Moutassarifat du Mont-Liban

Le moutassarifat du Mont-Liban (en arabe : متصرفية جبل لبنان ; en turc : Cebel-i Lübnan Mutasarrıflığı) est une subdivision de l'Empire ottoman entre 1861 et 1915. Il devait son nom au Mont-Liban. Sa capitale était Beiteddine et Baabda. Il était entouré, au Nord, par le sandjak de Tripoli, à l'Est, par celui de Damas et, au Sud, par celui de Beyrouth.

Moutassarifat du Mont-Liban
(turc) Cebel-i Lübnan Mutasarrıflığı

18611918

Le Mont-Liban dans le Levant ottoman en 1914.
Informations générales
Statut Moutassarifat de l'Empire ottoman
Capitale Deir-el-Qamar
Démographie
Population (1870) 110 000[1]
245 000 avec les villes côtières et la Bekaa[2]

Entités précédentes :

Contexte général

Le traité de Londres de 1840 a mis un terme au conflit turco-égyptien et rendu le Liban à l'administration directe ottomane. La conversion au christianisme du nouvel émir Bachir Chehab III entraîne les antagonismes entre les communautés maronites et druzes. Moustapha Reschid Pacha crée alors deux sandjaks, l'un maronite, l'autre druze[3]. Mais la paix est fragile et des massacres en 1860 entre les deux communautés amènent les puissances européennes à intervenir dans le conflit.

Organisation

Le statut d'autonomie résulte des travaux d'une commission internationale composée de l'Empire ottoman, puissance suzeraine et de cinq puissances européennes (France, Grande-Bretagne, Russie, Prusse et Autriche-Hongrie). Après plusieurs mois de discussions, la commission aboutit à un règlement organique du Mont Liban (en), le , qui confie la province à un gouverneur (moutassaref) nommé par le gouvernement ottoman après consultation des cinq puissances européennes signataires. Il est précisé que le moutassaref doit être un sujet ottoman catholique, mais non libanais[4]. Le règlement sera modifié en 1864 et 1912.

Le moutassaref dispose des attributions du pouvoir exécutif. Il est secondé par un Conseil administratif (majliss) composé de 12 membres: quatre maronites, trois druzes, deux orthodoxes, un grec catholique, un sunnite et un chiite. Un treizième siège sera rajouté en 1912 pour un maronite de Deir al-Kamar[5].

Politique interne

Le Liban est devenu un centre intellectuel au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Les missionnaires étrangers ont créé des écoles dans tout le pays, avec Beyrouth comme centre de cette renaissance. L'Université américaine de Beyrouth a été fondée en 1866, suivie par l'Université française de Saint-Joseph en 1875. La littérature arabe, qui avait stagné sous l'Empire ottoman connaît un renouveau. Cette période est marquée par l'apparition de nombreuses publications et par une presse très prolifique.

Sur le plan politique, l'attitude autoritaire d'Abdul Hamid II (1876-1909) incite les nationalistes arabes, chrétiens et musulmans, à Beyrouth et à Damas à s'organiser en partis clandestins. Beaucoup de chrétiens libanais, inquiets de la politique pan-islamiste turque, craignent une répétition des massacres de 1860, ce qui a entraîné une émigration importante.

Sur le plan économique, la période est caractérisée par l'expansion de la sériciculture production destinée à être exportée essentiellement vers la France. À la fin du siècle, 50 % de la population du Mont-Liban en vivait[6].

Liste des gouverneurs

  • 1861-1868 : Garabet Artin dit Daoud Pacha (v. 1816-1873), arménien catholique d'Istanbul ;
  • 1868-1873 : Nasri Franco Coussa dit Franco Pacha (1814-1873), syrien grec-catholique ("Levantin") d'Alep ;
  • 1873-1883 : Rüstem Mariani, dit Rüstem Pacha (1810-1885), italien catholique né à Florence, exilé, naturalisé Ottoman ;
  • 1883-1892 : Pashko Vasa Shkodrani dit Vasa ou Wasa Pacha (1824-1892), albanais catholique de Shkodër ;
  • 1892-1902 : Naum Coussa dit Naum Pasha (1846-1911), beau-fils de Nasri Franco Coussa ;
  • 1902-1907 : Ladislas Czaykowski dit Muzaffar Pasha (1837/1840-1907), d'origine polonaise ;
  • 1907-1912 : Youssef Coussa dit Yusuf Pacha (1856-?), fils de Nasri Franco Coussa ;
  • 1912-1915 : Ohannès Kouyoumdjian dit Ohannes Pacha (1856-1933), arménien catholique.

L'acronyme DaFRuWNaMYO (en arabe دفرونميا) servait à mémoriser les noms des Moutassarifs

Notes et références

  1. Foreign Office.
  2. P. Geuthner, Bibliothèque archéologique et historique, Volume 91, p.35, 1971.
  3. Robert Mantran, Histoire de l'Empire ottoman, Fayard 1989 p.503
  4. « ACAM - Livres arméniens - KOUYOUMDJIAN , Ohannès Pacha », sur acam-france.org (consulté le ).
  5. Gérard D. Khoury, La France et l'Orient arabe: Naissance du Liban moderne, 1914-1920, Armand Colin, 1993, p. 38-40
  6. Khoury Op.cit., p.47

Liens internes

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