Langues tongiques

Les langues tongiques sont un petit groupe de langues polynésiennes comprenant au moins deux langues, le tongien et le niuéen, et possiblement une troisième, le niuafo'ou. Ces langues sont issues du proto-polynésien, dont elles se sont différenciées à partir de 900 après J.-C.[1]. Le tongien et le niuéen ont formé une même langue (le proto-tongique), différente du proto-polynésien, avant de se différencier elles-mêmes en deux langues distinctes[2].

Langues tongiques
Date de création vers 900
Pays Tonga, Niue, Nouvelle-Zélande (diaspora)
Région Polynésie
Classification par famille
Carte

Carte du groupe tongique parmi les langues polynésiennes, dans son acception restreinte (niuéen et tongien).

Répartition géographique

Les langues tongiques sont originaires de Polynésie, plus précisément de l'archipel des Tonga (tongien) et de Niue (niuéen). Ces langues sont également parlées en Nouvelle-Zélande par les diasporas tongienne et niuéenne qui y ont migré à partir du XXe siècle.

Caractéristiques

Les langues tongiques, dans leur acception restreintes, sont composées du tongien (qui donne son nom à ce groupe) et du niuéen. Certains auteurs incluent également le niuafo'ou (cf infra).

Les langues tongiques diffèrent des autres langues polynésiennes nucléaires par plusieurs traits morphologiques[3] : le h initial, présent en tongien mais pas dans les autres langues, et l'absence de l ou de r en tongien là où les autres langues polynésiennes le possèdent[2].

Comparaison de langues polynésiennes du groupe tongique et polynésien-nucléaire
Tongien Samoan Tahitien Maori Hawaien Français
hama ama ama ama ama outrigger
hiŋoa iŋoa iʔoa iŋoa inoa nom
mohe moe moe moe moe dormir
hake aʔe aʔe ake aʔe haut
ua lua rua rua lua deux
ama lama rama rama lama torche
tui tuli turi turi kuli genoux

Histoire de la classification

Elbert (1953)

Le premier auteur[3] à évoquer un groupe tongique est Samuel Elbert dans un article de 1953[4]. Il rompt avec la distinction traditionnelle entre langues polynésiennes de l'est et langues polynésiennes de l'ouest. Utilisant la méthode lexicostatistique, Elbert montre que le samoan est plus proche des langues polynésiennes orientales que du tongien et du niuéen[3]. Elbert rassemble le niuéen, le tongien, le wallisien et le futunien dans un même sous-groupe[5].

Pawley (1966)

En 1966, le linguiste australien Andrew Pawley divise les langues polynésiennes en deux groupes : d'un côté, le polynésien nucléaire et de l'autre, le groupe tongique, incluant le tongien et le niuéen[5]. Il utilise pour cela la méthode des innovations morphologiques. Cette distinction est considérée comme fondamentale dans l'histoire de la classification des langues polynésiennes[3].

Classification du niuafo'ou

L'appartenance du niuafoʻou au groupe tongique est controversée. Cette langue est tantôt rangée au sein des langues tongiques, tantôt classée avec les autres langues du groupe polynésien nucléaire.

En 1922, Ernest E. V. Collcott a estimé que le niuafoʻou était une langue tongique, mais moins affectée par le fidjien que le tongien. Bruce Biggs (1971) a contesté cette analyse, estimant que la langue n’était pas tongique, mais qu’elle était reliée au wallisien, au sein du groupe polynésien nucléaire[6]. Dye (1980), après avoir mené une enquête de terrain en 1976-77, conclut que le niuafoʻou est une langue appartenant au groupe polynésien nucléaire[6].

Certains ont proposé l'existence d'une branche wallisien-niuafoʻou (le niuatoputapu y est également inclus par Glottolog[7]). Cependant, Jeffrey Marck (2000) classe de nouveau le niuafoʻou dans la branche tongique des langues polynésiennes[8].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tongic languages » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Patrick Vinton Kirch et Roger Green, Hawaiki, Ancestral Polynesia: An Essay in Historical Anthropology, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-78309-5), p. 99–119
  2. (en) Edward Finegan, Language: Its Structure and Use, Cengage Learning, (ISBN 978-1-305-16281-5, lire en ligne), p. 430
  3. (en) Viktor Krupa, Polynesian Languages: A Survey of Research, Walter de Gruyter GmbH & Co KG, (ISBN 978-3-11-089928-3, lire en ligne), p. 35, 43, 44
  4. Samuel H. Elbert, « Internal Relationships of Polynesian Languages and Dialects », Southwestern Journal of Anthropology, vol. 9, no 2, , p. 147–173 (ISSN 0038-4801, DOI 10.1086/soutjanth.9.2.3628573, résumé)
  5. (en) Andrew Pawley, « Polynesian Languages: A Subgrouping Based on Shared Innovations in Morphology », Journal of the Polynesian Society, vol. 75, no 1, , p. 39-64 (lire en ligne)
  6. (en) Thomas S. Dye, « The linguistic position of Niuafo’ou », Journal of the Polynesian Society, vol. 89, no 3, (lire en ligne).
  7. (en) « Fiche langue du niuafoʻou dans la base de données linguistique Glottolog » (consulté le ).
  8. (en) Jeffrey Marck, Topics in Polynesian languages and culture history, Canberra, Pacific Linguistics, .

Voir aussi

Articles connexes

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