Le Château des animaux

Le Château des animaux est une série de bande dessinée franco-belge fantastique et animalière scénarisée par Xavier Dorison et dessinée par Félix Delep, publiée par Casterman avec deux volumes sortis respectivement en 2018 et 2020 sur quatre tomes prévus au total.

Le Château des animaux
Série

Logo original de la série.

Scénario Xavier Dorison
Dessin Félix Delep
Genre(s) Fantastique

Pays France
Langue originale Français
Éditeur Casterman
Première publication 2018 - en cours
Nb. d’albums 2

La série, si elle s'inspire librement du roman La Ferme des animaux de George Orwell paru en 1945, prend particulièrement appui sur les mouvements des révolutions non-violentes historiques, notamment la révolution indienne menée par Gandhi et la révolution serbe.

Synopsis

Quelque part en France durant l'Entre-deux-guerres, au plus profond d'une forêt, se trouve une ferme reconvertie en château. Abandonné des hommes, ce dernier est désormais dirigé par les animaux. Ces derniers, loin d'être libres tels ils se l'étaient imaginé, travaillent dur jour et nuit d'arrache pied sous le commandement du président autoproclamé Silvio, un énorme taureau, secondé par sa milice de chiens qui n'hésite pas à instaurer la peur afin de maintenir les animaux sous leur contrôle. Dans ce climat lourd et menaçant, Miss Bengalore, une chatte, essaie du mieux qu'elle peut d'élever et de protéger ses deux chatons mais peine à garder la tête haute. Jusqu'au jour où apparait Azélar Vieux-gris, un rat saltimbanque, porteur de sagesse, qui, dans sa générosité, va alors insuffler de l'espoir à Miss B qui va alors, en compagnie d'un lapin charmeur nommé César, monter petit à petit un mouvement de résistance contre Silvio. Avec cependant un point d'honneur : celui d'une révolte sans violence, par la désobéissance.

Personnages

Personnages principaux

Miss Bengalore/Miss B
Une chatte blanche, le seul chat adulte de la ferme et protagoniste de l'histoire. Elle est affectée au chantier en remplacement de son défunt mari.
César
Un lapin officiant comme séducteur et conseiller amoureux auprès des dames.
Azélar Vieux-gris
Un vieux rat saltimbanque bon bougre et plein de sagesse qui entraîne Miss B à se révolter contre Silvio.

Personnages antagonistes

Le président Silvio
Un taureau immense et menaçant, qui dirige la ferme pour ses propres intérêts personnels.
Azov
Un chien labrador de couleur orange, dit N°1, le chef de la milice du château. Il meurt à la fin du tome 2.
Boris
Un chien labrador de couleur gris foncé, dit N°2, second en chef de la milice du château. Il convoite la place d'Azov.
Jacquemin
Un coq, le gérant du grenier central et également le messager de Silvio.
L'épicier
Seul humain visible de la série, il achète les produits de la ferme et également les cadavres des animaux exécutés par la milice. En échange, il fournit Silvio en champagne pour lequel le taureau a un goût immodéré. Seul Azov est au courant de la réalité du marché entre les deux individus.

Personnages secondaires

Marguerite
Une vieille oie amie de Miss B et baby-sitter de ses enfants, elle meurt au début de l'histoire à la suite de la révolte qu'elle a elle-même provoquée. Elle devient un symbole et une martyr pour la résistance.
Théa et Cléa
Les deux chatons de Miss B qu'elle essaie d'élever du mieux qu'elle peut.
Mr Ruck
Un canard, collègue et ami de Miss B.
Mr Gorn (Mr Quint dans le tome 1)
Un bouc possédant une longue barbe blanche, mari de Bernadette, sa chèvre. Il fait partie des animaux rejoignant Miss B dans la révolte contre Silvio.
Benji
Un âne, le seul de la ferme.
Bella
Une vache, la compagne de Silvio, qui n'a en tête que son apparence. C'est pour elle que le taureau ordonne de construire une nouvelle tour.

Genèse de l'œuvre

Les auteurs de la série : Xavier Dorison à gauche, Félix Delep à droite.

