Lettres ramistes

Les lettres ramistes désignent les lettres J et U de l'alphabet latin. Ce nom dérive de celui de l'humaniste Pierre de La Ramée.

À l'origine, ces lettres étaient de simples variantes graphiques des lettres I et V, lesquelles avaient en latin classique à la fois valeur de voyelles [i] et [u] et de semi-voyelles [j] et [w], respectivement. La distinction phonétique s'est accentuée en latin vulgaire (au moins à l'initiale) par durcissement des semi-voyelles en fricatives ou affriquées, aboutissant par exemple en français à [ʒ] et [v]. La distinction graphique entre les paires de lettres I / J et U / V s'est développée dans les manuscrits, mais l'usage en a longtemps dépendu de la position dans le mot plutôt que de la prononciation.

À partir de la Renaissance, la distinction graphique a progressivement été réemployée pour permettre de noter des différences phonétiques, et les lettres ont été définitivement distinguées, à des dates différentes selon les langues. En français, leur usage distinctif a été recommandé par Pierre de la Ramée dans sa Gramere parue en 1562[1], lequel a été répandu dans le Dictionnaire de l'Académie française, dont la première édition parut en 1694, sous l'influence de Pierre Corneille[2].

Dans les éditions modernes de textes latins, il existe plusieurs styles de typographie prenant plus ou moins en compte les lettres ramistes.

  • La typographie la plus usuelle aujourd'hui en France distingue I et U voyelles de J et V semi-voyelles.
  • Un autre style courant en Italie et dans les pays anglophones consiste à distinguer U de V mais à n'utiliser que I.
  • Certaines éditions archaïsantes continuent à utiliser ces lettres comme variantes de position. En particulier, V est typiquement utilisé à l'initiale et comme majuscule, et U dans les autres positions.
  • La typographie imitant l'épigraphie n'utilise que I et V majuscules.

Notes et références

  1. Luce Petitjean, Maurice Tournier. Repères pour une histoire des réformes orthographiques. Dans Mots. Les langages du politique, année 1991, n° 28 pp. 108-112. Accès en ligne sur Persée
  2. Danièle Sallenave, L’orthographe : histoire d’une longue querelle, 3 novembre 2016. Lire sur le site de l'Académie française.
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