L'Horreur dans le musée

L'Horreur dans le musée (titre original : The Horror in the Museum) est une nouvelle de Howard Phillips Lovecraft, écrite en et parue en juillet 1933 dans le magazine Weird Tales. Cette nouvelle a été publiée sous la signature de Hazel Heald, femme de lettres pour qui Lovecraft a effectué plusieurs travaux de « révision » en tant que nègre littéraire.

L'Horreur dans le musée

Rhan-Tegoth,
illustration de Borja Pindado[2].
Publication
Auteur Howard Phillips Lovecraft
Titre d'origine
The Horror in the Museum
Langue Anglais américain
Parution juillet 1933,
dans Weird Tales
Traduction française
Traduction Jacques Parsons
Parution
française
Dans le recueil L'Horreur dans le musée, Christian Bourgois éditeur, 1975
Intrigue
Genre Horreur, fantastique

Résumé

Le protagoniste Stephen Jones découvre un musée de cire londonien qui expose aussi bien des effigies de criminels tristement célèbres (Gilles de Rais, Landru...) que des simulacres de créatures monstrueuses (Cthulhu, Yog-Sothoth...) dont l'apparence outrepasse les pires atrocités représentées dans la « chambre des horreurs » de Madame Tussauds. Le visiteur fait connaissance avec le propriétaire du musée, George Rogers, artiste à la réputation sulfureuse. Partageant partiellement les goûts macabres de ce sculpteur, Jones gagne progressivement sa confiance.

En veine de confidences, Rogers finit par lui raconter une expédition qu'il mena en Alaska avec son assistant Orabona. Dans les profondeurs de ruines vieilles de trois millions d'années, le sculpteur affirme avoir découvert « Rhan-Tegoth », une gigantesque créature amphibie venue de la planète Yuggoth. Il l'aurait ramenée, endormie sur son trône, jusqu'à Londres, avant de réussir récemment à la réveiller malgré les réticences d'Orabona. Devant le scepticisme de Jones, Rogers s'irrite et lui montre une photographie, sans parvenir à le convaincre. Leurs rapports se distendent abruptement mais à la suite d'un pari entre les deux hommes, Jones accepte de passer la nuit enfermé dans le musée afin de persuader Rogers de remédier à son comportement irrationnel.

La nuit tombée, seul dans le noir au milieu d'épouvantables figures de cire, Jones surmonte difficilement son angoisse et sa panique grandissante. Lorsqu'il entend distinctement quelque chose se rapprocher de lui, il allume sa lampe et se retrouve brusquement confronté à une abjecte créature mi-singe, mi-insecte. Le malheureux s'évanouit mais il retrouve rapidement ses esprits tandis que l'être inhumain traîne son corps. Jones entend alors le monstre marmonner d'une voix familière des propos incohérents au sujet d'un sacrifice offert à Rhan-Tegoth. Comprenant instantanément que son agresseur n'est autre que Rogers revêtu d'un déguisement étrangement réaliste, il se ressaisit, puis parvient à maîtriser et à ligoter le sculpteur au terme d'une lutte frénétique. Réduit à l'impuissance, Rogers révèle rageusement que les statues du musée ne sont pas des œuvres d'art mais de véritables abominations figées par ses soins dans la cire. Le maniaque tente de convaincre Jones d'adorer Rhan-Tegoth, tout en hurlant afin d'appeler l'horrible entité. Au seuil de la folie, Jones croit entendre une masse titanesque s'approcher lourdement. Il s'enfuit du musée lorsqu'une énorme pince de crabe entrouvre la porte de la salle d'exposition.

Quelques semaines plus tard, Jones trouve le courage de retourner au musée. Il y rencontre Orabona, nouveau responsable des lieux. Imperceptiblement sardonique, l'assistant lui apprend que Rogers est parti en voyage en Amérique pour une durée indéterminée. Orabona propose ensuite au visiteur d'admirer la dernière œuvre du musée, censurée par les autorités. Jones découvre avec horreur Le Sacrifice à Rhan-Tegoth, une énorme statue reproduisant le monstre de la photographie, avec ses six pattes noires terminées en pinces de crabe, sa tête globuleuse à trois yeux, sa trompe et ses ouïes. Parmi les éléments constitutifs de la sculpture figure le cadavre d'un homme affreusement mutilé, dont seuls les traits demeurent identifiables. Distinguant le visage de Rogers, Jones perd miséricordieusement connaissance à la vue d'une cicatrice trop familière, réminiscence d'une estafilade infligée à l'artiste dément lors de leur affrontement nocturne. Orabona ne se départit pas de son sourire railleur.