L'idée de départ de la série naît d'une frustration d'enfance du scénariste, Xavier Dorison, à la lecture du roman La Ferme des animaux (1945) de George Orwell, qui aboutissait à un échec : « depuis longtemps, je cherche à raconter une autre révolution, qui celle-là se termine bien. Avec les années, j'ai découvert dans l'histoire des révolutions non-violentes qui ont plus ou moins bien tourné [...] même si cela n'a pas été sans souffrance »[1]. S'inspirant notamment de la révolution indienne menée par Gandhi, ainsi que de Lech Walesa, Nelson Mandela ou Martin Luther King[2], Dorison trouve finalement l'axe et la trame de l'histoire à la suite de la lecture de l'essai Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armes de l'auteur serbe Srdja Popovic[3].

Le dessinateur, Félix Delep, est mis en relation avec Dorison par l'intermédiaire de Martin Zeller, éditeur chez Casterman, qui avait repéré le jeune dessinateur à travers un court récit animalier paru dans Le Journal de Spirou à la demande de Lewis Trondheim. Matthieu Bonhomme, avec qui il partage son atelier, l'aide durant la réalisation du storyboard du premier tome, Miss Bengalore, dont le dessin prend deux ans et constitue le premier album publié de Delep[4],[5],[1],[3].

La parution du premier tome en est précédée de trois fascicules de format tabloïd intitulés La Gazette du château et présentant les différentes parties de l'album, au tirage limité à 10 000 exemplaires[6],[7]. Trois nouvelles gazette sont publiées avant la parution du deuxième tome, Les Marguerites de l'hiver, en .

Après la découverte des œuvres de Naoki Urasawa, Delep prévoit de réaliser le troisième tome, prévu pour 2022, au dessin traditionnel, travaillant jusque là sur palette graphique[4]. La série devrait compter quatre tomes au total[8],[3].

Thématiques et influences

Le Château des animaux est une bande dessinée animalière qui met en scène des animaux anthropomorphiques[1],[8] et se déroule en France, dans l'entre-deux-guerres[5].

Si plusieurs éléments de la série, dont le titre et le thème, évoquent le roman La Ferme des animaux de George Orwell paru en 1945[5],[8], le scénariste, Xavier Dorison, souligne toutefois prendre ses distances avec l'œuvre : « ce n'est ni le même endroit, ni les mêmes animaux, ni les mêmes personnages, ce roman est une source d'inspiration. Simplement, dans le genre du conte politique, La Ferme des animaux est probablement le récit majeur »[9]. Selon lui, Orwell avait bel et bien vu juste dans sa conception du sujet, mais il n'avait cependant pas tout vu dans son intégralité[Note 1].

Pour Charles-Louis Detournay d'Actua BD, le scénariste « pousse la métaphore de La Ferme des animaux à un niveau plus universel, la fable pouvant s'appliquer à bien des régimes politiques de tous bords. De plus, il prolonge la réflexion en intégrant des éléments de solutions qui n'étaient pas présents dans le roman-source »[1]. L'auteur s'est en effet inspiré de plusieurs révolutions historiques, telles que le mouvement pour l'indépendance de l'Inde ou la révolution serbe et cherche davantage à proposer « une approche de la désobéissance civile et de la non-violence pour résoudre des injustices et sortir d'une dictature, ce que je trouve plus intéressant que de montrer comment ce type de régime totalitaire se met en place, un processus malheureusement connu et classique »[1],[3].

« J'ai toujours cru qu'on règlerait plus de problèmes en essayant de parler, de discuter et en faisant preuve d'un minimum de non-violence que par l'affrontement. Ça se confirme dans plusieurs révolutions en Europe ou au Maghreb. Mais là où je ne dévoile pas la fin, c'est que pour arriver à un résultat globalement heureux, les sacrifices sont énormes[8]. »

Félix Delep se retrouve également dans cette histoire de révolte pacifique « parce qu'elle n'est pas naïve, il ne s’agit pas d'un sitting et puis tout va bien. La lutte est non-violente mais elle doit faire face à la violence qu'elle génère »[9].

Le personnage du rat Azélar est une référence assumée à Gandhi[5] tandis que, pour désamorcer le risque de « lyrisme » ou « d'empathie », le personnage du lapin gigolo César, inspiré de Fabien Nury, ami de Xavier Dorison, constitue une sorte de « garde fou » contre « toute forme de grandiloquence » de la part du scénariste[10].

