Les Belles-sœurs

Les Belles-sœurs est une comédie dramatique en 2 actes du dramaturge québécois Michel Tremblay, écrite en 1965 et présentée pour la première fois en lecture publique le au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui par le Centre des auteurs dramatiques. La pièce est produite pour la première fois le au Théâtre du Rideau Vert à Montréal, dans une mise en scène d'André Brassard. Elle est fréquemment citée comme une des premières pièces québécoises à employer le joual (forme populaire du français québécois). En 1987, la revue française Lire fait figurer Les Belles-Sœurs, pièce-phare, dans sa liste des 49 pièces à inclure dans la bibliothèque idéale du théâtre des origines à nos jours.

Ne doit pas être confondu avec Les Belles-sœurs (téléfilm).

Les Belles-sœurs
Auteur Michel Tremblay
Genre Comédie dramatique
Nb. d'actes 2
Dates d'écriture 1965
Lieu de parution Montréal
Éditeur Leméac
Collection Théâtre canadien
Date de parution 1968
Illustrateur Justin Laviolette
Lieu de création en français
Compagnie théâtrale Théâtre du Rideau Vert (Montréal)
Metteur en scène André Brassard
Personnages principaux
Germaine Lauzon
Linda Lauzon
Marie-Ange Brouillette
Rose Ouimet
Des-Neiges Verrette
Yvette Longpré
Gabrielle Jodoin
Lise Paquette
Lisette de Courval
Thérèse Dubuc
Olivine Dubuc
Angéline Sauvé
Rhéauna Bibeau
Ginette Ménard
Pierrette Guérin

Argument

Germaine Lauzon, femme au foyer à Montréal, gagne un million de timbres GoldStar lui permettant de se procurer divers objets présentés dans le catalogue de la compagnie. Afin de coller rapidement les timbres dans les cahiers (et de partager sa joie), Germaine organise un « party de collage de timbres » en compagnie de parents et amies.

Cependant, l'atmosphère dégénère rapidement : Germaine suscite la jalousie des autres femmes ne se gênent pas pour lui voler des timbres, des amitiés sont bouleversées et Pierrette Guérin, sœur de Germaine qui mène une vie de « damnée » dans les clubs, refait surface au grand déplaisir de certaines.

Germaine finit par découvrir le vol des timbres et se retrouve seule avec ce qui reste des timbres.

Personnages

Quinze femmes composent la distribution de la pièce, leur âge variant entre 20 et 93 ans :

  • Germaine Lauzon, personnage principal, elle vient de gagner un million de timbres-primes et convie ses parentes et amies à venir les coller dans des livrets
  • Linda Lauzon, fille de Germaine
  • Marie-Ange Brouillette, voisine de Germaine
  • Rose Ouimet, sœur de Germaine
  • Des-Neiges Verrette
  • Yvette Longpré
  • Gabrielle Jodoin, sœur de Germaine
  • Lise Paquette, amie de Linda
  • Lisette de Courval
  • Thérèse Dubuc
  • Olivine Dubuc, belle-mère de Thérèse
  • Angéline Sauvé, amie de Pierrette
  • Rhéauna Bibeau, amie de Angéline
  • Ginette Ménard, amie de Linda
  • Pierrette Guérin, sœur de Germaine/ amie d’Angéline

Thèmes

La pièce dépeint la réalité de femmes de l'époque, marquées par la religion (elles s'agenouillent toutes devant la radio pour réciter le chapelet) et les activités quotidiennes (elles en font une complainte en énonçant leurs tâches ménagères hebdomadaires, pour conclure qu'elles mènent « une maudite vie plate »). Tour à tour, elles viennent à l'avant-scène pour montrer leur jalousie (Marie-Ange), dénoncer l'appétit sexuel d'un mari à qui elles ne peuvent dire non quand il vient « réclamer son dû » (Rose) ou encore livrer leur inquiétude face à l'avenir (Pierrette).

