Le Baiser (Rodin)

Le Baiser est une sculpture en marbre d'un couple enlacé, créée par Auguste Rodin à la demande de l'État français pour l'Exposition universelle de Paris de 1889. Elle est exposée au musée Rodin de Paris.

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Historique

Le Baiser est à l'origine un des très nombreux motifs de son œuvre magistrale La Porte de l'Enfer, commandée par l'État français, inspirée par la Divine Comédie de Dante Alighieri et des Fleurs du mal de Charles Baudelaire pour le musée des arts décoratifs de Paris, prévue à l'emplacement des ruines de la Cour des Comptes à Paris.

Le couple fut plus tard séparé de la porte, et remplacé par deux amants dans la colonne inférieure droite. Les nombreuses figures que Rodin créa pour le projet furent un vivier d'idées pour certaines de ses sculptures indépendantes, comme le Baiser ou le Penseur.

Méthode de travail

Rodin - Les points justes au crayon pour l'exécution du marbre par le praticien, sur les genoux du plâtre original sur plâtre grand modèle du Baiser vers 1888-1889, musée Rodin-Meudon

La méthode utilisée par Rodin pour faire ses sculptures de grande taille consistait à employer des sculpteurs-praticiens, qui réalisaient à partir de la maquette en terre qu'il avait modelée, une ou plusieurs versions en plâtre à différentes échelles. Puis Le Baiser a été réalisé en plâtre à l'échelle 1 (version du musée Rodin-Meudon, ou l'on peut voir les croix et repères des metteurs au points), qui dégrossissent le bloc de marbre, avant d'être achevé et poli par des praticiens spécialisés : Turcan, Rigaud, ou Dolivet. Rodin ne sachant pas tailler le marbre, lui-même, il accompagne le travail de ses assistants et peut à l'occasion le corriger ou intégrer les trouvailles de ses sculpteurs [1].

Cette méthode de travail a été reprochée à Rodin :

« Les reproches portent essentiellement sur la prétendue incapacité de Rodin à se confronter à la matière. Confrontation dans laquelle résiderait, d’après ses détracteurs, le vrai travail de l’artiste. Léon Gauchez, l’un des plus virulents d’entre eux, l’exprime très clairement dans un article consacré au Salon de 1901 qu’il signe de son nom de plume Paul Leroi. Il y célèbre le talent du praticien, ici Jean Escoula, qu’il oppose à l’incompétence du sculpteur, implicitement Auguste Rodin : "Maints sculpteurs, de plus de célébrité que de talent, s’empressent de devenir ses clients assidus ; parmi ceux-là il en est qui complètement incapables de s’attaquer au marbre, poussèrent le sans gêne jusqu’à livrer d’informes esquisses à M. Escoula; celui-ci prenant modèles, créa en réalité de toutes pièces des œuvres que ces impuissants signèrent sans vergogne de leur seul nom"[2] »

Ainsi avant de créer la version en marbre, Rodin a produit plusieurs sculptures plus petites en plâtre, terre cuite et bronze. L'œuvre fut d'abord appelée Francesca da Rimini, d'après le nom d'un des personnages de l'Enfer dans la Divine Comédie de Dante, qui tomba amoureuse de son beau-frère, Paolo Malatesta, lui aussi marié. Les amoureux furent surpris et assassinés par Gianciotto Malatesta le mari de Francesca pendant qu'ils lisaient ensemble l'histoire de Lancelot et la reine Guenièvre. Dans le Baiser, on peut voir le livre dans la main de Paolo. Quand les critiques d'art virent la sculpture dans 1887, ils suggérèrent un titre moins spécifique que Francesca da Rimini et proposèrent le Baiser.

En 1888, le gouvernement français chargea Rodin de la première version en marbre de grande taille du Baiser ; il apparut pour la première fois au Salon de Paris en 1898. Elle fut si populaire, que le fondeur Ferdinand Barbedienne proposa à Rodin un contrat pour en éditer des réductions en bronze que Rodin qualifiera de "bibelots"[1].

Dans le monde

Au total, Rodin a supervisé trois sculptures de grande taille en marbre du Baiser :

De nombreuses versions plus petites existent, notamment au musée Rodin.

Notes et références

  1. Dossier documentaire Rodin, La Chair, le Marbre [1]
  2. voir note précédente p22
  3. http://www.tate.org.uk/art/artworks/rodin-the-kiss-n06228/text-illustrated-companion
  4. « Catalogue Rodin Museum, Philadelphie » (consulté le )
  5. « Sur les traces de Rodin dans la capitale », Le Figaroscope, semaine du 22 au 28 mars 2018, p. 14.

Liens externes

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