunion des musulmans des Balkans pour défendre leurs droits face aux nations chrétiennes. La réunion s'ouvre le à la veille des négociations de Berlin. La séance est présidée par Ali Pacha de Gusinje (en), général ottoman d'origine albanaise. Les débats sont d'abord dominés par les ulémas et chefs traditionnels attachés au pouvoir ottoman, y compris des délégués de la Bosnie-Herzégovine (musulmans slaves non albanais) dont la province vient de passer sous administration autrichienne. Mais l'arrivée de délégués non musulmans ou d'intellectuels étrangers au milieu des notables réoriente la discussion vers l'idée d'une principauté autonome d'Albanie : cette résolution est votée le .

Abdyl Frashëri (en) et Pashko Vasa, qui représentent la cause albanaise au congrès de Berlin, tentent vainement d'y faire entendre leurs demandes. Le traité de Berlin, signé le , revient en partie sur les dispositions de San Stefano, mais les grandes puissances refusent de reconnaître l'Albanie qui est seulement, pour le chancelier allemand Otto von Bismarck, une « expression géographique ».

Les fondateurs de la Ligue de Prizren sont, à l'origine, très attachés au maintien de l'Empire ottoman où ils ne réclament qu'un statut d'autonomie ; mais le refus du sultan d'écouter leurs demandes provoque une série de soulèvements, en 1910, 1911 et 1912, rapidement étouffés par l'armée ottomane. Certains participants de la Ligue sont réprimés comme Abdyl Frashëri, condamné à la prison à vie, alors que d'autres se rallient au pouvoir ottoman comme Pashko Vasa, nommé gouverneur du Mont-Liban[1],[2].

Notes et références

  1. Gabriel Jandot, L'Albanie d'Enver Hoxha (1944-1985), Editions L'Harmattan, , p. 53.
  2. Serge Métais, Histoire des Albanais, Fayard, 2006, p. 23 à 27.

Bibliographie

  • Serge Métais, Histoire des Albanais, Fayard, 2006.
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