Quelques répliques

  • « Vous êtes pas folle la mère, on rentre jamais 15 dans cuisine ! Pis vous le savez ben qu'on peut pas recevoir dans le restant d'la maison parce qu'on peinture ! »
  • « Maudite vie ! J'peux même pas avoir une p'tite joie, y faut toujours que quelqu'un vienne toute gâter ! Vas-y aux vues, Linda, vas-y, sors à soir ! Fais à ta tête ! Maudit verrat de bâtard que chus donc tannée ! »
  • « C'est rien que ma tante Rose. J'sais pas pourquoi je serais polie avec elle ! »
  • « Prenez l'Italienne à côté de chez nous, a pue c'te femme là, c'est pas croyable ! »
  • « La pudeur, y connaissent pas ça, les Uropéens ! Vous avez qu'à regarder les films, à télévision ! C'est ben effrayant de voir ça ! Ça s'embrasse à tour de bras au beau milieu d'la rue ! C'est dans eux-autres, ils sont faits comme ça ! »
  • « Parlez-moé-z'en pas ! C'est pu vivable, chez nous ! Depuis qu'y'a commencé son cours classique, là, mon p'tit Raymond, y'a changé c'est ben effrayant ! On le r'connaît pus ! Y lève quasiment le nez sur nous autres ! V'la rendu qu'y nous parle latin à table ! »
  • « Pis si y'a une chose que j'peux pas endurer, c'est ben la muisque classique ! - Ouache, moé non plus ! - C'est pas écoutable, vous avez raison. Beding par icitte, bedang par là... »
  • « C'est ben simple, si j'me r'tenais pas, j'braillerais comme une vache ! »
  • « Moé aussi, j'travaille, moé aussi j'les torche, mes enfants ! Même que les miens sont plus propres que les siens ! J'travaille comme une damnée, c'est pour ça que j'ai l'air d'une squelette ! Elle, est grosse comme une cochonne ! »
  • « Moé j'aime ça l'bingo ! Moé ya rien au monde que j'aime plus que l'bingo ! »
  • « J'veux arriver à quequ'chose dans'vie, vous comprenez, j'veux arriver à quequ'chose ! J'veux avoir un char, un beau logement, du beau linge ! J'ai quasiment que des uniformes de restaurant à me mettre sur le dos, bonyeu ! J'ai toujours été pauvre, j'ai toujours tiré le diable par la queue, pis j'veux que ça change ! J'sais que je suis cheap, mais j'veux m'en sortir ! Chus v'nue au monde par la porte d'en arrière, mais m'as donc sortir par la porte d'en avant ! Pis y'a rien qui va m'en empêcher ! »
  • « Ben, moé, ma Carmen, à s'f'ra pas poigner de même, ok ? Parce que moé, ma Carmen, ça fait longtemps que j'y ai dit c'qu'y valent, les hommes ! Ça, a pourra pas dire que j'l'ai pas avertie ! (Au bord des larmes) Pis a finira pas comme moé, à quarante-quatre ans, avec un p'tit gars de quatre ans sur les bras, pis un écœurant de mari qui veut rien comprendre, pis qui demande son dû deux fois par jour, trois cent soixante-cinq jours par année ! »
  • « Moé, j'mange d'la marde pis j'vas en manger toute ma vie! »
  • « Mon doux, ma neuvaine à sainte Thérèse ! »
  • « Ah ! J'cré ben, si tu prends nos maris comme exemple ! On mélange pas les torchons pis les sarviettes ! Nos maris, c'est ben sûr qu'y font durs, mais prends nos acteurs, là, sont aussi beaux pis bons que n'importe quel Français de France ! - En tout cas, moé Jean Marais, j'y f'rais pas mal ! Ça, c't'un homme ! »

Version musicale

Une version musicale a été créée par le Théâtre d'Aujourd'hui en 2010, avec René Richard Cyr au livret, Daniel Bélanger à la musique et l’appui de Michel Tremblay.

Distribution à la création, le 28 août 1968 (Théâtre du Rideau vert)

Distribution à la première reprise, en août 1969 (Théâtre du Rideau vert)

Distribution à la deuxième reprise, en mai 1971 (Théâtre du Rideau vert)

Distribution à la troisième reprise, en octobre et novembre 1973 (ancien Théâtre Port-Royal de la Place des Arts), puis en novembre et décembre 1973 (Espace Cardin à Paris)

Distribution à la quatrième reprise, de juin à août 1974 (Théâtre du Nouveau Monde)

Distribution au théâtre d'été de la saison 2003, de juin à septembre (Bateau théâtre L'Escale de Saint-Marc-sur-Richelieu)

  • Louison Danis : Germaine Lauzon
  • Sophie Cadieux : Linda Lauzon, fille de Germaine
  • Isabelle Drainville : Marie-Ange Brouillette, voisine de Germaine
  • Danielle Proulx : Rose Ouimet, sœur de Germaine
  • Danielle Lépine : Des-Neiges Verrette
  • Marjorie Smith : Yvette Longpré
  • Josée Beaulieu : Gabrielle Jodoin
  • Audrey Lacasse : Lise Paquette, amie de Linda
  • Chantal Baril : Lisette de Courval
  • Adèle Reinhardt : Thérèse Dubuc
  • Anne Bryan : Olivine Dubuc
  • Danièle Lorain : Angéline Sauvé
  • Denise Dubois : Rhéauna Bibeau
  • Catherine Richer : Ginette Ménard
  • Manon Lussier : Pierrette Guérin

Distribution de la version musicale de 2010, de mars à mai (Centre du Théâtre d'Aujourd'hui)

Distribution des quelques Belles-sœurs se retrouvant dans le film Il était une fois dans l'Est réalisé par André Brassard en 1974

Traductions

La pièce a été traduite :

  • en allemand par Hanspeter Plocher sous le titre de Schwesterherzchen [1987] (Tuebingen, Niemeyer, 1987) et Romanistentheater der Universitæt Augsburg, 1987 ;
  • en anglais par Bill Glassco et John Van Burek sous le titre de Les Belles-Sœurs (English version) [1973] (Talonbooks, Vancouver, 1974; traduction révisée, 1992) St. Lawrence Centre (Toronto),  ;
  • en anglais pour l'Écosse par Martin Bowman et Bill Findlay sous le titre de The Guid Sisters [1989] (in The Guid Sisters and Other Plays, Nick Hern Books, London, 1991) Tron Theatre, Glasgow,  ;
  • en italien par Jean-René Lemoine et Francesca Moccagatta sous le titre de Le Cognate [1994] (in: Il teatro del Québec, Éditions Ubulibri, Milan, 1994) Teatro di Rifredi, Florence et  ;
  • en polonais par Józef Kwaterko sous le titre de Siostrzyczki [1990] (revue Dialog no 8, 1990) Télévision de Cracovie,  ;
  • en yiddish par Pierre Anctil et Morgentaler Goldie sous le titre de Di Shvegerius [1992] Centre Saydie Bronfman, Montréal,  ;
  • et en près de 30 autres langues[1].

Représentative de la vie des « petites gens » de n'importe quelle grande métropole, la pièce a été jouée en yiddish à Montréal, à Tel Aviv et à Brooklyn.

Notes et références

  1. « Michel Tremblay raconte la genèse de la pièce Les belles-sœurs », sur Radio-Canada (Aujourd'hui l'histoire), (consulté le )

Liens externes

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