Lenka Reinerová

Lenka Reinerová (née le à Karlín ; morte le à Prague) fut la « dernière écrivaine pragoise de langue allemande »[1], une tradition qui compta, avant elle, Franz Kafka, Franz Werfel, Egon Erwin Kisch, Rainer Maria Rilke ou Max Brod. Par ailleurs, ni les nazis ni les communistes ne la laissèrent en paix.

Biographie

Née dans une famille juive non pratiquante, sa famille est morte dans les camps de concentration nazis[2]. Sa mère, née à Saaz (aujourd'hui Žatec) où l'immense majorité de la population parlait allemand) parlait bien l'allemand et mal le tchèque, au contraire de son père, né à Prague, qui parlait bien le tchèque et mal l'allemand.

À 19 ans, Lenka Reinerová était journaliste pour des revues allemandes qui avaient fui l'Allemagne nazie pour se réfugier à Prague, Die Arbeiter-Illustrierte Zeitung (Journal illustré des travailleurs) et Der Gegen-Angriff (La Contre-Attaque). C'est à cette époque qu'elle rencontra son mari, Theodor Balk, avant d'être recherchée par la Gestapo dès leur arrivée à Prague, en tant que rédactrice en chef de Der Gegen-Angriff.

En 1939, elle fut arrêtée à Paris avec un groupe d’intellectuels tchécoslovaques. Elle fut emprisonnée à la prison de la Roquette[3], puis transférée au camp de Rieucros[4] avant d'être envoyée dans un camp marocain (celui de Oued Zem[5]), d'où elle s'échappa pour gagner Casablanca et embarquer pour le Mexique[6], où elle croisa Gustav Regler.

En 1948, de retour à Prague après un séjour en Yougoslavie, elle eut aussi maille à partir avec les communistes : elle fut licenciée en 1952 de la radio tchécoslovaque, elle dut subir 15 mois d'emprisonnement suite aux procès de Prague et purges staliniennes avant de se voir signifier une interdiction d'écrire et un bannissement en Province[7]. « J'étais déjà communiste avant la guerre - ce qui était mal vu à l'époque -, exilée à l'Ouest, juive, journaliste, et mariée à un Yougoslave. Cela faisait trop d'éléments contre moi. »[8]

Elle fut réhabilitée en 1964 et nommée rédactrice en chef de Im Herzen Europas (Au cœur de l'Europe). Malheureusement, la répression qui suivit le Printemps de Prague eut pour conséquence son exclusion de la revue et du parti, ainsi qu'une nouvelle intediction de publier qui ne s'acheva avec la Révolution de velours en 1989[7].

Lenka Reinerová s'est beaucoup investie dans la création de la Maison littéraire pragoise des écrivains de langue allemande, la Maison de la littérature allemande de Prague[9], qu'elle a préférée à un musée, qu'elle jugeait tourné vers le passé.

Lenka Reinerová est enterrée au Nouveau cimetière juif de Prague[10], là où est aussi enterré Franz Kafka.

Distinctions

Œuvres traduites en français

  • Promenade au lac des cygnes suivi de Chez moi à Prague, et parfois aussi ailleurs, et de Café de rêve d'une Pragoise, traduit par Nicole Bary, L'Esprit des péninsules, (ISBN 978-2-84636-063-0)

Liens externes

Notes et références

  1. Elle écrivait « aussi en tchèque de temps en temps »
  2. Alexis Rosenzweig, Hommage à Lenka Reinerová (1è partie), 8 juillet 2008, Radio Prague.
  3. Où elle écrivit, mais en tchèque, langue qu'elle estimait être une « langue secrète ».
  4. Sandrine Peyrac, Association pour le Souvenir de Rieucros, Radio Prague, 13 mars 2010
  5. Brigitte Desbrière-Nicolas, « La mémoire à vif de deux survivantes : Ilse Aichinger et Lenka Reinerová », Germanica [Online], 42 | 2008, Online erschienen am: 09 Oktober 2009, abgerufen am 30 Juli 2014. URL : http://germanica.revues.org/534
  6. Alexis Rosenzweig, Hommage à Lenka Reinerová (2e partie), Radio Prague, 8 juillet 2008.
  7. Brigitte Desbrière-Nicolas, op. cit.
  8. Alexis Rosenzweig, Hommage à Lenka Reinerová (2e partie), op. cit.
  9. Alexis Rosenzweig, Les écrivains de langue allemande ont désormais leur « Maison » à Prague, 29 mai 2007, Radio Prague.
  10. (cs) : Nový židovský hřbitov na Olšanech
  11. (de) « Prag : Autorin Lenka Reinerova ist tot », sur stern.de, (consulté le ).
  12. Harold B. Segel, The Walls Behind the Curtain: East European Prison Literature, 1945-1990, University of Pittsburgh Press, 2012
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