Albums

  • 2. Les Marguerites de l'hiver, Casterman, (ISBN 978-2-203-17250-0),
    Scénario : Xavier Dorison - Dessin et couleurs : Félix Delep

Éditions luxe

  • 2. Les Marguerites de l'hiver, Casterman, (ISBN 978-2-203-20436-2),
    Scénario : Xavier Dorison - Dessin et couleurs : Félix Delep

Prépublication

  • 2. La Gazette du château, Casterman, (ISBN 978-2-203-15848-1),
    Scénario : Xavier Dorison - Dessin : Félix Delep - Couleurs : Jessica Bodard
  • 3. La Gazette du château, Casterman, (ISBN 978-2-203-15849-8),
    Scénario : Xavier Dorison - Dessin : Félix Delep - Couleurs : Céline Brengou
  • 4. La Gazette du château, Casterman, (ISBN 978-2-203-21005-9),
    Scénario : Xavier Dorison - Dessin : Félix Delep - Couleurs : Céline Brengou
  • 5. La Gazette du château, Casterman, (ISBN 978-2-203-21006-6),
    Scénario : Xavier Dorison - Dessin : Félix Delep - Couleurs : Céline Brengou
  • 6. La Gazette du château, Casterman, (ISBN 978-2-203-21188-9),
    Scénario : Xavier Dorison - Dessin : Félix Delep - Couleurs : Céline Brengou

Distinctions

En 2019, Le Château des animaux est l'un des six finalistes du Prix de la BD Fnac[12]. Le premier tome remporte également le prix BD Gest'Arts dans la catégorie « premier album »[13].

En 2020, le premier tome du Château des animaux, Miss Bengalore, est nominé dans la sélection officielle du Festival d'Angoulême 2020 et remporte le prix Tour d'ivoire du festival de bande dessinée « A Tours de bulles » de la ville de Tours[14]. La même année, le tome 2, Les Marguerites de l'hiver, remporte le prix BD Gest'Arts dans les catégories « série européenne » et « couverture »[15].

Notes et références

Notes

  1. Xavier Dorison et Félix Delep, le Château des animaux : Miss Bengalore, t. 1, Casterman, (ISBN 978-2-203-14888-8), préface

Références

  1. Charles-Louis Detournay, « Le Château des animaux, la nouvelle référence pour la bande dessinée animalière », sur Actua BD.com, (consulté en )
  2. Laurent Proudhon, « Le Château des animaux ou la résistance par le rire, arme de nos libertés », sur benzinemag.net, (consulté en )
  3. A. Perroud et C. Gayout, « Félix Delep : sans Trondheim, je n'en serais pas là » (Entretien avec Félix Delep et Xavier Dorison), sur BD Gest', (consulté en )
  4. Cédric Pietralunga, « Félix Delep, roi des animaux de bande dessinée », sur Le Monde.fr, (consulté en )
  5. Valentin Paquot, « Le Château des animaux, une relecture pacifiste de la fable d'Orwell », sur Le Figaro.fr, (consulté en )
  6. Henri Filippini, « Après la ferme, le château des animaux », sur BDZoom.com, (consulté en )
  7. Philippe Tomblaine, « Les animaux, puissants ou misérables, selon Dorison et Delep », sur BDZoom.com, (consulté en )
  8. Jean-Christophe Augier, « BD, bande dessinée. La révolution Dorison », sur France TV info.fr, (consulté en )
  9. « Noël. Notre sélection de BD à glisser sous le sapin », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté en )
  10. Valentin Paquot, « Xavier Dorison, le scénariste aux mains d'or de la bande dessinée » (entretien), sur Le Figaro.fr, (consulté en )
  11. « Le Château des animaux », sur BD Gest' (consulté en )
  12. « Bande dessinée : Prix BD Fnac France Inter 2020, les six dessins inédits des finalistes », sur France Inter.fr, (consulté en )
  13. « BDGest'Arts - Le palmarès 2019 », sur BD Gest'.com (consulté en )
  14. « Indre-et-Loire : trois lauréats pour le festival À Tours de bulles », sur La Nouvelle République.fr, (consulté en )
  15. « BDGest'Arts - Le palmarès 2020 », sur BD Gest'.com (consulté en )

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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