Rédaction et publication

Hazel Heald, portrait publié dans le pulp Wonder Stories, octobre 1932.

L'Horreur dans le musée est l'une des cinq nouvelles écrites ou reprises par Lovecraft pour Hazel Heald. Dans sa correspondance, Lovecraft rapporte qu'il l'a rédigée « à partir d'un synopsis si mauvais que je l'ai presque complètement écarté – elle est presque de moi seul[3] ».

La nouvelle est parue en juillet 1933 dans le magazine Weird Tales (volume 22, no 1), dans le même numéro que La Maison de la sorcière. Par la suite, elle a été rééditée dans plusieurs recueils, dont Beyond the Wall of Sleep (1943) et The Horror in the Museum and Other Revisions (1970), donnant son titre à ce dernier.

Critique

Selon S. T. Joshi, L'Horreur dans le musée est une auto-parodie volontaire de la part de son auteur, qui y reprend les éléments caractéristiques de son mythe de Cthulhu pour les pousser jusqu'à l'absurde. Lovecraft contreferait ainsi ses propres nouvelles L'Appel de Cthulhu et Le Modèle de Pickman[4].


Notes et références

  1. Site de Borja Pindado, voir en ligne.
  2. Site de Borja Pindado, voir en ligne.
  3. Joshi et Schultz 2004, p. ?.
  4. Joshi 1996, p. 198-199.

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • (en) S. T. Joshi, A Subtler Magick : The Writings and Philosophy of H. P. Lovecraft, Gillette (New Jersey), Wildside Press, , 3e éd., 316 p. (ISBN 1-880448-61-0, présentation en ligne).
  • (en) S. T. Joshi et David Schultz, An H. P. Lovecraft Encyclopedia, New York, Hippocampus Press, (1re éd. 2001), 362 p. (ISBN 0-9748789-1-X, présentation en ligne).
  • Francis Lacassin, « H.P. Lovecraft : « nègre » littéraire ou accoucheur de talent ? », dans Howard Phillips Lovecraft et al., L'Horreur dans le musée, t. 1, Paris, Christian Bourgois, , 288 p., p. 9-30.
    Réédition : Francis Lacassin, « H.P. Lovecraft : « nègre » littéraire ou accoucheur de talent ? », dans Howard Phillips Lovecraft et al., L'Horreur dans le musée, Paris, Pocket, coll. « Science-Fiction / Fantasy » (no 5310), , 320 p. (ISBN 2-266-02355-1), p. 9-34.
  • Francis Lacassin, « Le Dépanneur du fantastique », dans Howard Phillips Lovecraft et al., Howard Phillips Lovecraft, vol. 2 : Contes et nouvelles. L'horreur dans le musée et autres révisions. Fungi de Yuggoth et autres poèmes fantastiques. Épouvante et surnaturel en littérature, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1re éd., VI-1341 p. (ISBN 2-221-06460-7), p. 287-302.
  • (en) Robert M. Price, « The Revision Mythos », Crypt of Cthulhu, Bloomfield (New Jersey), Cryptic Publications, no 11 (vol. 2, no 3) « Revision Issue I », chandeleur, 1983, p. 15-19.
    Version révisée dans : (en) Robert M. Price, « The Revision Mythos », Lovecraft Studies, West Warwick, Necronomicon Press, no 11 (vol. 4, no 2), , p. 43-50 (lire en ligne)
    Article repris dans : (en) Robert M. Price, H. P. Lovecraft and the Cthulhu Mythos, Mercer Island, Starmont House, coll. « Starmont Studies in Literary Criticism » (no 33), , 170 p. (ISBN 1-55742-152-8, présentation en ligne), « The Revision Mythos », p. 103-112.
    Traduction française : Robert M. Price (trad. Joseph Altairac), « La mythologie des révisions de Lovecraft », Études lovecraftiennes, Ermont, Joseph Altairac, no 1, , p. 4-16.
  • Christophe Thill, « Les révisions de Lovecraft », Mythologica, Montrouge, Éditions Mythologica, no 2 « Spécial H. P. Lovecraft », , p. 113-122 (ISBN 979-10-93004-01-3).
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