Lau event

Le Lau event fut l'une des trois extinctions de masse de la période silurienne[1], avec un impact majeur sur les faunes de Conodontes, mais également sur d'autres faunes (Graptolites) et flores (Acritarches[2]). Cet événement apparaît au moment où le niveau des mers est relativement bas, suivi d'une excursion isotopique dans l'étage faunique du Ludfordien supérieur et d'un changement de régime sédimentaire[3].

Système Série Étage Âge (Ma)
Dévonien Inférieur Lochkovien plus récent
Silurien Pridoli 423.0 – 419.2
Ludlow Ludfordien 425.6 – 423.0
Gorstien 427.4 – 425.6
Wendock Homérien 430.5 – 427.4
Sheinwoodien 433.4 – 430.5
Llandovery Télychien 438.5 – 433.4
Aéronien 440.8 – 438.5
Rhuddanien 443.8 – 440.8
Ordovicien Supérieur Hirnantien plus ancien
Subdivisions du Silurien d'après l'ICS, août 2018.

Impact biologique

Le Lau event intervient au cours du Ludfordien, une subdivision de l'étage du Ludlow qui a débuté il y a environ 425 millions d'années. Les meilleurs affleurements comportant cet événement sont représentés sur l'île suédoise de Gotland : son nom est d'ailleurs tiré de celui de la chapelle de Lau de cette île. Le début de l'événement est tracé sur le terrain à la première occurrence des strates de Eke, pratiquement au même moment où le taux d'extinction de plusieurs groupes biologiques augmente sensiblement et ce changement coïncide lui-même avec des baisses de diversité observées dans les couches du même âge (principalement souligné par les conodontes et les graptolites[4]).

Dans l'ordre, les Conodontes semblent avoir été frappés en premier et les Graptolites dans un second temps au moment où se manifeste l'excursion isotopique[3]. Même si cet événement biologique a eu un impact assez important, de nombreuses taxons réapparaissent suite à l'événement, soit parce qu'elles semblent avoir survécu dans des « zones refuge », soit parce que les environnements dans lesquels les organismes ont vécu n'ont pas été préservés ou ont disparu du fait de l'érosion[5]. Cela dit, on note un certain déséquilibre dans les communautés animales, plusieurs organismes n'ayant pas parvenu pas à persister dans la niche écologique qui était la leur avant l'événement[6].

Évolution géochimique

Lors des épisodes d'extinction de masse, on observe fréquemment un ou plusieurs pics de δ13C, également associées à des variations importantes chez les autres isotopes. Plusieurs travaux ont tenté d'expliquer ces épisodes par des variations climatiques ou de changement du niveau des mers[7], cependant d'autres travaux ont montré que ces facteurs seuls s'avéraient insuffisants pour expliquer l'ampleur de ces excursions isotopiques[8], suggérant que des changements de température et de densité seraient intervenus dans les océans[6]. On reconnait ainsi plusieurs causes à l'excursion isotopique, comme une augmentation de l'altération et l'enfouissement du carbone, comme des changements dans l'intéraction entre l'atmosphère et les océans, comme des changements dans la productivité organique ou comme des variations d'humidité/aridité[3].

Régime sédimentaire

Le Lau Event est marqué par de profonds changements sédimentologiques, probablement associés avec le début d'une transgression qui atteint son maximum lorsque les strates de Burgsvik se sont déposées et qui marquent la fin de l'événement[9]. Ces changements sont soulignés par une extension des surfaces d'érosion et le retour de conglomérats dans les strates de Eke. Ceci a eu un impact majeur sur l'évolution des écosystèmes marins, puisque de tels dépôts ne se forment que dans les conditions similaires à celles observées au cours du Cambrien alors que les premiers écosystèmes se sont établis. Dans les strates de Eke, on observe des stromatolites qui cohabitent rarement avec les formes de vie plus évoluées[10], mais également d'abondantes colonies microbiennes de type Rothpletzella ou Wetheredella qui encroûtent fréquemment les restes d'organismes fossilisés comme les brachiopodes ou les orthocères. Toutes ces caractéristiques se rencontrent également à l'occasion des extinctions de masse de plus grande ampleur (extinction de l'Ordovicien-Silurien et l'extinction Permien-Trias).

Références

  1. Les 2 autres événements d'extinction Ireviken et Mulde sont tous deux suivis d'une excursion isotopique tout comme le Lau Event.
  2. (en) Stricanne, L., « Assessing mechanisms of environmental change: Palynological signals across the late Ludlow (Silurian) positive isotope excursion (δ13C, δ18O) on Gotland, Sweden. », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 230, no 230, , p. 1–31 (DOI 10.1016/j.palaeo.2005.07.003)
  3. (en) D.K. Loydell, « Early Silurian positive d13C excursions and their relationship to glaciations, sea-level changes and extinction events. », Geol. J., vol. 42, no 5, , p. 531–546 (DOI 10.1002/gj.1090)
  4. (en) Urbanek, A., « Biotic crises in the history of Upper Silurian graptoloids: a palaeobiological model », Historical Biology, vol. 7, , p. 29–50 (DOI 10.1080/10292389309380442)
  5. (en) Jeppsson, L., Silurian Cycles: Linkages of Dynamic Stratigraphy with Atmospheric, Oceanic and Tectonic Changes. James Hall Centennial Volume. New York State Museum Bulletin, vol. 491, , 239–257 p., « Silurian oceanic events: summary of general characteristics »
  6. (en) Jeppsson, Lennart, « Ludlow (late Silurian) oceanic episodes and events », Journal of the Geological Society, vol. 157, no 6, , p. 1137 (DOI 10.1144/jgs.157.6.1137, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Lehnert, O., Joachimski, M.M.; Fryda, J.; Buggisch, W.; Calner, M.; Jeppsson, L.; Eriksson, M.E. (2006). « The Ludlow Lau Event-another Glaciation In The Silurian Greenhouse? » dans 2006 Philadelphia Annual Meeting Geological Society of America Abstracts with Programs 38: 183 p.. Consulté le 2007-06-26.
  8. (en) Samtleben, C., « The Silurian of Gotland (Sweden): facies interpretation based on stable isotopes in brachiopod shells », International Journal of Earth Sciences, vol. 85, no 2, , p. 278–292 (Bibcode 1996IJEaS..85..278S, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Calner, M., « Evidence for rapid environmental changes in low latitudes during the Late Silurian Lau Event: the Burgen-1 drillcore, Gotland, Sweden », Geological Magazine, vol. 143, no 01, , p. 15–24 (DOI 10.1017/S001675680500169X, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Calner, M., « A Late Silurian extinction event and anachronistic period », Geology, vol. 33, no 4, , p. 305–308 (DOI 10.1130/G21185.1, Bibcode 2005Geo....33..305C, lire en ligne)

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